now I'm the one who's letting go

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Ambiance étrange, voire étouffante. Tu ne savais pas trop ce qui t'avait pris de demander au conducteur qui avait accepté de te prendre à bord de son vaisseau de te laisser sur ce monde où l'ombre semblait omniprésente. Ta curiosité mal placée était très certainement la responsable de ta présence en ce lieu étrange. Tu n'arrivais pas à te décider ; était-ce là une mauvaise chose ou non ? Pour le moment, cela ne l'était point, tu n'avais fait aucune rencontre malheureuse, tu n'avais encore pas fait preuve de cette maladresse qui te caractérisait. Tu n'avais donc pas à te plaindre. Cependant, il y avait cette sensation étrange qui compressait ton cœur, cette drôle d'impression qui faisait que les battements de ton cœur semblaient assourdissants, comme si ton organe cardiaque était entouré de coton. Ce n'était pas une sensation particulièrement agréable cependant, tu ne pouvais pas vraiment qualifier cela de désagréable non plus. C'était plus une petite gêne qu'autre chose, qui n'allait pas t'empêcher d'explorer comme bon te semblait. Car même si tu étais de nature plutôt méfiante, plutôt réservée quant à tout ce qui était nouveau, tu ne pouvais t'empêcher de te montrer curieuse, de vouloir en savoir davantage, d'en voir plus. C'était plus fort que toi. Alors tu te faisais discrète, tu ne te faisais pas remarquer et vaquais librement à tes occupations sans jamais déranger personne. La discrétion – voire une presque invisibilité – était ton mot d'ordre et te convenait bien. Si personne ne te voyait, il n'y avait aucune raison que des soucis surviennent ; pas de faux-pas, pas de discussions maladroites et pas de regards fuyants. Chose qui ne semblait pas bien difficile à faire ici ; la place – surplombée d'une fontaine atypique – était tout bonnement déserte et aucun bruit ne parvenait à tes oreilles, te laissant supposer que le reste de la ville devait être aussi mort que cette petite place.

Distraitement, tu fis un pas en avant de sentir tes muscles se tendre lorsque tu posas le pied gauche sur le pavé irrégulier de la place. La semelle de ta chaussure semblait bien plus fine qu'à l'accoutumée. Perplexe et les sourcils froncés, tu baissas le regard vers le bas de ton corps et tu fus surprise de voir que ce n'étaient pas tes bottines habituelles et usées qui chaussaient tes pieds. À leur place se trouvait une paire de sandales à lanières noires et montantes – jusqu'à tes genoux. À cela s'ajoutait aussi le fait que tes vêtements avaient eux aussi changé. Oublié était le pantacourt bleu clair que tu avais porté jusqu'à ce jour, oubliés étaient le t-shirt blanc et la veste marron qui l'accompagnaient habituellement. Tu étais à présent vêtue d'un short noir moulant sans pour autant trop l'être et d'un top de la même couleur qui s'arrêtait au-dessus de ton nombril. Une grimace étira tes traits ; ce n'était vraiment pas des habits que tu aurais portés de ton propre gré, ils étaient bien éloignés du style passe-partout et sobre que tu avais adopté. Tu te sentais un brin mal à l'aise dans ces vêtements qui n'étaient pas les tiens. Nerveusement, tu passas une main sur ton estomac dénudé et t'approchas de la fontaine au centre de la place avec une certaine forme d'inquiétude. Tes vêtements avaient changé, certes, mais qu'en était-il de ton visage et de tes cheveux ? Oh ce que tu espérais que rien de drastique ne te soit arrivé ! Tu te penchas par-dessus les pierres et contemplas longuement le reflet de ton visage dans l'eau verdâtre. Ton visage en lui-même n'avait pas véritablement changé, tu semblais juste un tout petit peu plus pâle que d'habitude. Deux points blancs au sommet de ta tête attirèrent cependant ton regard. L'eau trouble ne te permettait pas de voir de quoi il s'agissait, ce fut donc un peu inquiète que tu levas les mains vers lesdits points. Les doigts un brin tremblants, tu découvris qu'il s'agissait de deux petites cornes. Tes yeux s'écarquillèrent. Des cornes … Mince alors, tu ne t'attendais vraiment pas à ça. Tu tentas de tirer dessus un petit peu, mais elles ne bougèrent pas le moins du monde.

