En ce jour, j’avais décidé d’aller me promener au cœur de la ville de Traverse Town. Il est vrai que depuis mon arrivée, je cerclais les mêmes endroits, tout près du Château qui nous accueillait ma famille et moi-même le temps que nous reprenions le contrôle d’Yveltia. Ce n’était qu’une solution temporaire, il est vrai, une Reine de ma stature ne saurait s’accommoder d’une permanence de cet acabit. Cela ne me sied guère et je le savais. Pour autant, je connaissais aussi le bénéfice que pourraient m’apporter quelques repères supplémentaires des lieux.
J’étais donc partie sans en avertir personne – ou, plutôt, n’ayant trouvé personne à prévenir sur le moment, je n’avais pas approfondi mes recherches et avait filé immédiatement après. Les rues me paraissaient bien plus charmante que je n’aurais pu l’imaginer, preuve s’il en est que j’avais besoin de revoir mes avis sur cet endroit. Au final, il n’était pas si différent de ma patrie, tendre patrie de naissance. Il y avait également des enfants qui jouaient dans les rues, des vendeurs organisés en petits stands mais aussi nombre de flâneurs profitant d’une douce brise et d’un temps clément pour aller se promener en extérieur. Je saluais ces initiatives qui, selon moi, étaient un excellent exercice pour l’esprit.
Arlequin m’avait toujours enseigné que c’était pas la découverte que l’on se construisait. J’appliquais au miuex, les conseils de mon tendre époux. Un sourire gagna mes lèvres alors que je m’arrêtais un instant, plongée dans mes pensées sans plus prêter attention aux petites gens qui passaient à côté de moi. Ma bague de mariage happa alors toute mon attention. Oh, oui, malgré les sombres heures que nous devons traverser, je crois pouvoir dire être heureuse malgré tout. Mes sentiments amoureux envers Arlequin me font tenir la route, je le sais. Je lui dois énormément, même si j’ai parfois la sensation qu’il en doute. Il est mon pilier.
Mon répit ne fut, cependant, que de bien courte durée. Un cri strident me tira de mes apaisantes pensées, me replongeant dans le chaos et le désespoir. Je fronçais les sourcils sans pour autant bouger. En un clignement d’œil, j’étais encerclée par une horde de ces choses, ces ‘sans-cœurs’. Hum. J’ignorai si, effectivement, leurs noms étaient bien trouvés mais cela ne m’inquiétait guère. J’avais soudainement très envie de me battre. Ces créatures firent sombrer mon monde dans la folie des ténèbres et j’allais me venger, quand bien même je savais cette entreprise vaine. Au moins, mes nerfs seraient un peu plus calmés.
Cependant, alors que j’allais passer à l’attaque, une silhouette se faufila dans mon dos, me privant du privilège d’entamer les hostilités. J’eus un sourire narquois. Au moins, il savait y faire en matière de présentation et, même si les mots auraient pu être mieux choisis, il savait voir la véritable valeur de ma personne. Ainsi, laissant échapper un rire léger, j’entrepris de lui répondre sur le même ton.
« Eh bien capitaine, plutôt que de me complimenter, je vous serais grès de ne pas rester dans mon angle d’attaque si vous ne voulez pas être blessé ! »Aussitôt dit, je sautais dans les airs afin d’entamer une transformation en harpie. J’hurlais alors, comme pour signifier que la chasse était belle et bien ouverte, à présent.
Emi Burton