La première image que l’on a généralement lorsque l’on voit Serah, c’est celle d’une jeune fille calme, posée, discrète, l’image de la parfaite petite demoiselle à laquelle il n’y aurait aucun reproche à faire. Il faut dire que cette impression n’est pas volée, la demoiselle aux cheveux roses pouvant se vanter d’avoir été une étudiante attentive et appliquée, toujours première de sa classe durant ses études. En effet, la rosée a toujours aimé étudier, chercher à en apprendre toujours davantage notamment en histoire, son domaine de prédilection.
Puis, lorsque l’on regarde d’un peu plus près, on découvre une jeune fille souriante et aimable, profitant de la vie, aimant passer du temps avec ceux qui lui sont chers, et prendre soin d’eux. Ayant perdu ses parents très jeunes, elle s’attache rapidement, facilement, mais sans pour autant être naïve quant à ses fréquentations, car être affectueuse ne signifie pas pour autant être niaise. La demoiselle sait faire la différence entre ses amis et ses ennemis, et malgré son apparence fragile, elle sait se défendre.
Heureusement la belle n’a pas masse d’opposants, si l’on excepte peut-être ses élèves qui la font parfois tourner en bourrique, mais elle sait très bien imposer son autorité et les remettre en place. Il ne faut pas se fier aux apparences, la demoiselle aux cheveux roses est plus solide qu’elle en a l’air, bien que parfois il ne s’agisse que d’un masque qu’elle revêt pour ne pas inquiéter ses proches.
Car s’il y a bien une chose que Serah ne veut pas, c’est leur causer du souci. Mais paradoxalement, elle déteste avoir à mentir à ceux qui ont une place de choix dans son cœur, autant dire qu’il est parfois difficile pour elle de faire le choix de se confier. En revanche, c’est une confidente de choix, qui ne juge pas, se contentant d’écouter et d’apporter son aide autant que possible pour réconforter son interlocuteur.
Enfin, si l’on doit parler de ses sentiments, il faut admettre que la cadette de la famille Farron est un peu perdue. Bien sûr elle aime Snow, bien sûr leur amour n’est devenu que plus fort à travers les épreuves, mais de l’autre côté il y a Noel, ce garçon avec qui elle a partagé de tels moments… Elle sait comme il a souffert par le passé, et ne souhaite que son bonheur. Elle ne souhaite que leur bonheur, à tous les deux, mais elle craint de les blesser dans le processus.
Mon histoire… Comment commencer… Me croiriez-vous si je vous disais être née il y a mille dix-huit années ? Plutôt difficile n’est-ce pas ? Et pourtant… Pourtant… Tant d’années ont passés depuis ma naissance, tant d’années que je n’ai pourtant pas vues passer, et je m’en vais vous conter pourquoi.
Je suis née en -018 AC, c'est-à-dire dix-huit années avant la chute de Cocoon, notre foyer. J’étais la seconde enfant de ma famille, la première étant ma sœur ainée de trois ans, Claire Farron. Rien qu’à nous regarder, il était facile de voir que nous étions sœurs : les mêmes yeux bleus, cette même couleur de cheveux si particulière… Impossible de s’y tromper.
Je ne me souviens de mon père qu’à travers les photos qui hantaient l’intérieur, car ce dernier est décédé peu après ma naissance. Ce fut ma mère qui nous éleva Claire et moi. C’était une femme gentille, aimante… Mais de santé fragile. Je n’avais que douze ans quand elle nous a quittés à son tour, succombant des suites d’une maladie. J’ai tant pleuré le jour où elle fut enterrée. Nous étions seules, orphelines.
Claire, elle, n’était plus la même. Devenue l’adulte de la maison, elle fut celle qui termina de m’élever, finançant mes études. Ce n’était plus seulement ma sœur, mais également ma tutrice, et je ne la remercierai jamais assez pour ça, car j’ai vu à quel point elle s’est sacrifiée pour moi, allant même jusqu’à abandonner son nom de baptême, comme pour s’accorder une nouvelle force, ainsi que son sourire. Oui, Claire, ou désormais « Lightning », ne souriait plus ou presque, aussi essayais-je de sourire pour nous deux, pour ne pas sombrer.
Je continuais donc mes études pendant les 6 années qui suivirent, et sans vouloir me vanter, j’étais plutôt bonne élève, notamment en histoire, ma matière favorite sans aucun doute. Au moins Light savait qu’elle ne se sacrifiait pas pour rien, et j’espérais que ma réussite la rendrait fière, même si elle avait de plus en plus de travail, et donc moins en moins de temps pour me montrer ce qu’elle ressentait.