Tu te redressas, bouche-bée. Mais quel était donc ce monde ? Tu n'en avais aucune idée, mais il y avait bien une chose dont tu étais certaine ; ce monde était des plus étrange ! Tu n'avais encore jamais vécu une telle transformation ! Et cette transformation était vraiment très bizarre ! Tu ne comprenais pas. Un peu secouée par tous ces changements physiques, tu restas un moment appuyée contre le bord de la fontaine. Choquée, surprise. Tu n'avais cependant pas l'impression que cela soit quelque chose de négatif… Peut-être était-ce juste un petit coup de pouce pour aider à l'intégration à ce monde à l'allure si lugubre. Tu jetas un regard par-dessus ton épaule, tes pupilles azurées enregistrant les moindres détails de tout ce qui se trouvait autour de toi. Oui, il n'y avait que cela qui pouvait expliquer une telle transformation ; une aide à l'intégration. Ce qui était, bien malgré toi, un atout. Il était vrai qu'avec tes vêtements clairs et propres, tu aurais fait tache dans le paysage sombre et morose. Tu ne pouvais donc pas te plaindre de cette aide, aussi étrange puisse-t-elle paraître. Haussant les épaules comme pour te convaincre qu'il n'était pas nécessaire de tergiverser davantage sur ce sujet, tu fis un pas vers l'arrière, t'éloignant de la miteuse fontaine. L'air de rien, tu tournas les talons et fis le tour de la place, cherchant la direction dans laquelle tu pourrais te diriger, chassant toutes les questions de ton esprit. N'ayant guère envie de réfléchir trop longtemps, tu choisis une direction au hasard, tes pas te menant vers la gauche. Silencieuse, comme à ton habitude, tu marchas de longues minutes, ne sachant absolument pas où tu allais. Tu marquas une pause lorsque tu arrivas vers l'entrée d'un drôle d'endroit. Tu te rapprochas pour voir de quoi il s'agissait. Un cimetière. Tu haussas les sourcils ; tu aurais dû t'en douter… Curieuse, tu t'engageas dans le cimetière, zigzagant entre les pierres tombales, laissant tes doigts pâles les effleurer.

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La pierre de la première tombe dont tu t'étais approchée était rugueuse, irrégulière. Comme si elle n'avait pas été taillée avec grands soins. Les doigts de ta main droite – longs et pâles effleuraient timidement le rebord de la pierre grossièrement taillée, touchant distraitement la moindre irrégularité. Tu grimaças quelque peu, mais tu ne pouvais t'empêcher de continuer ton examen complet de la pierre ; tu faisais preuve d'une curiosité un peu malsaine, tu en avais bien conscience, mais il fallait croire que l'ambiance de ce lieu te faisait quelque peu oublier tes réserves naturelles. Il était certain que tu n'aurais jamais agi de la sorte si tu t'étais trouvée ailleurs, dans un monde probablement bien plus lumineux que celui-ci. En cet instant, tu avais la drôle d'impression que te balader parmi les pierres tombales et touchers ces dites pierres n'avait rien d'irrespectueux. Cela te semblait presque normal. C'était pour cela, d'ailleurs, que tu avais pénétré dans l'enceinte du cimetière sans te poser trop de questions. Tu t'étais approchée des premières tombes sans une once d'hésitation, les observant curieusement. Tu gardais toutefois ce respect au fond de ton être pour ceux qui se retrouvaient six pieds sous terre. Tu examinais les différentes stalles par pure curiosité, n'en n'ayant jamais vu de telles auparavant – là où tu étais née, le bois était utilisé pour marquer l'emplacement d'un corps et non les pierres, tu n'avais nullement l'intention de manquer de respect à qui que ce soit. Tu n'avais pas été éduquée comme ça ; ta mère avait insisté sur le fait que tu devais respecter ceux qui n'étaient plus et tu t'étais efforcée de suivre cet ordre au mieux. Et tu n'avais pas l'intention de changer cela aujourd'hui. Donc, après avoir fini d'examiner la pierre taillée sur laquelle tu avais en premier jeté ton dévolu, tu la contournas silencieusement. Te dirigeant vers l'autre extrémité du cimetière, tu contemplas d'un œil curieux les autres sépultures, ne t'en approchant pas trop. Toutes se ressemblaient tellement, tu en avais déjà examiné une et n'avais donc nullement besoin de t'arrêter pour contempler les autres.

