S’il y a bien une chose évidente chez Cloud, c’est sa distance. Tout dans son allure, ses expressions, ses paroles annoncent la couleur.
La personnalité de Cloud n’a pas toujours été au beau fixe, lui-même commence tout juste à appréhender qui il est et à s’autoriser à être lui-même. La route est encore longue, cependant. Car Cloud a toute sa vie été quelqu’un de très solitaire, isolé par les autres au départ, puis s’isolant lui-même. Autant dire que recoller les morceaux du champ de bataille qu’était son identité n’a pas été de tout repos, et a laissé de nombreuses traces.
Parce qu’en premier lieu, Cloud a toujours essayé de surmonter ses obstacles seul. Ou d’abandonner seul, lorsqu’il s’y résigne, comme lorsqu’il était atteint par les géostigma. On pourrait alors penser à de l’égoïsme, surtout envers les personnes qui tiennent à lui. Mais c’est autre chose. La dépression n’est pas chose aisée.
Lui-même ne voit pas cela comme ça. Pour Cloud, c’est une question de mérite. La confiance en lui, il l’a plus ou moins : il sait ce qu’il est capable de faire et connaît ses limites - même s’il a tendance à un peu trop les brises. En revanche, le regret et la culpabilité l’accablent facilement, même pour des faits pour lesquels il n’est pas responsable. Même s’il travaille là dessus, c’est un trait de caractère qui le suivra probablement jusqu’à la fin de sa vie.
On pourrait croire, en le voyant, que Cloud ne se soucie de rien, avec ses yeux froids et son visage figé et dur. En réalité, c’est l’inverse. Il se soucie beaucoup trop pour son propre bien.
Le problème, c’est qu’il a du mal à accepter ouvertement le moindre soutien. C’est un peu bête étant donné qu’il en a besoin, mais là encore il commence à s’en rendre compte. Il est toujours difficile d’assumer ses faiblesses.
Pourtant, le concept d’amitié est loin de lui être inconnu, bien au contraire. Cloud n’est pas très facile à vivre, ou même à décoder ce qui peut être très vite agaçant. Mais il est altruiste. On ne dirait pas comme ça, mais il prêt à aider n’importe qui - ou presque - ayant besoin d’aide. S’il s’attache à quelqu’un (ce qui n’est pas si rare, finalement), il serait risquerait beaucoup - sans hésiter - en cas de problème.
Par contre - et c’est là que l’on peut réellement parler d’égoïsme - Cloud n’est pas du genre héroïque. Ou alors sans le faire exprès. Se lancer dans une cause ‘pour la justice’ n’est pas son genre. Il faut que cela soit personnel. Se venger, pour rechercher quelqu’un ou quelque chose. Autrement il n’y prendrait pas part.
Quand on le connaît un peu mieux, on se rend compte que Cloud n’est pas si inexpressif que cela et qu’il y a autre chose à part ce masque sérieux. Il est parfaitement capable de s’emporter, de réagir vivement, au quart de tour. Rarement inconsidéré, il réfléchit un minimum à ses actions. Le reste dépend du degré d’intérêt qu’il apporte aux événements.
Heureusement, il est capable de ressentir autre chose que le regret, la colère, la rancune ou autre chose passablement négative. Ses sourires ne sont jamais solaires, mais pas si rares au quotidien. Même s’ils sont discrets et subtils lorsqu’ils sont sincères, ils sont bien présents. Et puis s’il n’oublie pas les mauvaises actions, il se souvient aussi des bonnes.
Globalement, il est possible de parler de beaucoup de choses avec Cloud, ce dernier étant loin d’être étroit d’esprit. Il est compréhensif, et peut apporter du soutien et de la patience lorsqu’il le faut. Plutôt pince-sans-rire, son humour relève principalement de l’ironie et des piques amicales (ou pas). Dans ses bons jours, il peut même se révéler être de bonne compagnie. Tant que les sujets glissants sont évités, tout peut se passer pour le mieux. Ne vous attendez simplement pas à beaucoup de démonstration de sa part.
NIBELHEIM - MT. NIBEL - 9 ans.
L’un d’eux avait une casquette rouge et courait dans sa direction. Dans les paysages grisâtres et froids qu’offraient les corniches escarpées du Mont Nibel, elle détonnait, on aurait presque dit un ballon de baudruche. Ce jour-là, même le ciel avait perdu sa couleur.
