Depuis que tu avais entendu parler d'un monde aquatique, tu n'avais pas arrêté d'y penser. C'était assez puéril et tu en avais conscience mais tu ne pouvais t'empêcher d'être attirée par l'eau, cet élément dont même ton nom était empreint. Et, nécessairement, tu avais envie de visiter ce monde que tu ne connaissais pas. On t'avait raconté que l'apparence de ceux qui visitait Atlantica changeait à leur arrivée, s'adaptant aux conditions différentes, et tu devais bien avouer que cela aussi t'attirait. C'est donc un sourire en coin et le rouge aux joues qui tu te dirigeas vers ce monde. Et tu ne fus pas déçue.

Le lieu était splendide. Tu pouvais voir les rayons du soleil percer la surface de l'eau et éclairer de ces rayons les algues dansantes et les coraux joyeux. Un véritable royaume empli de lumière. Mais, ce qui te fit le plus bizarre fut de sentir au bas de ton corps l'absence de jambe. A la place, une jolie queue de dauphin ondulait au rythme de l'eau. Ton armure s'était réduite à une petite brassière qui cachait juste ce qu'il fallait de ton anatomie. Tu rougis quelque peu, gênée d'être aussi peu vêtue, mais il aurait été ridicule que tu sois entièrement habillée sous l'eau.

Retrouvant ton calme, tu avanças tranquillement, en profitant de l'eau tiède. Tu devais t'habituer à ton nouvel attribut, et tu fus étonné par la facilité avec laquelle tu évoluas très vite dans l'eau. Tu étais à ta place et cela t'emplissait de bonheur. Tu décidas donc d'explorer un peu les alentours. Rapidement, tu croisas poissons et crustacés qui faisaient leur vie calmement ; tu aperçus une sirène et deux tritons au loin, mais tu décidas de ne pas interrompre leur conversation. Profiter de l'endroit seule te plaisait aussi, de la compagnie n'était pas nécessaire.

Soudain, arriva près de toi un petit crabe rouge, visiblement affolé. Tu ignorais ce qui pouvait causer son effroi, tout te paraissait calme ici. Tu décidas de t'approcher de lui d'un air avenant. Peut-être avait-il besoin d'aide ?

« Bonjour ! »

Le crabe se tourna vers toi avec des grands yeux et s'agita tout à coup. Il se mit à parler très vite avec un accent étrange.

« Par ma carapace, c'est terrible ! Une catastrophe ! Il faut que je prévienne tout de suite le roi Triton, c'est une catastrophe ! »

« Que se passe-t-il ? Je peux peut-être vous aider. »

« C'est un peu plus loin. J'étais en train de me promener avec mon ami Polochon. On voulait trouver des jolis cailloux pour Ariel. Et là, on a vu une bande de choses bizarres attaquer une jeune sirène qui habite pas loin d'ici. On s'est enfui pour aller chercher de l'aide, mais on s'est séparé. J'espère qu'il va bien ! C'est une catastrophe ! »

Le petit crabe s'agitait devant toi, complètement affolé. Tu essayas de le rassurer.

« Quel est votre nom ? »

« Sébastien... »

« Sébastien, menez-moi à la sirène, je peux l'aider. »

Et tu fis apparaître ta Keyblade dans ta main. Sébastien la fixa avec deux grands yeux, comme si ton arme lui rappelait quelque chose, puis il fit demi-tour et tu le suivis. Très vite, tu découvris les choses bizarres en question. Des Sans-Coeurs. Tu ne connaissais pas cet espèce aquatique, mais c'était bel et bien eux. La jeune sirène essayait de leur échapper, en nageant de toutes ses forces. Tu t'approchas vivement, et tu sentis le regard des monstres se fixer sur toi. Ils étaient très nombreux, mais tu n'avais pas le choix. Tu te lanças dans la bataille. Tel était ton devoir et ta volonté.