Et alors que tu allais sortir du cimetière par le côté opposé à celui par lequel tu étais entrée, des bruits de pas précipités se firent entendre dans ton dos. Ton cœur rata un battement dans ta poitrine alors que tu ressentis d'abord de la peur, craignant que les créatures – Sans-coeurs – que tu avais pu rencontrer auparavant avaient aussi envahi ce monde. Tu te repris rapidement, cependant, te rassurant en te rappelant que les Sans-coeurs se déplaçaient de manière bien plus discrète. Généralement, tu n'avais nullement le temps de les entendre avant de les apercevoir dans l'ombre, quand ils étaient prêts à t'attaquer. Alors qui étaient les responsables de ces bruits ? Car, tu en étais persuadée, il n'y avait pas qu'un seul être pour faire autant de bruits de pas. Les sourcils froncés par la perplexité, tu tournas les talons juste à temps pour apercevoir ce qui semblait être trois enfants arriver dans le cimetière en courant. Des enfants… Ici ? C'était plus qu'étonnant. Avec une ambiance aussi sombre, tu n'aurais jamais cru voir des êtres aussi jeunes ! Bien au contraire même… Tu ne savais trop ce que tu aurais pu imaginer quant aux habitants de ce monde – des êtres sombres, c'était certain, peut-être squelettiques et monstrueux – mais des enfants étaient bien la dernière chose que tu t'apprêtais à voir ici. Tes sourcils s'arquèrent au-dessus de tes yeux alors que tu te demandais ce que les enfants pouvaient bien faire ici. Tu ne savais trop que faire ; devais-tu les interpeller pour savoir s'ils avaient un problème ou quoique ce soit ? Où était-il normal pour les enfants de ce monde de se promener dans les cimetières ? Ces questions tournèrent en rond dans ton esprit, sans que tu parviennes à trouver les moindres réponses. Cependant, tu ne pus tergiverser bien longtemps encore, car un nouvel arrivant fit son entrée en scène. Des cheveux bruns ébouriffés, un visage relativement juvénile et un costume différent mais tout aussi sombre que le tien. Il avait l'air furieux, pour une raison que tu ignorais. Les enfants, ignorant ta présence, prirent leurs jambes à leur cou dans l'espoir de fuir la colère du brun. Mais ce n'était que des efforts vains.

Bien décidé à en découdre, le brun bondit subitement sur l'un des enfants, criant sa victoire. Il tenait entre ses bras ce qui semblait être une fillette – d'aussi loin, tu ne pouvais en être certaine – et farfouilla quelques instants dans ses poches pour en retirer un objet que tu ne pouvais apercevoir de là où tu te trouvais. Oh… Ainsi donc les trois enfants n'étaient que de petits gredins qui avaient dû voler quelque chose au jeune homme ! Ce qui expliquait de manière tout à fait logique le comportement du brun, surtout s'il s'agissait d'un objet avec une quelconque valeur sentimentale ! Tu pouvais tout à faire le comprendre ; tu n'aurais probablement pas mieux réagi si l'on t'avait dérobé quelque chose de la sorte. Enfin… Tu ne courrais aucun risque, car tous les objets auxquels tu tenais avaient disparu en même temps que ton monde. Cette pensée t'attrista un moment et tu baissas les yeux en soupirant, avant de redresser la tête et de reporter ton attention sur ce qui se passait devant toi. Les trois trouble-fêtes ne tardèrent pas à filer alors que le jeune homme se relevait, passant quelque chose autour de son cou. Un médaillon ou une chaîne très probablement. Tu n'en savais trop rien et pour tout dire, ce n'était pas là ta première préoccupation du moment. Timidement, tu fis quelques pas en avant, te rapprochant lentement du brun. Tu gardas tes distances, cependant, ne sachant trop comment le jeune homme pouvait réagir si tu te trouvais trop près de lui. Tu passas une main dans ta longue chevelure rose qui tombait souplement dans ton dos, puis détacha ton regard de la silhouette de l'inconnu. « E-Est-ce que t-tout va bien ? » Tu n'en dis rien de plus, ne sachant trop sur quel pied danser. Tu croisas les bras sous ta poitrine en attendant une réponse de la part de ton interlocuteur, shootant dans un petit caillou qui se trouvait non loin de là.

