La Forteresse Oubliée. Ce lieu me rappelle pas mal de souvenir. Bien sûr je n’ignore pas que cet endroit était il y a longtemps mon lieu de résidence. Mais il avait changé après voir été englouti par les ténèbres. C’était dommage. Il était vraiment beau autrefois. Aujourd’hui, il avait perdu de sa splendeur, mais des gens continuent à y vivre. Peut-être ignorent-ils la beauté qu’avait cet endroit auparavant. Enfin bon, dans le fond je m’en fichais bien. De toute façon je n’étais pas là pour du tourisme.

Il paraît qu’une princesse de cœur serait dans cette ville en ce moment. Et ma mission est donc de la trouver et de la capturer. Je n’ai qu’une brève description physique de la jeune fille, aussi je ne sais pas vraiment si je vais réussir à la retrouver aisément. Mais normalement ça devrait le faire. Les princesses de cœur dégagent toujours quelque chose de très perceptible et reconnaissable. Cette mission me tapait déjà sur le système avant d’avoir commencer. Ce que je préférais moi, c’était les missions de reconnaissance. Là au moins il n’y avait pas trop à se fatiguer. Mais bon, je ne pouvais pas me permettre d’échouer aujourd’hui. La Confrérie comptait sur moi.

Je me ballade tranquillement, en prenant mon temps. Je ne voyais pas l’intérêt de me presser. J’avais toute la journée. Et généralement les princesses ne sont pas si fortes que ça. C’est surtout leurs gardiens qui sont à craindre. Mais personnellement je ne craignais personne. Je me sentais assez invincible en fait. C’était peut être mauvais. Je m’en fichais. Je profite d’être ici pour voir ce que je pourrais trouver dans les boutiques. Peut-être qu’il y avait des choses intéressantes ici. Mais finalement il s’avérait que non. Déçu, je repars vers le sud pour chercher cette princesse.

D’après mes informations, la jeune fille avait des cheveux rouges, était plutôt grande et jolie. Bon ça restait vague comme description tout de même. J’avais inspecté le sud en vain, il n’y avait personne qui dégageait quelque chose qui se rapprochait de ce qu’une princesse de cœur pourrait avoir. Je vais donc vers l’est, le seul endroit que je n’ai pas encore visité. C’est en marchant que je l’avais aperçu. Elle est de dos, mais je voie clairement ses cheveux de là où je me trouve et puis je sens que c’est elle. Mon instinct ne me trompe jamais. Je fais apparaître mon katana  discrètement. Il n’y avait presque personne aux alentours, donc pas grand monde pour me déranger pendant que j’accomplissais ma mission. Je me rapproche d’elle le plus silencieusement possible et dès que je suis à la bonne distance, je tends mon bras qui tiens mon arme et je l’interpelle.

~ Eh toi !

Bon je l’avoue, il y a mieux pour appeler une demoiselle. Ce n’était pas très élégant. Mais pour moi cette fille n’était qu’une tâche à accomplir. Elle n’était rien d’autre qu’une chose que je devais ramener à la Confrérie, et cela même si ça me faisait chier. J’appuie un peu mon arme sur son dos.

~ Tourne toi. Doucement et pas de gestes brusques. Sinon je te le plante dans le dos.

Oui, c’était pas mal ça. J’allais, avant de la ramener, m’amuser un peu avec elle. Voir jusqu’où elle est prête à aller pour ne pas venir avec moi. Ensuite, bien sûr je la ramènerai tout de même. Elle allait juste me distraire un peu pour que cette journée n’ait pas servie à rien. Finalement c’était simple comme mission. Je n’aurais jamais imaginé.

Je ne m’étais pas préparé à ce que j’allais voir quand elle se retournerait. Une fille avec des cheveux rouge, et des yeux bleus comme ça.. Un souvenir lointain me revint en mémoire.

