Je venais à peine de de poser le pied sur ce nouveau monde qu'il me plaisait déjà. L'air y était agréable, peut-être un peu étouffant mais rien d'insurmontable. Le soleil semblait décliner au loin perpetuellement sans jamais se coucher et même si l'astre solaire ne produisait pas de lumière vive ou encore étincellante, ses faibles rayons lumineux me forçaient à cligner des yeux régulièrement. Non pas que je préfère la clarté de la lune au réconfort solaire, mais j'ai passé presque toute ma vie dans un monde qui en était dépourvu. Bon, peut-être étais' je un peu mauvaise langue, il y avait bien un soleil avec un cycle jour - nuit mais le soleil de la ville d'Halloween était fade, recouvert d'imposants nuages qui ne se décidaient à quitter le ciel qu'au lever de la lune. De plus, nous vivions principalement de nuit donc je n'ai pas vu souvent le soleil quelconque de mon monde natal. Mais ici c'était tout autre, le soleil me génait autant qu'il m'intriguait et je serais sans doûte restée quelques temps à fixer le paysage, plus précisement les grandes montagnes recouvertes d'herbes qui commençaient à cacher peu à peu la lumière provenant du ciel si je n'avais pas entendu une voix crier peu loin de moi.

"Glace à l'eau de mer ! Glace à l'eau de mer ! Dépechez vous d'en commander une avant la fermeture ! Tout le monde veut sa glace à l'eau de mer !"

Un crétin de marchand venait de me faire sursauter. Quelle idée de crier ainsi tel le fou du village ? De plus, la place était presque déserte et calme alors pourquoi diable avait-il eu besoin de crier si fort ? Je ne comprendrais jamais les marchands.
Et puis, honnêtement. Qui pourrait bien vouloir avaler de l'eau de mer ? Et glacée en plus de cela.
La mer... Je ne l'avais vu que dans les livres de contes et d'après mes illustres connaissances sur le domaine, il s'agissait d'une vaste étendue d'eau salée. J'ai essayé de remplir mon verre d'eau de sel, à but scientifique j'entends bien, c'est pas comme si je m'abaissais à jouer avec du sel et de l'eau... Tout ça pour dire que c'était inbuvable. Je ne comprends donc pas pourquoi la mer avait quelque chose de si fantastique pour certains. J'imagine qu'il s'agit simplement de l'antithèse de la neige et que c'est pour cela qu'autant de gens adorent la mer tout comme autant adore la neige. Le fait est que ça reste de l'eau et que... Enfin je me comprends.

L'homme derrière son établi commençait à ranger et cria une nouvelle fois son annonce. La place était toujours déserte et j'en suis venue à me demander si ce commerçant n'était pas aveugle. Il n'y avait personne en vue à part le marchand et pourtant l'atmosphère était comme étouffante. Comme si cet endroit n'était qu'une prison dont on ne ressort jamais. La ville surplombait l'horizon et avait été construite sur plusieurs étages. L'interieur était rempli de maison, d'immeubles, de magasins et de grandes places. Tout était agencé de tel manière à ce que le soleil trouve toujours un moyen de parvenir sur les murs des bâtiments et ainsi leurs donner cette teinte dorée. C'est exactement le genre de ville ou l'on penserait dirèctement : Oh tiens ! Cette ville est extra, il doit s'y passer tout un tas d'évenements chouettes !
Et pourtant elle semblait bien vide. Peut-être que les habitants se couchent tôt ? Peut-être étaient ils tous partis ? Toutefois je voyais mal ou ils pourraient se rendre. En effet, dès que notre regard se portait au dehors de la ville, seuls des étendues d'herbes et de monts venaient se jeter à notre vue. On pouvait bien y apercevoir un rail de train qui partait au delà de notre champ de vue. Peut-être y avait il autre chose.

"Et toi ma petite, tu ne veux pas une glace ? Il y a une reduction pour les enfants."

De nouveau, l'énergumène bruyante gagna mon attention. En temps normal j'aurais simplement laissé couler et serait peut-être passée sur le fait qu'il vienne d'oser m'adresser la parole. Mais il y avait un énorme problème dans sa déclaration. Un immense problème. Vous savez, le genre de problème qui peut mettre hors d'elle une personne, en d'autre terme pas un problème mais bien "le" problème.
Je me suis retournée pour lui faire face. Le marchand me fixait en me montrant une glace bleutée très peu apétissante. Je pense qu'il a du finir par comprendre que crier son annonce ne le mener nul part alors il avait du utiliser une vielle ruse de marchand. Celle de directement s'addresser au concerné. Brrr, redoutable.
J'avançais donc d'un pas leste en direction de son échoppe.

"Excusez-moi je crains avoir mal entendue."

L'homme me fixa un moment avant de continuer à essayer de me vendre ses... dêchets pour rester polie.

"Eh ben, je suis sur qu'une jolie petite fille comme toi raffolerait d'une bonne glace !"

Bien. A partir de là il n'y avait que deux échappatoires pour le marchand. Ou bien il me suppliait à genoux de ne pas brûler son commerce, ou bien... Non, je devais me calmer. Je ne vais pas aggresser le premier crétin venu.

"Avez-vous bien regardé ? Vous avez en face de vous une vraie dame. Lorsque vous vous addresserez à moi dans le futur, je vous serais sied d'user le terme madame ou mademoiselle et non petite."

Le marchand me regarda un temps sans rien dire avant de se mettre à rire bêtement.

"Ahahah ! Bien sur, mes excuses mademoiselle. Tenez, une glace gratuite."
Je ne comprenais pas pourquoi il riait ainsi. De plus, il ne ferait aucun profit à m'offrir un produit. Mais l'imbécile heureux venait de me donner de l'eau salée glacée. Peut-être esperait-il mon divin pardon ?

"Marchand, je sais être une personne magnanime. Aussi, je ne vous tiendrais pas rigueur de votre faute."

Je tournais les talons et partait fière de moi pendant que le marchand éclatait de rire sans que je ne comprenne pourquoi. Peut-être s'était il souvenu d'une blague ? Ce n'était pas très professionel tout cela.
Tout en commençant mon exploration de la ville à la recherche de quelqu'un de fortuné à qui je pourrais alleger sa peine, je croquais dans la glace.
Pour commencer je me mise à frissonner un instant, je ne pouvais vraiment pas apprécier le froid mais ensuite...
Disons que la glace était... bonne... Ou plutôt elle n'était pas mauvaise. Ce n'est pas comme ci j'allais apprécier de la simple eau salée passée sous froid. Non, quelque chose comme ça ne peut pas être bon. Mais après tout, ce serait du gachis de la jeter...
Bon, j'ai commencé à la manger. Pas par envie, que l'on soit bien clair ! Juste que ça m'occupait les mains.