De retour au royaume aquatique. Son chez lui depuis un certain temps déjà. Les rumeurs, le manoir oblivion, la rencontre avec tant de personnes, la bataille rangée d’ombre et de lumière qui en avait résulté, il s’était passé tellement de chose quand il avait quitté ce monde de tranquillité apparente et sous-marine. Il s’était passé tant de choses depuis qu’il avait repris son service actif, en première ligne au milieu des combats. Est-ce que ça lui avait manqué ? Est-ce qu’il avait aimé se retrouver au beau milieu de ce danger ? Non. Simplement non. Firion n’aimait pas la guerre, ni les conflits et se battait pour les stopper, pour qu’enfin, la paix règne. Il n’aimait pas la guerre, il n’aimait pas tellement se battre, mais levait son épée dès qu’il sentait que cela était nécessaire. S’il devait se sacrifier pour permettre à une autre personne de ne pas avoir à le faire, c’est avec le sourire aux lèvres qu’il accueillerait la lame froide qui arrêterait son cœur. Devoir. Il avait choisi de prendre les armes en cette optique finale. Faire ce que d’autre ne pouvait ou ne devait accomplir selon lui. Même si à l’époque, il pensait que cette période de sa vie, celle de sang et de larmes serait de courte durée, juste le temps d’arrêter la folie de cet Empereur, elle s’était prolongée plus que de raison. Car jamais, jamais, il n’avait eu la force de se détacher de ses armes, de refuser la supplique des personnes dans le besoin. Le monde avait besoin d’un soldat, les mondes avaient besoin de combattants, il serait un de ceux-là. Peu importait ses états d’âme à ce sujet.

Une jour, des milliers et milliers de Roses sauvages s’épanouissent sur la surface des mondes. Du moins, c’est ce qu’il espérait. Ah ! Quel rêve stupide… Il n’en parlait pour ainsi dire jamais. Car personne ne lui demandait de toute façon. Car personne n’avait besoin de savoir ce qui se trouvait derrière la lourde armure de métal, derrière l’attitude du soldat. Mais il avait bel et bien un rêve, un rêve d’enfant caché tout au fond de son cœur. Un rêve que même lui trouvait ridicule et pourtant… Et pourtant il s’y accrochait de toutes ses forces, avec ses deux mains, pour ne jamais le laisser tomber. Car s’il ne possédait pas au moins ça, pour quoi se battrait-il ? Pourquoi s’engagerait-il à ce point dans tant et tant de guerre ? Et surtout, qu’est ce qui le différencierait de ces hommes et femmes des ténèbres qui combattait sans relâche ?

Rien, sans doute rien.

Il est lui-même un assassin et ce n’était pas les derniers évènements du manoir qui dirait le contraire. Sans le moindre remord, sans la moindre appréhension, il avait stoppé la vie d’un autre être vivant. Encore une fois. Ce qu’il en pensait ? Qu’en temps de guerre, certains choix se doivent d’être faits, voilà tout. Il ne regrettait en rien son geste et laisserait le soin à l’Histoire des Hommes et à ses supérieurs de le juger en temps et en heures. En attendant, il ne lui restait qu’à taire sa conscience.

Il était rentré dans ce monde qu’il appelait désormais son « chez lui ». Atlantica, le monde aquatique, le monde du peuple sirène. Le monde qu’il avait reçu pour en assurer la garde. La garde du peuple mais, surtout, la garde d’Ariel, la princesse de cœur de ce royaume sous-marin. Il adorait ce monde, il adorait ce peuple qui l’avait accepté et reconnu pour son travail. Il se sentait bien ici, dans cet univers d’eau salée. La vie y était simple et tranquille, éloignée de la menace des ténèbres sans y être tout à fait coupé. Certes, il lui avait fallu un certain temps d’adaptation, surtout pour s’habituer à la perte de ses jambes au profit d’une large queue de poisson bleue-grisée. Le plus compliqué, outre la manœuvre, ayant été d’intégrer toute sa panoplie d’arme et de devoir quitter sa lourde armure quand il patrouillait. Ses armes se retrouvaient liées à son corps par d’astucieux jeux de cordes en algues, environ au même endroit qu’il s’il avait possédé son corps humain. Les poignards aux chevilles, l’épée et la hache à la hanche, le sceptre dans le dos, le bouclier au poignet gauche et l’arc et la lance dans son dos. Si quand il arrivait dans l’eau salée de la mer, son armure se vaporisait, elle était en réalité remplacée par quelques pièces d’équipements à base de coquillage et d’écailles solides. Rien qui ne puisse entraver ses mouvements, mais suffisant cependant pour éviter les blessures mortelles.