Côté cœur, je suis pendant longtemps restée seule, le nez dans mes livres, car c’était important pour moi, il fallait que j’arrive à entrer à l’académie d’Eden, la capitale de Cocoon. Pourtant, l’été qui précédait mon entrée là-bas, je rencontrais Snow, un jeune homme certes impulsif et tête brûlée, mais avec le cœur sur la main. Ce fut le coup de foudre, celui que l’on voit dans les films, dans les romans à l’eau de rose. Mais dès que je parlais à Lightning de ma rencontre, elle me fit comprendre sa désapprobation.
Pour autant, je n’imaginais plus ma vie sans Snow, et malgré le désaccord de ma sœur, je continuais à fréquenter ce beau blond au cœur d’or, passant bien plus de temps avec lui qu’avec mon ainée, souvent occupée par les tâches du Sanctum, l’autorité de Cocoon. Snow me présenta ses amis, sa petite bande, le NORA, acronyme signifiant « No Obligations, Rules, or Authority ». Je fis donc la connaissance de Gadot, Yuj, Labreau et Maqui. Malgré le côté rebelle que semblait indiquer leur nom, les cinq amis œuvraient pour protéger les habitants de Bodhum, notre ville, des attaques des monstres qui rodaient aux alentours, remplaçant souvent les autorités, la PSICOM, dans cette tâche.
Vivre entre Lightning et le NORA, cela aurait pu être mon avenir, ma vie, si je n’avais pas été si curieuse…
Bien que nous habitions dans une cité moderne, il y avait à proximité de notre maison un vestige vieux de plusieurs siècles que j’allais régulièrement inspecter, désireuse d’en apprendre toujours plus sur notre histoire, notre passé. J’avais dû passer des heures et des heures à les étudier, il ne devait plus rien y avoir à découvrir, quand un jour, je remarquais une ouverture dans laquelle je m’engouffrais, les yeux pétillants d’excitation en imaginant tout ce que j’allais pouvoir apprendre. Qui aurait pu imaginer ce qui allait m’arriver ?
Alors que je progressais à l’intérieur des ruines, des images apparurent tout à coup dans mon esprit, les images d’un monstre qui s’attaquait à Cocoon, détruisant la fragile structure de cette sphère qui nous maintenait au-dessus de Pulse, la terre maudite, l’enfer. Etait-ce le choc des images, ou autre chose, toujours est-il que j’ai perdu connaissance. Lorsque je revins à moi, j’étais à l’extérieur des ruines, et je sentais une douleur vive sur mon bras gauche. Je baissais les yeux pour regarder, et découvrais avec horreur une marque de l’Cie, pire, une marque de Pulse.
Il faisait nuit quand je rentrais, en larmes. Light n’était pas encore rentrée pour autant, et je courrais dans la salle de bain pour couvrir cette horrible marque, réfléchissant à un mensonge crédible pour justifier la présence de ce bandage. Je m’allongeais ensuite dans mon lit, pleurant toujours. Ma vie était finie, mon destin était tracé. Soit je réalisais la Tâche confiée par le Fal’Cie de Pulse qui dormait dans les ruines, et je me changeais en cristal, soit j’échouais, et je me changerais en Cie’th, en monstre.
Pendant plusieurs jours, je refusais de voir les gens, essayant de déterminer la meilleure manière de dire adieu à tous. Je ne le voulais pas, pas le moins du monde, mais il le fallait, je devais les protéger. Quatre jours avaient déjà passé quand je donnais rendez-vous à Snow, près de la plage. Je lui appris la sinistre vérité, que j’étais désormais une l’Cie de Pulse, une ennemie de Cocoon, et que plus jamais nous ne pourrions être ensemble. Même si mon cœur ne le désirait pas, je devais rompre, je devais le protéger. Mais mon preux chevalier refusa. Mieux, il promit de m’aider à comprendre ma Tâche et la réaliser. Oh Snow, merci d’avoir été là…
Deux jours plus tard, je rencontrais une jeune fille sur cette même plage, Vanille. Elle semblait perdue, je ne pouvais pas la laisser ainsi. Elle me raconta qu’elle avait fait du tort à une amie, et qu’elle ne savait pas comment réparer sa faute. J’essayais alors de la rassurer, de lui dire de prendre de la distance, et que tout deviendrait alors plus facile, et pour justifier ce point de vue, je lui expliquais ma condition, à demi-mot, et ces images qui me promettaient de devoir un jour détruire Cocoon, détruire notre monde. Je faisais tout pour la rassurer, mais elle s’effondra à mes pieds, me criant qu’elle était désolée, et qu’elle ne savait que faire de plus pour se faire pardonner. Si seulement j’avais compris à ce moment-là que j’étais celle à qui tu avais fait du tort… Je suis désolée de t’avoir causé tant de souci Vanille…
Malgré la malédiction dont j’étais frappée, j’essayais de faire comme si de rien était, de continuer à vivre simplement. C’est pourquoi le lendemain nous sommes allés en ville avec Snow, pour trouver un cadeau pour ma sœur, dont l’anniversaire aurait lieu deux jours plus tard. Je savais qu’elle ne serait pas intéressée par des bijoux ou des pacotilles, il me fallait trouver quelque chose qui lui serait utile. Mon choix finit par se porter sur un couteau de survie, à la fois utile, puissant et élégant, à l’image de mon ainée.