C'est alors que j'ai percuté une vieille caisse en bois dans une avenue étriquée. Le soleil ne semblait pas passer par ici finalement. Le fait est que je suis tombée en m'écrasant sur la glace. Je me suis donc relevé péniblement en maudissant cette stupide caisse en bois qui se trouvait en plein milieu du chemin. Qui était assez stupide pour oser laisser trainer ce truc ici ?! Je baissais les yeux et vis l'infâme trace bleue sur le haut de ma robe. La glace était perdue et mes frusques étaient bonne pour passer par la case nettoyage.

"Saleté de caisse ! Regarde ce que tu as fais ! Honêtement, quand dans ta misérable vie tu t'es dis : Oh tiens, j'ai bien envie de me poser là. En plein milieu du chemin !?"

Je mis un grand coup de pied dans la caisse. La colère m'avait aveuglée et c'est mon petit orteille qui prit tout le choc. Je serrais instinctivement les dents et tandis que je bouillonnais de rage, une larme coulait sur ma joue. La caisse semblait impassible comme si elle se moquait de moi.

"Juste une poussière dans l'oeil ! T'es loin d'avoir gagné, stupide résidus de bois !"

Je posa ma main gauche sur la caisse et tenta d'y mettre le feu via une rune. Tout ce qui se produisit fût qu'un peu de fumée sortit de ma paume. Stupide corps infantile, stupide marchand, stupide glace, stupide monde et stupide caisse !
Je voulus cogner de nouveau la caisse mais me ravisa.

"Ah-ah ! Tu as de la chance, caisse en bois. J'ai autre chose à faire que de jouer avec toi."

Je profita du fait qu'il n'y avait personne dans la rue pour me changer. Je savais qu'avoir trois fois la même robe dans son sac me serait utile un jour. Je laverais celle-ci quand j'aurais le temps, pour le moment j'avais quelque chose de plus important à faire. Monter mon grand empire économique et vivre à jamais dans le luxe loin de toute caisse en bois... Oh je sais ! Quand j'aurais de l'argent, je ferais en sorte que chaque commande que l'on me livrera soit fait dans une caisse qui n'est pas en bois. Je suis vraiment une génie !

Une fois de nouveau propre, je lâcha un dernier regard dédaigneux à la caisse en bois avant de quitter la ruelle et continuer ma recherche d'un quelconque embaucheur qui saurait allonger une paye conséquente. Toutefois, quelque chose que je n'avais pas prévu se réalisa...
D'un autre côté, rien de ce que j'avais prévu ne s'était encore réalisé.

Je venais de quitter la ruelle qui n'était qu'un piège mortel établi par le comité des caisses en bois de la ville et la lumière déclinante du soleil m'éblouissait de nouveau. Je me grattai les yeux un moment, le temps qu'ils s'habituent de nouveau à la lumière du jour.  Lorsque j'ouvris de nouveau les paupières, une figure se tenait devant moi. Le soleil venant de derrière elle, j'ai du faire un effort pour la détailler. Il s'agissait d'une adolescente ou d'une jeune adulte, je ne saurais dire à cause de son apparence. Elle portait le même genre d’apparats que les petites en crise contre leurs parents, le genre d'habits bien sombre se mêlant parfaitement avec ses longs cheveux ténébreux. C'est étrange, je pensais pourtant avoir quitté la ville d'Halloween ? Quoi qu'il en soit, malgré le déguisement qu'elle portait, elle n'évoquait aucune frayeur. Elle se faisait peut-être parfois remarquée mais comme chaque adolescente rebelle de son âge. J'avais bien d'autre choses à faire que de lui accorder ma précieuse attention et bien qu'elle me fixait j'avais décidé de la contourner tout simplement. Toutefois elle m’adressa la parole. Elle me félicita tout d'abord pour avoir selon ses termes "soufflé ce marchand de glace idiot". J'aimais beaucoup quand les gens me félicitaient, je ne pouvais pas lutter contre ça et elle avait toute mon attention. Surtout que la place du marchand était assez loin désormais, elle avait du faire tout ce chemin juste pour me féliciter, brave petite. Alors que j'allais lui proposer un autographe elle continua sa tirade en avouant avoir perçu mon petit contretemps avec cette maudite caisse. Elle avait du me suivre et... voir toute l’altercation. Je devins instantanément rouge, cherchant mes mots, cherchant une excuse pour ce qui s'était passé. Je bégayais désormais et son grand sourire n'arrangeait en rien la chose. Je n'aimais vraiment pas la manière dont cette gamine me tournait en ridicule, n'avait-elle rien d'autre à faire de sa vie ? Je veux dire, il y a des centaines de personnes à importuner, alors pourquoi moi ? Alors que j'allais lui répondre de ne pas se mêler de ce qui ne la regarde pas, elle m'attrapa le bras avant de me tirer avec elle de force.

J'essayai évidemment de me débattre, il était hors de question de suivre cette sale peste ! Toutefois quelque chose de vraiment inquiétant se produisit. Je la suivais sans broncher, sans pouvoir établir la moindre protestation. J'hurlais intérieurement et essayai en vain de secouer dans tous les sens ce corps qui ne semblait plus obéir à ma volonté. C'était tout bonnement impossible ! Pourquoi étais' je en train de la suivre ? Pourquoi est ce que j'acceptais ce qu'il se passait sans afficher aucune émotion ! Ce sentiment désagréable d'être devenue impuissante me saisissait dorénavant aux tripes. Pour accentuer le stress qui dépassait déjà son paroxysme en moi, elle se pencha et murmura que je devais rester tranquille ou il pourrait m'arriver certaines broutilles de sa part. C'était le cadet de mes soucis, j'avais autre chose en tête comme je sais pas moi... Ce corps minable d'enfant qui ne me répondait plus !
Il était évident que cette jeune fille n'était pas étrangère à ma situation. Et pour la première fois depuis un temps considérable, j'avais peur. Je me refusais à vouloir l'avouer, mais cette situation me dérangeait au plus au point. J'étais coincée, sans possibilité d'utiliser un quelconque libre arbitre. J'essayais de la fixer mais je ne pouvais regarder ailleurs que devant moi. Elle m'attirait vers la ruelle que je venais de quitter, ou plutôt je la suivais comme un bon petit chien... Être dans l'incapacité d'agir, être incapable de choisir comment se déroulerait le futur...