Ainsi, il avait commandé auprès de l’armurerie de la garde des protèges avant-bras et une pièce minérale se plaçant sur son cœur, maintenue par des algues tressées. Et rien d’autre. Sûr ça lui changeait mais c’était bien plus pratique ainsi. Et comme ultime changement, puisque le tissu semblait fuir ces contrées, ses longs cheveux d’argents n’étaient plus retenus que par une queue basse.

Comme chaque jour, le gardien était parti en patrouille. Les attaques étaient somme tout assez rare mais la menace était bien réelle. Nageant au gré des courants, les sens en alerte, il fut interpellé par un poisson clown fonçant à toute vitesse en contresens. Il n’eut pas le temps de freiner et percuta alors le jeune homme  qui le réceptionna dans ses mains avant qu’il ne coule.

« Hey, doucement mon ami » Le poisson reprit peu à peu ses esprits et il remarqua son air paniqué, effrayé même. Il en devient de suite très sérieux « Que se passe-t-il ? »

Le vertébré ne devait pas être tout à fait adulte et sembla se rassurer au contact de l’homme qu’il reconnut de suite comme étant le gardien d’Ariel.

« L-là-bas ! » Il pointa une direction avec sa nageoire. « D-des monstres ! Ils attaquent Sélène ! Allez l’aider s’il vous plait ! »

Le soldat lui sourit doucement. Comme si il avait besoin qu’on lui demande pour qu’il fasse une chose pareille.

« Ne t’inquiètes pas, je m’en charge. » Il le relâcha. « Toi, pars prévenir le Roi Triton, qu’il envoie une troupe au cas où des complications arrivent ! »

Le poisson clown hocha de la tête et partit en toute vitesse en direction du château sous-marin. Firion s’élança sans attendre dans la direction indiquée, battant sa nageoire caudale à toute vitesse. Des monstres… En ces eaux calmes, il ne pouvait être que des sans-cœurs. Pourvu qu’il parvienne à temps auprès de Sélène… C’est alors qu’il les vit, là-bas, proche du récif chatoyant. Contre la paroi de roche, une jeune sirène aux couleurs chaudes, recroquevillée sur elle-même, son visage blottit dans ses mains. Tremblante. Attendant sa dernière heure. Et autour d’elle, des sans cœurs aquatiques. Deux aquatank, ces espèces d’immense baleine ronde et bleutée, aux dents acérées. Ils étaient accompagnés chacun de deux torpilotes, des êtres des ténèbres de forme humanoïdes, possédant une tête allongée et un trident comme arme. Autour de cette scène, trois Néon Marins, de petites méduses au visage éternellement souriant, approchaient également. Pourquoi n’étaient-ils pas tournés vers la jeune sirène ? Pourquoi s’étaient-ils massés en cercle ? C’est d’elle même que la réponse s’imposa au gardien. Au centre de l’attention, une jeune femme, qu’il n’avait encore jamais vu dans le coin. Une jeune femme aux prises avec la meute aquatique impitoyable. La situation était grave. Sans attendre, Firion descendit l’arc de son épaule et tira sur la corde. Une flèche de corail apparut et il ajusta son tir. Il lâcha. Le projectile vint transpercer de part en part la tête molle et gélatineuse d’un néon marin. Ce dernier explosa avant de libérer le cœur scintillant qu’il contenait. Puisqu’il avait capté un instant leur attention, le gardien replaça son arme sur son épaule et dégaina son épée. Il ne pouvait jouer la distance avec deux femmes si proches d’approcher une fin tragique. Il obliqua vers le haut dans un premier temps avant de redescendre pour se placer au milieu du cercle, proche de la jeune femme aux cheveux bleus et courts. Dans sa main, une arme qui lui sembla familière. Une arme en forme de clef…Se pourrait-il ? Il l’observa juste un instant. Il s’était trop fié à sa première impression lors de sa dernière mission et avait été dupé par un faux porteur de Keyblade… Oui, il aurait dû se méfier, mais impossible pour lui de simplement se détacher de cette forme de naïveté qu’il avait. Il accorda le bénéfice du doute à sa nouvelle partenaire de combat, simplement parce qu’il préférait la trahison à la méfiance extrême. Et comme à son habitude, il donna son identité. Était-ce une information importante ? Il ne le savait pas tellement. Au pire, cela attirerait plus d’êtres des ténèbres sur lui. Une aubaine donc, car pour lui, gardien et cible allait de pair. Il s’adressa à elle, adoptant le ton de l’urgence que le combat exigeait.