Le jour d’après était le jour du feu d’artifice annuel de Bodhum, un évènement qui attirait de nombreux touristes, aussi n’étions pas étonnés de voir tant de gens sur la plage pour y assister. Je passais la soirée avec Snow, une de mes dernières soirées de liberté, et sans doute la plus belle de ma vie. Mon beau prince sur son destrier mécanique, malgré tous les malheurs dont j’étais la victime, me demanda en mariage, m’offrant un pendentif qui symboliserait notre union, autant que le baiser qui scella nos lèvres sous les feux d’artifices.
Arriva enfin le jour de l’anniversaire de Lightning. La fête se fit en petit comité : ma sœur bien entendu, Snow et moi. Je préférais cela, c’était mieux pour les révélations que je devais lui faire… Je lui avais menti trop longtemps, il était temps de lui faire mes aveux. Je posais la boite contenant son cadeau sur la table, et je lui expliquais tout, ma condition de l’Cie, et mes fiançailles avec Snow. Elle n’y crut pas une seconde, me menaçant même en me rappelant que son travail en tant que membre de la Garde Civile consisterait à me neutraliser, moi, désormais ennemie de Cocoon. C’était plus que je ne pouvais supporter, et je fuis, laissant mon fiancé et ma sœur seuls.
Snow me rejoint peu après, et nous entendîmes un flash spécial annonçant la découverte d’un Fal’Cie dans le vestige de Bodhum, celui-là même qui avait de moi sa servante. Je me figeais. Si le Sanctum prenait possession du Fal’Cie, jamais je n’aurais de chance de connaitre la réalité de ma Tâche. Je n’aurais plus le choix, je me transformerais en Cie’th, mais ça, c’était sans compter sur Snow qui ne perdit pas de temps. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, nous étions tous les deux sur sa moto, volant en direction du Fal’Cie, esquivant les soldats de la PSICOM, jusqu’à atteindre enfin le monstre qui m’avait condamnée, qui m’aspira en son sein, captive.
Combien de temps suis-je rester inconsciente dans le vestige, à revoir passer encore et encore ces images de la destruction de Cocoon ? Je ne sais pas, tout ce dont je suis sûre, c’est que quand j’ai rouvert les yeux, ma sœur était à mes côtés ainsi que Snow. Ils n’étaient pas seuls, et je crus reconnaitre Vanille parmi les gens qui les accompagnaient. J’étais dans un état second, et malgré les images qui tourmentaient mon esprit, je ne trouvais qu’une chose à leur demander.
« Protéger Cocoon »
A peine avais-je prononcé ses mots que je sentais mon corps devenir plus léger et flotter. Avais-je accompli ma Tâche ? Il semblerait, car je sentais mon corps se changer peu à peu en cristal. Une larme roula sur ma joue pour atterrir dans la main de Snow, un ultime fragment de mon affection pour lui. Je ne voulais pas les quitter, mais avais-je réellement le choix. Et puis, la légende ne dit-elle pas qu’accomplir sa Tâche donne accès à la vie éternelle ?
Malgré la stase cristalline, j’étais consciente de tout ce qui m’entourait et surtout de tout ce que vivait Snow, par l’intermédiaire de cette larme de cristal qu’il chérissait comme un porte bonheur. Je le vis devenir un l’Cie, essayer de libérer mon cristal prisonnier du lac Bresha, affronter deux femmes de glace qui deviendront son Eidolon, se faire emporter par des soldats du Sanctum, s’allier avec une jeune femme portant une marque de Pulse figée, Fang, puis aux autres l’Cie de Pulse, dont ma sœur. J’appris qu’il était malgré lui responsable de la mort de la mère de ce jeune garçon, Hope. Je les vis partir secourir Vanille et cet homme dont le fils avait subi le même sort que moi, Sazh, puis tous ensemble découvrir la réalité de leur Tâche : La ruine de Cocoon. Je les vis descendre sur Gran Pulse, un enfer selon notre culture, mais en réalité une magnifique terre sauvage qui semblait ne pas connaitre la main de l’homme, ou plutôt ne plus la connaitre, lorsqu’ils ont découvert le village natal de Fang et Vanille, Oerba, une terre désolée, envahie par les Cie’th. Je les vis repartir sur Cocoon, à l’assaut d’Orphan, le Fal’Cie qui maintenait la sphère dans laquelle nous vivions en l’air, le vaincre. Je vis le sacrifice de Vanille et Fang qui se cristallisèrent pour soutenir notre foyer et l’empêcher de s’effondrer sur Gran Pulse. Et enfin je me réveillais de ma stase, au pied du pilier de cristal, avec à mes côtés Dajh, le fils de Sazh, lui aussi victime des Fal’Cie. Ensemble, nous avons couru vers nos familles, enfin libre.