Un souvenir m’étais revenu en mémoire. Notre première rencontre. Nos pères se connaissaient, on l’avait accueilli chez nous. Elle était un peu plus vieille que moi, mais ne m’avait jamais considéré comme un gamin. Je me souviens qu’on était comme un frère et une sœur. Ses cheveux rouges… Impossible de les oublier. On s’entendait tellement bien… Puis je ne l’ai plus revue pendant longtemps, et les ténèbres sont arrivés. Je suis devenue ce que je suis aujourd’hui.  Elle faisait partie de mon ancienne vie. Une vie que j’ai laissée tombé lorsque j’ai plongé dans les ténèbres. J’étais plongé dans mes souvenirs. Des tonnes d’images étaient en train de défiler devant mes yeux. Mais c’était vague. Malgré la particularité des similis comme moi, ceux qui se souviennent de leurs passés, j’avais quelques trous de mémoires et certains passage de ma vie restaient flous. Mais son nom m’était revenu bien vite. Elle me ramena vite à la réalité.

~ Baisse ton arme Nell.

Je regrette de ne pas l’avoir reconnu tout de suite. Avec notre passé commun, ça aurait du m’apparaitre comme une évidence. C’est elle, dire que j’avais tellement tenu à elle avant. Mais c’était du passé tout ça. Aujourd’hui, j’ai une mission à accomplir. N’empêche que je suis quand même vachement étonné qu’elle soit une princesse de cœur, même si je n’avais rien montré. Je ne baisse pas mon arme et continue de la regarder en silence. Je ne sais pas quoi dire. Dire qu’elle m’avait manqué serait mentir. Je n’ai pas de cœur donc elle ne peut pas me manquer techniquement. Je lui fais un sourire qui était plus vide qu’autre chose.

~ Malia. Ça fait un bail.

Je réfléchis quelques instants. Je n’ai pas tellement envie de la capturer finalement. Cette mission était stupide. Et puis je n’aurais qu’à mentir et dire que son gardien était intervenu ou un truc du genre. Je suis tiraillé entre deux choix et je n’aime pas ça. D’habitude les choses se passent sans embrouilles. Je termine ma mission et voilà. Et là, il fallait que je tombe sur elle. Mon dieu que je n’avais pas de chance. Qu’est-ce que je pourrais bien faire… Je lève mon arme et passe la main dans mes cheveux. Mais je ne l’avais pas faites disparaitre pour autant. Je reste sur mes gardes et continue de l’observer pour décider de ce que je vais par la suite.

~ Alors comme ça on est une princesse de cœur.. Tu sais que je suis censé te capturer hein… Et cela même si je n’en ai pas tellement envie. Alors qu’est-ce qu’on fait ? Tu te laisse avoir bien gentiment  ou pas ?

Je lui laissais le choix. J’étais bien gentil finalement. Si ça avait été quelqu’un d’autres, je l’aurais simplement attaqué jusqu’à ce qu’elle soit finie et je l’aurais ramené. Elle n’avait pas changé. Elle avait toujours cette beauté qui m’avait frappé la première fois que je l’avais vu. Je me souviens que quand j’étais gosse j’avais cru être amoureux d’elle. Maintenant je ne peux plus savoir ce que ça fait d’être amoureux. J’aurais bien aimé le savoir. Je fais enfin disparaître mon arme. Plus je repense à notre passé, moins j’ai envie de l’attraper. Et, même si elle se rend, ce qui m’étonnerait, je la laisserais tranquille je pense. Je n’en sais rien. Cette situation m’énerve et je passe ma main dans mes cheveux de plus en plus souvent. Ce qui a le don de m’énerver encore plus. Cette foutue manie, il faudra que je m’en débarrasse un de ces jours.

~ On fait quoi ?

J’avais répété ma question une seconde fois. Mais plus sérieusement. Je voulais vraiment avoir une réponse qui me permette de décider. Soit je trahis la Confrérie, et je suis mon « cœur » (assez ironique n’est-ce pas ?), soit je la ramène et ça voudrait dire que je fais définitivement un traits sur mon passé. Mais ça je ne le veux pas. Mon passé fais parti de moi. Je lui souris une seconde fois, mais cette fois un vraie sourire. Un de ceux qui voulait dire que j’étais content de la revoir. Peut-être que tout redeviendra comme avant. Mais vu nos statut j’ai peu d’espoir.