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Tu ne savais trop comment te comporter, si tu devais sourire ou bien te montrer beaucoup plus stricte, sur la défensive. Le jeune homme que tu venais d'aborder ne semblait vraiment pas méchant, avec ses grands yeux bleus pleins d'innocence et ses cheveux bruns ébouriffés tombant à cause de l'humidité. Car, ce que tu n'avais pas vu quand tu te tenais à l'écart de la scène dont il était l'un des acteurs principaux, c'était qu'il était tout bonnement trempé. Ce qui était assez surprenant en soi ; tu n'avais vu aucun plan d'eau sur ta route et, même si le jeune homme avait emprunté un chemin différent du tien pour venir ici, la lugubre ville ne semblait pas avoir de jolis petits parcs avec un petit étang en son sein. Le jeune homme ne pouvait décemment pas avoir chuté dans une quelconque étendue d'eau. À moins que… Il y avait bien une fontaine au milieu de la place principale, peut-être que le jeune homme était tombé dans l'eau verdâtre. Une image des trois enfants te vint à l'esprit et une légère grimace étira les traits habituellement doux de ton visage ; il était fort probable que ces trois petits démons l'avaient aidé à tomber dans la fontaine. Tu n'en savais rien, tu n'avais pas été présente lorsque l'incident s'était produit. Mais en tout honnêteté, cela ne te paraissait pas si surprenant que les trois enfants aient poussé le brun dans la fontaine. Ce qui devait être relativement fâcheux… Oh, pas qu'il faisait particulièrement froid. Il ne faisait pas frais, cependant, il ne faisait pas bien chaud non plus. Ce qui voulait dire que les vêtements du jeune homme n'allaient pas sécher très rapidement. Ta grimace s'accentua de manière presque imperceptible. Aujourd'hui ne semblait pas être son jour de chance. Chose qui te donnait la très forte impression que tu étais tout à fait légitime de t'inquiéter à son sujet. Que tu avais bien fait d'aller le voir et de bégayer bien malgré toi pour savoir s'il avait besoin de quelque chose, d'un coup de main ou quoique ce soit d'autre.

Le sourire que le brun t'adressa après que tu lui as demandé si tout allait bien était tout bonnement éblouissant. Il avait beau être trempé, son humeur ne semblait pas en pâtir, ce qui était relativement étonnant pour toi. Tu savais que si vos positions étaient inversées, tu ne serais pas des plus agréable. Tu refuserais très certainement de parler à qui que ce soit, te cachant dans un coin sombre afin que personne ne te remarque. Mais le jeune homme semblait être de très bonne composition, souriant et te répondant d'une voix claire et chaleureuse. « Ne t'inquiète pas, il m'en faut beaucoup plus pour flancher. » Sa joie était communicative, contagieuse. Bien malgré toi, tu te surpris à lui adresser un petit sourire timide, hochant doucement la tête. Il semblait aller bien et sa réponse te conforta dans cette idée. Tu haussas donc distraitement les épaules, prenant la décision de ne pas t'en faire davantage à son sujet. Tu le regardas d'un œil distrait, ne sachant trop que répondre à cela. Tu ne pensais pas que tourner les talons et partir dans la direction opposée, abandonnant le jeune homme, était quelque chose que tu pouvais faire ; ce serait très certainement impoli et tu n'étais pas certaine que, malgré son humeur radieuse, il apprécie un tel comportement. Puis ce n'était pas comme si tu avais véritablement envie de partir de la sorte. Le brun, ignorant totalement le conflit intérieur que tu vivais actuellement, prit de nouveau la parole. « Pardon pour le spectacle, je devais être pitoyable. » Tu fus un brin surprise par les excuses qu'il te présentait soudainement, riant légèrement. Tu te sentis rougir alors que ta timidité légendaire faisant encore des siennes ; tu ouvris la bouche, cherchant tes mots, avant de la refermer et de la rouvrir, prenant un air que tu voulais sûr. « A-Ah ! Ce n-n'est rien, v-vraiment ! J-Je peux tout à f-fait comprendre s-si les enfants t-t'ont embêté… S-Si j'avais é-été à ta place, je n-n'aurais probablement p-pas mieux réagis ! » Tu tentais de le rassurer tant bien que mal, maladroitement. Tu le vis épousseter ses vêtements, chassant vivement la poussière. Il ne semblait pas vraiment s'en faire, mais tu tenais malgré tout à lui assurer que tu ne lui en tenais pas rigueur ; tu ne voyais pas pourquoi tu lui en voudrais alors qu'il cherchait juste à récupérer quelque chose qui lui appartenait.