[…]
Je me souviens d’avoir serré ma sœur dans mes bras, et que cette dernière ait donné son bénédiction pour mon union avec Snow alors… Alors pourquoi suis-je la seule à m’en souvenir ? Pourquoi ? Je ne l’ai pas rêvé, j’en suis certaine. Où es-tu Lightning ?
Avec les membres du NORA et l’aide de la Cavalerie, un groupe de soldats du Sanctum, nous avons entrepris de rebâtir Bodhum sur Pulse, une nouvelle ville habilement baptisée Neo-Bodhum. Nous y vivions heureux, mais ce n’était pas pareil sans toi Lightning. Tu me manques grande sœur… Mais tout le monde reste persuadé que tu dors dans le pilier de cristal avec Fang et Vanille, et pense que je fabule…
Sauf Snow. Snow m’a crue, même s’il n’avait pas les mêmes souvenirs que moi. Il partit à la recherche de Lightning. Bien sûr, je voulus l’accompagner, mais il me l’interdit, ayant peur de me perdre à nouveau. J’étais à nouveau seule, ni Light, ni Snow n’étaient à mes côtés. Heureusement que les membres du NORA étaient toujours là, sinon j’aurais sûrement baissé les bras bien avant. Afin de me rendre utile à ma manière, je suis devenue institutrice pour les enfants de Neo-Bodhum.
Et le temps suivi son cours. Cela faisait déjà trois ans que nous avions migré sur Gran Pulse, trois ans que Orphan et les autres Fal’Cie ne nous gouvernaient plus, trois ans que Light n’était plus là, quand une nuit, je fis un rêve des plus étranges. J’y voyais ma sœur en train d’affronter un homme, puis l’image changea du tout au tout, et je vis une terre désolée, la mort de toute existence. Je me réveillais mal à l’aise, et vêtue d’habits qui ne m’appartenaient pas.
Je sortis de ma chambre pour voir une météorite qui s’écrasa plus loin, ainsi que des monstres qui envahissaient Neo-Bodhum. Evidemment les membres du NORA, fidèles à eux-mêmes, essayaient déjà de lutter contre eux, quand un homme débarqua apparemment de nulle part pour se joindre à la bataille. Il se présenta brièvement, et me confia un cadeau, un Mog porte-bonheur, qu’il déclara provenir de Lightning. Light ! Elle était vivante n’est-ce pas ? Pas le temps de discuter, nous repoussions les assauts des monstres.
Une fois la bataille achevée, il se présenta correctement. Noel Kreiss, originaire d’un futur où il était le dernier humain vivant. Priant de pouvoir changer le futur, il fut béni par la Déesse, envoyé au Valhalla auprès de Light qui l’envoya me rejoindre. Il me demanda de l’accompagner dans son voyage à travers le temps, et malgré quelques hésitations, j’accédais à sa requête, malgré les légères réticences du NORA.
Ainsi commençait notre voyage à travers le temps, pour changer l’Histoire, résoudre le paradoxe qui avait entrainé la disparition de ma sœur et la retrouver. Notre première escale nous fit faire un bon de deux années dans le temps, à une époque où nous avons découvert une institution qui se développait de plus en plus, l’Académie, qui enquêtaient sur les paradoxes. Autant dire qu’ils allaient devenir nos premiers alliés pour faire revenir Lightning. Nous y fîmes la connaissance d’Alyssa Zaidelle, membre de cette institution à qui nous avons porté assistance en résolvant un paradoxe, avant de continuer notre aventure.