Cloud avait appris la nouvelle dans la matinée. Sa mère le lui avait annoncé aussitôt qu’elle avait su, une morne tension dans les sourcils, son expression maussade. Cloud n’avait jamais porté la mère de Tifa dans son cœur - au même titre que tous les adultes du village, ne faisant que leur rendre leur ressentiment. Pourtant, à l’annonce de sa mort, il avait eu un pincement dans la poitrine. Il avait pensé à Tifa. Tifa qui ne le remarquait jamais.
Elle s’était réfugiée dans la montagne. Le Mont Nibel était infesté de monstres, de crevasses, de sentiers labyrinthiques où le moindre faux pas entraînait vers une mort certaine. C’est là que Tifa avait fui. Ce n’était pas tant le courage, mais l’inquiétude qui avait poussé les jambes de Cloud à se dépêcher pour la rejoindre.
Lorsqu’il vit l’un de ses
larbins fuir dans le sens inverse, avec la fichue casquette rouge qu’il avait constamment vissée sur le crâne, il se dit qu’il avait pris la bonne direction. Et la bonne décision. Avec ses laquais, elle n’était pas en sécurité. Ils étaient trop stupides, trop immatures pour faire les bons choix. Il fallait absolument qu’il la retrouve.
Les deux autres étaient postés devant un pont. Un pont de cordes et de bois que Cloud ne s’était jamais risqué. Sa mère le lui avait interdit, et c’était l’évidence même : le moindre poids, et il lâcherait. Plus personne n’utilisait ce passage. Personne sauf Tifa, aveuglée par le chagrin.
Le cœur de Cloud battait à tout rompre, les yeux embués par l’appréhension, parce que
et si Tifa se blessait, ou pire ? Le pont n’était pas stable, le pont faisait un drôle de bruit, le pont ne tiendrait jamais. Pourtant il n’hésita pas à s’y engager, dépassant les deux autres autres, plein d’espoir de rejoindre Tifa qu’il voyait un peu plus loin. La ramener, parce que le pont était en train de céder.
Le pont céda.
Il ne se souvenait ni de la chute, ni du choc. Ce furent des voix au loin qui le ramenèrent à la conscience, des voix d’adultes. Ils étaient partis à leur recherche et les trouvèrent au fond du ravin, au sol parmi des débris de planches de bois et restes de cordes usées.
Cloud n’eut même pas le temps de tester chaque membre de son corps, sonné, que Tifa fut soulevée dans les bras d’un villageois inquiet pour elle - son père peut-être. Un autre s’approcha de lui, furieux. Il le vit à peine au travers sa vision troublée. Il voyait bien trop clair, mais il entendit parfaitement chacune de ses paroles. Ses mots furent d’une colère froide, bien trop froide pour être dirigée vers un enfant qui venait de tomber d’une falaise. Comme quoi il n’aurait jamais dû amener Tifa ici. Que c’était quoi, son problème ? Et si Tifa était morte ?
Cloud n’avait subi que quelques égratignures. Tifa, elle, ne rouvrit les yeux que sept jours plus tard. Sept jours où Cloud ressassa suffisamment pour se remplir de colère et de regret. Il avait seulement voulu lui venir en aide. Oui, mais s’il n’était pas monté sur le pont, celui-ci n’aurait pas cédé.
C’était de sa faute. Si Tifa avait continué dans la montagne, nul doute qu’elle se serait faite tuée par un dragon.
C’était quand même de sa faute.
L’entité que l’on appelait Calamité des cieux était un bien étrange phénomène. Et surtout - destructeur.
Rares étaient les informations précises à Son sujet pour raison plutôt simple : plus personne n’était là pour en parler. La moindre date, le moindre détail - rien n’était jamais clair.
Néanmoins, il était facile de La qualifier.
Parasite.
L’on raconte qu’Elle arriva sur Gaïa depuis le ciel, par le grand néant, écrasant sur le pôle nord le météorite qu’Elle contrôlait - c’était il y a deux mille ans. Elle avait un corps physique, une base pour mieux duper. Une apparence presque humanoïde, un leurre.
A l’époque, les humains n’étaient pas majoritaires : les Cetra étaient bien plus nombreux.