Je suis toujours tiraillé par ce que je devais faire lorsqu’elle me lança un sourire. Un beau sourire malicieux. Elle n’a pas vraiment changé depuis le temps finalement. Contrairement à moi. Du petit garçon timide et tout mignon, je suis devenu un homme froid et légèrement sadique sur les bords. Mais juste ce qu’il faut, qu’on soit bien d’accord. Elle me dit que je suis devenue un ennemi donc et me demande pour qui je bosse entre Maléfique et la Confrérie. Pour moi la réponse est évidente. Je ne vois pas pourquoi je bosserai pour cette vieille sorcière stupide. Elle est faible et son but est beaucoup moins intéressant que celui de la Confrérie.

Mais je ne sais pas vraiment quoi lui répondre en fait. Certes je travail pour la Confrérie, mais à mon propre compte, je pourrais les quitter sans aucun problème. Enfin, seulement s’ils me laissent partir. Ce qui m’étonnerait. Bon de toute façon je vais lui dire simplement la vérité. Elle détectait toujours quand je lui mentais quand on était gosse, ça devait sûrement ne pas avoir changé. Avant que je lui réponde elle dit quelque chose sur ma manie de me mettre la main dans les cheveux. Est-ce que j’ai bien entendu ? Elle la trouve attendrissante ? Je ne sais pas comment je dois le prendre. D’un côté ça me fait plaisir, moi qui ai toujours détesté ce truc.

Elle préférait se battre. Je ne sais pas si cela me réjouissait ou pas. J’aime bien me battre, mais avec elle ça allait être tendu. Elle était plutôt douée quand nous étions petits et c’était elle qui m’avait défendu lorsqu’on m’avait embêté. Si, comme moi, elle s’est entrainé, le combat risquerait d’être compliqué. Mais je ne l’esquiverais pas pour autant. Elle non plus visiblement. Elle dégaine son arme. Une espèce de petit tuyau que je trouve assez ridicule jusqu’au moment où, dans un mouvement rapide, elle prend la forme d’un grand bâton. Je fais réapparaitre mon arme à mon tour, histoire de lui montrer que je suis prêt. Alors que je m’apprête à attaquer le premier, elle me prend de cours avec un grand sourire et une proposition étonnante.

~ Le gagnant aura le droit de se faire appeler « Maître » pendant tout le reste de la journée et devra une glace à l’autre !

Je souris aussi. Cette proposition lui ressemble bien. J’oublie complètement ma mission et me concentre sur l’enjeu de ce combat. Elle va m’appeler maître et elle regrettera sa proposition. Par contre avant de foncer tête baissé, je me prépare un petit plan mentalement. Si je me contente de foncer droit devant moi, elle allait me mettre par terre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je dois user de mon pouvoir pour gagner et je sais exactement comment faire. Je recule tout en me répétant mentalement chaque étape de ce que je vais faire.

~ Je travaille pour la Confrérie et pas pour l’autre vieille. Mais ce n’est pas pour autant que j’en ai réellement après toi. A vrai dire je suis surtout là bas parce que leur objectif est intéressant, et que je n’ai pas de réel but pour l’instant.

Voilà, j’ai balancé toute la vérité. D’habitude j’évite de m’étendre là-dessus. Je ne dis que le strict minimum, mais elle, elle a bien le droit de savoir. Je marque une petite pause le temps de reculer un peu plus. Une fois à bonne distance je me pose quelque instants et je reprends en souriant de plus belle.

~ Pas de soucis pour ton défi. Prépare-toi à m’appeler « Maître », esclave !

Je lance mon sabre et avec mon pouvoir j’accélère sa vitesse. Pas trop rapide, pour ne pas la tuer quand même, elle pouvait facilement l’esquiver. Mais c’était exactement ce que je voulais. Pendant qu’elle se concentre sur le katana qui vole dans sa direction, je cours sur son côté droit pour la prendre à revers. Plan rudimentaire certes, mais qui peut marcher si j’étais assez rapide. Je n’ai pas pensé à ralentir sa perception du temps, j’ai trop peur de réellement la blesser. Après tout, si je la tue, elle ne pourrait plus m’appeler « maître » par la suite.

Une fois à sa droite, je fais une rotation sur moi-même tout en tendant ma jambe afin de lui donner un coup de pied relativement puissant dans les côtes. J’espère que ce coup va lui en fêler au moins une ou deux, histoire qu’elle ne puisse plus combattre dès le début. Au moins je ne me serais pas trop fatigué. Par contre, si ça ne marche pas, je n’ai plus d’arme dans les mains et ma garde est totalement baissée. Je n’ai donc pas le droit à l’erreur.

