C’était la première fois que Jupiter mettait les pieds ici, à Disney Town. Oh, bien sûr, elle en avait déjà entendu parler par d’autres. Les voyageurs inter-mondes et les gardiens n’étaient pas vraiment ce qui manquait sur le parcours de la bleutée, aussi n’était-elle point ignorante au point de ne pas connaître l’existence de cet endroit. Plus loin, logiquement, se situait le Château Disney, où devait se trouver le Roi Mickey… En théorie. Parce que oui, la petite souris royale semblait être atteinte du même mal – si tant est que cela puisse être ainsi défini – que l’exilée manieuse de Keyblade : la bougeotte.

Jupiter n’avait jamais rencontré personnellement le Roi Mickey, aussi se l’imaginait-elle de plein de façons différentes. Tantôt très grand, tantôt minuscule… Elle ne parvenait pas à se décider sur une forme définitive de la bestiole si praisée par tous et toutes. Enfin bon, ce n’était pas vraiment ses affaires, tout ça. Elle se contentait de massacrer du sans-cœur et c’était déjà bien suffisant. Enfin, il y avait les similis, aussi, dans l’histoire. Il aurait été bon de ne pas l’oublier. En plus, ce n’était pas ici qu’elle voulait originellement se rendre, elle avait pris la mauvaise intersection à la dernière étoile, apparemment. Zut. Comment est-ce qu’elle allait faire pour retrouver le bon chemin sans errer pendant trois plombes, maintenant ?
Bon, elle commença tout de même une petite exploration tout ce qu’il y avait de plus simpliste, les mains dans le dos et l’allure sautillante, comme la petite fille que Jupiter, n’avait au fond, jamais cessé d’être. Lolita vivrait toujours en elle malgré tout, malgré ce qu’elle disait à ce sujet. Un sourire lui échappa tout naturellement alors qu’elle se baladait, sa poitrine non maintenue formant des arabesques de mouvements indéfinissables et surtout très obscènes. La manieuse n’avait aucunement conscience de l’effet qu’elle produisait, sa naïveté très présente en ce jour l’en empêchait, purement et simplement. Les personnes qui jouaient ici détournait le regard à son approche ou bien alors y allait de leurs bons commentaires sur sa tenue outrageante.

Les mots ne l’atteignirent même pas, c’était même tout juste si Jupiter avait conscience que l’on parlait d’elle. Ce n’était pas de sa faute si elle était si court vêtu, après tout. Elle n’avait pas les moyens de renouveler souvent sa garde-robe, ce qui avait pour conséquence de mettre bien trop en valeur ses formes de femme mature. Ce n’était même pas réellement joli, ainsi exposé. Il n’y avait rien de positif à déambuler habillée comme une prostituée. Mais bon, c’était une chose sur laquelle elle n’avait pas d’emprise. Pas vraiment, en tout cas.

Ses pas la menèrent finalement vers une ruelle, un peu plus sombre. Elle réfléchit un peu, peut-être qu’elle pourrait passer la nuit ici. Il n’y avait rien à mal à cela, non ? Personne ne lui disait rien dans les autres mondes, lorsqu’elle squattait une ruelle pour dormir. Et c’est vrai qu’elle commençait un peu à fatiguer, là, tout de suite, maintenant.

Sauf qu’elle n’eut pas vraiment le temps de réfléchir davantage qu’une voix l’interpella sans douceur dans son dos. Cependant, Jupiter ne se laissa pas impressionnée – à vrai dire, ce mot sortait même de son vocabulaire. Elle pivota vers la nouvelle arrivant qu’elle prit soin de détaillée du regard avant d’agir. Elle n’était en rien calculatrice, mais si c’était un ennemi, elle devrait être préparée. Seulement, plus la nouvelle venue parlait etm oins Jupiter la voyait comme telle. Elle parlait… elle parlait tellement ! C’était rare que les gens adresse autant la parole à Jupiter. D’ordinaire, c’était les plus simples politesses et basta. Cette différence, aujourd’hui, contenta la demoiselle qui étira un large sourire sur ses lèvres pâles. Pourtant, ce rictus n’était pas aussi chaleureux qu’il paraissait l’être, il aurait même pu faire peur. Même si ce n’était pas l’effet escompté, là encore. « Bah alors, si tu ‘ne dis rien’, pourquoi tu parles autant ? Pourquoi tu ne te tais pas ? »