« Firion, gardien d’Atlantica » De sa lame, il para le trident d’un des torpilotes et le repoussa plus loin. « Les renforts sont prévenus. Mais je doute qu’il arrive tout de suite »

Tu observas rapidement le joli assortiment de Sans-Coeurs qui te faisaient face. Tous étaient assez laids, tu devais bien l'avouer, mais ensemble, ils représentaient une menace redoutable, surtout que la présence de l'eau environnante t'empêcher d'utiliser tes sorts de Foudre qui auraient pourtant été particulièrement efficaces contre ces opposants, mais tu te doutais que si tu faisais apparaître de l'eau ici, tu allais probablement électrocuter un peu plus que les Sans-Cœurs, ce qui aurait été particulièrement contre-productif. Tes sorts de Brasier étaient aussi à exclure. Ne te restaient que tes Glaciers et ton affinité à l'eau. Cependant, la présence de la sirène derrière toi t'obligeait à mesurer tes mouvements et à ne pas trop lancer d'attaques de zone, ce qui allait ralentir grandement le rythme du combat. Elle paraissait bien trop effrayée pour pouvoir faire le moindre mouvement, ni même comprendre qu'elle devait s'enfuir. Tu n'avais pas le choix, tu allais devoir être très précise dans tes actions.

Soudain, une flèche jaillit de nulle part et vint transpercer une des petites méduses qui flottaient là. Tu cherchas vivement du regard celui ou celle qui avait tiré le trait. Tu vis alors un jeune homme aux longs cheveux attachés arriver vers toi. Il était équipé d'un panel d'armes assez impressionnants et tu te demandas même comment il pouvait porter autant d'équipements sans que ses mouvements n'en soient entravés. Le sondant rapidement, tu ne perçus aucune malice ou méchanceté en lui, mais une lumière vaillante, et cela te rassura grandement. Il se présenta succinctement et t'indiqua qu'il avait fait prévenir des renforts. Cette nouvelle autant que le titre du jeune homme te rassurèrent. Tu décidas de te présenter à ton tour en repoussant une des baleines qui te fonçait dessus.

« Aqua, porteuse de Keyblade. »

Tu lanças un sort de Glacier qui vint geler temporairement la baleine que tu venais de repousser.

« Nous devrions nous en sortir, je pense. »

Les deux méduses restantes t'attaquèrent alors avec leurs tentacules et tu fus obligée d'esquiver afin de ne pas être prise dans leur étau. Sans t'en rendre compte, tu venais de laisser le champ libre vers la sirène. Tu te tournas vers elle et cria :

« Fuyez, allez-y ! »

Mais la jeune femme était prostrée, complètement tétanisée et incapable de bouger. Utilisant ton lien à l'eau, tu invoquas un bouclier de pression accrue autour d'elle qui devrait la protéger de bien des attaques. Cependant, le maintenir te demandait une certaine concentration. Aussi ne vis-tu qu'au dernier moment l'assaut de la baleine dégelée qui te cogna le flanc, t'envoyant valser vers Firion.

« Ce n'est pas gagner d'avance. »

Alors qu'une des méduses essayait de passer ton bouclier vers la sirène, les autres opposants se rassemblaient autour de vous pour vous encercler. Tu te penchas vers Firion, toujours alerte.

« Une idée ? »