Notre prochain arrêt nous mena en 010 AC, aux monts Yaschas, où régnait une nuit éternelle. En cause, une éclipse provoquée par le Fal’Cie Fenrir, éclipse que Noel déclara être notre prochain paradoxe à résoudre, car à son époque, il était dit que l’éclipse n’avait eu lieu qu’en 200 AC. Là-bas, nous avons retrouvé Alyssa, mais également Hope, le petit Hope que ma sœur avait protégé. Enfin, il n’était plus si petit que ça, au contraire, il avait désormais trois ans de plus que mois, et était devenu le directeur de l’Académie. Grâce à un artefact, un lecteur d’oracle, le garçon aux cheveux blancs nous présenta une prophétie sur laquelle, malgré qu’elle soit brouillée, nous pouvions distinguer Lightning en train de se battre. Une prophétie semblable à mon rêve…
Afin de clarifier la prophétie, l’idée était de résoudre le paradoxe actuel. Les portails temporels finirent par nous conduire à Oerba, le village de Vanille. Malgré les deux cents années qui séparait cet Oerba de celui que j’avais connu au cours du voyage des l’Cie, le paysage était resté sensiblement le même, bien que déchiré par les paradoxes. Petit à petit, nous les avons résolu, jusqu’à atteindre le toit de l’ancienne école, où nous avons trouvé un nouveau lecteur d’oracle, ainsi qu’une jeune fille aux longs cheveux bleus qui nous mis en garde sur notre mission. Avant que nous ne puissions lui demander davantage d’explications, un homme, celui-là même qui luttait contre Lightning dans mon rêve, nous attaqua. Au prix de nombreux efforts, nous parvînmes à le mettre en déroute, découvrant par la même occasion le moyen de résoudre le paradoxe de la nuit éternelle.
Le prochain portail nous mena aux côtes de Sunleth. Durant tout le voyage, je regardais mon camarade aux cheveux bruns, qui me semblait pensif depuis que nous avions rencontrés cette jeune fille, Yeul. Il avait l’air de la connaitre, et je me rendais tout à coup compte que je n’en savais pas autant que ce que je pensais sur lui. Des interrogations me brulaient les lèvres, mais je n’eus pas le temps d’en formuler une seule que des images commencèrent à défiler devant mes yeux. Pendant quelques instants, mon sang se figea. Ce n’était pas une vision de Fal’Cie quand même ? Et puis tout à coup je le vis, Snow. Snow ! Il était en danger. Sans même attendre Noel, je m’élançais entre les arbres pour retrouver mon fiancé.
Je ne tardais pas à le rejoindre, aux prises avec un Flan gigantesque. Mais malgré nos efforts conjoints, nous ne sommes pas parvenus à le vaincre, car le monstre ne cessait de se régénérer en aspirant ses congénères. Cependant, nous ne pouvions pas le laisser en vie, car petit à petit, notre ennemi fragilisait le pilier qui maintenait Cocoon, et à ce rythme, il risquait de s’effondrer bien avant la date prévu. Nous devions trouver un moyen de régler cela. Pour ce faire, nous avons cherché à voyager vers une autre époque, mais alors que nous pensions poursuivre l’aventure à trois, nous avons découvert que Snow ne pouvait pas nous accompagner. Cela me brisait le cœur, mais il dut attendre sagement notre retour à Sunleth, alors que nous disparaissions Noel et moi en direction des Steppes d’Archyltes.
Là-bas, nous découvrîmes une tribu de chasseurs qui vivait sur ses terres sauvages. Noel étant justement chasseur à son époque, car il s’agissait du seul moyen de se procurer de la nourriture, les membres de la tribu nous firent rapidement confiance, et nous permirent de découvrir la raison de la puissance du Flan de Sunleth. En effet, un monstre gourmand aspirait les flans des Steppes à tout va, et une distorsion dans son estomac envoyait le tout à Sunleth. Autant dire que si nous nous débarrassions de lui, notre problème était quasiment réglé, et inutile d’ajouter que c’est ce que nous avons fait avant de rejoindre de Snow pour réduire en miettes le Flan qui n’en menait plus large. Mais alors que nous résolvions ce paradoxe, mon preux chevalier commença à disparaitre. Il était là grâce à ma sœur, qui lui était apparue en rêve, mais sa Tâche accompli, il n’avait plus rien à faire ici. Alors qu’il s’effaçait, je voyais encore la marque de l’Cie sur son bras… Snow, pourquoi es-tu redevenu l’esclave des Fal’Cie ?...
Le cœur lourd, nous reprîmes notre route pour arriver dans une ville qui me fit particulièrement penser à Eden, à un détail près… Dès que nous sommes arrivés, les habitants ont subitement été changé en Cie’th et ont commencé à nous attaquer. Pas le choix, nous devions fuir. Durant notre course, nous avons été agressés par Caius, le protecteur de Yeul, qui nous accusa d’être des paradoxes, avant d’être sauvés par la jeune fille aux grands yeux verts, qui se sacrifia pour nous. Je me sentais mal. Cette ville ne pouvait pas être le futur de l’humanité, ça n’était pas possible. Nous devions remédier à cela.
Pour cela, les portails nous menèrent dans une tour gigantesque, la Tour Augusta, dans laquelle nous apprîmes ce qui était arrivé par le passé. Hope, dans l’espoir de protéger Cocoon, et de sauver Fang et Vanille, voulu bâtir un nouveau Cocoon, mais pour le faire flotter, la seule solution qui lui est apparue était de bâtir un nouveau Fal’Cie, artificiel. Mais la nouvelle entité développa sa propre intelligence et son propre instinct de survie, et très vite, des conflits apparurent entre humains et machines, et malheureusement ce fut ces dernières qui emportèrent la victoire, remplaçant les dirigeants humains par des clones numériques et prenant le pouvoir dans l’ombre.