D'un seul coup, je pus de nouveau être capable de mes mouvements. Je m'écrasais sur les genoux, tremblante encore à cause de la situation que je venais de vivre. Juste devant mon nez se trouvait les restes de la glace que j'avais écrasée un peu plus tôt. Je n'arrivais pas à m'arrêter de trembler et je sentis mon faible déjeuner remonter dans ma gorge. Sans même un moment de répit l'adolescente m'agressa de questions. Qui étais' je ? Dans quel but j'étais présente ?... Mon corps me faisait mal, bien que je n'ai pas été blessée physiquement ce malaise ressenti ne me laissait pas indemne. J'essayai de balbutier quelques mots.

"S'il vous plait..."

Je... Que venais' je de dire ? ... Non. Me tourner en ridicule, contraindre mes actions, et parvenir à me mettre à genoux pour demander pitié ? Bon sang ! Qui suis' je ? Une morveuse ou la grande et unique Yami ? Je toussais un grand coup avant de prendre une inspiration. Je n'arrivais toujours pas à mouvoir mon corps à cause de la peur. C'était impardonnable, hors de question, impossible. Je plaquai aussitôt ma main gauche sur mon visage. Me mettre en échec, je veux bien l'accepter ; se moquer de moi, pourquoi pas... Mais contraindre mes mouvements et me mettre dans une situation si misérable ? Pour qui se prenait-elle ? Je ne pouvais tout simplement pas accepter qu'une gamine comme elle puisse me faire cela. Toujours la main plaquée contre mon visage et réprimant mon envie de régurgiter mon dernier repas, j'utilisai une rune de foudre. Je savais qu'avec ce corps je ne risquais rien, cependant le petit choc électrique était suffisant pour me sortir de ma torpeur. Je me relevais en dépoussiérant ma robe et lui affichai un grand sourire. J'allais rectifier le tir fissa. Personne, je dis bien personne ne me fais du mal impunément.

"C'est ce que t'aurais espéré m'entendre dire, hein gamine ? Oh non pitié, ne me faites pas de mal !!... Sincèrement, tu crois faire peur à qui comme ça ? C'est pas carnaval aujourd'hui alors rentre chez toi petite. Et puis c'est quoi ces manières ? Je vais t'apprendre deux trois choses sur la vie en société. Premièrement, on vouvoie ses aînés ; Secondement les ados rebelles comme toi n'ont rien à faire dehors à cette heure là, t'as pas école demain ? Troisièmement on se présente avant de demander le nom de quelqu'un, c'est d'un bon sens que je pensais évident. Et dernièrement, écoutes bien car c'est mon conseil le plus important, personne ne cherche des crosses à la plus grande sorcière de tous les temps."

Je posai ma main sur mon sac à potion. Vide... Mis à part mes frusques, je n'avais toujours eus le temps de préparer un quelconque breuvage. J'allais peut-être devoir faire attention. Si elle refaisait son tour de passe-passe, j'aurais pas grand chose à lui répliquer. Aussi je n'arrêtais pas de la fixer.

"Mais tu as de la chance, la grande et surpuissante Yami sait ce montrer magnanime. Si tu t'excuses pour la gêne occasionnée, je veux bien passer l'éponge sur tout ce que tu viens de faire. Tu n'es qu'une petite fille après tout, je peux très bien comprendre que tu puisse parfois faire des choses insensées. Ce serait bête que je doives te donner une fessée puis te ramener chez tes parents en leurs expliquant que tu n'es pas une petite fille très sage. Qu'en penses-tu ?"

J'affichai un grand sourire. Je n'avais pu m'empêcher de lui parler ainsi, bien que j'étais consciente qu'elle représentait un réel danger et que je n'avais pas la moindre potion sur moi. Mais comme souvent je faisais ce qui me passait par la tête, et cela me convenait très bien. Et puis dans un sens, cette ruelle était parfaite. Tous mes malheurs de la journée prendraient fin ici même. Ils se résumaient à une glace, une caisse et une gamine gênante. Des ennemis des plus terrifiants ! Ce sont toujours ce dont on soupçonne le moins qui font le plus après tout. Il ne me restait qu'à patienter. Attendre de voir ce que pourrait bien me répondre la petite malpolie.

La gothique rebelle ne tarda pas à me répondre et ce le plus calmement possible avec un rictus mauvais sur le visage. Je savais pertinemment qu'elle ne présenterait jamais ses excuses à mon illustre personne. Elle se sentait supérieure à moi, c'était indéniable. Et que se passe-t-il lorsque deux esprits se rencontrent ? L'un va forcément se placer en esclave et l'autre en maitre, cependant il arrive parfois que les deux esprits soient tous deux bornés à un point tel qu'ils doivent s'affronter pour définir les clauses de leurs échanges. Cela peut être verbal, physique ou encore intellectuel. Bien sur, il s'agit d'une métaphore, l'un ne va pas se mettre à appeler son opposant maître. Cela ne changeait en rien les faits. J'excellais dans n'importe quel domaine et j'étais prête à lui rendre la monnaie de sa pièce avant même qu'elle ne s'exprime. Elle répondit en laissant des courtes pauses qui m'exaspéraient au plus haut point. Mais comme elle me mettait en valeur je ne pouvais lui en tenir rigueur. Tout aurait pu se finir en super après-midi si elle n'avait pas ajouté ces horribles mots. Le fait est que mon corps tremblait encore. Ce stupide corps qui n'arrêtait jamais de faire des siennes. Cet horrible corps inutile... Si j'avais eu ma véritable apparence, je me serais empressée de la faire taire. En un sens, le corps physique d'un individu est vraiment étrange. Il répond à des règles qui ne sont régies que par lui-même, pas l'esprit, non... Juste le corps. Un amas de chair qui fonctionnait comme une machine dans lequel nous serions les pilotes. Le fait est que je ne pouvais m'arrêter de trembler, il s'agissait d'une réaction physique que j'avais face à elle et je ne pouvais lutter. Inutile de dire à quel point j'en voulais à cette machine que je contrôlais.