Elle ne semble pas vraiment rassurée que je fasse partie de la Confrérie. Je la comprends. Si j’étais à sa place je ne le serais pas non plus. Mais je ne le suis pas. Et malgré que les princesses soient notre cible. Elle, elle est plus que ça. Elle est la sœur que je n’ai jamais eue et le restera toujours. Je me demande si je devais la rassurer sur mes intentions ou pas. Car quoiqu’il arrive, je ne compte pas la ramener avec moi. Mais c’est beaucoup plus amusant de lui faire croire le contraire. Donc je vais continuer comme ça jusqu’à la fin.

Je ne fais pas attention aux autres phrases qu’elle me dit. Je me concentre sur mon plan et attaque. Elle a prit mon coup de pleins fouet. Satisfait, je la laisse se redresser. Elle lève la main, peut-être admet-elle sa défaite. Après avoir vu un petit exemple de ma puissance, ça ne m’étonnerai pas. Malheureusement ça aurait été trop beau. Malia est une fille très combative et je me doute qu’elle n’en resterait pas là. Sans que je puisse riposter tellement c’est allé vite, je me prends un coup dans les jambes qui me fait me plier en deux. J’ai à peine le temps de reprendre mes esprits qu’elle recommence avec son bâton et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouve par terre et elle à califourchon sur moi.

Le pire c’est que je sens une force lourde qui me cloue au sol. Ça ne peut quand même pas être son poids. Elle n’est quand même pas si lourde que ça si ? Je souris à cette éventualité. Si je lui fais la remarque, elle me frapperait à coup sûr. Je me tais donc et me contente de l’écouter, sans essayer pus que ça de me dégager.

~ L’élève ne dépasse pas encore le maître petit frère ?

Petit frère… Ça fait une éternité qu’on ne m’avait pas appelé comme ça. D’ailleurs il n’y a qu’elle que j’autorise à le faire. C’était notre lien. Elle m’avait fait un bisou sur la joue avant de se relever. Je ne savais pas trop comment prendre ce geste. Sûrement une provocation de sa part. Je ne sais pas.. Ce geste me trouble plus qu’il ne devrait le faire. Je me passe la main dans les cheveux et me relève à mon tour. Mes jambes tremblaient à cause du coup que j’ai reçu plus tôt. J’avais du mal à me tenir droit.

Elle me désigne mon arme, signe que je peux aller la chercher sans qu’elle ne m’attaque. Bien sûr j’ai remarqué qu’elle semble être vraiment touchée par le coup. J’en suis plutôt fier. Au moins elle voit que je ne suis plus le petit gamin que j’étais autrefois. Tout en allant récupérer mon arme boitillant un petit peu j’essayais de savoir ce que j’allais bien pouvoir faire ensuite. Le même plan ne marcherait pas deux fois. Mais si je l’attaquais de front avec sa blessure j’avais plus de chance de gagner.

~ Allez ! Voyons si tant d’années de séparation a eu raison de toi…

Je repris mon arme en main et m’étira les jambes pour essayer de faire disparaître la douleur. Ça ne marcha pas, mais au moins ça avait eu le mérite d’arrêter le tremblement. Maintenant je suis de nouveau prêt à combattre mais surtout à répondre à ses provocations.

~ L’élève a dépassé le maitre depuis bien longtemps sœurette. C’était juste l’échauffement ça ! Maintenant passons aux choses sérieuses !

A la toute fin de ma phrase un cri s’était fait entendre dans le ciel. Je ne sais pas d’où il provient, mais par contre j’imagine que cela n’annonce rien de bon. Soudain, un immense animal surgit et se pose pas très loin de moi. J’ai fait deux pas en arrière lorsqu’il s’est posé tellement il est impressionnant. Si je dois affronter ce monstre, je ne suis pas sorti de l’auberge. Malia me le présente comme Hadès, un griffon. Donc il est bien à elle.. Impressionnant. Je ne sais pas d’où elle a ce pouvoir, mais c’est vraiment vraiment… Impressionnant. Je sais je me répète. Mais on s’en fiche.

~ Pas mal pas mal. Dommage que je n’ai pas de toutou de compagnie à te présenter moi.

