Sujet: « Pour la même cible. » [PV David] Mer 15 Juin - 21:42
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
Les pieds chaussés d’espadrilles, chaussures réputées pour leur discrétion et leur adhérence, presque ancrés sur les fines ardoises du toit, j’attendais patiemment, cheveux au vent, que mon « client » daigne cesser son entrevue avec l’un des grands de ce monde pour le tuer d’un fin revers de lame net et précis. Je jetais un coup d’œil à mes notes. Normalement, mon affaire aurait déjà dû être terminée. Les cloches de l’église avaient sonné midi depuis plus d’une demi-heure et ce rendez-vous matinal n’en finissait pas. Prenant mon mal en patience, je m’étais occupé comme je le pouvais en affutant mon katana et en relisant mon dossier. Et quand je n’avais plus rien à faire, j’écoutais distraitement les deux larrons qui s’entendaient comme au bordel.
Ma cible était un directeur très honnête d’un noble orphelinat. Acceptant des jeunes venant de tous horizons, il les prenait gracieusement à sa charge quand ces derniers perdaient toutes attaches familiales. Les nourrissant, les protégeant, les habillant, leur offrant même un emploi parfois ; avec de telles actions, il était vu comme la bonté suprême. Comment un homme si bon pouvait se retrouver avec mon katana sous la gorge ? Tout simplement parce que je viens de vous raconter la surface seulement. L’envers du décor, c’est qu’il attend avec une patience inouïe d’obtenir la confiance de ces enfants pour mieux les tromper ensuite. Cet individu baignait dans le trafic humain : esclavage, organes, bordel… Bien évidemment, il n’avait pas bâti son empire seul. Il était réputé pour offrir des « pièces de choix » à ses « amis » : des enfants vierges, nobles, avec des dons ou des pouvoirs spéciaux… ou également aussi avec une apparence ravissante, comme Airi et sa douce chevelure aux tons aussi rougeoyants que le soleil qui se couche.
La beauté de ses cheveux et son pouvoir particulier, j’en étais conscient, avaient pu être l’objet d’une fourbe convoitise, surtout si sa silhouette avait croisé son chemin. Dès que j’avais eu vent de cette piste, son petit réseau était devenu ma priorité. Ses sous-fifres étaient tombés entre mes griffes. Malgré tous mes stratagèmes, je n’eus jamais une réponse plus claire que « oui, on a escorté des enfants roux au compte du directeur ». Rien de plus que ça, impossible d’obtenir un genre, une taille, un âge, quelques paroles, un nom. Cela me paraissait évident qu’ils ne tenaient pas de registre, mais j’étais tout de même déçu. Trop déçu.
Par esprit de simple vengeance – j’étais un as dans ce domaine -, je l’ai traqué jours et nuits comme une bête, mettant à nu ses plans, ses désirs, ses secrets. Prenant garde à ne pas être vu, je pourchassais son ombre avec vélocité. Dans ces cas-là, je pensais à Zakhar, ce simili que j’ai mis tant d’années à voir en face à face. Je m’étais inspiré de sa méthode et veillais à ce que ma cible puisse me voir du coin de l’œil, mais jamais des deux yeux. Il doutait alors d’avoir réellement vu quelque chose et se basait sur des impressions. L’incertitude le rendait encore plus mauvais, mais bien plus facile à renverser. Il était aussi transparent qu’une vitre, aussi résistant qu’une jeune pousse devant un orage assourdissant. Il était totalement à ma merci, et je serais sans pitié.
J’avais dévoilé ses intentions à Xemnas, le maître de la confrérie, qui m’avait regardé de la même manière qu’il l’aurait faite si un fou se tenait devant lui, les jambes bredouillantes, les yeux rouges et une vieille bouteille de rhum à la main. J’étais toutefois parfaitement sobre et avais dû jouer de dons d’orateur insoupçonnés pour évoquer le dossier du Directeur. Auprès du conseil, je rappelais que le nombre d’enfants enlevés s’étendaient par milliers, qu’ils venaient de toutes origines. Pour le prouver, je balançais en l’air quelques noms avec une moue innocente, attendant avec impatience les grognements furieux qui ne tardèrent pas à s’élever. Comme si j’avais à gagner en mentant, en trichant. Je les laissais s’exprimer outrageusement., attendant le verdict final.