C’était un peuple en harmonie avec la planète, avec la Rivière de la vie qui la traversait et nourrissait chaque existence. Tous étaient respectueux de ce que la nature avait à offrir, et ils vivaient en harmonie avec elle.
L’arrivée de la Calamité marqua pour eux un tournant décisif et mortel.NIBELHEIM - 16 ans.
Ce n’est que lorsqu’il fut à quelques pas du camion que Cloud se rendit compte qu’il avait oublié son casque à l’intérieur du véhicule. Il était terriblement nerveux.
Le voyage avait été long, et évidemment, il avait été malade. La présence de Sephiroth avec eux à l’arrière n’avait rien arrangé. Le fait qu’ils se rendaient à Nibelheim non plus. Le fait qu’il revenait dans son village natal avant qu’il n’atteigne son but à Midgar
encore moins.
En revanche, la compagnie de Zack avait été d’une grande aide.
Zack Fair, SOLDAT de première classe. Ils s’étaient rencontrés lors d’une mission désastreuse dans les montagnes enneigées aux alentours Modeoheim. L’expédition avait commencé par le crash de leur hélicoptère et s’était terminée par la mort du mentor de celui qui deviendrait son meilleur ami. Meilleur, et surtout seul ami.
Si cette journée avait été pour le moins catastrophique, faire la connaissance de quelqu’un d’avenant et d’amical avait été un véritable bol d’air frais - parce qu’on ne pouvait pas vraiment dire que les choses se déroulaient très bien du côté de Cloud.
Son échec à l’examen d’entrée du SOLDAT et son entrée dans les unités d’infanterie laissaient en lui une amère frustration - si bien que cela entachait une possible progression dans les rangs de la ShinRa. Des missions d’escortes, c’est tout ce qu’il avait. Comme maintenant, à Nibelheim.
(Pourtant, une fois, lors d’une mission en compagnie des Turks, il avait prouvé à quel point il pouvait être doué avec une épée - il en avait volée une à un ennemi, et s’était occupé de tous les autres. C’avait été son petit moment de gloire. Qui n’eut malheureusement aucune incidence.)
Sephiroth, SOLDAT de première classe. Il faisait également partie de la mission. Lorsqu’il l’avait vu arriver dans la salle de réunion alors qu’ils étaient encore à Midgar, Cloud n’avait pas prononcé un mot, bien trop impressionné. Cet homme était une légende vivante à qui Cloud vouait une grande admiration depuis quelques années.
Lorsqu’il lui adressa la parole, à l’entrée du village, remarquant sa nervosité, il n’avait même pas trouvé quoi répondre. Il n’aurait jamais cru Sephiroth bienveillant, l’autorisant à passer la soirée avec les proches qu’il aurait pu avoir dans le village. En plus d’être fort, c’était visiblement quelqu’un de bien. Pour Cloud, c’était complètement improbable.
Tifa était là, elle aussi, en tant que guide. Cloud aurait préféré qu’elle ne le soit pas.
Retourner à Nibelheim ainsi, dans son uniforme de milicien, le remplissait de honte. Il lui avait promis de devenir SOLDAT, il ne pouvait pas lui montrer son visage, pas maintenant. C’est pour cela qu’il ne parla pas, ni n’enleva son casque en sa présence. Il était hors de question qu’elle le reconnaisse.
Cloud prit une grande inspiration.
Avec un peu de chance, la mission se déroulerait sans encombre.
Un photographe les suivit pendant la mission. La première représentait Sephiroth, Zack et Tifa devant le manoir ShinRa - une propriété de l'entreprise qui avait toujours été là. Cloud était sur quelques clichés, mais jamais sans son casque.
Les monstres de la région avaient toujours été dangereux, mais ce n’était rien par rapport à ceux qui se dressaient en face d’eux maintenant. Ils étaient en mission pour ça, pour comprendre leur origine, mais
tout de même.Cloud en fit les frais à l’entrée du réacteur, alors qu’il protégeait Tifa d’une attaque pendant que Zack et Sephiroth étaient à l’intérieur pour enquêter. Une fois redescendu au village, il se remit rapidement.
En sortant du réacteur, Sephiroth n’était plus le même.
Le feu n’avait rien épargné. Nibelheim brûlait sans que personne ne puisse arrêter les flammes.
Zack fit tout son possible pour sauver un maximum de personnes.
Cloud trouva le corps sans vie de sa mère dans les décombres de sa maison.