J’ignore l’immense bête qui se dresse à ma droite et me précipite le plus vite possible sur Malia. Je l’attaque de front. Elle aurait le temps de le voir venir, mais avec un peu de chance, le coup qu’elle a reçu aux côtes a ralenti ses réflexes. J’arrive à son niveau et donne un coup de katana au niveau de ses jambes pour lui faire perdre l’équilibre à son tour. J’entends le griffon derrière moi qui commence à faire du bruit. Il ne doit pas apprécier que je m’attaque à son amie. D’ailleurs, l’entendre me rappelle que je ne devrais pas forcément l’ignorer, ça pourrait être dangereux pour moi. Dommage que mon pouvoir ne fonctionne pas sur les être vivant. J’aurais pu l’empêcher de bouger pour un moment. Mais maintenant que j’y pense, pendant trente seconde je peux modifier la perception du temps des autres.

~ T’es prête ? Alors c’est parti !

Je m’occupe d’abord de ma chère sœur adorée. Une fois son équilibre perdue, je la pousse encore pour la faire tomber et modifie sa perception pour qu’elle ait l’impression qu’elle tombe beaucoup plus lentement que je me déplace. Bien sûr c’était faux. C’était seulement une impression, mais qui me ferait gagner du temps. J’espérai qu’elle ne s’en rende pas compte trop vite parce que sinon mon pouvoir perdrait de son effet. De trente seconde il passerait à seulement quelques secondes. Après l’avoir faite tombée, je me dirige vers le griffon que je regarde. Je ne savais pas comment l’approcher lui. Il se montre très hostile envers moi. Je l’attaque avec mon épée et il part mes coups d’un coup de griffe. Au bout de quelques coups j’arrive tout de même à lui entailler sa patte. Mais mon pouvoir sur Malia prenait fin et j’allais désormais avoir deux adversaires à affronter.

La bête lance un petit cri une fois les présentations terminées. Je dis quelque chose comme quoi c’est dommage que je n’ai pas de toutou de compagnie et je fais de mon mieux pour ignorer le griffon. Difficile. Il est immense et semble plutôt très menaçant. Malia me rappelle que lorsque nous étions petits, je n’avais pas autant de répartie et que je ne parlais autant. Ça n’a pas vraiment changé en fait. Si je parle autant c’est parce que c’est elle. Sinon je suis plutôt réservé. Mais ça, je me cache bien de le lui avouer.

Je me jette sur elle et après l’avoir déséquilibrer avec mon épée, en imitant le geste qu’elle avait fait plus tôt avec son bâton. Elle reste debout mais ne s’attends pas à la suite. Je la pousse simplement. Comme un gamin. Mais en utilisant un peu de mon pouvoir, elle aurait l’impression de tomber très lentement alors que je serais en train de m’occuper de son animal de compagnie. C’est ce que je fais d’ailleurs, et après plusieurs coups acharnés, je finis par réussir à l’atteindre à la patte. Le cri que pousse la bête m’indiffère. J’enfonce mon arme le plus profond possible dans sa patte. Par contre aucune goutte de sang ne coule. Je ne comprends pas. Normalement le sang aurait du couler en grande quantité vue l’entaille que j’avais faites… Je décide de ne pas m’attarder sur ce fait parce que ma chère sœur allait retrouver ses mouvements dans les secondes qui suivront.

La réponse de Malia ne s’est pas faite attendre. Ou plutôt celle de son animal. Après plusieurs coups consécutifs je me retrouve bloqué alors qu’il s’apprête à m’administrer un coup de bec qui aurait pu m’être fatal. Heureusement pour moi, pour je ne sais quelle raison, il semble se retenir et au final me touche seulement le bras. J’ai eu chaud cette fois. Je ne vais pas la sous-estimer. Je ne ferais pas la même erreur qu’elle. Depuis le début elle me voyait toujours comme son petit frère, mais j’ai bien grandi depuis le temps. Je suis un homme maintenant et elle va vite s’en rendre compte. Alors que je m’apprête à riposter elle replie son bâton et me range. Pourquoi ? Est-ce qu’elle abandonne ? Ce serait trop beau pour être vrai.