Nous ne pouvions décemment pas laissé faire cela. Nous devions détruire ce Fal’Cie, nous devions sauver Hope, Alyssa, et tous les autres. Nous avons gravi les étages, un à un, jusqu’à être face à lui, le proto Fal’Cie Adam. Pas de temps à perdre, nous avons pris les armes, mais nous avions beau le détruire, il revenait toujours, éternellement. Nous avons essayé tant de fois, je ne les compte plus… A un moment, excédée, je me suis mise à hurler après Hope. Après tout, ce Fal’Cie, c’était son idée ! Ah, s’il pouvait m’entendre ! Je chargeais une nouvelle fois la machine, emplie de rage tant envers elle qu’envers le protégé de ma sœur qui même s’il était empli de bonnes intentions avait amené l’Académie à sa perte. M’avait-il entendu, car tout à coup Adam disparut. Avions-nous réussi à changer l’histoire ? Seule la suite de notre voyage pourra nous le confirmer.
Traversant une nouvelle fois le cœur de l’Histoire, nous sommes retournés dans cette grande ville, Academia, en 400 AC, où nous avons été accueillis par Hope et Alyssa. Les deux leaders de l’Académie avaient utilisé des capsules de stase pour pouvoir nous accueillir à cette époque. Ils nous apprîmes tout ce qui c’était passé, et notamment comment ma colère était apparue dans le lecteur d’oracle, poussant Hope a abandonné la création du Proto Fal’Cie et à trouver un autre moyen de faire flotter son nouveau Cocoon dans le ciel.
Et pour mener à bien ce nouveau projet, le jeune homme avait besoin de notre aide afin de récupérer le carburant nécessaire. Notre faculté à voyager dans le temps était en effet très utile pour trouver le matériel désiré par le jeune scientifique. A force d’efforts, nous parvînmes à récolter assez de cœurs de graviton pour satisfaire le projet de l’Académie. Enfin, nous allions pouvoir protéger Cocoon, et sauver le futur, l’époque de Noel. Ce dernier par ailleurs semblait avoir de plus en plus de difficultés à se souvenir de son passé et cela m’inquiétait de plus en plus. Est-ce que nos petites interventions dans les méandres de l’Histoire avaient petit à petit effacé la sienne ?... Malgré la joie de pouvoir prochainement admirer l’élévation du nouveau Cocoon en compagnie de Hope et Alyssa qui allaient retourner en stase pour participer à l’évènement au siècle prochain, mon cœur était serré alors que nous empruntions un nouveau portail ouvert grâce à un artefact confié par l’assistante de Hope. Je ne veux pas te détruire Noel…
Je cachais ces pensées noires derrière un sourire alors que nous progressions à nouveau dans le cœur de l’histoire. Après tout, nous allions assister au futur, à un tout nouveau futur. Enfin, nous le croyions… Car tout à coup, les rouages du temps se déréglèrent et me séparèrent de Noel avant de m’envoyer dans l’abime du temps, cette zone perdue dans le flot du temps. J’étais seule, et malgré moi, je tremblais de tout mon être. J’entendais mes pas qui résonnaient dans le silence, alors que j’essayais d’appeler mon camarade, de le retrouver. Je finis par voir au loin Yeul, ou plutôt
une Yeul, qui semblait m’attendre. J’allais la voir elle, puis une autre, puis une troisième… Toutes ces prophétesses, ces témoins du temps, bénies par Etro, semblaient me prévenir. Jusqu’à ce que je ne finisse pas tomber face à Caius, qui une nouvelle fois voulu m’empêcher de mener à bien ma mission. Le duel se finit en ma défaveur, et mon dernier souvenir fut de sentir sa lame traversé mon dos.
[…]
Je sentais le sol dans mon dos alors que j’entendais la voix de Lebreau qui tentait de me réveiller. J’étais de retour à Neo-Bodhum ? Comment était-ce possible ? Dans l’incompréhension la plus totale, je suivais toute la bande jusqu’au QG du NORA où m’attendait Snow… Mais comment ? Il était parti chercher Light. Non ! Quelque chose ne colle pas… Quelque chose… J’étais perdue, et alors que je pensais cela, tout mon monde commença à s’effondrer autour de moi, les gens disparaissaient les uns après les autres… Il ne restait plus rien, plus personne… Sauf là-bas, sur le ponton… Lightning.