Alors que j'allais rebondir sur ses dires, ces yeux passèrent à un rouge vermillon en un bref instant. Tout recommença, j'étais de nouveau incapable de me mouvoir. Un esprit prisonnier de la machine qui le retenait. Je réalisai désormais que sans notre corps, nous n'avions aucune interaction avec le monde dans lequel nous évoluons, si l'on pouvait dire que j'évoluais évidemment. Mes genoux se fléchirent de nouveau, se repliant inlassablement sur eux-mêmes sans que je n'aie mot à dire. Je ne voulais pas l'accepter. Je refusais de me faire soumettre en un simple regard ! Pourquoi !? Pourquoi n'avait-elle besoin que d'un coup d'oeil pour me piéger entre ses toiles ?! C'était injuste... Ce monde était injuste. Un simple coup d'oeil et je... Une minute... Un simple coup d'oeil ? Mais dans ce cas, je n'avais qu'à ne pas entrer dans son champ de vision. Et j'avais exactement de quoi m'en sortir, le problème était le temps que cela m'offrait. Une seconde ce n'était pas grand-chose, mais c'était peut-être suffisant pour me faire la malle. Que l'on soit bien clair ! Je n'envisageais pas du tout une fuite ! Mais un repli stratégique... Ce n'est pas comme si j'avais peur d'elle... En même temps, vu comment elle prenait un plaisir malsain à me revoir contrainte de mes mouvements, je pouvais imaginer qu'elle réfléchissait à quelque chose, qu'elle n'était pas qu'une attardée pas sympa pour rester polie. Non, elle avait certainement d'autres cartes dans sa manche. Après tout, tous bon joueur qui se respecte sait qu'il ne faut révéler sa main qu'en dernier lieu. Et j'en avais des cartes dans la manche. Enfin, pas là tout de suite, mais j'avais de quoi en avoir plein. Peut-être devrais-je me retirer de la partie en attendant de me refaire une main ? Mais d'un autre côté, je pouvais bien l'écouter. Si elle n'avait rien d'intéressant à me dire elle aurait tenté de me tuer directement. Ou alors elle jouait simplement avec moi, se délectant d'un plaisir pervert en torturant une personne importante... Quoi qu'il en fût, elle continua sa tirade. Accroupie face à moi, j'aurais pu lui mordre le nez si je pouvais bouger.

Oui, la situation était d'un risible. C'était impensable qu'une personne de ma stature fût un jour contrainte par une lolita gothique qui se donnait des airs. Selon elle je n'étais qu'une poupée, son jouet... Dommage, quitte à me donner un surnom mignon elle aurait pu utiliser ma puce... Une minute... À quoi je pense . Je ne veux pas de surnom mignon ! Je ne suis pas une vulgaire poupée de chiffon ! Elle continua sur sa lancée en proférant des menaces et ça en devenait presque gênant. Je veux dire, d'accord tu aimes torturer et tuer. Eh bien arrête de tourner autour du pot, on ne joue pas une tragédie. Même si je suis parfaitement sûre que j'aurais un succès immense sur scène, je n'y peux rien après tout, parfaite à tous les étages. Et alors que j'allais décider d'en finir et de tirer ma révérence avec toute la grace qui s'en serait suivie à ma libération, elle ajouta quelque chose qui titilla mon intérêt. Elle avait mis le doigt sur quelque chose où je ne trouvais rien à redire. Sorcière ou pas, j'étais piégée dans ce corps d'enfant.

Elle fit quelques pas et je pus de nouveau bouger. Je ne m'y attendais pas et mon front heurta violemment le sol. Je me relevai alors, bougonnant contre ce sol trop dur et fît face à la manipulatrice. Cette fois-ci, elle avait les yeux mauves. Je me suis dit d'un coup que ça pouvait faire une bonne histoire de série b. Ou il y aurait des ninjas qui font des trucs magiques avec des yeux qui passent au rouge. Mouais, je ne pense pas que ça aurait un gros succès de toute manière, mieux vaut que j'arrête d'avoir des idées comme celle-ci. Elle m'adressa la parole sans aucune folle émotion ce coup-ci. Elle me posa plusieurs questions. Plusieurs questions dont je la soupçonnais avoir une vague idée de la réponse. Oui je voulais être reconnue comme quelqu'un, oui j'en avais marre d'être rabaissée chaque jour et nuit... Des larmes commencèrent à couler sans que je puisse les en empêcher. Pourquoi c'était cette personne si détestable qui mettait le doigt sur ce qui n'allait pas ? Je voulais être quelqu'un, quelqu'un qui était entouré. Je voulais pouvoir compter sur d'autres qui ne s'arrêtaient pas aux apparences. Oui je voulais que le monde m'accepte tel que je suis... Je voulais une famille. Malheureusement je chutai de haut lorsqu'elle ajouta si je n'aimerais pas faire souffrir ceux qui étaient fautifs de mon malheur. Je ne m'étais jamais posé la question après tout. Si j'en étais là aujourd'hui, c'était en partie ma faute. Mais le reste du monde devait prendre leur propre responsabilité vis-à-vis de moi... et de mon père

Le vent se leva et je le sentis me parcourir doucement la nuque. Telle une caresse apaisante qui me poussait à garder la tête froide et faire face à cette étrange fille. Elle finit par me demander clairement, noir sur blanc, franco si je ne voulais pas servir le mal. Je répondis du tac au tac.

"Nan, la grande et surpuissante Yami ne sert que ses propres intérêts... Je pensais que t'avais mis le doigt sur un truc, mais j'ai dû me tromper quelque part. Écoute ma petite, on va mettre les choses au clair. Je te hais."

Je pris une inspiration avant de continuer. Je ne voulais pas vraiment accepter ce que j'allais dire mais en un sens, cette fille était la première. La première à sortir du lot, la première ayant voulu me torturer comme elle aurait torturer n'importe qui d'autre.

"Je te hais certes... Et pourtant en un sens je t'apprécie bien. T'es la première qui ne me juge pas en fonction de mon apparence physique... Et euh... Ouais, merci en un sens."

Je devenais rouge et détournais le regard. Quelle honte de ma part de s'abaisser à cela ! Pourquoi je remerciais cette garce ? Après tout, j'allais partir et nous ne nous reverrons sans doute jamais. Cependant, quelque chose me poussai alors à entreprendre le dialogue avec elle.