Elle m’annonce qu’elle doit m’avouer quelque chose. Rien que cette phrase me fait peur. Généralement ça n’annonce rien de bon. Et puis ce que je vois ensuite me glace le sang. Elle sourit, mais son visage et ses mains commence à se décomposer sur place. En toute honnêteté à la voir comme ça, je la trouve d’un coup beaucoup moins belle. C’était comment dire… En même temps assez classe et dégueulasse. Visiblement elle ne pense pas que cela puisse me dégouter puisqu’elle se rapproche de moi sous cette forme et continue de sourire à pleine de dents. Je le lui rends timidement. Je n’ose pas vraiment bouger. Je ne connais pas ce pouvoir et cela m’intrigue un peu. Elle est proche de moi quand elle reprend.

~ Je suis une Nécromancienne. Je n’ai jamais été très franche avec toi. Je t’ai caché cette partie de moi à l’époque. Pourquoi tu vas penser. Et bien j’avais peur de mon pouvoir et puis je ne voulais pas que tu me vois comme un monstre.

Nécromancienne ? C’est quoi ça déjà ? Ah oui, c’est les gens qui manipulent les morts ou un truc dans le genre. C’était… Flippant. Mais génial aussi ! Je n’ai jamais pensé qu’elle puisse être aussi puissante ! Et puis d’un coup je réalise. Si le griffon n’avait pas saigné tout à l’heure. C’est parce que c’est un mort. Dire que j’ai affronté un cadavre. Ça me fait froid dans le dos un peu. Mais Malia ne me dégoute pas pour autant. Et puis je ne la verrai jamais comme un monstre. J’ai des pouvoirs moi aussi maintenant, bon, moins flippant certes mais j’en ai aussi. Je reste sans voix alors qu’elle reprend une apparence normale. Lorsqu’elle me regarde de nouveau, je prends enfin la parole.

~ Tu aurais pu m’en parler tu sais. Même si c’est assez flippant de te voir comme ça, faut bien l’avouer, et puis t’es beaucoup moins jolie. Bref. Tout ça pour dire que je ne te considère pas comme un monstre. C’est assez classe d’avoir un pouvoir. Moi-même j’en ai un maintenant, je contrôle le temps. C’est pas mal aussi.

Mon dieu, je n’ai jamais parlé autant depuis que je suis devenu un simili. Même avec mes « collègues » je reste froid et distant. Je suis un peu le cancre de la Confrérie, celui qui ne fait rien et qui rechigne au moindre travail. Heureusement je ne suis pas le seul, donc ça m’évite de me faire remarquer par le patron. Je fais disparaître mon arme, signe que le combat est terminé pour moi. Je n’ai plus envie de me battre contre elle. Je préfère rattraper le temps perdu. Je pense qu’elle a pas mal de chose à me raconter. Moi je n’ai pas grand-chose, mais je peux faire un effort pour elle. Elle le mérite bien. Pour prouver ma bonne foi, je lève les mains en l’air.

~ On dit égalité ? Il s’est passé pleins de choses depuis le temps. D’ailleurs, comment as-tu su que tu étais une princesse ? Et puis tu n’as pas de gardien ?

Voilà, j’ai fais de mon mieux pour faire la conversation. Maintenant c’est à son tour. Et qu’elle ne compte pas sur moi pour tout raconter sur la Confrérie. Si je les trahis je vais mourir. Et un simili qui meurt, ne laisse rien derrière lui, et c’est bien dommage.

Lorsqu’elle me montre son autre forme, je ne sais pas comment réagir. Je suis partager entre l’effroi, parce que vraiment, c’est flippant, et l’adoration, parce que quand même, c’est vraiment classe. Je la rassure en li disant que jamais je ne la verrai comme un monstre. Elle m’est trop importante pour ça. Je la verrai toujours comme ma grande sœur, même si je la vois tuer quelqu’un juste en face de moi. Je lui avoue aussi que j’ai un pouvoir. Je l’ai acquis en devenant un simili et j’ai du m’entraîner dur pour pouvoir l’utiliser au mieux. Même si je suis encore loin de pouvoir l’utiliser à son potentiel maximum, je ne me débrouille pas trop mal avec.