Au milieu de la fournaise, Sephiroth.
Tout le village fut réduit en cendres.
Tifa était en vie. A peine consciente, mais en vie. Son père avait eu moins de chance.
Zack n’était pas dans un meilleur état qu'elle.
Sa mère, Zack, Tifa, sa mère, son village natal… Sephiroth devait payer. Il avait été son modèle, avait été l’image du futur auquel il aspirait, lui avait donné du courage, et maintenant il devait payer.
Même lorsque Sephiroth le transperça de part en part avec son épée, Cloud n’abandonna pas. Ce n’était pas le courage, mais la volonté qui lui donna la force de prendre le dessus et de rejeter l’ancien SOLDAT dans les tréfonds du réacteur, directement dans la rivière de la vie, lui et la tête de JENOVA.
« Celui-ci… intriguant, très intriguant. Il fera un cobaye parfait ! »
La Calamité était insidieuse, à la fois intelligente et cruelle. Elle se glissait en vous pour faire de vous ce qu’Elle voulait, vous modifiait jusqu’à la moindre cellule, jusqu’au moindre brin d’ADN pour faire de vous un monstre à sa merci, et prendre le contrôle sans que vous ne vous rendiez compte de rien. Elle dévorait.
NIBELHEIM - 21 ans.
C’était anormal. Le village avait été réduit en cendres cinq ans plus tôt. Pourquoi chaque mur, chaque maison, chaque tuile était à sa place ? Il n’y aurait dû y avoir que des ruines.
Cloud ignora délibérément le regard de Tifa, Barret, derrière lui, et surtout celui d’Aerith. Caith Sith, Youffie et Nanaki étaient un peu plus loin, mais Cloud ne les rejoignit pas. Il garda son regard fixé sur le chemin menant au manoir. Il ne mentait pas, il le savait.
C’était comme si rien n’avait changé. Nibelheim trônait là, paisiblement au pied du mont Nibel.
Il pouvait encore sentir la chaleur des flammes, voir Sephiroth au milieu du brasier, le corps de sa mère et des autres villageois calcinés sous les décombres. Sephiroth - son ancien collègue
lorsqu’il était encore membre du SOLDAT, qui avait perdu l’esprit.
Il n’avait rien rêvé. Alors comment ? Et pourquoi ?
Il y avait une femme dans la maison dans laquelle il avait grandi. Elle n’était pas sa mère. Elle prétendait avoir toujours vécu ici, mais elle n’était pas sa mère. Elle n’était pas sa mère, bon sang. Ce n’était pas avec elle qu’il avait grandi entre ces murs. Qu’est-ce qu’il se passait dans ce fichu village ?
« Peux-tu… l’entendre… ? La voix… de… Se… phir…oth… »
L’homme encapuchonné portait le numéro XII sur la main, tatoué sur sa peau. Cloud en avait trouvé un autre, quelques semaines plus tôt, dans le Secteur 5 de Midgar après avoir rejoint AVALANCHE, un groupe terroriste s’élevant contre la ShinRa et dont il ne restait maintenant plus que Barret et Tifa. Il avait rencontré Aerith à peu près au même moment - il avait fait une entrée plutôt fracassante par le toit de son église après avoir fait sauté un réacteur Mako de la ville. Puis il y avait eu RedXIII - ou Nanaki - dans la tour ShinRa après s’être fait capturé. Evidemment, il s'étaient échappés avec fracas.
Ils étaient partout dans le village, aussi pathétiques qu’inquiétants. Les voir comme ça… ce n’était pas vraiment pas empathie que Cloud était dérangé. Il avait une boule en ventre en les voyant, comme avant les blackouts qu’il pouvait avoir parfois, ou lorsqu’il entendait cette voix au fond de lui.
Il n’en fit part à personne.
Sur le bureau, non loin du piano de Tifa, trônait un dossier destiné au professeur Hojo. « Rapport d’activité des CLONES. » Et surtout, « Rapport confidentiel : »
'Personne ne sait que le village a été reconstruit à l’image de ce qu’il était cinq ans plus tôt. Nos employés, déguisé en villageois, ont amélioré leurs talents d’acteurs, ainsi aucun problème n’est à déplorer à ce jour,' ou quelque chose comme ça
Des acteurs, des employés de la ShinRa. L’
incident cinq ans plus tôt.