Cependant, la discussion ne s'attarda pas sur ce sujet, le brun prit encore une fois la parole. « Qu'est-ce qui t'amène par ici ? » Ah. En voilà une bonne question ! En toute honnêteté, tu n'en savais trop rien. Tu pouvais totalement blâmer ta curiosité. Car oui, quand tu avais vu cet étrange monde à travers le hublot du vaisseau gummi, tu avais eu envie de le voir de plus près, tu avais eu envie de l'explorer. C'était un monde que tu n'avais jamais eu l'occasion de voir, de découvrir. Mais plus que cela encore, tu avais l'espoir fou que ta sœur cadette se cache quelque part dans l'ombre de ce monde, qu'elle ait survécu aux Ténèbres qui avaient englouti ton monde et ta famille. Tu refusais de croire que Marianne avait définitivement disparu, qu'elle avait péri par ta faute, parce que tu n'avais pas été suffisamment prudente. Tu refusais de lâcher l'affaire, tu refusais d'abandonner ta sœur ; c'était l'être que tu aimais le plus fort, c'était grâce à elle, à son souvenir, que tu avais pu aller aussi loin. C'était pour elle que tu gardais la tête haute lorsque votre père se montrait trop sévère à ton égard. Tout ce que tu avais fait, tout ce que tu faisais et tout ce que tu allais faire… C'était pour Marianne, ta chère et tendre sœur. Alors oui, tu avais été curieuse. Mais par-dessus tout, tu désirais retrouver ta cadette, pour la serrer dans tes bras et la protéger jusqu'à la fin des temps. Tu avais longuement regardé le jeune homme en réfléchissant et, lorsque tu sortis de tes pensées, tu baissas précipitamment les yeux, tes joues s'empourprant avec intensité. « A-Ah … Je. Uh … J-J'étais curieuse… J-Je n'ai j-jamais v-visité un m-monde d-de ce g-genre. » Tu refusas de croire son regard, ne désirant pas lui avouer l'autre moitié de la vérité qui te dévorait de l'intérieur. Oh Marianne… Jolie et douce Marianne. Où pouvait-elle bien être ?

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Tu n'étais pas du genre à te montrer très ouverte dès la première rencontre ou même à t'amuser du malheur d'autrui. Cependant tu te trouvais face à un jeune homme au visage aux traits juvéniles, qui était traversé par un large sourire malgré le fait qu'il soit à présent trempé. Sa bonne humeur n'était pas le moins du monde entâché par ses vêtements et ses cheveux plus qu'humides. Si vos rôles avaient été inversées, tu n'aurais pas été de très bonne humeur, c'était certain. Tu aurais très certainement fait la tête et aurais tout fait pour éviter le moindre contact avec qui que ce soit. Tu n'étais pas de très bonne composition dans ces moments-là. Mais tu étais soulagée que vos situations ne soient pas inversées et que le jeune homme semble aussi détendu malgré ses habits trempés. Un très léger sourire étirant le coin de tes lèvres, tu l'observas un long moment d'un œil curieux alors qu'il s'excusait de son comportement un peu brutal à l'égard des enfants. Tu haussas un sourcil surpris avant de secouer la tête et de chasser ses excuses de manière bien maladroite, bégayant timidement que tu n'aurais probablement pas mieux réagi si tu avais été à sa place. Ton interlocuteur agita la main, se redressant comme pour se donner un air sérieux. [color=darkorange]« Oh tu sais depuis le temps que je les connais je n'en attendais pas moins d'eux! »[/colo] Tes sourcils s'arcquèrent au dessus de ton regard bleu ; ainsi donc le jeune homme connaissait les enfants qui lui avaient joué un mauvais tour. Cela te laissait donc deux suppositions quant à l'origine du jeune homme ; soit il était un autochtone de ce monde, soit il y était déjà venu et avait déjà pu faire la rencontre du trio de diablotins. La seconde option te semblait être la plus probable, cependant tu ne pouvais en être certaine. Tu ne dis pas un mot, le laissant poursuivre sur sa lancée. « J'aurais dû peut-être me méfier du coup ... » Il marqua une courte pause, posant de nouveau son regard sur toi. « On dit souvent que je suis naïf, mais c'est n'importe quoi ! »