"Imaginons juste un instant, je dis bien imaginons hein ? Pas de conclusions hâtives. Si jamais je servais comme tu dis le mal. Qu'est ce que j'y gagnerais ? Je veux dire... Euh... Ne vas pas t'imaginer des trucs comme quoi je pourrais apprécier ton petit ton suffisant. Mais imaginons dans nos esprits que je décide de t'aider. Qu'est ce que j'y gagnerais ? Es-tu en train de me tendre une main qui ne tiendrait qu'à moi d'attraper ?"

Ou-est ce que j'allais... Honnêtement... Pourquoi continuais' je sur ma lancée ? Pourquoi Diable avais' je espoir de pouvoir enfin avoir quelqu'un sur qui je pourrais compter si jamais j'acceptais son offre ? C'était idiot ! Arrêtes-toi Yami ! Tu te fais du mal !

"Ecoutes... Servir le mal pour servir le mal, bah... Nan. Juste nan. Cependant, si j'y gagnais un truc comme une somme non négligable d'argent ou encore..."

Fermes-là ! Non ! Non ! Et non ! Yami Silvereyes, je te sommes de te taire !

"Est-ce que... Peu importe."

J'avais réussie à me taire finalement. En me tendant une main elle avait réussie à me perturber bien plus qu'avec son tour de passe-passe. Je reprenais contenance peu à peu. Penser un instant qu'elle aurait pu devenir une amie me révulsait, je ne voulais pas l'admettre.

"Bon, qu'est ce que j'y gagnerais finalement ? Je suis une fille occupée, mon temps est précieux. Alors dis moi, jeune fille. Qu'aurais' je à gagner à servir les ténèbres ?"

Je la fixais désormais un bras sur ma hanche. Je voulais paraitre la plus professionelle possible.

La gamine  décida de s'accroupir face à moi. Je dois dire que je le pris très mal et à la fois très bien. En un sens elle décidait de se poser d'égal à égal pour me parler ce qui m'emplissait de joie mais d'un autre côté, c'était elle qui avait du s'abaisser me rappellant au passage que j'étais plus petite... bien plus petite. C'est à croire qu'elle le faisait exprès et cela m'énervait de plus en plus. Pourquoi commençais' je à éprouver un respect minime pour cette personne si détestable. Je detestais ce sentiment, cette sensation. Elle était désormais si proche et j'eus de nouveau la furieuse envie de lui mordre violemment le nez pour ne plus le lâcher, mais je me retints. Après tout, la respectable et sage Yami ne s'abaissait pas à ce genre de comportement infantile. Ou du moins seulement lorsqu'elle le faisait exprès car les règles ne s'appliquent pas à la grande et surpuissante Yami. Je venais de me rendre compte à quel point il était confortable de parler de soi-même à la troisième personne et cela m'afficha un sourire au même moment que l'adolescente aux yeux changeant qui fît de même en m'affichant un large sourire. Le genre de sourire qui ferait palir d'envie un de ces atroces clowns de cirque, et j'en suis venue à hésiter largement sur le fait qu'elle semble plus amicale ou au contraire plus folle à lier. Je pencherais plus pour la seconde option après mure réflexion. Peu importe sous quel angle on fixait cette demoiselle, elle semblait tout le temps dérangée. Après c'était peut-être simplement parce que je ne pouvais pas l'encadrer et que je tentais vainement de lui trouver tous les défauts du monde pour me conforter dans l'idée que je la surpasse sous tous les angles. Rabaisser les autres pour mieux m'élever, un passe-temps des plus agréable surtout lorsqu'il s'agissait de cette fille. Bon, après elle avait réussie à m'interesser ce qui était assez rare. Et c'était rare car je venais de décider que ce l'était et je n'avais pas à me justifier, en plus ça faisait plus professionel de penser ainsi. Et c'est de manière professionelle que j'écoutai ce qu'avait à me dire la jeune adulte.

J'eus beaucoup de mal à cacher ma stupéfaction. Cette garce possedait une voix très calme et posée quand elle daignait la montrer. En cet instant elle me sembla bien plus mature qu'à notre rencontre. Ce qui évidemment, m'agaça de nouveau. Mais cela ne m'empêcha pas d'écouter ce qu'elle avait à me dire. Je n'aimais pas vraiment ce qu'elle disait, du moins en surface, le fond de ses dires était au contraire interessant. Bien que je detestais beaucoup de choses, comme le fait qu'elle me réduise à une simple personne cupide, qu'elle me nomma une fois de plus petite poupée... Petite poupée... Mes paupières tremblèrent de colère et j'eus le plus grand des mal à garder mon calme. En un sens ce n'était pas vraiment dénigrant mais... Qu-est ce que je dis ? Evidemment que c'était dénigrant pour ma personne ! Je détestais ce genre de boutade, je ne savais pas vraiment comment y répondre. L'opposition petite et poupée me mettait le doute. Un grand doute, avait-dit elle cela pour se rendre plus amicale ou simplement pour m'enfoncer l'air de rien ? Peu importe, je devais me calmer et garder ces questions fondamentales pour plus tard. Il y avait quelque chose de bien plus interressant, la promesse d'une somme d'argent. Non encore mieux, la promesse de ce que je désirais. Cette jeune dame à la langue acérée travaillait ou plutot servait quelqu'un pour reprendre ses dires. Je mettrais ça au clair avec elle, je ne sers personne. Je serais prête à accepter de travailler pour quelqu'un mais je refuse que l'on assimile ça à de la servitude. Mais oui, c'était le but du travail après tout. Remplir ses taches pour être payé, alors je serais prête à faire ce qu'il faut. Mais je le ferais à ma manière, j'avais pas besoi de devenir aussi dérangée qu'elle après tout et cela me fît esperer que tout ces compagnons ne soient pas aussi louche qu'elle. Serais' je prête à porter un serment sans faille ? Moui... Du moment que l'argent suit. J'avais besoin de cet argent, et je savais déjà comment le dépenser. J'achèterais une à une toutes les compagnies de glace à l'eau de mer et je créerais de grandes succursales dans les différents mondes. J'embaucherais à mon tour des gens qui travailleront pour moi et gêreront mon argent, ainsi je n'aurais plus qu'à me la couler douce et à investir toujours plus ! J'allais devenir la première richesse de notre univers, ainsi plus personne ne me regardera de haut, plus personne ne me prendra pour une simple petite poupée. Mon empire infini sera un jour sur pied ! Tandis que je jubilais, je remarquai qu'elle m'avait contourné et qu'elle faisait désormais face à un homme immobile. Je n'eus pas besoin de voir la détresse dans son regard pour comprendre ce qu'il se passait. La vile femme avait certainement du utiliser ses yeux .