Cloud n’avait pas rêvé.
Cloud ne se souvenait pas être déjà entré dans le manoir ShinRa.
Pourtant, dans les sous-sols, lorsqu’il se trouva face à de nouveaux rapports, il se dit que quelque chose n’allait pas. Une table d’opération était installée au milieu de la salle, entourée d’un nombre vertigineux de machines et d’outils divers - scalpels, scies, seringues. Au fond trônaient deux cuves. Il s’approcha des vitres de verre blindé, mû d’une fascination morbide. Elles avaient été griffées de l’intérieur. « Projet C, spécimen(B) CodeC - Projet C, spécimen(A), CodeZ ». Un mal de tête tournait comme une tâche de fond dans son crâne.
Sephiroth l’attendait dans la bibliothèque. Ils étaient à sa poursuite depuis leur fuite de la tour ShinRa, où l’ancien SOLDAT avait assassiné le président de la compagnie. De ça, Cloud n’en avait que faire. Tout ce qu’il voulait, c’était éliminer Sephiroth une bonne fois pour toute - se venger. Que ce dernier veuille détruite la planète n’était pas vraiment important pour lui.
Il réussit à s’enfuir.
(En volant. Radical.)
Dans une pièce près du laboratoire, ils découvrirent un étrange personnage endormi dans un cercueil.
Le processus fut rapide. Si les Cetra appelèrent cela un virus
, la vérité était autre. C’était Elle, toujours Elle, qui s’introduisait dans chaque veine, faisait de chaque individu qu’Elle voulait le vaisseau de Sa conscience. Chaque jour, son corps, son réseau grandissait.
Quand les humains s’en rendirent compte, ils se mirent à fuir - et survécurent. Quand les Cetra s’en rendirent compte, il était bien trop tard. Ceux qui restaient encore debout, à peu près certains de leur libre arbitre, enfermèrent la Calamité dans la glace. Puis ils prévirent un système de défense. Pendant deux mille ans, Elle dormit pendant que les Cetra disparaissaient, laissant la Rivière de la vie à la merci des humains.
C’est ainsi que le peuple ancien des Cetra devinrent une légende, et la Calamité des cieux un mythe.NIBELHEIM - 21 ans.
Les vents violents, la terre grise et nue de cratère nord avaient disparu dans un flash blanc. Lorsque les maisons de Nibelheim se dessinèrent devant ses yeux, c’était une illusion.
Sephiroth était tout près et Cloud, cette fois, se sentait prêt.
Cette fois. Prêt. Il ne perdrait pas le contrôle, ne permettrait pas à Sephiroth de faire ce qu’il voulait de lui. La matéria noire était en sécurité - dans des mains autres que les siennes - et il ne commettrait pas la même erreur. Le destin de la planète avait fini par s’entremêler avec le but de Cloud. Si empêcher l’ancien général d’invoquer le Météore revenait à assouvir sa vengeance, alors qu’il en soit ainsi.
Aerith n’était plus avec eux. Rien que d’y penser, la culpabilité l’accablait. C’était difficile de se forcer à ranger ça dans un coin de sa tête, et de continuer d’avancer.
Tifa n’avait pas l’air d’aller bien.
Une scène se déroulait sous leurs yeux. Une vision du passé à l’entée du village, sous la grande arche. Sephiroth - une illusion du général, de ce qu’il était cinq ans plus tôt - avançait vers eux, suivi d’une escorte de trois personnes. Cloud se souvenait
clairement de ce moment : celui où ils étaient arrivés, envoyés par la ShinRa, pour enquêter sur la présence de monstres (une histoire copie confuse dans sa tête), et pour se rendre au réacteur du mont Nibel. Deux Première Classe n’étaient pas de trop. Sephiroth et lui.
Mais dans cet éclair du passé, il y avait quelqu’un d’autre à sa place. Un homme, grand et brun, inconnu mais familier d’une façon presque douloureuse, marchait là où il aurait dû marcher accompagné de deux miliciens. C’était comme s’il avait son identité sur le bout de la langue, mais qu’un grand barrage se dressait devant lui.
Dans la vision, Cloud n’était nulle part.
Ce n’était pas grave. Ce n’était qu’une illusion, un mirage monté de toutes pièces par Sephiroth. Rien qui ne l’atteindrait.
Tifa était de plus en plus inquiète.