Elle me sourit. Elle est vraiment belle quand elle sourit. Les vrais sourires manquent pas mal à la Confrérie. Je me contente seulement de hocher la tête à sa question. Lui expliquer en détail mon pouvoir n’est pas vraiment bon pour moi. Surtout si elle veut continuer le combat. Je lui propose un cesser le feu, et de terminer par une égalité. Elle ne semble pas vraiment comprendre, comme si cela n’est pas dans ses habitudes. Mais je ne lui laisse pas le temps de dire quelque chose et lui pose des questions sur elle. Ce qu’elle est devenue m’intrigue beaucoup. Ce pouvoir, les princesses, les gardiens, je pense que j’ai beaucoup à apprendre de Malia, et ça c’est plutôt intéressant. Les questions que j’ai posé semblent la gêner, mais je fais comme si de rien n’était. Je voulais vraiment savoir.

~ Pendant une attaque. Je n’avais pas obéit à mon père. Pour rester avec lui j’ai mis sa vie en danger, mon pouvoir est apparu au moment où les Sans-cœurs voulaient porter le coup fatal. Lorsque je suis revenue à moi, j’avais cette chose. Non je n’ai pas de gardien. Sinon je ne serais pas prise par un mal de chien aux côtes… Enfin. Et toi dans tout ça, qu’est ce que tu es devenu ? Comment vont tes parents ? Puis, pourquoi être entré dans la Confrérie ? Ça me surprend tellement… C’était de ton plein gré ? Qu’est-ce qui t’as poussé à suivre la voie des Ténèbres ? Pourqu…

Elle s’arrête. (Enfin !) Mon dieu qu’elle parle beaucoup. Elle m’a agrippé le bras en même temps qu’elle parlait. Mais lorsqu’elle s’en soit rendu compte, elle m’a de suite lâché. Je pense qu’elle est vraiment triste ou déçue, je ne sais pas, que j’ai rejoint la Confrérie. Normal, elle vient de la Lumière et moi… Ben je ne suis plus rien. Je n’ai pas vraiment choisi les Ténèbres, disons juste que je vogue entre les deux en attendant de trouver un sens à ma vie. Et puis en ce qui concerne mes parents… Je suppose qu’ils sont morts. Lorsque le Jardin Radieux a été plongé dans les Ténèbres, j’ai perdu connaissance. Lorsque je me suis réveillé, j’étais seul. Je n’ai même pas cherché à les trouver. Au fond de moi je m’en doutais.

Elle me dit de ne pas faire attention à ses questions et que le plus important était de rattraper le temps perdu. J’étais tout à fais d’accord, mais répondre à ses question ne me dérange pas. Je n’ai rien à lui caché. Elle est la seule en qui je peux avoir une totale confiance et être totalement transparent. Je sais qu’elle acceptera tout de moi.

~ Je suis d’accord, viens allons faire un tour aux boutiques.

Je lui emboite le pas en direction des boutiques que j’avais déjà vu auparavant, mais cette fois-ci j’étais de meilleure humeur, j’aurais sûrement envie d’acheter quelque chose.

~ Pour répondre à tes questions. J’ai perdu mon cœur, je suis un simili, ce qui est assez cool et chiant en même temps je dirais. Mes parents sont morts je suppose. Et puis la Confrérie c’est une longue histoire. Après m’être réveillé en tant que simili, je ne savais lus quoi faire, je n’avais plus de but dans la vie. La Confrérie m’en apporte un. Je pourrais retrouver un cœur et sûrement qu’avec un cœur je serais plus heureux. J’en sais rien. Ce n’est pas vraiment les Ténèbres que j’ai choisis dis toi que je suis le Crépuscule plutôt. Je suis entre les deux.


J’ai enfin terminé. Elle allait finir par se dire que j’étais devenu une vraie pipelette après ces quelques années. Mais bon, après tout je ne faisais que répondre à ses questions. Je me demande ce qu’elle dira pour mes parents. Sûrement que c’est dommage ou quelque chose dans le genre. Moi, ça ne me faisait rien. C’était la vie. Les gens vivent, puis meurent, c’est comme ça. Nous arrivons aux niveaux des magasins, de meilleure humeur, je m’arrête à chaque stand. Je regarde partout pour voir s’il n’y a pas quelque chose que je pourrais prendre. Je trouve un joli porte-clés. Il y a trois étoiles de plus en plus petites reliées par une ficelle. Elles sont bleues. J’aime bien, je le montre à Malia en attendant son avis.