La question n’était même pas posée méchamment, Jupiter voulait juste essayer de comprendre. A quoi pouvait bien servir de tels blablas si ce n’était pas à combler le vide ambiant ? Curieuse, elle s’approcha rapidement de l’individu féminin grâce à sa magie de foudre avec laquelle elle avait une affinité toute particulière. « Hein ? Hein ? Hein ? Répond-moiiiii ! » faisait-elle tout en changeant de position à chaque seconde. C’était sa petite technique de combat dont elle était plutôt fière, sauf que là, elle était ramené a un usage tout autre, presque enfantin. Non, beaucoup trop enfantin. Et Jupiter riait.

Ooooh, la fille toute bizarre avait réussi à l’attraper alors qu’elle utilisait sa technique électrique ! Jupiter était impressionné et avait même un grand sourire dessiné sur son faciès, plus candide, celui-ci. Ça ne lui était jamais arrivé, auparavant, de se faire choper ainsi lorsqu’elle employait cette petite astuce qu’elle avait mis du temps à perfectionner. Tant mieux ! Ça lui donnait une bonne excuse pour ne pas se relâcher, elle devait faire encore mieux la fois prochaine !

Elle observant son interlocutrice qui faisait des commentaires de ça, de là sur sa tenue et tout le reste. Son ton n’était pas très aimable, mais ceci passait bien au-dessus de la tête de Jupiter qui se contentait de sourire l’air de rien, attendant que la pipelette termine son speech – dis donc, ça aussi c’était rare de croiser des gens qui parlent autant. Enfin, qui parle autant à Jupiter, plutôt, nuance. Car c’est vrai qu’elle avait très peu l’occasion de se lier avec qui que ce soit. Son errance la forçait à mener une vie assez marginale et donc solitaire. Peu de personnes acceptait de lui adresser la parole et ce pour diverses raisons.

Mais Jupiter ne s’en plaignait pas. S’attacher, ça fait mal, au bout du compte. Et Jupiter, elle n’aime pas avoir mal. Elle déteste ça, même. Du coup, le fait que personne ne veuille d’elle dans un cercle amical ou autre, c’était bien pour ses petites manigances personnelles. Elle n’était proche que de ceux qui la payait en échange de quelques services charnels et encore, uniquement le temps du contrat dont il était question. D’aucun dirait que ce n’est pas une vie pour une jeune femme, mais encore une fois, la bleutée était au-dessus de tout ça. Elle vivait sa vie comme elle l’entendait, en combattant les ombres et rien de plus. Qui voudrait d’une poupée toute cassée, en plus ? C’était très bien ainsi. Chacun chez soi.

L’étrange personne à la chevelure toute rousse finie par arrêter de parler. Jupiter sautilla un peu sur place, faisant donc bouger son imposante poitrine par la même occasion avant de répondre, joviale comme une enfant. « Eh ben ! Qu’est-ce que tu causes, toi ! C’est bizarre ! En plus, vu comment tu parles, tu dois pas avoir un nom commode, pas vrai ? T’as une tête à t’appeler Croc Blanc ! Enfin... Croc Roux ! » Et elle partit d’un éclat de rire enfantin, insupportable mais qu’au fond, on ne pouvait punir. Car Jupiter n’était en rien méchante, elle agissait simplement comme le lui dictait la situation. Rien de plus, rien de moins. « Au fait, merci pour la veste ! Mais tu sais, je ne suis pas un porte-manteau, hein… » Ceci étant dit, elle sera un peu les pans de ladite veste, agréable au toucher. Au moins elle avait un peu plus chaud, c’est vrai.