Soudain, les flammes. En une seconde, elles étaient partout, et tout le monde se retrouva comme téléporté sur les débris au milieu du village.
Tout ce qui se déroula ensuite était
faux.Dans cette illusion ; la personne qui sortit en catastrophe du manoir était censée être lui. La personne qui apparaissait sur la photo devant le bâtiment était censée être lui. La personne venant en aide aux villageois était censée être lui, Cloud Strife, SOLDAT de Première Classe, pas cet homme aux cheveux bruns.
Il n’y était pas. Ce n’était pas grave. Il connaissait la vérité.
Tifa agissait de manière étrange.
A partir de là, tout ne fit qu’empirer.
Sephiroth avait fini par se montrer. Et il parla. Un enchaînement de mots qui firent bien plus de dégâts qu’un coup de poing. C’était comme s’il
savait où attaquer, et il attaqua.
Les souvenirs de Cloud étaient flous. Depuis qu’il avait intégré AVALANCHE, ils l’avaient toujours été. Mais il y avait toujours eu une
base - il savait d’où il venait. Il venait de Nibelheim, il connaissait Tifa depuis son enfance. De ça, il était sûr.
Ce dont il était également sûr, c’était qu’il n’était pas un clone raté de Sephiroth. Ce dernier l’affirmait, mais il n’avait pas été créé cinq ans plus tôt, au moment de cet incendie.
Il n’avait rien à voir avec ce traître ou avec JENOVA. Rien. Il n’avait aucune de ses cellules dans son corps. Aucunes.
Il n’était pas un pantin.
Et pourtant.
Cloud, comme plusieurs fois par le passé, s’effondra. C’était comme si son crâne était sur le point d’exploser, que tout se mélangeait, que sa conscience s’en allait petit à petit. Qu’il était remplacé par autre chose. Qu’il n’était plus
lui.
Des mythes, les Cetra en avaient un certain nombre, mais l’un d’entre eux piqua la curiosité de certains humains. La Terre Promise. Lieu de joie éternelle où la Mako, manifestation de l’énergie pure de la Rivière, envelopperait chacun.
Des recherches furent menées sur les Cetra.
Les humains finirent par découvrir la Calamité enfouie dans le cratère nord.
Ils La renommèrent JENOVA.
C’est ainsi que la mission de destruction, d’appropriation que la Calamité s’était donnée repris, avec la grande aide d’humains que l’on pouvait qualifier de beaucoup de choses. Stupides, inconscients, fous.
Humains aux capacités extraordinaires. Expériences. Monstre qui sortaient prétendument de nulle part. Cupidité, avidité. Exploitation de Mako. Réunion. Mère. Nombreuses furent Ses manifestations. Nombreux furent les conflits.
Finalement, après la réussite de l’invocation du Météore qui achèverait Sa volonté, c’est Gaïa elle-même qui protégea les siens pour combattre la Calamité.??? - 22 ans.
Il avait acheté cette matéria à une marchande pour une somme dérisoire. “Elle est inutile,” avait-elle dit. Cloud le savait par expérience : aucune matéria n’était inutile, même si elle en avait l’air.
Elle était grise, rainée d’une multitude de petits faisceaux colorés, un peu comme un réseau sanguin, ou les capillaires noircis qui couraient le long de son bras gauche.
Il ne sut jamais vraiment pourquoi elle s’activa mais lorsqu’elle le fit, il était heureusement seul dans une auberge loin de Edge alors qu’il était en train de l’observer. (C’était une étape pour une livraison autant qu’une étape dans sa recherche désespérée d’un remède contre les Geostigma.) Elle s’était activée, et le décor avait changé.
Il s’était retrouvé devant un escalier immense, immense,
immense, encadré par des falaises noires, un paysage qui lui était complètement alien. Devant lui, un homme vêtu de vêtements encore plus sombres et qui avait des
cheveux de feu bleu. (Niveau originalité, il était pour la première fois battu à plates couture.)
La confusion relativement passée (mais pas la méfiance face à cet étrange personnage) et surtout, ses esprits retrouvés, Cloud lui avait demandé où il était. La discussion (si l’on pouvait appeler cela compte tenu du nombre impressionnant de menaces) s’acheva sur deux conclusions : il n’était plus en Gaïa, et Sephiroth était en vie, en chair et en os. Du moins, c’est ce qu’il se disait.