Finalement on se retrouve au centre ville en train de regarder les magasins. Enfin je regarde et Malia me suit. Depuis que je lui ai raconté ce qu'il m'était arrivé, elle semble coincée dans ses pensées. J'essaie de l'en sortir en lui montrant un article que je trouve pas trop mal. Il s'agit d'un porte-clés de couleur bleu. C'est plutôt joli et je me vois bien le lui donner. Enfin lui offrir, pour fêter  nos retrouvaille ou juste par plaisir. Je n'avais jamais fais ça avant. Je ne suis comme ça qu'avec elle. Décidemment, elle me fait un effet bizarre cette fille.

Bref. Je lui sourit en lui montrant ma trouvaille mais elle semble toujours autant dans ses pensées, bien qu'elle me réponde par un sourire aussi. Elle s'approche de moi en poussant un soupir, je ne comprends pas tout de suite lorsqu'elle m'attrape le poignet. Puis elle se met à courir et là je n'ai pas d'autre choix que d'essayer de la suivre du mieux que je peux. Sauf que j'ai toujours le cadeaux que je comptais lui faire entre mes mains, alors elle a intérêt à courir vite. On zigzag entre les gens avant qu'elle ne tourne subitement (et quand je dis subitement c'est que j'ai failli tomber tellement c'était rapide) dans une ruelle.

J'allais l'interroger sur ce qu'elle vient de faire, mais encore une fois elle me prends de cours et me caresse la joue en souriant. Mais c'est un sourire que je n'aime pas voir. C'est un sourire plein de tristesse. Je comprend d'un coup. Elle doit s'en vouloir de ne pas avoir pu me protéger. Oui ce devait être ça. Mais pourquoi se prenait-elle la tête pour ça ? Il n'y avait rien qu'on ne puisse faire, c'est la vie. C'est comme ça. Si on voit le côté positif de la chose, on peut dire que je ne suis pas mort. Je ne dis rien. Je ne sais pas quoi dire en fait. Je devrais la réconforter, mais aucun mot ne me viens à l'esprit. Elle pose sa main à l'endroit où devrait se trouver mon cœur. Elle ne doit rien sentir et je sais que ça doit lui faire mal au fond d'elle. Je retire sa main et elle passe ses bras autour de mon cou. Je suis assez surpris par ce geste dont je ne suis plus habitué depuis un certains temps. L'affection et tout ça, ça fait longtemps que j'ai abandonné.

~ Je suis une grande sœur pathétique hein ?

Pardon ? Est-ce que j'ai bien entendu ? J'en reste sans voix. Comment peut-elle penser ça d'elle même ? Quand nous étions plus jeune c'était toujours elle qui veillait sur moi. Elle était la chose la plus importante à mes yeux. Certes nous nous sommes perdus de vue, mais maintenant on vient de se retrouver, et je sais qu'on ne se perdra plus. Je ferais tout pour. Elle pose sa tête au creu de mon cou et je la serre contre moi. J'aimerais vraiment trouver les mots parfaits pour la réconforter. Lui dire que rien n'est de sa faute, qu'elle a été et resteras une parfaite grande soeur. Mais rien ne sors de ma bouche sauf un bête:

~ Mais non...

Qu'est-ce que je peux me sentir stupide parfois. Je cherche quelque chose de plus intelligent à dire lorsqu'elle me demande si je sais que je met ma vie en jeu en l'épargnant. C'est vrai, j'avais éviter d'y penser, mais je devrais bien trouver une excuse pour le supérieur. Bon, dans le fond, je m'en fichais bien en fait, mais je ne voulais pas l'inquiéter plus qu'elle ne l'est déjà.

~ Je sais. Mais tu en vaut le coup.

J'avais retrouvé mon super don de ne faire que des petites phrases. Dans un sens ça me rassure. J'étais toujours moi-même. Je lui caresse ses cheveux. Je serais là pour elle désormais, même si je dois me rebeller contre les autres. Ce que je n'espère pas trop quand même.

~ Tiens. C'est pour toi.

Je lui tends le petit porte-clés et j'attends de voir sa réaction. J'espère qu'elle sera contente même si c'est assez étrange je trouve venant de moi. Je lui prends la main et la serre contre moi une nouvelle fois. Sentir sa chaleur me fait du bien, je me sens presque entier grâce à elle. J'aime bien cette sensation