Seulement, l’heure était venue de mettre les choses au clair, apparemment. « Bah non, j’ai pas d’argent ! Et puis, tu sais, dormir dans des ruelles, c’est moins pire que ce que les gens pensent ! C’est super pour voir le ciel et les autres mondes, tu sais, les étoiles ! ». Nouveau sourire. « Après… Si tu connais des gens qui ont un peu de sous… Je peux leur offrir mon corps pour une heure ou deux et après oui, j’aurais de l’argent pour trouver de quoi manger et me loger au moins une nuit ! »

C’était malsain, comme discours. Et c’était là que brillait le plus le paradoxe de la demoiselle. Elle pouvait tenir les propos les plus obscènes que l’on ne pourrait jamais croire que c’était bien elle qui les avait prononcée. Car elle avait toujours ce reflet particulier, cette âme d’enfant dans le regard. Cet éclat, là, qui pouvait menacer de se briser d’un instant à l’autre si les choses perduraient ainsi.

Baaaaaaah alors quoi ? Jupiter ne comprenait vraiment pas cette fille ! La rouquine avait posé des questions à Jupiter et l’interpellée y avait répondue. Où était le problème ? Non, vraiment, l’exilée ne voyait pas le souci. Et puis d’abord, ce n’était pas Jupiter qui était venue la voir en première mais l’inverse ! Nahmaisoh, si elle avait un souci avec les activités de la bleutée et ben… zut, d’abord ! Oui, carrément, zut ! Mais bon, Jupiter ne dit rien de tout ceci à voix haute, ce n’était pas le but recherché. A la place, elle suivit la demoiselle, intriguée plus qu’effrayée par cette dernière. « Baaaah, t’aurais préféré quoi ? Que je reste toute seule dans la rue à me laisser mourir de faim ? C’est pas très très logique… Surtout que je sais manier une Keyblade, donc je ne peux pas trop me laisser mourir, tu vois ?! Enfin, pas tout de suite ! D’abord, je dois me battre pour pas que d’autres gens perdent leurs Ollie. Tu vois, moi, Ollie je l’ai perdue, mais je la retrouverais un jour, quand les ténèbres me mangerons toute crue ! Sauf que je ne dois pas les laisser faire maintenant, parce que les ténèbres et beeeeen… ils sont déjà bien trop gourmands ! »

Et Jupiter ne pouvait pas les laisser faire, bien entendu.

Les mondes avaient encore besoin d’elle, alors elle lutterait autant de temps qu’il le faudrait. Jusqu’à ce que ses jambes s’endorment, que son corps se décompose, que l’obscurité n’en fasse son sujet dévoué et sans âme. En attendant ce jour, elle patientait et se battait. C’était son seul moyen d’expression, sa bouée de sauvetage. Jupiter ne pouvait aller nulle part, elle n’était plus qu’une étrangère partout où elle posait le pied. Plus de liens pour s’attacher, elle vivait, ou vivotait plutôt, d’un monde à l’autre, avec pour seule compagne de fortune sa solitude et sa mission.

Ses oreilles sifflent. Pourtant, elle parvient à capter son attention sur autre chose. A manger. On lui proposait à manger ! C’était le moyen le plus sûr de s’en faire une amie ! Jupiter laissa un grand sourire illuminer son visage, le rendant terriblement plus beau bien qu’elle n’en ait guère conscience et s’avança jusqu’à l’autre jeune femme, s’emparant du bras de cette dernière sans même lui demander son avis. Et comble de la malchance pour la pauvre rousse, c’est au creux de sa poitrine que son bras fut compressé. La bleutée lui offrit un sourire. « En fait t’es plus gentille que t’en as l’air ! C’est super drôle je trouve. » Elle se cala sur le rythme de sa nouvelle compagne du jour, sa robe trop courte remuant en rythme, dévoilant une partie de son fessier à qui voulait le voir. Ça ne la dérangeait en rien, elle était habituée. « Je sais pas ce que c’est, un panda-taille, mais je veux bien essayer ! Ça a a avoir avec un nounours bicolore, au fait ? »