Les choses furent simple dans la tête de Cloud. Sephiroth vivant, les géostigma, le remède. S’il voulait que la maladie disparaisse, il fallait que la vie de Sephiroth cesse. Encore.
Il passa un accord avec Hadès (l’étrange personnage aux
cheveux de feu bleu). Peu judicieux, ni à son avantage, mais cela n’avait pas d’importance tant qu’il ne perdait pas de vue son but - ce fut du moins ce qu’il pensait au début.
C’est par petits bouts qu’il prit conscience du camp dans lequel il s’était engagé comme ‘mercenaire’ sans être courant de la situation générale.
Ce qu’il devait faire était simple : participer à un tournoi et éliminer un certain Hercules.
Il y avait une histoire de lumière, de ténèbres, de princesse de cœur. De là où il était, Cloud ne put pas réellement en savoir plus. Il se promit de garder cette enquête pour plus tard.
Lorsque, lors du fameux tournoi, il fut confronté à un enfant qui ne devait pas être tellement plus âgé que Denzel (enfin, un peu plus, mais il restait un
enfant, bon sang), il ne fut évidemment pas à même de se battre franchement conte lui, et Sora gagna haut la main. C’est à ce moment là que Cloud se rendit vraiment compte qu’il n’était pas dans le bon camp. Un monstre à trois têtes fut lâché, ils le terrassèrent ensemble, et -
Sephiroth.
Même s’il était blessé, Cloud s’engagea sans hésiter dans le combat qui ne se termina pas. La matéria s’était réactivée, et il retourna en Gaïa.
L’affrontement eut finalement l’occasion de se terminer dans les ruines de Midgar quelques temps plus tard. Ce fut difficile, mais Cloud en sortit vainqueur.
Malgré le calme apparent, Cloud n’était pas serein. Il avait toujours cette étrange matéria, et à chaque fois qu’il posait le regard dessus, il se souvenait. Il savait que JENOVA venait d’un autre monde, venait-elle de l’un d’eux ?
Cette histoire de lumière et de ténèbres, que valait-elle ? Il n’avait pas assez d’informations, mais quelque chose, un présentiment lui disait que cela avait une importance. Mais depuis le bar de Tifa, il ne pouvait rien y faire.
Les séquelles perdurèrent un moment. Maladie, résidus de Sa volonté. Plusieurs manifestations de Sa présence se firent de nouveau, mais en fin de compte la Rivière de la vie combattait toujours.
Seulement, était-ce réellement possible d’éliminer la Calamité ? Elle qui était si profondément ancrée jusque dans les gênes de certains individus ? Comment était-il possible de se libérer totalement de son influence ?
La Calamité, JENOVA, restait même deux mille ans après, entourée de mystère. Mais une chose était sûre. La Calamité serait toujours là. NIBELHEIM - 23 ans.
Cloud avait eu quelques difficultés à se faire à la multitude de petites cicatrices, indolores, décolorées mais visibles sur une peau telle que la sienne seulement si l’on regardait de très près - le regard étaient plutôt attiré par le ruban rose qu’il gardait noué autour du biceps. Il avait eu presque plus de mal à se faire à ces marques qu’à celle que Sephiroth avait laissé au niveau de son plexus solaire et entre ses omoplates. Ou sur son pied.
(Puis il se disait que c’est parce que les Geostigma avaient eu le temps de faire leur effet sur sa vie, lentement, progressivement, loin d’agir comme un coup de poignard ; que ce n’était pas de simples coupures qu’il avait subi. Qu’il n’était pas le seul à en avoir fait les frais, et qu’il partageait ça avec des centaines d’enfants, et Denzel. Et Rufus, mais il était facile d’oublier Rufus sur ce point là.)
Ce n’était rien par rapport à l’habitude qu’il avait dû prendre de retourner régulièrement à Nibelheim, en tant que livreur. C’était toujours un peu difficile, mais ça s’améliorait.
Comme si le village était béni - ou maudit - il restait encore inchangé, comme si le temps n’avait jamais eu aucune incidence sur lui, ou les flammes. Nibelheim, toujours à se relever, toujours debout. Le Météore avait réduit Midgar à un tas de débris qui avait servi à construire Edge, et Nibelheim était là, toujours, un peu surnaturel.