Ses maudits yeux qui pouvaient changer n'importe qu'elle forte tête en simple extension de son propre corps. Elle n'avait qu'à poser son regard inquisiteur sur quelqu'un pour qu'il perde toute possibilité d'agir. Peut-être qu'elle parvenait à déconnecter la cervelle de sa proie pour envoyer dirèctement ses propres informations au corps qu'elle possedait désormais. Je ne savais pas vraiment comment ça marchait mais je n'en avais pas besoin pour réaliser que c'était dangereux et horrible pour la personne qui subissait son regard. J'étais plutôt bien placée pour m'en rendre compte après tout. Je commençea à faire quelques pas pour l'arrêter et tandis que je tendais le bras pour la stopper un crac sonore se fit ententendre. L'homme s'effondra sur le sol tandis qu'il perdait toute l'attention qu'il avait accaparé de l'assassin, tel un simple jouet cassé abandonné par un enfant. Je pense que je ne réalisais pas encore très bien ce qu'il venait de se passer. Il y avait un homme debout, pleins de rêves, de buts... Il se demandait surement ce qu'il allait mangeait ce soir ou quelque chose du même accabit. Et désormais il n'était qu'un amas de chair étendue sur le sol. Ce n'était pas un jeu ou du théatre. Il était mort. Mort. La mort physique, la mort réelle, la seule et l'unique. Cette... fille, elle l'avait rendu si simple. Un simple crac, un simple regard, un simple soupire, une simple ruelle, une simple chûte... Une mort simple. Elle n'avait rien de tragique, rien de littéraire, rien d'héroique, aucune histoire ne découlerait jamais de cette mort. Il était mort et c'était tout. Point. C'était en un sens assez impressionant comment elle venait de dédramatiser la fin de quelqu'un. La mort n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Plus jamais cette personne ne pourrait rire, sourire, pleurer...  Peut-être vait-il même une famille qui l'attendait, peut-être était il même le père de quelqu'un. Pendant ce temps, elle se retournait simplement avec un petit sourire sur le visage. Elle... Pourquoi avait-elle fait ça ? Quelle était son but en faisant ça ?! J'étais hors de moi. Bien que je me fichais de la vie de cet homme, je ne pouvais pas être d'acord avec ça. Il n'y avait rien derrière cet assassinat, elle n'avait rien fait du corps et j'étais prête à mettre ma main au feu qu'elle ait fait cela par simple caprice. Je pouvais comprendre que nous étions parfois obligés de prendre la vie, que ce soit par obligation, pour notre simple survie, ou encore pour y gagner quelque chose. Mais là... Il n'y avait rien. Ce n'était qu'une simple formalitée pour elle.

Une fois de retour face à moi elle continua la discussion comme si ne rien ne s'était passé. Elle me demanda quelles étaient mes capacités puis se présenta sous le nom d'Alice. Je restais figée face à elle, la fixant dans les yeux. Sans expression particulière sur le visage je me contentais de la fixer. J'avais effictivement un nom à mettre sur son visage, bien qu'actuellement j'aurais preferé y mettre ma main ou mon pied. Je secoua lentement la tête avant de prendre la parole. Mon ton n'étais ni moqueur ni aggressif pour une fois, il était simplement neutre. Je pense que le mot exact pour me décrire en ce moment était incrédule.

"Honnêtement. Pourquoi ? J'ai d'abord pensé que tu étais folle, puis je me suis dis que t'étais peut-être un peu plus réflechie et que tu avais un but... Mais en faite tu es juste mentalement déficiente, non ? Réponds moi honnêtement et en toute sincérité je te pries. Tu viens de tuer quelqu'un à l'instant qui ne te causait nul tord, tu ne le connaissais probablement pas. Alors réponds moi, qu'est ce que tu y as gagné ? Tuer un inconnu au hasard dans la rue. C'est pathétique... Je vais te dire ce que je pense vraiment de toi. En un sens je suis triste pour toi, tu n'as aucun but concret. Tu tues pour le simple plaisir de tuer mais cela ne t'apporte rien concrètement. Tu erres seule sans aucune main sur laquelle t'accrocher alors tu te contente de te trouver une raison, une raison à ton existence. Tu m'as dis que tu servais quelqu'un, je ne doute pas un instant que tu n'es pas seule servir cette personne qui qu'elle soit. Cependant, cela ne reste qu'en surface. Voilà ce que je pense tu es bien seule, Alice."

Je pris une pause pour souffler. Je lui avais dit ce que je pensais honnêtement. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi elle avait-fait cela. J'essayais mais en vain, et je detestais rester dans l'incompréhension... Mais elle pouvait selon ses dires m'apporter de quoi réaliser ce que je souhaites. Alors je pense que j'allais devoir faire avec.

"Ecoutes, tu devrais au moins te débarasser du corps au lieu de le laisser en plein milieu de la rue. Tu n'as laissé aucune trace heureusement pour toi. Tu n'as qu'à ranger le corps dans cette caisse, je pense que personne ne le trouvera avant quelques temps."

Je tapotais la fameuse caisse en bois de mon index en soupirant. J'essayais de reprendre mon ton exaspérant peu à peu. J'allais lui dire de quoi j'étais capable. Ou du moins une partie. Je devais garder certains atouts au cas ou les choses tournent vraiment mal. Et puis, elle n'avait pas besoin de tout savoir après tout. Car si l'on venait à s'affronter un jour, alors le combat avait commencé dès notre rencontre. Il ne suffit parfois pas seulement de frapper fort pour gagner. Il faut savoir cacher son jeu, analyser son opposant, découvrir la faille qui nous feras emporter l'affrontement. Pour le moment, que savais' je d'elle ? Elle pouvait manipuler le corps de sa cible d'un simple coup d'oeil et même aller jusqu'à lui faire prendre des positions impossibles. Par exemple, je suis certaine que l'homme ne pouvait pas se briser la nuque juste en secouant sa tête. Nous n'étions pas obligé de voir ses yeux pour que son maléfice fasse effet, non elle n'avait qu'à voir une partie de notre corps. Mais pouvait-elle controler autre chose que ce qu'elle ne voyait pas ? Par exemple si elle voyait ma main à l'angle d'une rue, et uniquement celle-ci. Pourrait-elle contrôler le reste de mon corps d'enfant ? Un jour je le saurais, je n'aurais qu'à expérimenter avec le temps. Bien sur, je ne pouvais mettre de côté le fait qu'elle avait d'autres atouts qu'elle gardait en reserve. D'un autre côté je ne pouvais pas simplement lui mentir sur ce que je savais faire. Je lui révelerait une partie seulement de ce que je savais faire.