Elle était curieuse, Jupiter, curieuse de tout. C’était le seul point qui lui permettait de tenir la tête hors de l’eau dans cette vaste immensité qu’est l’univers, berceau et tombe de tous les mondes. « Au faiiiit ! Moi je m’appelle Jupiter ! Et toi, c’est quoi ton petit nom ? »

Parce que oui, elle avait peut-être omis de se présenter convenablement, avant toute chose. Du Jupiter tout craché, en somme. Désormais, rien que de penser à la nourriture avait fait gronder son ventre d’un contentement avancé sur tout le reste.

Elle ne connaissait pas encore très très bien cette drôle de fille, mais ce n’était pas un problème lorsque l’on s’appelait Jupiter. Sa tête lui était sympathique et lui revenait bien alors… pas besoin de plus ! Elle avait ri, d’ailleurs, lorsqu’elle avait voulu reprendre son bras de son étreinte si tendancieuse pour quiconque ne la connaissait pas suffisamment. Huhu, vraiment, Jupiter était tout de même contente d’avoir croisé le chemin de cette dame super méga jolie avec des cheveux rouge feu ! C’était amusant, d’ailleurs, ceux de Jupiter étaient bleus comme l’eau… Elle ria toute seule de cette stupide constatation qui lui avait tout de même fait penser à autre chose.

Elle suivait donc sans broncher la demoiselle, sachant très bien où était la vérité et où se situait le mensonge dans les paroles de son homologue. Don ou cadeau empoisonné, difficile à dire, mais Jupiter était une mentaliste. Elle savait quand on lui mentait, elle lisait le moindre rictus de visage, la moindre contraction des nerfs faciaux et les micro-expressions qui en découlaient. C’était en grande partie pour cela que Jupiter était une solitaire récurrente. Personne n’avait jamais été suffisamment honnête avec elle, à tout point de vue, pour qu’elle puisse envisager de se poser. Et puis même, non, juste non ! Elle avait une mission à accomplir, même si la citadine ne paraissait pas vouloir en croire un traitre mot. Pourtant, manieuse de Keyblade, elle l’était, pas de doute à ce sujet ! Jupiter se dit qu’elle montrerait sans doute Pain of Solitude un peu plus à l’autre une fois qu’elle aurait mangé. Elle lui devait bien ça en plus, la gentille qui ne s’assumait pas !

Les choses se déroulèrent très vite par la suite, Jupiter observa, les yeux médusés, la préparation de ces fameux ‘Pad-thaïs’, lesquels n’avaient, effectivement, absolument aucun lien avec un quelconque nounours bicolore ou quoi que ce soit du même genre. Dans le même temps, elle apprit le prénom et le surnom de sa camarade. Awilda, aussi appelée Wild. C’était joli à l’écoute. Bon, juste le surnom que Jupiter n’aimait pas trop mais ça, c’était son choix personnel. Et pour le moment, elle était davantage intéressée par la boîte qu’on venait de lui tendre et qui sentait divinement bon que par l’appellation de la rougeâtre.

Le moins que l’on eut pu dire, c’était que ce repas tombait à point nommé. Son estomac remerciait avidement sa comparse étant donné qu’elle engloutit tout avant même de pouvoir retenir le goût des aliments. Depuis combien de temps n’avait-elle pas aussi bien mangé ? Deux jours ? Deux semaines ? Deux mois, peut-être ? Jupiter ne s’en souvenait plus. En général, elle volait à l’arracher dans une assiette pour subvenir à ses besoin ou attendait, plus tragiquement, le moment où les restaurants et les échoppes vidaient leurs poubelles. C’était peut-être triste, mais c’était ainsi, elle avait fini par prendre le rythme. C’était sans doute ça le plus abominable dans l’histoire. Sans y prendre goût, elle avait pris le pli. Pauvre enfant coincée dans des responsabilités trop grandes pour elle.

Alors qu’elle avait les joues gonflées à force de trop prendre de nourriture, Jupiter avala tout d’un coup, dans un bruit de déglutition pour le moins fort peu élégant et entreprit alors de répondre à l’ensemble des interrogations d’Awilda qui apparaissait être une camarade manieuse. Jupiter ne pouvait être que ravie ! « Hum, merci pour le repas, Awiwi ! Oui, je préfère t’appeler Awiwi, je trouve ça franchement plus joli ! Huhu… Alors, pour te répondre, ça fait au moins cinq ans que j’ai Pain of Solitude avec moi. J’ai pas trop bien compté en fait. Non, en fait je crois que ça fait plus que ça… Bon, pas grave, mais oui ça fait longtemps que je me bats avec elle ! C’est ma meilleure amie et elle est toujours là pour moi ! Je sais pas trop comment elle est venue en fait… J’ai triste et elle est arrivée, c’est tout ! Je savais même pas que des écoles existaient pour en manier ! Je suis impressionnée ! Tu es dans une de ces écoles, Awiwi ? Tu dois être forte ! »

Elle reprit un peu son souffle avant de tendre le bras droit devant elle. Un éclat lumineux apparu pour précéder l’arrivée préméditée de Pain of Solitude. « Tiens, tu veux la voir de plus près ? Elle est belle, pas vrai ?! » Parce que oui, Jupiter en était toute fière de son arme, après tout, elle était assortie à ses yeux ! Un détail comme un autre qui avait tout de même de l’importance, pour elle. Il n’y avait plus qu’à ça qu’elle pouvait se raccrocher.

Jupiter écoutait avec attention – et de façon très miraculeuse quand on savait qu’elle avait pour manie de ne jamais parvenir à tenir très longtemps en place – tout ce que lui racontait Awilda – récemment renommée Awiwi par ses soins pour le moins douteux. C’est vrai qu’elle ne rencontrait que peu de personnes comme elle, alors en plus, elle pouvait capter deux-trois informations, pourquoi pas, hein ? Celui qui l’avait sauvé lui avait déjà rabattu les oreilles pendant trois plombes avec toutes ces histoires de ténèbres et tout le toutim alors qu’elle venait juste de perdre Ollie, sa lumière, son éclat. La bleutée pouvait donc bien supporter la même rengaine alors qu’on venait de gentiment lui offrir à manger ! En plus, elle avait encore faim, dans tout ça… « Ah oui, je veux bien encore à manger, si ça ne te dérange pas, Awiwi ! Ca faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien mangé et j’adooooore ça ! » Au moins, elle saurait maintenant ce qu’est un Pad-Thaï !

« Oh et puis pour le reste… Non merci, j’ai pas envie d’aller à l’école. Il nous a toujours empêché d’y aller Ollie et moi et j’ai pas envie de commencer maintenant en fait. Même si c’est pour combattre les ténébres, ce n’est pas très grave, je m’en sors bien toute seule, tu sais ? J’ai jamais eu besoin d’aller à l’école pour faire apparaitre Pain of Solitude ! » Ça lui paraissait même un peu adhérant qu’un tel établissement existe mais bon, ce n’était pas vraiment à elle d’en juger, au fond. Se pourléchant les lèvres, Jupiter laissa son dos reposer sur le dossier du banc  baillant ostensiblement. Elle avait encore faim mais elle avait aussi un peu sommeil.