La concurrence n’était pas rude, pour les missions dans le coin. Qui d’autre que Cloud Strife pouvait proclamer connaître les petits chemins escarpés qui y menaient. Ou posséder une moto tout-terrain.
On pouvait posséder une moto tout-terrain. Mais une moto tout-terrain n’était pas sa moto tout-terrain.
Cloud avait toujours aimé les motos.
Ainsi, c’est naturellement là, lorsqu’il était à Nibelheim, que tout changea à nouveau.
Il se serait cru dans une nouvelle illusion de JENOVA, sauf que cela n’en était pas une. Les maisons, le sol, le ciel ; tout s’était noirci. C’était comme défait, englouti par le néant, prenant assez de temps pour que n’importe qui assistant au spectacle puisse avoir le temps de paniquer.
Il avait essayé de faire demi-tour et ou de faire
quelque chose, n’importe quoi. Cela ne fonctionna pas.
La matéria s’activa juste avant que les ténèbres ne l’atteignent lui aussi.
??? - 23 ans.
Lorsqu’il se réveilla, ce qui était une chance en soi, il était ailleurs.
Ailleurs, il le sut rapidement, voulait dire en dehors de Gaïa.
La personne qui l’avait recueilli l’avait trouvé inconscient proche d’une Fenrir - sa moto - un peu amochée. Rien d’irrécupérable, Dieu merci.
Étrangement, dans la ville dans laquelle il se trouvait, le soleil ne se couchait jamais, restant dans un éternel crépuscule.
Cette fois, il prit un temps pour se renseigner sur ce qu’il se passait - et pour réparer Fenrir. Ce qu’il apprit ne lui plut pas.
Les ténèbres avaient commencé à envahir les mondes et le cœur des gens, produisant des monstres que dont on ne pouvait pas se débarrasser sauf avec une arme en forme de clef qu’il ne possédait pas - en gros. Faire le lien avec ce qu’il s’était passé au Colisée avec Hadès et Sora fut facile. Avec ce qu’il s’était passé à Nibelheim, à
Gaïa également.
L’inquiétude qui l’avait gagné depuis son arrivée ne fit que grandir. La matéria qui lui avait permis de passer d’un monde à l’autre avait changé - les petits filaments de couleurs avaient disparu. Il supposa qu’elle permettait de faire des allées dans n’importe quel monde, mais que le retour ne pouvait avoir comme destination que Gaïa - Gaïa qui était à présent inaccessible.
Et les autres ? Tifa, Marlène, Denzel et tous les autres ? Cloud n’avait aucun moyen de savoir ce qu’il leur était arrivé, et plus que l’avenir des mondes, c’était cela qui l’inquiétait le plus - même si tout était lié.
Que pouvait-il faire ? Contre les ténèbres, tout seul et sans Keyblade, pas grand chose. Cependant, il était possible qu’une
certaine personne, qu’il avait combattu de nombreuses fois, ait trouvé le moyen de revenir et d’avoir un rôle néfaste. Peut-être aussi que ses êtres chers qui étaient restés sur Gaïa avaient trouvé le moyen de se rendre sur un monde.
Alors une fois qu’il fut prêt, il gagna la gare de la cité du crépuscule. Un réseau de transports par bateau avait également été établi entre les mondes… réseau qu’il empruntait seulement comme dernière option. Ou lorsqu’il avait de quoi faire passer son mal de mer qui se manifestait même sans eau.
Son but n’était pas tant de prendre part au combat - il ne ferait pas de nouveau l’erreur de s’engager comme mercenaire sans être réellement au courant - mais de partir à la recherche de ses amis, et éventuellement d’éliminer une source du mal qu’il connaissait bien. Sephiroth pouvait réapparaître autant qu’il le voulait, Cloud serait toujours là pour l’éliminer.
Cette quête n’était finalement pas très différente de celle dans laquelle il s’était engagé quelques années plus tôt. Son voyage était motivé par un but personnel, mais si venir en aide à d’autres, s’il devait agir pour sauver des gens et, sans prétention, pouvait le faire avancer, alors le le ferait. Il ne restait plus qu’à voir ce que l’avenir lui réservait.
Sujet: Cloud Strife - Not interested 
Mer 29 Juin - 4:55
). C'est cool de voir tous ces perso de FF7, plus il y en a plus ça en ramène ^^ Aller, bientot Sephi *^*