C’était surréaliste, elle ne pouvait pas être là, ça n’avait aucun sens et pourtant, elle était là, elle me tendait la main. Je n’avais plus qu’à la prendre, pour retrouver la vie que nous devions avoir, cette vie où elle était là avec Snow, moi, et tout le monde… Mais… Mais… Non ! D’un revers de la main, je repoussais la sienne et je vis ma sœur s’effacer, telle l’illusion qu’elle était, alors qu’une voix désincarnée se fit entendre, m’invitant à la rejoindre. Je connaissais cette voix, j’avais confiance en cette personne, aussi la suivis-je sans hésitation. Je finis par retrouver Vanille, et son amie Fang, enfin, ce n’était pas vraiment elle, mais leur psyché qui m’avait rejoint dans mon rêve. Oui, j’avais été enfermée dans un rêve par Caius, un monde idyllique, basé sur mes souvenirs, et mes désirs, et désormais je devais tirer Noel de sa propre prison onirique.
Je débarquais sur une terre morne, désertique. C’était ça la fin du monde ? J’en avais froid dans le dos. Après plusieurs minutes, je tombais enfin sur mon ami qui venait d’abattre un Béhémoth. Il leva la tête dans ma direction, sourit, et se précipita dans ma direction. Je voulais l’accueillir à bras ouverts, mais il me traversa. Je n’existais pas ici, et n’avait pas d’autre choix que de le suivre, et d’apprendre ce qui le rongeait.
Noel, Yeul et Caius étaient les seuls humains encore vivants. Caius était le gardien de la prophétesse, et Noel, attaché à Yeul, voulait partager ce rôle avec lui, afin de rester à ses côtés et la protéger. Mais Caius ne l’entendait pas de cette oreille, et si Noel voulait le titre de gardien, il devrait le vaincre, et le tuer, chose inconcevable pour le brun qui refusait d’ôter la vie à son ami et mentor, et surtout à un des rares hommes encore présents. Face à ce refus, Caius disparut, laissant Noel et Yeul seuls.
Je continuais à les suivre, à suivre l’histoire de Noel. Je retrouvais les deux jeunes gens face à un dispositif que je connaissais bien désormais, un lecteur d’oracle. La jeune prophétesse allait y enregistrer une nouvelle vision, mais ce don, le don de voir l’avenir avait un prix, le prix de sa vie, et je la vit la perdre dans les bras de Noel. Noel… Voilà donc le monde dans lequel tu as vécu... C’est ainsi que tu es devenu le dernier humain au monde…
J’aurais voulu intervenir, mais je n’y parvenais pas. Peut-être étais-je encore trop bouleversée, ou plus simplement curieuse de savoir ce qu’il avait vécu, pour pouvoir mieux le soutenir. Je le suivis donc alors qu’il errait dans l’étendue désertique de ce monde désolé. Il était à bout de force, quand enfin la déesse le prit en pitié. Il allait disparaitre vers le Valhalla… Non ! Qu’allait être la suite de son songe après cela ? Je ne pouvais pas le laisser partir, je devais le sortir de là. Sans réfléchir, je me précipitais pour le rejoindre, et le sauver, enfin. Reviens-moi Noel…
Enfin réunis à nouveau, nous avons quitté cet endroit morbide, pour un autre qui n’avait rien à lui envier… Cette terre désolée que j’avais vue dans mon rêve, c’était Néo-Bodhum, ou plutôt ce qu’il en restait à l’époque de Noel. Lightning, ma chère sœur, nous y attendait. Là, elle nous expliqua tout. Pourquoi et comment elle avait disparu, et ce qu’elle attendait de nous : Arrêter Caius qui voulait mettre fin à la malédiction de la prophétesse. Les retrouvailles furent de courte durée, nous avions encore du pain sur la planche. Il fallait empêcher Caius de mener à bien ses projets, et pour cela, nous nous sommes rendus là où nous devions retrouver Hope et Alyssa : Academia, en 500 AC.
Le gardien de la prophétesse nous attendait là-bas, prêt à défendre ses convictions. Le combat fut long, haletant, mais nous parvinrent à le vaincre, enfin. Mais Noel n’était toujours pas disposé à tuer son mentor, alors celui-ci prit lui-même l’initiative, enfonçant l’arme du brun dans sa poitrine, et libérant le chaos qui était emprisonné dans son cœur. Nous avions enfin réussi, mais cette victoire nous laissa un goût amer dans la bouche.
Les portails se refermaient les uns après les autres, et il nous fallait désormais choisir notre nouveau point d’attache. Notre choix se porta sur l’année 500 AC, après tout ce que nous avions contribué pour rendre le projet de Hope réalité, autant aller admirer le résultat. Dès notre arrivée, nous furent réceptionnés par Sazh qui lui aussi était parvenu à rejoindre cette époque. Je regardais Noel, et je lui souris. Enfin nous avions notre Happy Ending, même si je savais que dans le fond, il ne se remettrait jamais de la perte de Yeul, mais je serais toujours à ses côtés pour soulager sa peine. C’est une promesse que je me suis faite. Et que je ne pus tenir.