Ces gamins, ils en connaissaient plusieurs. Fille d’un marchand qu’ils avaient dans leur poche, fils d’un noble, cousin d’un informateur, ami de l’enfant d’un espion ; les pertes étaient lourdes et incongrues. Qui aurait pu penser que non, ils n’étaient pas morts accidentellement, mais qu’un type furieux se baladait en ville les oreilles aux aguets, attendant le bruit léger d’un pas enfantin pour l’emporter loin de là ? Personnellement, je m’en foutais. Je n’en avais rien à battre de ces gosses, mais je faisais comme si. Il fallait que je punisse cet homme qui avait peut-être condamné Airi, et le seul moyen était de déplorer la perte de ces pleurnicheurs.
Âpres discussions après âpres discussions, ils avaient basculé en mon sens : le Directeur était trop dangereux, en vie, dans notre ordre, surtout avec cette activité lucrative. Me réjouissant de la nouvelle, je me proposais d’office pour l’exterminer. C’était de cette manière que j’avais retrouvé sa trace, rictus aux lèvres. Cet homme était si prévisible qu’il en était ennuyeux à en mourir. J’avais du mal à concevoir que personne n’avait réussi à l’épingler avant. Enfin, avec le nombre de personnes qu’il avait dans la poche ! Au conseil, nombre étaient ceux qui réfutaient mes arguments. Quelle bande de lèche-culs.
Des raclements de chaises sur le parquet de bois attirèrent derechef mon attention. Mon moment était arrivé ; son heure avait sonné. À peine le gros bonnet avait-il eu le temps de saluer ma cible et de sortir que je me glissais sur le rebord de la large fenêtre, crochetais en quelques secondes le loquet et m’infiltrais à l’intérieur de la pièce. Un large sourire sadique plaqué sur le visage, je m’approchais vivement de l’homme encore planté devant la porte et retirais mon katana de son fourreau. Tandis que le moment fatidique approchais, je sentais la satisfaction du travail bien fait pulser dans mes veines. Allez, ça serait encore une mission sans histoire, du travail bien fait. Je pensais déjà à la récompense quand une série de discrets « Pssst-psssst » me stoppèrent franchment.
Ravalant difficilement un grognement de frustration, je décidais d’ignorer ce bruit. Sûrement des voix venues de je ne sais où, je n’allais pas en tenir compte, ça ne me concernait bigrement pas. Je relevais mon bras, le tendais et… « Pssst-pssst ! » m’arrêtèrent net dans ma tâche. Mes yeux roulèrent d’eux-mêmes dans leurs orbites. Je ne m’énervais pour ainsi dire quasiment jamais, mais là, ça commençait à me faire vraiment chier, cette histoire de voix. Me dépêchant de filer du côté de la voix avant que le benêt de Directeur ne se retourne pour s’asseoir, je me coulais derrière le fauteuil de velours usé tandis que des bruits de pas retentissaient. À peine quelques nanosecondes de plus et j’étais découvert. Celui qui m'emmerdait allait s’en prendre plein dans les trous.
À quatre pattes par terre, je cherchais du regard l’élément perturbateur. Je n’étais encore jamais venu dans sa piaule – bien que j’avais effectué une reconnaissance des lieux par habitude – mais tout me semblait à sa place, du moins, rien ne clochait. J’en étais encore à en réfléchir lorsque je sentis quelque chose de ferme et chaud agripper ma botte. Grommelant contre ma barbe pour cette soudaine malchance, je donnais un vaste coup de pied dans l’air pour me dégager de l’étreinte. Bien mal m’en pris : la chose me tira avec plus de véhémence, m’aplatissant contre le sol et provoquant la rencontre de mon menton avec le sol, m’arrachant un gémissement. Le temps que le tas de graisse se tourne puis se penche et enfin tourne sa tête dans ma direction, j’étais déjà sous le lit.
Une main posée sans délicatesse sur ma bouche rendait toutes mes protestations vaines et un bras autour de mon cou m’empêcha d’avoir les idées claires. Tout ce que je me rappelais, c’était que j’avais un ennemi sur le dos et que je ne devais absolument pas faire de bruit. Mordant à belles dents dans la chair et agrippant mes dents dans la plaie, ma tête se rejeta en arrière et partit craquer quelque chose – j’espérais vivement que ce soit au moins un nez. Avant que je n’aille plus loin, mon agresseur me relâcha brusquement. J’avalais une grande bouffée d’air et réalisais que pour une attaque aussi soudaine, je n’avais pas été si inquiet, ni surpris, que ça. L’évidence me frappa : je le connaissais, et il ne devait pas être un ennemi direct de mon ordre.
Me retournant, avec difficultés à cause de la basseur du lit – bordel, c’était inhumain de dormir dans un lit aussi bas, ce type devait avoir des origines japonaises -, j’essayais tant bien que de mal d’analyser mon adversaire qui me fixait dans le blanc des yeux. À travers la luminosité très tamisée par les lourds draps qui retombaient du lit, j’étais persuadé que j’avais déjà vu ce type quelque part. J’attendis quelque secondes et le déclic se fit. Ce type faisait partie de la Confrérie. Je ne l’avais vu pas plus tôt que ce matin, lors de la réunion du Conseil et de ses partisans. Cependant, impossible de me rappeler s’il faisait partie du clan anti-Directeur ou pas. Enfin, s’il en faisait partie, pourquoi essayer de me casser les burnes ? Je ne mâchais pas mes mots et grondais à voix basse :
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Mer 22 Juin - 0:48
Un homme de tropOu comment faire monter la testostérone.
Avalon pour la deuxième fois. Depuis plusieurs temps, je repensais un trop souvent à mon petit sucre d’orge. Revenir dans cette ville venait juste de m’aider à me remémorer cette journée de massacre. Après tout, je me souvenais bien encore de sa tête et des provocations qu’elle faisait pour me mettre en colère. Mais au lieu de ça, elle m’amusait la petite Alice. Elle était si différente des autres. Mais je n’avais pas que ça à faire que de penser au passé. J’avais une nouvelle mission. Plus personnel que d’habitude. Quoi que… Mon objectif premier en entrant dans la Confrérie était de trouver toutes les Lamias pour les tuer jusqu’à la dernière. Bon depuis plusieurs mois je ne travaillais que pour ça. Mais personne n’avait l’air de s’en rendre compte. Encore heureux pour moi.
Ainsi donc, Silence m’avait informé de l’existence d’un homme. Propre dans les sens du terme. Gentil, agréable et protecteur. Le genre trop gentil pour être honnête. Du coup, après une enquête j’avais découvert le revers de la médaille. C’était bien ce que je pensais, le pire des hommes pouvaient se cacher derrière les plus belles manières. Il n’y avait qu’à me regarder. C’était donc avec la forte envie d’avoir des réponses que je m’étais dirigé vers ce noble directeur. Mais au lieu de me présenter devant lui et lui demander de but en blanc s’il avait un lien avec un trafique d’humains auprès des Lamias, je devais me la jouer finement et m’infiltrer dans la pièce où il était sûr d’être seul. J’étais donc entré chez lui en faisant les quatre cents pas dans sa chambre. J’avais des sautes d’humeurs à chaque fois qu’il y avait du bruit dans les pièces voisines. Autant dire que cela était très chiant ! Au bout d’un long moment à attendre. Prenant place sur le lit ou à son bureau, j’entendis enfin du mouvement. Sans attendre, je cherchais une cachette. Le genre pratique. Mais toute la pièce était faite pour que cela n’arrive pas. Dans un grincement de dents, je me retournais alors pour tomber sur le lit. En me penchant, je vis assez de place pour moi. Dans un grognement et en mettant de côté ma fierté, je me mis à ramper et pris place.
Je n’eus pas attendre longtemps. Un peu d’action allait naître. Quel genre ? Et bien un fou venait de rentrer par la fenêtre. Notre homme allait rentrer et ce crétin de voleur allait tout faire foirer ! Sans attendre, j’attirais son attention comme je le pouvais. D’abord il passa outre. Je réessayais. Il s’approcha et je pris cela comme un signe. L’autre allait nous trouver à peine en quelques secondes. Du coup, rapidement et sans prendre de gant, l’autre termine avec moi sous le lit. Mais il n’entendait pas vraiment de cette oreille. Il ? Pourquoi pas elle ? Pour avoir ce genre de carrure, je devais la plaindre si c’était une fille… Quoi qu’il en soit, j’eus le droit à coup de dents et à me recevoir sa tête en pleine figure. Je supposais qu’il avait dû entendre le bruit horrible que son coup venait de me faire. Lorsqu’il se retourna, mon regard croisa le sien. Et merde je le connaissais… Il était aussi dans la Confrérie. Un petit jeune, genre tête brûlé sans deux-sous de jugeote dans le caleçon ou la cervelle. Pourquoi je devais tomber sur lui ? Je grognais malgré moi en le regardant. J’étais maudit. Le pire se fut lorsqu’il ouvrit la bouche. Des mots simples et clairs qui eurent le don de me faire voir rouge rapidement.
- Toi tu m’emmerdes.
Quoi ? Pourquoi est-ce que j’allais être aimable et bon garçon quand ce mec était tout le contraire ? Je pouvais être con mais à ce point ! Je fronçais les sourcils en lâchant l’endroit où il m’avait mordu. Cette espèce de sale merdeux venait de baver sur ma chemise et me refaire le portrait. Expliquez-moi pourquoi je le laisserais en vie ? Parce qu’il faisait partie de la Confrérie. Aussi simple que ça. Je grimaçais et repassais par la même occasion à l’endroit où sa misérable tête m’avait frappé. Je le tuais du regard avant de ramper vers lui. Pas pour me venger non, je voulais juste me redresser. Retrouver toute ma grandeur. Mais je devais avouer que l’envie de lui faire quelque chose me démangeait soudainement. Dans un sourire en coin, au lieu de lui enfoncer ma main dans l’estomac, ma tête s’approcha de la sienne pour n’être qu’à quelques centimètres. Je le fixais ainsi une fraction de seconde. Juste assez pour voir la couleur de ses yeux et les flammes qui dansaient dedans. Décidemment, il allait me faire chier lui. Près de son oreille, je me mis à ricaner avant de poser ma paume sur son visage et de la faire basculer en arrière pour qu’il percute le sol. Sans grande douceur bien sûr. Donnant donnant.
- Retourne jouer dans les bacs à sables.
Je m’extirpais juste après de cet endroit inconfortable pour me retrouver debout. Repassant mes mains ma chemise et mon pantalon, je regardais, ou tout du moins fixais la pièce avec intention. L’autre allait rester bien sagement couché par terre pendant que j’allais m’occuper de notre bienfaiteur. Délicatement, j’échauffais mes doigts qui allaient se retrouver autour de son misérable cou. Lentement, je marchais vers lui. Lui qui ne voyait rien et n’entendait absolument r-…
Je pestais. En voulant serrer son cou, je n’ai eu le droit qu’à une farce de mauvais goût. Ce n’était pas le cou d’un homme. Non, trop petit. Trop fragile. Mon sang se glaça et je retournais la chaise en tirant véhément sur le dossier. Ce dernier fit un demi-cercle et mon corps se recula soudainement. C’était un… Un… Mon regard emplit d’une haine sans nom balaya la pièce à la recherche de quelqu’un. Comment est-ce qu’il avait fait !? Il était là pourtant ! Ne trouvant rien de prime abord, je m’approchais du petit corps pour le toucher. Froid, rigide et plus pâle que la normale. En passant une main sur son cou, je fronçais les sourcils en sentant une marque bien reconnaissable entre toutes. Comme des crocs de vampire. Deux trous sur la trachée et deux autres justes à gauche. Une morsure de Lamia. Comment je le savais ? La peau autour de la blessure avait l’air d’être nécrosée. Comme si un acide puissant avait agis... Le petit être avait encore les yeux ouverts et remplit de peur. Dans un soupir, je fermais ses yeux avant de m’adosser au bureau. Je passais une main sur mon visage et elle dériva sur ma nuque. Il n’y avait plus à chercher de lien entre eux. Mon objectif venait donc de changer. Je devais le tuer maintenant et les autres aussi. Mon intention se reporta devant le bureau et comme pour évacuer ma colère, tout ce qui se trouvait dessus vola à terre.
- Est ut dicis, Kiana. (c’est comme tu le dis) Vous êtes des prédatrices. Mais je suis là pour vous arrêter…
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Mar 26 Juil - 23:47
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
L'homme m'oublia délibérément, détournant les yeux pour mieux se concentrer sur MA cible. Je n'en revenais pas ! Ce mec débarquait de nulle part, m'attirait de son propre-chef sous un lit afin de m'agresser... pour ensuite m'ignorer, tel un sabot crotté laissé sur le côté. Soit il était lunatique, soit l'alzheimer s'était jouée de lui ! Qu’il ne me dise pas que je sers seulement de sculpture pour égayer le décor. Enfin, si c’était ça, je pouvais le comprendre. Par les temps qui courraient, les beaux gosses se faisaient rares. Désireux de lui faire part de ma pensée, j'ouvrais la bouche et la refermais derechef en voyant l'inconnu bondir, tous crocs dehors.
Indigné par ce comportement à la fois barbare et outrancier - le directeur n'était pas la seule pourriture de ce monde, il n'avait qu'à aller voir ailleurs s'il tenait à ôter une vie inutile, je grommelais. Mes jambes s’activaient ; je me hâtais de me ruer au-dehors. Hors de question qu'il tue ma proie chèrement acquise sous mon nez. C'était devenue une brusque obsession : je devais le faire avant lui. Comme si c'était non plus un banal contrat, mais une mortelle compétition où un seul individu en ressortirait vivant. Il y avait un homme de trop car une seule vie à faucher. Et ça ne sera que par le biais de mon katana.
Me précipitant vers l'imposant dossier, je déployais mon bras et y enfonçais mon katana - le bout tout juste était fiché dans le bois. La lame s’enfonçait dans de la chair, faisant résonner dans la pièce ce léger et si caractéristique son sourd. De son côté, mon rival avait suspendu son geste, ses mains étaient à quelques pouces du cou de notre apparente victime commune. Pourquoi ? Reconnaissait-il sa défaite ? Interdit, je le fixais, me demandant à quoi correspondait ce cirque. J'avais une autre personne devant moi ; le même physique plutôt avantageux - mais pas autant que le mien - mais un comportement à l'exact opposé. Comme si une mouche l'avait piqué. Ou qu'il avait eu une révélation.
Il retourna vivement le fauteuil ; il voulait vérifier sa mort. Dans un silence presque religieux, je regardais l'être appartenant à mon groupe - je ne connaissais toujours pas son nom - tourner de la force de son poignet le siège. Les pieds pivotèrent lourdement, grinçant comme s'ils protestèrent. Un léger sourire aux lèvres, je m'apprêtais presque à fanfaronner si la situation de concurrence qui existait dans ma tête n'était pas aussi ridicule. Je me figeais en ne voyant pas de bedaine proéminente, mais un corps frêle. Pas de rougeurs ou de nez de cochon ; au lieu de cela, j'avais face à moi une peau d'une pâleur affligeante où l'on distinguait chaque vaisseau, chaque veine. Un enfant. Mes yeux remontèrent d'eux-mêmes vers le visage ciselé où deux orbites pleines semblaient me fixer, agrandies par la terreur.
La silhouette presque androgyne n'était plus de ce monde depuis un moment ; mon katana, ancré dedans, n'y était malheureusement pour rien. Échec et mat. L'incrédulité me saisissait. Moi, