Avalon, cette terre neutre dirigée sous une monarchie jusqu’à maintenant indétrônable. Une ville à la fois moderne et médiévale, un contraste plutôt particulier … Une ville sous la protection de la lumière bien que les ténèbres cherchent toujours à s’en emparer … Quoi de mieux que de semer le chaos sur un terrain de jeu qui ne nous appartient pas ? En ce jour … Ce jour d’ennui … Je me rendis dans cette cité, aux dernières lueurs du crépuscule. Que j’aimais le ciel lorsqu’il se teintait d’une nuance rouge … Rouge comme le sang … Le moment parfait pour une petite « distraction » … Je déambulais dans les rues … Parmi les gens … Parmi les pantins … Je repérais mes proies … A moins que je ne frappe au hasard ? Cruel dilemme … Ou peut-être pas …  Tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces enfants autour de moi … Lequel d’entre eux allait donc ouvrir le ballet … Entrer dans la danse … Lequel d’entre eux aurait l’honneur d’être le catalyseur d’une panique générale … Douce panique … Bientôt … D’ici quelques minutes … Une poignée de secondes … Des cris retentiront … Me plongeront dans une douce euphorie. Un rictus se dessina sur mon visage tandis que tous ces gens ne se doutaient de rien … De rien du tout … Pour eux, j’étais une jeune fille comme les autres … Certes un peu bizarre, un peu étrange, un peu sombre … Mais ils étaient loin d’imaginer  à quel point mon âme était corrompue … Noire … A quel point ma soif de sang était incontrôlable. Mes pupilles rougeoyaient déjà à l’idée de ce massacre. Ils étaient tous tellement crédules … Des pantins … Des marionnettes … Attendant que quelqu’un veuille bien manipuler leur misérable vie … Je les manipulerai donc … Mais pas pour leur vie non … Je saisis ma faux qui était accrochée à mon dos, cet instrument de torture ... De mort … Ce métal froid … Aussi si froid que mon cœur inutile … Cet accessoire qui tranchait si facilement cette fine épiderme qui recouvrait les humains, cette fine épiderme qui cachait les chairs et qui déverserait un flot d’hémoglobine lorsque la lame entrera en contact avec celle-ci… Restait à savoir par qui j’allais commencer et comment ? Homme … Femme … Enfant … ? Faux … Pouvoir … ? Je scrutai les alentours … Les expressions … Ces visages allant du plus profond sourire, de la plus profonde joie, jusqu’à la plus profonde tristesse, au plus grand désespoir, parfois passant par l’indifférence … Les humains étaient si … différents … différents de moi … Ma faux avait provoqué son effet … Certaines personnes commençaient à me prêter attention … Regard interrogateur … Regard angoissé … Ils commençaient à me contourner … Commençant enfin à comprendre que je n’étais pas comme eux … Je les provoquais du regard … D’un regard innocent … Toujours le sourire aux lèvres … Lequel choisir ? Ce garçon là-bas avec ses écouteurs dans les oreilles ? Cette demoiselle qui riait aux bras de son compagnon ? Et pourquoi pas tout ce beau monde à la fois ? Je me postais au milieu de la rue, baissant la tête, contemplant le sol si inintéressant, un sourire sadique sur les lèvres, caché par cette cascade de cheveux noirs. Je fermais les yeux … Le choix d’une victime était tellement difficile … Je n’allais pas faire de choix … A l’aveuglette … Démarrer ce massacre au hasard … Je sentais ces présences autour de moi, certaines me frôlant presque. D’un geste  franc et inattendu, ma faux fendit l’air en demi-cercle, franchissant les obstacles qui n’étaient autres que des corps innocents. Des gouttelettes de liquide chaud éclaboussèrent la peau pâle de mes bras. Je souris de plus belle, toujours la tête blessée, me demandant combien ma faux avait faite de victimes … Des hurlements se firent entendre, des pas pressants … des pas de course … Tandis que j’entendais le bruit lourd de corps s’effondrer … Je relevai les yeux, devant moi quatre corps baignant dans une mare de sang, certains morts sur le coup, d’autres agonisant dans un râle de douleur. L’odeur métallique envahit délicatement mes narines, un effluve délicieux dont je ne me lasserais jamais. Avec une rapidité étonnante, je donnais deux, trois coups de faux, faisant tomber les corps au fur et à mesure, me couvrant un peu plus de sang innocent. Que c’était bon … Cette fois-ci, aucun petit oiseau n’intervenait … Ce petit oiseau que j’avais épargné … Sans trop savoir pourquoi … Aujourd’hui, il ne m’empêcherait pas de tuer … D’écorcher … Il ne toucherait pas mon cœur inutile … L’adrénaline, les cadavres, l’odeur du sang, la panique, ce sentiment de peur que je pouvais ressentir … Tout ceci me fit éclater d’un rire froid, dénué de joie. Mon regard qui avait perdu sa teinte écarlate et repris cette jolie couleur violette se posa sur un homme. Je lui souris malicieusement, passant un doigt couvert de sang sur ma lèvre inférieure. Je pris un ton détaché. « Pourquoi tu ne te sauves pas … Pourquoi ne sauves-tu pas ta misérable vie ? » Je me mordillais la lèvre, cette lèvre couverte de sang, amenant un goût métallique dans ma bouche. Je continuais plus pour moi-même. « Je pense que j’ai trouvé mon jouet. ~ »

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Que le sang coule à flots.

Moi en mode « touriste » ça donnait souvent l’image d’un beau et riche homme cherchant de quoi s’occuper. Parce que oui, dans un sens, j’avais de quoi subvenir à mes besoins pendant longtemps sans travailler. Merci papa un et deux. Surtout le un. C’était assez pratique ce genre de chose. Au moins, j’avais le droit à profiter de la vie quand la confrérie ne m’appelait pas. Comme en ce moment. Au lieu de rester chez moi à compter les dorures de mon plafond ou à contempler la vipère dans sa chambre… Autant aller prendre l’air. Cela faisait en plus longtemps que je n’avais pas pris de temps pour moi.

C’était donc sur un coup murement réfléchit que j’avais actionné mon miroir vers Avalon. En y mettant les pieds, je pensais tomber dans une maison devant une femme en train de s’habiller. Ça ne m’aurait pas dérangé hein ! Mais non… Une ruelle, nauséabonde. Qu’est-ce qu’un miroir foutait dans un trou du cul comme ça sérieusement ? Tout en soupirant, je me dirigeais vers une rue principale. La tête basse, je regardais le sol comme un zombie. Avalon. Pourquoi déjà ? Je haussais les épaules, je ne savais pas. Une envie passagère. Quoi qu’il en soit, je devais rester au moins une heure pour ne pas penser avoir perdu mon temps.

Cela faisait deux fois que j’entrais dans cette ville. Elle n’avait rien d’exceptionnelle. Fallait bien l’avouer et puis son souverain était légèrement casse pied si ce n’était pire. La vie battait son plein sans rien pour venir la perturber. Tout ce qui perturbait ici c’était moi. Les demoiselles se retournaient vers moi. Fière de ma personne et comme un coq, je levais la tête avant de voir un mouvement de masse venir vers moi. Ça, ce n’était pas pour mon succès fulgurant… Dans l’acte, un homme me bouscula. Il m’agrippa la chemise, heureusement que ce n’était pas la cravate sinon je serais mort, en me disant de faire demi-tour. Il me précisa qu’une « faucheuse » était en ville. Une quoi ? Il me lâcha et reprit sa course.

Pour ma part, la curiosité prenant le pas sur mon envie de vivre, je remontais la rue en évitant de temps à autre des gens complètement aveugles. Trop prit par leur envie de vivre. J’esquivais d’un mouvement d’épaule une femme en pleure. Plus je continuer de remonter et moins le monde se faisait important. Normal dans un sens. Mais en pleine progression, je suis surpris par une sensation étrange au fond de moi. Oh… Du sang. Au détour d’une rue et en tournant la tête, je tombe sur un spectacle bien étrange. Des cadavres ou des gens souffrants et au milieu de ça, une fille. Droite avec une faux. Ok… Mmmh… Elle se mit à éclater de rire sans que rien ne donne envie. Son regard se posa alors sur moi. Moi qui avais croisé les bras sans m’en rendre compte. Son rire se transforma en sourire. Le sang couvrait sa tête comme une enfant ne savant pas peindre. Elle le passa sur sa lèvre et prit la parole. Ohoh ! C’était le moment de lui faire comprendre à qui elle se frôtait…

▬ Si tu crois que j’ai peur d’une détraqué du bocal…

Sur un ton plus blasé que d’ordinaire. Quoi ? Autant être franc non ? Je ne voulais pas qu’elle pense que j’étais aussi faible et débile que le reste du petit monde. Membre de la confrérie oblige, je n’allais pas trembler devant la première gamine avec un pet de boulons dans la tête. Il m’en fallait plus. Le plus c’était des serpents. Hors, mise à part elle, les cadavres et moi il n’y avait rien. Je me mis à sourire. Elle croyait vraiment me faire peur avec le sang ? Si elle savait que j’étais le maître de l’hémoglobine, c’est plutôt elle qui aurait peur. Mon sourire devenait plus important. Non… Je n’allais pas… Elle se mit alors à se mordre la lèvre. Sa dernière remarque me passe par une oreille et ressort par l’autre. Dans un murmure je la fixais et fis entre mes dents,

▬ C’est ça ma pauvre. L’espoir fait vivre.

Ma tête se positionna assez droite pour lui faire comprendre que de mon point vu, elle n’était rien d’autre qu’une petite chose facilement écrasable. Mes mains terminèrent dans mes poches et sans plus de mots, je lui tournais le dos. Autant lui faire comprendre assez rapidement que je ne comptais pas courber l’échine et devenir son mannequin. Mon sang est et sera précieux. Je n’avais pas à le gaspiller en répondant à une envie folle d’une enfant psychopathe. Dans un soupire, je lui faisais un signe de main pour lui signifier que c’était un adieu. À peine arrivé déjà reparti ? Oui c’était l’idée. Mais en même temps, j’étais venu en touriste et non pour me taper du travail. Même si par son acte je comprenais très bien qu’elle n’était pas un membre de Lumière. À moins d’être complètement torché, j’avais compris. Citoyenne des Ténèbres. Parce que de la confrérie, j’en aurais entendu parler.

Non sans envie, mes pas étaient décidés pour m’en aller avant qu’on ne m’interpelle dans un gémissement. Mon regard tomba sur une femme ensanglanté de préférence. Sa main baignait dans la couleur rouge et elle agrippa mon pantalon neuf. Heureusement qu’il était noir ! Silence allait me tuer… La victime m’implora de l’aider. Mais rien que de voir le sang sur elle, ça me donnait des frissons. J’avais envie d’utiliser mon pouvoir sur elle. Je me penche vers elle. Sa voix m’implorait mais au lieu de la sauver des griffes de la mort, je pris un peu de son sang pour l’étaler sur mes doigts avec mon pouce. Chose faite, je le goûtais. En tant qu’expert, pas pour faire joli.

▬ T’es même pas foutue de prendre des cibles de choix. Bas de gamme à en pleurer.

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Le sang ... Ce liquide vital qui circule continuellement dans nos veines ... Ce liquide écarlate et son odeur métallique ... Cette douce odeur qui me montait au nez, me rendant euphorique ... La vision de nombreux cadavres éviscérés, baignant dans leur propre sang, répugnaient la plupart des gens ... Une véritable vision d'horreur ... Pour moi, au contraire, je m'en délectai ... Une atmosphère si enivrante ... Tout le monde avait pris la fuite devant ce spectacle macabre, courant pour sauver leur peau ... Sauf un ... Un qui venait dans ma direction ... Etait-il fou ? Ou simplement inconscient ? Jouant avec mes doigts couverts de sang sur ma lèvre que je mordillai ensuite, je m'adressai à lui ... Le questionnant ... Le questionnant sur son inconscience ... Un autre sauveur d'innocents peut-être ? Il avait pourtant quelque chose de ... particulier ... de ... malsain ... Malgré sa réplique dégradante ... Je continuai à lui sourire ... Répondant au sien ... Pourquoi souriait-il ? ... Aurait-il besoin d'une petite leçon de conduite ? Oui j'avais trouvé ma cible ... Mon jouet ... Il marmonna une phrase entre ses dents que je n'entendis pas avant de me tourner le dos, les mains dans les poches ... Mon sourire disparut ... A cet instant ... Il ... m'agaçait ... beaucoup ... Je le fixai tandis qu'il me faisait un signe de la main d'une nonchalance véritablement consternante ... Je le regardai s'éloigner dans l'intention de jouer au chat et à la souris ... Comme si j'allais le laisser partir ainsi alors que j'avais jeté mon dévolu sur lui pour me distraire un peu ... Une de mes victimes ... Une des rares à être encore en vie attrapa le bas de son pantalon, le suppliant de l'aider ... Je l'observai ... S'abaissant vers la femme agonisante ... Prélevant simplement un peu de sang sur ses doigts avant de le porter sur ses lèvres ... Je souris ... Je passais de nouveau ma langue sur ma lèvre inférieure afin de goûter moi aussi à ce liquide métallique. Alors comme ça mes cibles étaient bas de gamme ... Oui et alors ... Je m'avançais vers lui, me plantant devant lui, un sourire mauvais sur les lèvres. "Un connaisseur ? ... Je ne les ai pas choisies ... Ce sont elles qui sont venues à moi ..." Je baissais les yeux vers cette femme toujours envie, la retournant avec mon pied, appuyant sur l'une de ses plaies, tandis qu'elle continuait à pousser des cris de douleur ... Quelle jolie voix ... Je l'écoutais  un instant jusqu'à ce que cette voix si aiguë devenait trop agressive pour mes douces oreilles. La fixant, mes pupilles rougeoyantes, sa nuque se brisa sans même que je ne bouge le petit doigt ... Je reportai mon attention sur cet inconnu, le défiant du regard. "Un jouet ou un partenaire de jeu ? ..." Me mettant sur la pointe des pieds, j'approchais mon visage du sien, gardant toujours ce contact visuel instant, tenant ma faux derrière mon dos. "Peut-être que tu pourrais me montrer où sont les cibles de haute gamme ... Que je puisse m'amuser un peu ..." Je me reculai, reportant mon attention sur mes victimes ... En cherchant une qui pourrait être potentiellement encore en vie ... Aucune ... La mort les avait toutes emportées ... Je frottais la lame de ma faux sur l'une d'elles, maculant un peu plus ses vêtements. Je m'appliquai dans ma tâche pour finalement poser mon regard sur cet élément perturbateur, le regard provocateur. "Soit on s'amuse ensemble avec des cibles de choix ... Soit je m'amuse avec toi ... Sinon ... Sinon ... Tu dégages de ma vue ..." Qu'il apprécie ou non, tant pis pour lui ... J'avais besoin d'une distraction, pas d'un fauteur de troubles ...

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Que le sang coule à flot.

Moi qui était venu ici en touriste, les mains dans les poches pour ramener quelques belles beautés parfaites dans mon manoir… Je me retrouvais devant une psychopathe en manque flagrant d’amour étant plus jeune. M’enfin. Au moins son comportement, je pouvais cerner la bête et comprendre qu’elle était soit un membre de la Confrérie, soit une Citoyenne des Ténèbres. Non parce que ce n’était pas un petit bonhomme de Lumière qui pouvait faire un massacre de la sorte ! Mais vu que je connaissais les membres de notre organisation, je devais donc opter pour la seconde chose. Décidemment, notre entourage de l’ombre était fait de spécimen…

J’avais décidé de partir rapidement de ce spectacle sans importance pour moi. Je ne tuais pas par pulsion. Non, ce n’était pas amusant de faire ainsi. Je préférais largement tuer pour l’envie. Vu qu’elle était donc assez rare, les morts ne devaient pas dépasser le nombre d’une dizaine tous les deux mois voir six quand je manquais de mission. Alors que je m’apprêtais à l’adonner à son jeu malsain, une de ses cibles m’attrapa le pantalon et me supplia de l’aider. Ok j’étais devant elle à la bâcher mais ça ne voulait rien dire. Comme simple réponse, je me contentais de goûter le sang de la victime. Je grimaçais. Les habitants de ce trou ont tous ce goût ? Je lâchais un commentaire à la petite fille à la faux. Cela eut le don de l’approcher. En me redressant, je portais de nouveau mes mains dans mes poches.  

Elle me demanda si j’étais un connaisseur. Comme si elle parlait de vin. Puis elle me fit que c’étaient ces gens qui avaient décidés de venir ainsi. En regardant autour de moi, je pouvais constater que le destin avait une drôle de façon de montrer sa présence. Ce qui attira bientôt mon attention fut les plaintes, ou plutôt les cris d’une personne près de moi. En baissant les yeux, je ne pus que constater avec quelle perversité la petite brune s’amusait à martyriser la femme. Puis, sans qu’on nous ayons bougé, elle se tut. D’accord. Je venais de comprendre. La gamine avait un pouvoir. Génial ! Son attention se reporta sur moi. Elle ne me laissait pas spécialement le choix de la marche à suivre. Tuer ou être tué. Heureuse perspective. Quoi que, face à une enfant de la sorte, je me retenais d’éclater de rire. Elle venait sans doute de tuer des gens, mais en soi, elle n’avait pas la tête de l’emploi. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Pourtant, vu la tonne de cadavres à ses pieds… Elle approcha alors son visage du mien. Elle était petite. Nan mais en vrai, je ne sais pas comment elle faisait pour aller aussi haut. Je souriais à ma pensée. Vilain garçon…

▬ Je ne joue jamais contrairement à toi.

Je la laissais alors me quitter. Ce n’était pas pour me déplaire à vrai dire. Je lâchais un long soupire avant de passer une main sur ma nuque en la regardant trafiquer son petit manège. Elle essuyer carrément sa lame sur un cadavre. Si j’avais été du genre à porter une arme, j’aurais fait de même. Mais je préférais largement le corps à corps. Son nez se releva alors sur moi et son regard se posa de nouveau sur moi. Sa proposition me fit lâcher un rire sincère. Je levais les mains comme pour lui signifier que je ne savais pas. Pourtant, j’avais déjà la réponse. La petite joueuse voulait se dépenser ? Soit. J’allais lui donner de quoi suer.

▬ Sois à la hauteur ou je n’aurais aucun scrupule à écraser ton minois sur le pavé.

La déclaration de conflit était doc ouverte ! À nous deux. À voir lequel sera le plus enclin à mater l’autre. Lequel sera tiré parti du jeu qui allait se jouer. Franchement, en soit, je n’avais eu aucune envie d’en venir là. Mais avec le massacre, la femme me tenant le pantalon et les piques de la gamine, je devais avouer que cette dernière m’avait mise en bonne condition. Il fallait juste un premier pas de sa part pour entamer le combat. Quoi que, pourquoi attendre qu’elle le fasse alors que j’ai assez d’hémoglobine pour jouer avec le reste du monde ? J’amorçais un sourire avant de m’approcher d’elle. Nez à nez, j’étais à moins de quelques centimètres. Ne lâchant pas mon sourire, je prenais son menton dans une main avant de la lever vers moi. Mon dos se courba pour que ma tête termine près de son oreille. Mais au lieu de parler, je laissais mon pouvoir d’anomalie prendre le dessus pour lui donner une désagréable sensation de brûlure là où mes doigts étaient.

▬ Que le meilleur gagne petite fille.

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Ah pourquoi était-il venu perturber mon massacre ? Pourquoi fallait-il toujours que quelqu'un m'interrompe ? Ce qu'il était agaçant cet homme en noir ... Je vins un instant le provoquer en m'approchant le plus possible de son visage. Oh il n'aimait pas jouer quel dommage ... Je ne pus m'empêcher de lâcher une proposition soit jouer ensemble ou me laisser tranquille, voyons voir, il devait bien être un peu joueur tout de même ? Je souris à sa réponse. "Hmmm ... Un homme, un vrai ... Mais tu ne vas quand même pas faire de mal à une pauvre jeune fille sans ... défense ?" Il s'approcha, osant poser ses doigts sur ma peau délicate et approcher sa bouche de mon oreille. Je restais immobile, cherchant à comprendre ses intentions. De la provocation peut être ? Je sentis une sensation de brûlure au niveau de mon menton, écoutant ses mots, et me reculais un peu trop brutalement, le fixant de mes pupilles pour l'instant encore innocentes. Je restais un instant à le regarder comme un prédateur appréhenderait sa proie. Simplement ... Je commençais à me demander qui de nous deux serait la proie ... L'air sérieux, je finis par de nouveau m'adresser à lui. "A quoi tu joues ? ... Tu penses pouvoir me faire peur ? ... Tu te trompes. Laisses tes tours de magie de pacotille au placard, je commence à croire que tu n'es pas digne de m'affronter. Aurais-tu peur de salir ton joli costume ?" Je lui lançais un sourire mauvais. "Soit ... Affrontons nous si tu y tiens ! Mais d'abord ... Me ferais-tu l'honneur de te présenter ?" Je m'avançais lentement vers lui, lui tournant autour pour le détailler d'un air nonchalant. Il n'était pas qu'un simple mec en costard ... Il était beaucoup plus que ça ... Son assurance et la brûlure que j'avais ressentie me prouvaient qu'il était puissant et qu'il ne serait pas si aisé de le soumettre. Mais pourtant, je restais de marbre, continuant mon petit manège de jeune fille innocente tandis que je me plantais de nouveau devant lui. Oh non, je n'attaquerais pas en première, je ne voulais pas lui faire se plaisir de me jeter sur lui sans réfléchir et je voulais voir de quoi il était capable. Tournant ma tête sur le côté, prenant une expression angélique et enfantine, je repris : "Et ... Si je parviens à te soumettre à moi ... Qu'est-ce que j'y gagne ? ..." Je levais ma faux vers son visage, venant caresser sa joue de ma lame froide et encore quelque peu maculée de sang, sans pour autant l'entailler. Je fis descendre la pointe de celle-ci sur son coeur, sans pour autant l'appuyer, sans même abîmer sa tenue si élégante. Ma faux le quitta, revenant se plaquer derrière mon dos. Je fis mine de réfléchir. "Hmm ... Peut-être que si je gagne, tu pourrais rejoindre nos rangs ? Un grand gaillard comme toi pourrait nous être utile. Enfin, je suppose ... Tu ne m'as pas encore montré ce que tu savais faire. Peut être n'est ce que du bluff et que tu vas t'enfuir en courant dès le premier craquement de tes petits os délicats ..."

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Que le sang coule à flot.

Lorsqu’elle me lâcha un « pauvre fille sans défense » je ne pus m’empêcher d’étouffer un rire. Sérieusement ? Mais vu que je prenais ça comme de l’humour, je me mis à regarder autour de moi, sous mes chaussures au cas où j’avais écrasé cette fille-là. Mais ne voyant rien, je haussais les épaules pour finalement m’approcher et la toucher. J’étais un homme très tactile avec le sexe opposé. On ne pouvait pas m’en vouloir… Je laissais alors, sans crie égard, mon pouvoir d’anomalie me parcourir l’être et la réaction de la fillette s’en suivit rapidement. Elle se recula vite fait bien fait. Son regard me fixant, elle prit alors la parole pour me poser des questions. Je souriais à chacune d’elles.

▬ Oh ! Moi je joue ? C’est mal me connaître gamine. Je sais très bien que je ne vais pas faire peur à une psychopathe dans ton genre. Puis si j’étais toi, je n’insulterais pas un pouvoir aussi précieux et dangereux que celui-là. Tu risquerais de le regretter. Mais je ne vais pas mentir, il est neuf et je n’ai pas envie d’une enfant s’amuse à le déchirer par manque d’amour maternel.

Mais j’avais engagé le combat après. Du coup, mon costume allait devoir attendre sagement. Mais sa question plus intelligente frisa pour moi la surprise. Elle me demanda mon identité. Si elle croyait sérieusement que j’allais le donner à une personne extérieure à la Confrérie, elle se foutait le doigt dans l’œil ! Je me contentais simplement de m’incliner comme un gentleman devant une femme de haute lignée avant de lâcher,

▬ L’homme-serpent te suffira. Mais toi alors ? Tu en as un ou je vais devoir t’appeler sucre d’orge ?

En me redressant, que fut ma surprise de la voir s’approcher de moi. Elle me détaillait comme un mannequin. De la tête aux pieds. À quoi est-ce qu’elle jouait ? Elle croyait me démasquer ? Je me laissais faire. Pour une fois que c’était le contraire, je n’allais pas cracher sur la chose. Même si c’était une gamine. Mais je savais qu’elle ne regardait pas mon beau corps d’Apollon. Non, elle avait l’air de m’étudier comme un animal. La petite refit surface devant moi et elle prit une expression qui me fit grimacer en détournant les yeux rapidement. Mais pourtant, très vite, le reste de ses paroles me fit revenir à elle. Ce qu’elle gagnait si elle arrivait à m’avoir ? Je pouffais.

▬ Je te payerai les manèges !

Sarcasme quand tu nous tiens ! Je me pris à sourire quelques instants à mes propos avant que les choses ne changent un peu. Je ne fis aucune mouvement quand la minute qui suivit, la faux arriva prêt de mon visage sans pour autant le toucher ou me faire le moindre mal. La lame descendit à ma poitrine et je ne sourcillais même pas. Puis lorsqu’elle retira son jouet de ma personne et qu’elle reprit la parole, je crus m’étouffer dans mon rire,

▬ Vos rangs ?! Oh mon dieu comme je suis existé à l’idée !! Tu te fous de moi ? Te rejoindre avec tes amis imaginaires ? Très peu pour moi. En ce qui concerne la fuite…

Un mauvais sourire commença à étirer mes lèvres petit à petit comme si je venais de trouver quelque chose de grandiose. Voir de tomber sur une perle unique. Un sourire qui signifiait juste que cette chose allait m’appartenir par tous les moyens. Je me décidais de lui faire un peu ravaler ses paroles de petite fille et de laisser la grande personne prendre un peu le dessus. Dans un simple mouvement théâtral et gracieux du poignet mes doigts suivant le rythme, deux d’entre eux se pointèrent vers quelque chose d’invisible et finalement, mon mouvement termina en direction de la gamine.

▬ Je réponds à tes craintes ? Oh et… Oups alors ! Tu saignes… .

je m’approchais d’elle pour n’être qu’à quelques millimètres de son visage pour laisser tomber, Et lorsque la dernière goutte de ta précieuse vitalité sera entre mes mains, tu ne seras plus qu’une carcasse de peau desséchée comme les pages d’un vieux livre poussiéreux...

Je me redressais suite à mes mots avant de lâcher un nouveau sourire plus horrible que le précédent. Je pris alors le loisir de récolter le précieux liquide qui coulait sur sa petite joue. Je le portais à mes lèvres pour étudier le sang avant de lâcher d’un rire moqueur.

▬ Tu aimes jouer avec la vie des gens et voir leur sang couler mais franchement, le tien n’a aucun goût. Une horreur en bouche.

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Il semblait relativement sur de lui, vantant les mérites de son pouvoir que je devais de decendre par quelques mots. Le provoquer pour avoir plus d'informations. Je le fixais lorsqu'il s'inclina. L'homme serpent ... intéressant ... D'où lui venait donc son surnom ? De son sang froid ? Tourner autour de lui comme un lion en cage semblait loin de l'impressionner, mais je devais avouer qu'il m'intriguait. Je me stoppais lorsqu'il me retourna la question, hésitant un instant à sa "plaisanterie" avant de ricaner. "Appelles moi comme tu le souhaites ... Si l'idée de te faire écraser par une ... confiserie ... ne te fait pas perdre toute cette dignité apparente ... Ou contentes-toi de mon prénom. Alice." Je n'avais aucun intérêt à user de mon énergie dans un affrontement si je n'y gagnais rien. Mon temps était précieux, Maléfique avait certainement besoin de moi ailleurs. D'un ton sarcastique, il me répondit tandis que je me tenais face à lui à le dévisager. En le regardant bien, en voyant son comportement, il me faisait penser à lui. Une légère angoisse me serra l'estomac en y pensant. Oui, il était comme lui ... Ce même style d'homme à ne pas y toucher, ce ton froid et sarcastique, ce calme presqu'un peu trop posé pour être vrai ... Je me contentais de l'ignorer. Je me devais de maitriser cette soudaine peur illégitime. La lame froide approcha son visage. Lui faire croire que j'étais sûre de moi ... Oublier les battements incessants et tachycardique de mon coeur. Je tentais une proposition. Si cet homme effrayait mon être, il valait mieux pour moi de l'avoir dans mon camp, le menaçant implicitement. De nouveau, sa réponse fut précédée d'un rire, je n'appréçiais pas cette nonchalance et cette moquerie et il commençait à doucement m'énerver. Je fronçais les sourcils, l'air soudainement sérieux, écoutant sa voix si agaçante, mais pourtant si familière et perturbante. De plus en plus de ressemblance avec lui, trop de ressemblance ... Calme... Calme ... Mais son sourire en devenait inquiétant, presque malsain. Un flash ... Son visage ... J'inspirais profondément fermant l'ombre d'un instant les yeux pour effacer cette bribe de mon esprit. Puis mon coeur s'arrêta subitement à ses mots pour rependre de plus belle. Quelque chose coulait sur mon visage, un liquide chaud dont je connaissais si bien l'odeur. Je restais figée, comprenant que celui-ci provenait de l'endroit même où il avait touché ma peau quelques instants auparavant. Je saignais ... Je serrais les dents lorsqu'il s'approcha, le regard froid et sérieux, en réalité tétanisée par cette proximité à l'intérieur. Ne pas montrer la crainte, l'angoisse ... Juste faiblesse ... Il m'exposait les conséquences de son pouvoir, me glaçant le sang au passage. Mon pouls se mit à battre dans mes tempes, un malaise s'emparant de moi. Lorsqu'il approcha sa main de mon visage pour cueillir la goutte de sang, j'eus un soudain mouvement de recul, la peur passant brièvement sur mon visage qui redevint vite sérieux. Il porta mon hémoglobine à ses lèvres, lançant un commentaire sur son goût. Je devins plus hargneuse, me mettant en garde. "Bien meilleur que le tien espèce d'ordure ... Tu as débuté le jeu avant même que nous ne l'ayons décidé. Mais je suppose que je ne pouvais rien attendre de mieux de la part d'une vipère dans ton genre ? Je me ferais un plaisir de t'emporter en enfer avec moi ..." Un ton si dur cachant une profonde panique, si bien dissimulée ... D'un mouvement brusque, je fendis l'air avec ma lame, visant son torse dans une attaque à l'horizontale. Sans attendre de voir les dégâts causés, je fis apparaître un portail des ténèbres afin de m'y engouffrer, lui glissant quelques mots à l'attention de l'homme serpent. "Attrapes moi si tu peux ..." Je réapparus sur le toit d'une maison, assise sur la toiture de tuile, l'observant les yeux rougeoyants.

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Que le sang coule à flot.

Ainsi donc, le sucre d’orge avait un prénom. Alice. Bien dommage qu’elle ne soit pas comme la petite Alice du monde Wonderland. La petite Princesse de cœurs d’un royaume complètement barge dirigé par une bonne femme d’une laideur et d’un caractère de cochon ! J’ai nommé la Reine de cœur ! Elle et ses envies de décapiter tout le monde. Elle serait tellement surprise avec moi… Enfin… Je n’étais pas vraiment là pour penser aux autres mais plutôt pour faire à cette Alice aux poignets délicatement portés sur la violence gratuite. Je ne répondis pas à son pique me contentant simplement de hausser les épaules.

Ce qui suivit ne fut que plus banal. Encore à s’envoyer dans les roses, mon sarcasme bien sortant. Pourtant, j’avais l’impression de parler maintenant à un cadavre. Aussi raide que lui et pourtant bien plus vivant. Qu’est-ce qui venait de la mettre dans cet état ? Elle m’avait cherché et m’avait trouvé, mon pouvoir n’était pas quelque chose que les autres devaient prendre à la légère. De toute manière, ce genre de comportement m’énervait au plus haut point quand ils n’avaient pas la jugeote de comprendre que je pouvais les tuer facilement et avec leur propre corps. Enfin, quoi qu’il en soit, en regardant de plus près, je compris que c’était moi le sujet de sa crispation soudaine. Sans doute voulait-elle me le cacher, mais les muscles et le regard ne trompent jamais. Surtout quand on a appris par cœur les réactions de peur, de dégout… Au fil de la vie.