Tout a coup, l’envie de poser des questions idiotes la reprit. Elle ne put donc s’empêcher de s’exprimer comme à son habitude, comme une enfant trop curieuse. Chose qu’au final, elle n’avait jamais cessé d’être. « Ça fait longtemps que tu vis ici, Awiwi ? C’est bien ? J’étais jamais venue avant ! Ça me fait tout bizarre quand même ! Enfin bon, j’ai l’habitude de découvrir pleins de mondes sans le faire exprès parce que je me perds souvent ! Je suis pas très dégourdie avec mon sens de l’orientation ! C’est pour ça que j’atterris souvent un peu n’importe où, huhu ! »

Tout en regardant les gens marcher dans la rue, elle ajouta à la suite « Tu as de la chance quand même. C’était pas comme ça dans mon monde. Enfin, pas trop. Je sais pas trop en fait je sortias pas beaucoup, il voulait pas du coup je restais souvent à la maison avec Ollie. C’était bien ! Enfin, quand il nous tapait pas dessus, bien sûr ! Mais c’est du passé maintenant. »

Jupiter s’étira alors comme un chat, sans aucune classe ni notion de décence – pour ne pas changer, en somme – puis, continua de parler, encore et toujours. A croire que cette fille ne pouvait pas vivre sans brasser de l’air et parler ! Oh, mais, c’était presque ça en vrai. « Au fait, Awiwi, à part moi, tu as déjà rencontré d’autres manieurs de Keyblades ? Il parait qu’on est nombreux mais j’en ai jamais rencontré beaucoup en fait. T’es la troisième ! »

Parce que oui, elle comptait aussi le mystérieux guss qui l’avait sauvé lorsque son monde avait été détruit. Mais elle ne l’avait plsu revu depuis. Parfois, elle se demandait s’il allait bien. Parfois seulement. Parce que Jupiter n’était plus du genre a se soucier de l’avenir. C’était ça de ne plus avoir de vrais repères.

Jupiter aimait bien discuter avec Awiwi, c’était un peu rigolo ! Mais bon, Jupiter se dit aussi que, la prochaine fois, elle fera un peu plus attention en parlant de Ollie, parce que Awiwi semblait être le genre de personne qui s’accroche à un détail pour le ressort encore et encore. Hu, Jupiter n’aime pas trop ça mais bon, Jupiter peut seulement se mordre la langue, maintenant. C’est pas de la faute de la rousse si le sujet est revenu, c’est de la faute de la manieuse bleue. Elle sera plus prudente la prochaien fois. En attendant, même si elle écoute Awiwi parler encore et encore et encore bah… Jupiter elle commence à s’énerver.

Awiwi est gentille, Awiwi a donné à manger à Jupiter en plus d’une veste toute chaude. D’accord, Jupiter ne dit rien contre ça. Mais…. Awiwi ne pourrait pas se taire, parfois ? A l’entendre, tout se résout par A + B. C’est faux, c’est pas vrai. La vie est plus compliquée que ça, Jupiter le sait bien. C’est parce que la vie n’est pas simple que Jupiter et Ollie ont dû subir ce qu’elles ont subis. Alors, même si Jupiter tenait les rebords du banc pour essayer de se calmer, elle n’y arrive plus. Elle regarde Awiwi droit dans les yeux, avec une œillade froide, glaciale.

« Et qu’est-ce que ça peut te faire, à toi ? C’est facile de parler lorsque l’on ne connait pas. Ollie c’est Ollie. C’est tout. Awiwi n’a pas besoin d’en savoir davantage. »

Parce que Jupiter ne cesserait jamais de pleurer sa tendre sœur et que manier une Keyblade était temporaire avant qu’elle ne meurt.

« Awiwi devrait faire plus attention lorsque Awiwi parle de quelque chose qu’elle ne connait pas. Parce que un jour, ça pourrait revenir dans la figure de la gentille Awiwi comme un retour de flammes… Et Awiwi peut me croire, les flammes, ça brule tout plein et c’est désagréable ! »

Maintenant qu’elle estimait l’avoir prévenu, Jupiter détendit de nouveau ses traits, souriant à Awilda comme si de rien n’était. Ce n’était pas dans sa nature que d’être froide de la sorte ; mais parfois cette jauge de sécurité ressortait pour son propre bien… et celui des autres.