Un nouveau sourire vint naître sur tes lèvres à la fin de cette petite déclaration. Tu ignorais qui était ce On dont le brun pouvait bien parler, cependant tu devais bien avouer que ce fameux On n'avait pas l'air d'avoir tort. Il y avait au fond de son regard azuré une lueur innocente qui brillait, il avait cette façon de se tenir qui te faisait penser à un petit garçon, comme si le brun avait oublié de grandir. Mais ce n'était pas un mal en soi, ce n'était pas une critique que tu allais lui adresser ; son comportement avait quelque chose de raffraichissant, que tu appréciais de voir chez quelqu'un comme le brun. Il gardait cette innocence qui était rare à voir aux jours d'aujourd'hui, cette innocence que beaucoup semblait avoir égaré dans les Ténèbres. Toi-même tu avais perdu une bonne partie de ton innocence lorsque ton monde avait sombré, lorsque tu avais perdu de vue ta sœur. Tu admirais cette partie de la personnalité de ton interlocuteur. D'une certaine manière, tu l'enviais un petit peu sans pour autant le jalouser. Tu aimerais pouvoir garder la tête haute comme il le faisait, tu aimerais avoir le même sourire radieux que lui quelle que soit la situation. Tu fus tirée de tes tergiversations par la voix légère du jeune homme, qui te demandait ce que tu pouvais bien faire en ces lieux. Ton coeur s'était mis à battre fort contre tes côtes alors que tu lui affirmais que c'était ta curiosité qui t'avait menée ici, laissant sous silence le fait que tu cherchais ta cadette dans la noirceur des différents mondes. Tu ne te sentais pas capable de dire une telle chose, tu ne savais pas trop pourquoi. Tu baissas les yeux vers le bout de tes pieds, désirant à tou prix éviter le regard bleu du brun.

Cependant cette déclaration à moitié vraie ne sembla pas choquer le jeune homme, bien au contraire même ; il comprenait l'essence même de la curiosité. [color=darkorange]« Oh je vois ! Moi aussi je suis curieux, comment pourrais-je ne pas le comprendre ! » Son enthousiasme t'arracha un sourire et tu relevas la tête pour poser ton regard clair sur le visage du jeune homme. Il était vrai qu'il avait l'air d'être une personne curieuse ; tu l'imaginais très bien voyager de monde en monde, à explorer pour voir davantage de choses incroyables. « La première fois que je suis venu j'avais la même impression ! » Tu hochas distraitement la tête, te sentant rougir. Tes suspicions étaient confirmées ; le jeune homme était lui aussi un voyageur, tout comme toi. Mais ce qui t'avait fait rougir en cet instant était qu'il avait très probablement perçu ta gêne, ton malaise. « Oh, tu n'as pas à te sentir gênée, on est entre amis ok ? » Tu le regard un moment, interloquée par sa soudaine déclaration. Personne ne t'avait considéré comme une amie en si peu de temps depuis bien longtemps. Depuis que tu avais perdu ton monde, tu avais pensé perdre en même temps tous tes amis. Mais cela ne te dérangeait pas, bien au contraire. Quelque chose au centre de ton estomac s'était réchauffé, faisant battre ton coeur un tout petit plus fort qu'à l'accoutumée. « Au fait, je m'appelle Sora ! Enchanté de te connaître. » Il tendit une main vers toi. « Et toi, c'est quoi ton nom et d'où tu viens? » Ah. Oui. Sora était véritablement curieux, oubliant toute forme de subtilité.

La question concernant ton nom ne te dérangeait pas plus que cela ; ça faisait bien longtemps que tu avais laissé le prénom Annabelle donné par ta mère à ta naissance. Aussi n'eus-tu aucun problème à serrer timidement la main de ton nouvel ami en répondant à sa première question. « O-Oh … T-Tout le m-monde m'appelle S-Stain. » Tu lâchas sa main, laissant ton bras retomber le long de ton corps. Ton estomac se noua lorsque tu t'apprêtas à répondre à sa seconde question. Tu baissas les yeux en grimaçant. « T-Tu ne connais p-probablement p-pas le m-monde d'où j-je viens … I-Il … E-Enfin ç-ça n'a p-plus d'importance m-maintenant … » Tu reniflas distraitement et clignas rapidement des yeux, désirant chasser les larmes qui commençaient à monter.

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