"Bref petite marionnetiste en herbe. Laisse moi te réveler les fameuses compétences infinies de la grande et surpuissante Yami. Je suis capable comme tu as pu le constater, de brûler des trucs. Bon en fait c'est plus compliqué, j'écris avec une trace arcanique l'essence d'un élément parmis le feu, la glace ou la foudre pour ensuite l'activer par une détonation magique. Mais ce n'est pas tout, ma grande ressource magique me permet de la partager avec quelqu'un. Malheureusement, je ne suis pas très partageuse. Et enfin, mon plus grand point fort, ma spécialité qui ferait palir d'envie n'importe quelle sorcière de bas étage. J'ai un talent certain pour ce qui est de la fabrique de potion à divers effets, epoustouflant n'est-ce pas ? Je sais, je sais... Je suis fantastique, mais que veux-tu, je n'y peux rien si je suis parfaite."

Je pris une petite pose pour rajuster un mèche et ainsi éxagerer encore plus le côté parfait que je dégageais. J'avais intentionnellement omis de lui parler de ma maitrise du temps, de mes magies de soins ou encore que lorsque j'arrivais à trouver les bons ingrédients, je pouvais revenir adulte durant quelques temps et devenir encore plus paraite que je ne l'étais actuellement. Finalement je renchéris.

"Alice. Ecoutes."

Je pense que j'allais vraiment detester ce que je vais dire.

"Je pense qu'en un sens, on se ressemble. Un tout petit peu, hein ! Vas pas t'imaginer que tu m'arrives à la cheville ou encore... M'enfin bref, peu importe. Je veux bien travailler avec toi, mais à une unique condition. Je remplirais les tâches confiées, mais je ne veux pas causer des pertes inutiles qui n'apportent rien à personne. Et puis euh... Je pense sincèrement que... Euh... Tu es une personne interressante, tu n'es pas banale et je veux comprendre ton mode de pensée..."

Bien Yami... Bien joué... La traiter d'idiote pour finalement dire qu'elle est interressante...
Je lui envoyai alors un regard accompagné d'un grand sourire. Je cherchais moi-mêmes des mains sur lesquelles m'accrocher... Mais rien ne m'empechait moi même d'en tendre.

"La parfaite et absolue Yami accepte ton offre et désire travailler avec toi, Alice."

Je me mis à rire d'un rire cliché de grand méchant de livre et je lui tendis ma main. Peut-être étais' je trop impulsive ? Bof, peu m'importait de toute manière. J'avais envie de lui faire ravaler son sourire mais j'éprouvais de la sympathie pour elle... Une sympathie minime. Toute petite, ridicule...
Mais une sympathie tout de même.

Bien. Très bien même. Mon ticket vers la gloire était d'accord avec mes termes de travail. La professionnalité à l'étât pur, c'était moi. Oui, si je me refusais à tuer si je n'y étais pas obligée c'était par pur professionnalisme et rien de plus. C'est pas comme si cela me dérangeait de voir la mort de près... La mort. Un concept, non une réalité inutile qui ne devrait pas exister. Certains la voyaient telle une délivrance, une fin. Certains sages disent que toute chose à une fin et qu'il faut l'accepter. Je ne cautionne pas leurs dires. La mort n'est que l'arrêt de notre corps. Il nous devient alors impossible de réflechir, de penser, d'apprecier, de detester, de créer. Ce n'est pas une chose acceptable. Je peux néanmoins comprendre qu'elle soit nécessaire pour accomplir certaines choses, mais je ne peux tout simplement pas ôter une précieuse vie à quelqu'un si cela ne m'est pas utile. Par professionalisme j'entends ! Ce n'est pas comme ci je pouvais épprouver des regrets pour une chose aussi futile que cela, hein. Bon, faut que j'arrête de penser à ça, le sujet ne me plait pas et je travail pour des méchants désormais, alors je dois penser méchant, grr ! ... Faites que jamais personne ne puisse lire dans mes pensées par pitié...
Quoi qu'il en fût, la détestable Alice ajouta quelques mots.

Elle voulait que je prouve ma parfaititude. Oui, parfaititude. Si j'ai décidé que ce mot existe, alors il existe. Elle pensait que je pouvais être une n'importe qui. Quelle bêtise, penser que moi, la seule et unique magnifisciente Yami pouvait être n'importe qui. J'allais lui montrer, elle en resterait ébahie ! Alors que je me préparais autant mentalement que physiquement à endurer une épreuve à ma mesure, bien que dans les faits il n'existe aucune épreuve dont je ne pourrais me défaire, elle fixa la caisse en bois. Cette caisse en bois. La fameuse caisse qui avait donné naissance à  nombreux de mes tourments. La jeune demoiselle voulait que je l'enflamme, que je transforme le bois en cendres. Instinctivement je me mordis la langue. Je ne voulais pas l'admettre mais je devais être réaliste, dans ce corps d'enfant je n'étais pas sûre de pouvoir y parvenir en claquant des doigts. Si seulement j'étais encore moi même, c'est la ville entière que j'aurais pu mettre à feu. Malheureusement, mon sac était vide de toute potions qui auraient pu m'être d'une quelconque utilité. Il faudra vraiment que je pense à en fabriquer quelques une, c'est ce qui me permet de tenir tête à de potentiels opposants habituellement.
Alors que je revenais sur le sujet de la caisse, commençant à chercher les différentes possibilités qui s'ouvraient à moi pour accomplir un feu magistral, mon examinatrice décida de me menacer. Elle affirmait venir m'ôter la vie si jamais je venais à manquer à ma parole. C'était en quelque sorte un contrat avec le diable que je décidais de passer ou non. Je leurs donnais mon corps, mon âme et en retour j'aurais l'argetn nécessaire pour... J'aurais de l'argent. Si je décidais de tout donner pour brûler cette caisse, alors le contrat serait passé. Mais je pouvais toujours me retourner et quitter la ruelle, en arrêtant préalablement le temps et ainsi obtenir la seconde nécessaire pour quitter son champ de vision. Mon choix. J'affichais un sourire simple. J'avais le choix. C'était un choix important et tout bête à la fois. Un simple oui ou non. Mais ce sentiment de liberté m'exaltait au plus haut point. Alice... Tu étais une peste certes. Mais si jamais venir avec vous signifiait pouvoir de nouveau exprimer ce sentiment de liberté, de choix. Alors je pourrais même aller jusqu'à te supporter. Après tout, cela fait combien de temps que je n'avais pas ressenti cela ? Peu importait, le passé n'est rien d'autre que le passé et moi, c'était le futur qui m'interressait. Le futur serait mien, j'en fais la promesse solenelle. J'essayai donc de fixer Alice de haut pour lui répondre d'un ton assuré. Bon, dans les faits je n'ai pas vraiment pu la prendre de haut à cause de notre différence de taille mais vous avez compris l'idée.