Mais vu qu’elle m’avait cherché, j’aimerais dire qu’il était donc normal qu’elle me trouve ! Si bien que son joli visage fut un peu prit à parti. Lui laissant le loisir de comprendre sa douleur, elle recula rapidement et cette fois, je pus vraiment voir son vrai visage. Mon regard s’illumina. Elle avait peur de moi et tant mieux. Mais pour se donner bonne conscience et éviter de paraître pour une précieuse, elle m’envoya une insulte qui glissa sur moi. Autant dire que la crédibilité était en dessous de zéro. Son sang avait un goût particulier pas comme celui des autres femmes. Il était différent. Mais pas plus mauvais que d’autres. Sa pique à comparer nos sangs me fit sourire. Oui c’était sûr qu’il était meilleur que le mien !

▬ Moh ! La petite puce montre les dents parce qu’elle m’a cherché et trouvé ? Mais quand ne sait pas jouer on évite de trop parler.

Au lieu de venir m’écraser la mâchoire si ce n’était ailleurs, la petite Alice se chargea plutôt de foncer sur moi toutes griffes dehors tel un animal. La lame de son arme prête à frapper, je ne fis qu’un petit mouvement de recul. Sans doute avais-je bien fais mais au moins, la douleur ne fut même pas perceptible. Elle m’adressa la parole et avant de pouvoir l’agripper par la nuque elle disparut sous mon nez pour revenir sur un toit. Je lâchais un soupir un levant les mains comme si je voulais temporiser une situation.

▬ Je suis sûr que tu as des capacités que tu ne soupçonnes pas. Mais tu es trop prise par ton envie de massacre pour les voir ou trop fier de ta petite personne.

Il m’avait suffi de la regarder manier la faux pour comprendre. Tout de fois, je ne savais pas pourquoi elle était autant portée sur l’hémoglobine. Mais sa raison m’importait très peu. Je portais une main à ma chemise déchirée où un fin fil rouge venait gâcher le paysage. Voilà. Mon costume était bon à mettre à la poubelle. Pour autant, je n’avais pas envie de lui refaire le portrait. Déchirant complètement ma chemise, elle tomba à mes pieds dans une flaque de sang. Autant avoir la classe qu’à moitié par un haut en mauvais état. Passant une de mes mains sur ma nuque, je regardais le petit oiseau perchait. Elle voulait jouer mais pas moi. Je n’avais plus l’âge de faire ce genre de petite chose. Si bien qu’au lieu d’aller la chercher, c’était mon pouvoir du sang qui s’en chargea bien mieux.

D’un mouvement d’une nonchalance extrême, des masses différentes formes et gabaries se formèrent aux différents endroits où la Mort était passée. Des créatures faites de sang aux visages difformes, au bras soit trop court ou trop long, bancal ou n’ayant pas de jambes. Des abominations au regard en soit. Mais assez efficaces pour la déloger. Plusieurs d’entre elles fondirent sur le bâtiment et remontèrent la façade en un claquement de doigt pendant que les autres venaient près de moi. Je ne voulais rien lui faire de plus que la déloger. Mes mains dans les poches la fixant en scrutant ses réactions j’attendais gentiment qu’elle daigne revenir sur terre pour… Je ne sais pas voir un peu.

▬ Je ne viendrais pas te chercher. Alors soit tu descends de ton plein gré, soit elles te délogent et sa risque de faire mal.

Libre arbitre. J’étais encore gentil. Mais je ne savais pas trop comment agir avec elle. Pour une gamine, elle ne laissait pas marcher dessus si je pouvais dire ça ainsi. Sa langue était pendue et je savais qu’elle pouvait être dangereuse. Pas plus que moi par contre. Ou alors elle cachait très bien son petit jeu. Quoi qu’il en soit, mon attention qui ne s’était pas détachée d’elle le fit cette fois pour regarder les alentours. Dans une rue, au fond de cette dernière, je vis des regards inquisiteurs sur ma personne où sur le spectacle.

▬ Voyez-vous ça. Tu attires les curieux Alice…

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Le repli face à la peur, une erreur que je venais de faire ... L'illumination dans son regard montrait qu'il avait compris ... Il s'était rendu compte de cet infime lueur d'effroi passé si furtivement dans mes prunelles. L'effet fut presque instantané, je crachais mon venin pour sauver les apparences, passant de l'innocence à la colère, à la haine et au dégoût. L'homme serpent m'effrayait et le savoir lui donnait un net avantage. Il allait jouer là dessus. Stupide Alice, quand grandiras-tu ? Je voulais effacer son sourire satisfait de son faciès, ne prêtant aucune attention à ses paroles, je me jetais sur lui, l'attaquant avec ma faux. Je ne pris pas le temps de vérifier si mon coup l'avait gravement touché ou non, j'avais seulement senti une lègère résistance dans la course de ma lame. Le provoquant, j'empruntais un portail pour prendre de la distance, me réfugiant sur un toit comme j'aimais le faire régulièrement. Hors de sa portée ... Ses mots pourtant me surprirent. Etait-ce une ruse ? Des capacités dont je n'avais pas connaissance ? Non, bien sûr que non, je connaissais mon pouvoir sur le bout des doigts. Je n'avais qu'une chose à améliorer ... Mes angoisses ... La peur du passé ... Sans cela, je pourrais être mentalement invulnérable, mais tout ceci ne cessait de me faire du tort. Les massacres me donnaient une sensation de puissance, de pouvoirs sur les faibles, chose que je n'avais jamais connu. J'avais été la victime, la faible et ce pendant des années ... Je ne voulais plus jamais être la cible, garder ma position de bourreau, devenir le cauchemars de certains, bien que jusqu'à maintenant, je n'avais épargné personne. Peut-être qu'inconsciemment, je ne voulais pas reproduire ce que j'avais moi-même subie ? Etais-je trop clémente pour faire subir une souffrance continue ? Jamais je n'avais prolongé la douleur de quelqu'un, abrégeant ses souffrances au bout de plusieurs minutes. Jamais je n'avais séquestré ... Comme lui ... Je n'y avais jamais songé. Offrir la mort ... Offrir la délivrance ... La distance me fit reprendre de l'assurance, il ne pourrait rien me faire à moins d'être doté du pouvoir des ténèbres lui conférant la création de portails tout comme moi. Mon intuition me disait que s'il détenait ce pouvoir, il s'en serait déjà servi alors aucune crainte. Un sourire, presque moqueur, un ton redevenu calme. "Et moi je suis sûre que tu te trompes, je sais parfaitement ce que je vaux ... Homme-serpent ..." Je l'observais de ma position, tandis que je pus clairement voir le déchirement de sa chemise suite à mon coup porté. Il déchira celle-ci, dévoilant son torse entaillé. Je souris même si j'aurais préféré le blesser plus gravement, ceci n'était qu'une égratignure. Mais un étrange phénomène détourna mon attention de lui. Le sang au sol semblait s'élever, prenant forme, des monstres difformes, des choses que je n'avais jamais vu de ma vie. Je fus frappée de stupeur f ace à ces créatures d'hémoglobine, certaines commençant leur ascension sur la maison où je me trouvais, escaladant la façade avec une facilité déconcertante. Le spectacle était horrifiant. Immobile, mon regard revint sur ma cible. Nonchalant, les mains dans les poches, il s'adressa de nouveau à moi comme si j'étais une gamine à qui l'on donnait une chance de se racheter avant de ne la punir. Je réfléchissais, rapidement, fixant les assaillants. Pas de corps, juste du sang ... Mes pouvoirs ne fonctionneraient pas, ma faux ne me serait d'aucune utilité. Puis sa voix raisonna de nouveau. je tournais la tête vers ces soit-disants curieux, bien tentés de le faire passer cette envie d'espionner. L'un des monstres m'avait rejointe pendant ce temps et je n'eus pas le choix d'emprunter l'un de mes portails, réapparaissant devant l'homme serpent et ses créatures, mais à bonne distance. Le coeur battant, stressée, je tentais de ne rien laisser paraitre, l'air dur. "Tu me voulais, je suis là ..." Je me mis de nouveau en garde, ma faux le menaçant. "Tentes quoi que ce soit et je te jures que je me ferais un plaisir de jouer avec tes tripes ... Que me veux-tu ?" Je jetais un oeil à la petite foule s'étant réunie au loin pour nous observer et je soupirais, mes yeux revenant fixer l'homme face à moi. "Les gens n'ont aucun savoir vivre ... Mais ils sont bien trop effrayés pour s'aventurer ici ... Quelles sont ces abominations que tu as créées ? Et oui ... Moi aussi je suis curieuse petit reptile ... Peut-être peux-tu me montrer de quoi ils sont capables en t'occupant des curieux ? Allez, ce serait amusant ..." Je ne le lâchais pas des yeux, me méfiant du moindre de ses gestes.

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Que le sang coule à flot.

J’étais persuadé d’une seule chose pour le moment : elle avait peur. Et faire ce genre d’effet voulait tout dire. Soit elle était très méfiante, soit elle avait vécu un traumatisme soit l’inconnu lui faisait ou alors… C’était les trois. Enfin, quoi qu’il en soit, la petite montrait des signes de faiblesses qui étaient à mon avantage à n’en pas douter ! Elle m’échappa. Surement pour se protéger pour atterrir sur un toit. Je n’avais pas prévu cette fuite ni même l’attaque avant. Résultat, elle m’envoya une dose d’exaspération et surtout une chemise neuve à la poubelle. Puis après une remarque de ma part, j’eus le droit à un retour direct. Pour ne pas changer.

▬ Permets moi de douter.

Suite à ce petit dialogue qui ressemblait un peu et encore à une joute verbale, je me décidais enfin à prendre une décision la concernant. N’étant absolument pas un acrobate, ou tout du moins pas dans la rue, je fis place à ce qui était pour moi l’évidence même : mon pouvoir. Des engeances de sang plus moches l’unes que les autres et la réaction de la petite me fit amorcer un sourire satisfait. Bon… Au moins elle savait à quoi s’attendre avec moi. Je ne pouvais pas cacher que j’étais toujours fier de voir ce regard incrédule se demandant un pourquoi ou un comment. Mais très vite, mon attention fut portée ailleurs préférant largement ça plutôt que fixer une indécise.

Que fut ma surprise en remarquant dans une rue un petit attroupement de curieux suicidaires ! Je lâchais une remarque à Alice et en reportant mon attention sur elle, je fus assez surpris de voir une petite tâche brune devant moi. Je souriais de plus belle en l’écoutant. Quel petit fauve ! Ce que je lui voulais ? Laissez-moi réfléchir… Rien ? Absolument. Rien. Je ne répondis donc rien à sa première partie plutôt intéressé voir complètement absorbé par la seconde. Ce qu’était mes créature et si je voulais faire un massacre gratuit ? Je lâchais malgré moi un petit rire avant de m’avancer vers elle. Oui, je savais très bien qu’elle pouvait me tuer. Mais je me décidais de lui répondre en lui tournant autour. Comme elle au début…

▬ Ces merveilleuses créatures sont le fruit de plusieurs années d’entraînement. Elles ne sont faites que de sang et de douleur. Un mélange qui peut faire très mal… Je peux modeler leur corps à volonté et tuer qui je veux.

Je venais de m’arrêter juste à côté d’elle, le regard toujours plantait dans la rue. Puis je repensais à son envie de meurtre. Je pourrais lui en faire la démonstration oui. Mais pas sur tout le monde. J’étais certes un membre de la confrérie mais j’avais assez de jugeote pour arriver à un massacre gratuit et sans fondement. Idéaliste ? Non. Juste… Je lâchais un grand sourire satisfait et je jetais un regard à mes créatures qui tournèrent la tête vers moi. Une s’approcha, ses bras ressemblant à deux grandes lames, je passais un doigt sur mon égratignure et la déposait sur le visage difforme de ma chose. Une touche d’empoisonnement et mon autre main vint se poser sur la tête d’Alice pour lui ébouriffer les cheveux.

Je n’attendis pas une remarque de sa part pour m’en aller. Après tout, elle voulait voir ? Mon sourire encore agréable se changea en quelque chose de menaçant et je pris la tête de ma petite armée. En silence, je sélectionnais mes cibles et mes choses fondirent sur elles. Certaines moururent rapidement d’autres furent littéralement noyés. Dématérialisant leur corps en liquide, ils s’infiltrèrent dans la bouche ou le nez pour y ressortir une à deux fois plus imposantes. Le cadavre terminait juste aussi vide qu’une coquille. Faite que d’os et de chair ramollit. Pour ma part, j’agrippais un homme de la même carrure que moi. Il avait de la force ce bougre et pourtant, il termina sous mes ordres et tua deux personnes avant de s’effondrer comme une poupée.

Mon massacre terminait, je fis demi-tour pour revenir vers la petite qui n’avait pas bougé. Mes créatures toujours sur mes talons, elles se postèrent derrières moi ou sur les côtés comme si elles attendaient une conversation entre elle et moi.

▬ Satisfaite ?

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Avec docilité, je finis par le rejoindre dans la rue, gardant tout de même une certaine distance de sécurité pour me laisser le temps de réagir en cas d'attaque. Ces immondes créatures de sang étaient effrayantes, mais à la fois intrigantes. Se servir du sang comme d'une armée, un pouvoir fascinant. Je me doutais de sa puissance et il serait certainement un adversaire de taille. Mon intuition me disait qu'il valait mieux l'avoir en ami qu'en ennemi, mais il était clair qu'il ne se soumettrait pas à moi ... Et puis, son allure, son visage, tellement semblable à mon bourreau, c'était perturbant, déstabilisant ... La faux levée, je lui lançais une simple menace que je n'hésiterais pas à mettre à exécution s'il tentait quoi que ce soit contre moi. Mes mains tremblaient légèrement, presque imperceptiblement. Ainsi, voulant me montrer en position de force, je le questionnais de nouveau. Je le défiais d'éliminer les curieux qui nous épiaient afin qu'il me dévoilent un peu plus de sa magie de l'hémoglobine. Sa réaction fut de s'avancer vers moi en laissant échapper un rire. Je tentais de garder mon sang froid, mais encore une fois ce coeur inutile me faisait défaut, tambourinant dans ma poitrine. L'homme serpent se mit à me tourner au tour, me donnant l'impression d'être réduite au statut de proie, mais je ne bronchais pas le suivant des yeux autant que je le pouvais, un frisson parcourant irrémédiablement mon échine lorsqu'il disparut de mon champ de vision en étant dans mon dos. J'inspirais pour me calmer, ne voulant pas faire un volte face brutal. J'écoutais ses mots pour me distraire en quelque sorte, détourner mon attention de mon angoisse. Un mélange de sang et de douleur ... Je me demandais bien ce que l'on pouvait ressentir lorsque l'on se faisait dévorer par ces atrocités. Autant dire que ces pensées faisaient plus que froid dans le dos. Il était dangereux, aussi dangereux que je l'étais. Je finis par détourner le regard pour le fixer tandis qu'il s'était stoppé à côté de moi; Son attention était toute portée sur les humains curieux et j'en fis alors de même. Je me reportais rapidement sur l'un des monstres de sang doté de deux lames faisant office de bras et j'observais attentivement l'homme-serpent lorsqu'il déposa une goutte de sang sur sa création. Je ne comprenais pas et baissais un instant ma garde pour réfléchir. Il en profita pour poser ses sales pattes sur ma tête et ébouriffais mes cheveux. Mes pupilles virèrent au rouge et je le fixai l'air menaçant. "Je ne te permets pas de me toucher Homme-Serpent ..." Je m'écartais brusquement de lui pour ne plus être à sa portée, dégoutée de ce contact, mais tout aussi effrayée. Puis il s'en alla vers ses futures victimes. Je ne lâcherais pas ce spectacle des yeux, plutôt contente de ne pas être le cobaye de son pouvoir. Je ne pus que rester bouche bée en voyant ce massacre organisée, les victimes n'ayant eu aucune chance ... Comme avec moi ... Je reculais de plusieurs pas lorsqu'il revint vers moi, mes mains serrant mon arme jusqu'à en blanchir mes jointures, mes yeux redevenus violets scrutant les bestioles de sang. Ma voix se fit légèrement tremblante. Bon sang Alice reprends-toi ... "Impressionnant ... Je pense ... qu'il est temps pour moi de partir ... Maintenant que tu t'es débarrassé des curieux, je n'ai plus rien à faire en ces lieux ~" Je reprenais rapidement mon sang froid malgré tout et lui lançai un air de défi. "Au plaisir de ne pas te revoir Homme-Serpent ... Maintenant que nous avons fait plus ample connaissance, peut être peux-tu me révéler ton nom ? ~"

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Que le sang coule à flot.

C’était une brave petite à en juger par sa soudaine envie de m’écouter… Enfin quoi que. Sans doute qu’elle s’abstenait de trop traîner avec mes créatures dans les parages. Après tout, elles étaient là pour la déloger de son perchoir à oiseaux. Une petite pique et un geste me disant sa soudaine envie de jouer encore une fois avec mes nerfs et elle bifurqua rapidement sur un sujet plus passionnant que s’envoyer des piques. Mon pouvoir. Des questions intéressantes et… Une proposition alléchante si tuer était mon pécher mignon. Hors, cela n’était pas vraiment le cas. Mais… Je pris sa demande comme argent comptant. Voulant plus lui montrer ce dont j’étais capable que pour tuer véritablement.

Pourtant, avant de partir, je la touchais sur la tête et sa réaction ne se fit pas attendre. Ses yeux changèrent de couleurs mais pour autant, cela ne procura aucun effet. Je me contentais juste de la regarder fixement avec un léger sourire en coin sans lui répondre. Même si l’envie était plus présente. Puis doucement, je m’attelais à la préparation du massacre. Le « jeu » fut assez rapide et je fis demi-tour moins de cinq minutes après. Alice se retira en arrière à chacun de mes pas avant de serrer son arme. Ses paroles me firent amorcer un sourire en coin,

▬ Tu pars déjà ? Ne me dis pas que tu as… Peur… Le jour d’un nouveau tête à tête je te dirais mon nom petit sucre. J’ai hâte d’y être…

Un sourire en coin pour accompagner mes propos et j’avais presque envie de l’approcher pour la toucher. Mais je savais déjà sa réaction. Autant éviter qu’elle me saute à la gorge comme un chien devant un morceau de viande. Enfin… Au moins je savais déjà ce que je lui inspirais après moins de deux heures. Je crois que ce petit sucre était la première à avoir peur de moi en si peu de temps. Sans doute que mon pouvoir y était pour quelque chose aussi. Qu’il rajoutait une touche de… Mort. Enfin ! Quoi qu’il en soit, je restais à ma place et la fixais de haut en bas avec un sourire en coin, les mains dans les poches et mes valets de sang attachaient à mes baskets.

Silence n’allait certainement pas aimer que je ramène tout ce beau monde luisant et goutant au manoir. Dans un haussement d’épaules, je laissais les créatures se liquéfier sur place rendant le précieux fluide à la nature et tapissant le sol d’une douce couleur vermeille. Le peu de témoins qui restaient été si discrets que si un ne c’était pas caché, je n’aurais même pas fait attention. Avant de m’en aller et la voir disparaitre derrière un mur, je me retournais une dernière fois vers elle en inclinant légèrement la tête,

▬ À notre prochaine rencontre…

 
Un dernier sourire et je repris la marche en faisant comme s'ils n’avaient jamais existés, elle et ses jeux pervers.

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