Sans prévenir, j’eus une nouvelle vision, et me sentis m’effondrer sur le toit du vaisseau qui nous avait récupéré. Je baissais le regard, et je vis Noel étreindre mon corps, hurlant mon nom. Mon corps ?! Comment ?! Cette vision avait eu raison de moi, de ma vie, comme d’autres ont arrachés les vies des nombreuses Yeul. Alors que je voyais le chaos déferler depuis le Valhalla vers notre monde, je sentais mon âme se diriger instinctivement vers ce lieu, là où était encore ma sœur…
Lightning semblait encore combattre. Contre quoi, contre qui… Je ne savais pas vraiment. En revanche, ce dont j’étais persuadée, c’est qu’elle devait stopper son combat. Je lui apparus face au trône d’Etro, lui demandant de prendre soin de mon âme, de ne pas m’oublier. Pour me protéger, elle m’accueillit dans son cœur et entra de son propre gré dans une stase cristalline, la manière la plus efficace de conserver ses souvenirs…
[…]
Combien de temps avons-nous dormi, protégées dans ce cristal ? Je n’en suis pas certaine. La seule chose dont je me souviens, c’est de la douleur que j’ai ressenti quand mon âme a été arrachée de celle de ma sœur avant que je ne sois abandonnée, à nouveau seule. Ou presque, car je sentais une autre entité avec moi, une entité qui m’enjoint à me réfugier dans le chaos, pour me protéger. Dans cet abri, l’entité pris forme humaine, choisit le nom de Lumina, et promit de protéger ce qu’il restait désormais de mon âme. Elle me semblait familière, aussi lui fis-je confiance et restais-je en son sein pour survivre.
A travers ses yeux, je voyais notre monde, ou du moins ce qu’il en restait. Le chaos avait dévasté les terres, il ne restait presque plus rien. J’aurais voulu verser des larmes, exprimer ma peine, mais ma condition ne me le permettais pas. Cependant, je sentais que Lumina comprenait ma peine, et essayait de la partager, même si elle ne le montrait pas. Ensemble, nous avons cherché un moyen de me rendre un corps, afin de doubler nos chances de survie dans ce monde agonisant. Nos recherches ont fini par nous mener à l’ancien temple de la Déesse Etro, un endroit où le chaos était concentré. Grâce à cela et à ses pouvoirs, la demoiselle qui me servait de vaisseau réussit à reconstituer un réceptacle pour mon âme, et une fois indépendante l’une de l’autre, nous avons repris notre route, cherchant avant tout à survivre, mais également à retrouver Lightning. J’avais peur pour elle depuis que mon âme avait été arrachée de la sienne.
Nos pérégrinations nous permirent d’apprendre que ma sœur avait quitté notre monde, enfin… Qu’elle avait réussi à trouver un passage vers un autre monde que le nôtre. Sans attendre, nous avons cherché un moyen de la rejoindre, et nous avons rapidement trouvé notre salut grâce à un duo de motos volantes, des véhicules du même style que celui qu’affectionnait Snow. Malheureusement, nous n’étions pas aussi douées que lui pour les manœuvrer, et nous fûmes séparées.
Après un accident, je me réveillais allongée dans un lit. Une demoiselle se tenait à mon chevet, et sourit en me voyant ouvrir les yeux. Après s’être présentée, elle m’expliqua que j’avais atterri au Jardin Radieux, et qu’elle était venue à mon secours après avoir assisté à mon accident. Je m’abreuvais de ses paroles, et mise en confiance, je lui racontais mon histoire qu’elle écouta sans sourciller, donnant presque l’impression que cela ne l’étonnait pas. En effet, elle m’apprit que de nombreux autres mondes semblaient en proie à des malheurs similaires, les ténèbres s’étendant de plus en plus. D’après elle, certains mondes seraient même déjà tombés et cette idée me fit froid dans le dos.
Je restais silencieuse, écoutant ses explications, jusqu’à ce que les premières inquiétudes, les premières interrogations ne viennent à franchir mes lèvres : Avait-elle vu ma sœur, ou Lumina, ou Snow, ou Noel, ou n’importe qui d’autre ? A aucune de ses questions ma sauveuse ne sut répondre, mais elle tenta malgré tout de me rassurer, et de me donner des pistes de recherche. Avec son aide, je parvins à trouver un moyen de voyager entre les mondes, pour partir à la recherche de ceux qui me sont chers.
Aujourd’hui, je n’ai plus qu’une idée en tête :
Les retrouver, et les protéger
Sujet: Serah Farron ▬ Show me there's still hope ♫ 
Sam 22 Aoû - 15:26