"Alice, Alice, Alice... Ahahahah... Serais' je prête à tout donner pour votre secte ? Serais' je prête à commettre les pires atrocités pour votre Maléfique ? Serais' je prête à y rester jusqu'à la fin ? Je serais tenté de répondre oui. Toutefois, je vous serais gré de faire en sorte qu'il n'existe aucun concurent capable de battre vos salaires. Si cette Maléfique et si riche que tu le dis, cela ne doit pas être un problème n'est-ce pas ?"

Tout en parlant je contournais la caisse l'air de rien, laissant passer ma gauche sur le bois pour y laisser une trainée magique sensible avec le feu. J'allais devoir y imposer quelques marques pour que ce bois prenne feu. C'est pour cela que je continuais la conversation l'air de rien, il fallait que ce soit grandiose. La plus belle caisse en bois brûlée de tous les temps. J'achèterais des feux d'artifices un jour, et je pourrais même faire des spectacles de magie, ainsi tous le monde acclamerait la grande et surpuissante Yami. En effet j'avais le sens du spectacle.

"Cependant, j'espère tout de même que ton groupe d'individu n'est pas aussi malpoli et mal-élevé que toi. Peut-être apprendra tu en grandissant que lorsque deux personnes concluent un accord, cela se termine normalement par une simple poignée de main. Mais d'après ce que je vois, Madame Alice ne se sent pas concernée par cela. Eh bien tant mieux, ma main n'en restera que plus propre."

Oui, le fait qu'elle avait ignoré ma main tendue me mettait hors de moi. Et je faisais bien des efforts pour ne pas le montrer. Heureusement, la caisse absorbait une partie de ma colère. Je devais me concentrer pour maintenir un si long tracé de runes avec ce corps. Lorsque j'arrêtai ma marche, je laissais derrière moi une caisse en bois entourée d'une spirale de runes rouges claires. Alice était derrière moi et je faisais face à l'homme mort il y a peu. De nouveau je me sentis mal pour lui. Et je décidai d'ailleurs de ne pas le cacher et ce pour deux raisons. Premièrement je n'allais pas m'abaisser à cela. Ce n'était pas moi qui était fautive. Et secondement... Les proches de cet hommes voudront certainement récuperer le corps. Je secouai donc la tête pour écarter toutes ces pensées hors de moi et fît de nouveau face à l'insuportable néanmoins sympathique (mais vraiment qu'un peu) Alice.

"Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs. Bienvenue au plus grand tour de magie jamais réalisé devant vos yeux ébahis par la seule et unique Yami aussi appellée la plus grande sorcière de ces terres."

Je fis une rapide révérence avant de lever mes deux mais en l'air. Je fermais les yeux et abaissa lentement les bras avant de claquer des doigts de mes deux mains au même instant. Cependant, le bruit du claquement de doigt ne se fit pas entendre. J'ouvrais un oeil et retentai, sans grand résultat. Je devenais dirèctement rouge, j'avais oublié que je ne savais pas claquer des doigts. Je toussa l'air de rien et agita mes doigts dans tous les sens pour masquer le fait que je voulais claquer de ces maudits doigts. Comme si cela faisait partie du spéctacle. Puis finalement je joignis mes deux paumes de sortes à ce qu'elles émettent un son. Au même moment j'utilisais ma magie pour embraser les runes qui se trouvaient sur la caisse. Je les avais posées de telles sortes à ce qu'un petit tourbillon de feu apparaisse autour de la caisse. La caisse avait désormais prit feu et je n'avais plus besoin d'user de magie, juste laisser le feu faire le reste. Il en aura fallu pas mal, de ces runes pour qu'elle prenne feu cette satané caisse. Et en un sens, je venais de me venger de ce qu'elle m'avait fait subir plus tôt. Prends-ça la caisse ! Et tandis que la caisse devenais peu à peu cendres je fis face à Alice.

"Oui, je signerais des autographes plus tard, vous avez le droit d'applaudir. Je vous adore public et tout le blabla. Bien, j'imagine que c'était ce que tu souhaitais jeune sauvage. Tu as tes réponses, tu as tes cendres. Peut-être te faudra t-il autre chose ? Une glace peut-être ? Ou un café ? Plus sérieusement, réflechissons un instant. Connais-tu le proverbe, il n'y a pas de fumée sans feu ? Toute cette fumée qui émane de la caisse pour rejoindre le ciel, des gens vont certainement la voir. Des tas de gens. Puis ils vont venir en masse, la foule est curieuse après tout. Il y aura surement quelques pompiers qui viendront arrêter ce début d'incendie aussi. Mais peut-être qu'au contraire tu savais déjà tout cela ?"

Et c'est là que je réalisai. Des gens viendront, ils verront le feu, ils verront le corps, ils me verront.

"Peut-être que cela te plait d'être au centre de divers massacres, mais j'aimerais preserver mon image, histoire de ne pas voir des avis de recherches avec mon visage dans toute la ville. Si je n'ai nulle part ou dépenser mon argent, cela ne m'interresse pas de travailler avec vous. Et puis, faire des crimes dans l'anonymat cela permet de pouvoir s'infiltrer partout par la suite, de ne pas être reconnu par de potentiels opposants. Je suis une professionnelle que veux-tu ?"

Je soupirai alors longuement.

"Tiens-tu vraiment à rester dans cette ruelle plus longtemps ? Le soleil se couche et le feu n'en sera que plus visible."