Depuis les premières attaques de ces étranges créatures noires appelées « Sans-cœur », mon… notre équipe était venue à intervenir plus souvent pour protéger San Fransokyo. Quelques fois, ces carcasses vides étaient accompagnées d’une personne agissant pour les Ténèbres. Alors pour me prévenir d’un éventuel intrus, j’avais décidé d’améliorer le Super Capteur de Baymax. Suite au scan général de la ville, le robot médical avait sauvegardé toutes les données des habitants. Je m’étais donc servi de cette base de données pour reprogrammer le Super Capteur afin qu’il détecte des personnes non-enregistrées et me donnent leur localisation.

Et ça fonctionnait sacrément bien. Avec l’aide de Baymax, les Big Hero 6 ont pu appréhender plus d’inconnus qu’au début. Cette amélioration nous est vraiment utile pour protéger notre ville. Pourquoi faire une telle chose ? Après tout, nous ne sommes qu’une bande d’étudiants à l’Université… C’est sensé être le boulot de la police d’arrêter les criminels. Je ne sais pas. J’avais pris goût à jouer au Superhéros. Je trouve ça amusant et puis, j’ai l’impression d’hériter de la volonté de mon grand-frère comme ça, lui qui voulait tant aider son prochain…

« Hiro ? Je viens de détecter l’anatomie inconnue d’une personne à environ dix kilomètres. »

Déclare Baymax, la tête tournée vers l’extérieur du garage. Je me lève d’un bond, renversant par la même occasion ma bouteille de soda sur le sol, et me tourne vers l’énorme robot blanc. Zut. Je n’ai pas vraiment le temps d’avertir tout le groupe. Il faut que je songe à leur fabriquer une montre ou un autre gadget quelconque qui pourrait les alerter juste quand j’appuie sur un bouton. J’ordonne à Baymax de ne pas bouger et je monte dans ma chambre pour enfiler la combinaison de Superhéros. Puis je redescends au garage.

« Bien ! Allons-y ! »

Je grimpe sur le dos du robot médical et actionne les plots magnétiques à l’armure rouge de Baymax. Le robot sort du garage et décolle en direction de l’étranger. Je ne te laisserai pas saccager San Fransokyo, ennemi ! Baymax suit son Super Capteur à travers le ciel avant de redescendre dans les rues. Le médecin robotique m’annonce que nous sommes proches de l’intrus. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. Bien. Nous allons te renvoyer loin d’ici… dans les règles du protocole médical de mon Ami. Ouais, ça ne va pas être très simple. Un humain est doué de conscience contrairement aux Sans-cœur.

En arrivant sur place, je repère facilement l’intrus. Un homme aux cheveux noirs, avec des vêtements bizarres, une longue cape rouge et un pistolet à la ceinture, c’est forcément lui. Il ne cherchait vraisemblablement pas à se fondre dans la foule… Pourquoi ? Bah, peu importe. En tant que protecteur de San Fransokyo, je ne peux pas le laisser se promener seul dans mon monde. Il va retourner gentiment chez lui ! Baymax se pose à assez bonne distance de l’inconnu et je descends de son dos. Je pointe le ténébreux du doigt :

« Toi ! Tu n’es pas d’ici, n’est-ce pas ? Je te somme de retourner d’où tu viens ! Je ne laisserai personne détruire San Fransokyo ! »

Ah. Autant l’avouer, je ne m’attendais pas du tout à cette réponse si simple, si rapide… et encore moins à ce qu’il accepte direct de quitter San Fransokyo. Je suis… pris au dépourvu. Mais genre vraiment. Il vient à peine d’arriver qu’il repart déjà… peut-être qu’il s’est simplement trompé de monde… et du coup, il se rend ailleurs… pourtant, mon cœur semble me dire que quelque chose cloche, que j’aurais oublié un détail important dans tout ça… qu’est-ce que ça peut être ? Bah ! Peu importe ! Le plus important, c’est qu’il s’en aille de ce monde que je protège. Je ne laisserai personne le détruire. Et je parie que nous, les Big Hero 6, ne sommes pas seuls à affronter les Sans-cœurs. Je suis sûr que quelque part, il y a d’autres personnes qui veillent sur d’autres parties de San Fransokyo. Après tout, nous ne pouvons pas être partout à la fois !

Et donc, je suis le ténébreux du regard passant à côté de moi pour s’éloigner, poursuivant son chemin. Je comptais le suivre pour surveiller le fait qu’il parte bien d’ici, quand l’inconnu s’arrête face à Baymax et l’observe de la tête aux pieds. Je plisse les yeux, croisant les bras. Je sais que mon robot médical est fort, cependant si l’homme venait à l’attaquer, il ne pourrait pas riposter à cause de son protocole médical qui lui interdit de blesser un être humain. Hors, je refuse de perdre Baymax une nouvelle fois. Si jamais il tente quoi que ce soit, je n’hésiterai pas à intervenir… quitte à y perdre ma vie ? Oui. Baymax est un Ami. Et il appartenait à mon frère.

Toutefois, à ma grande surprise, le grand inconnu ne tente rien. Il se contente de me demander si c’est moi qui l’ai fabriqué. Je retire mon casque bleu, censé servir de protection pour les vols sur le dos de Baymax, mais gênant pour parler. Puis, je tourne la tête pour regarder Baymax quelques secondes avant de reporter mon attention sur l’homme aux cheveux noirs. Je me rapproche lentement de l’énorme robot blanc jusqu’à me placer entre lui et l’étranger. Mais alors que je réfléchissais à la meilleure réponse que je puisse donner, une voile de tristesse tombe sur mon visage. Non, je ne peux pas mentir. Pas sur ça du moins. Et puis, je suis certain que mon Ami me reprendrait, je suis sûr qu’il me corrigerait, donc à quoi bon ? Je prends une profonde inspiration avant de me raviser. Une minute. Est-ce que je peux lui faire confiance d’abord ? Trop tard pour faire marche-arrière.

« Non, ce n’est pas moi qui l’ai créé… c’est mon grand frère. Hey, Baymax ! Tu lui fais une petite présentation de toi ? »

Directement le robot blanc baisse la tête vers moi et cligne des yeux, comme s’il s’agissait d’un véritable être humain. Malgré la réticence qui se lit sur mon expression, j’adresse un sourire à mon Ami et tape légèrement sur son armure rouge flashie, comme pour l’encourager à se lancer. L’assistant médical se redresse pour observer – et sûrement scanner par la même occasion – le ténébreux, avant de déclarer d’une voix robotique, ajoutant un geste de la main à ses paroles :

« Bonjour, je suis Baymax, votre assistant médical personnalisé. »

De nouveau, je lève les yeux vers le ténébreux avec un petit sourire, essayant de camoufler les quelques signes de tristesse dans mon regard, attendant sa réaction.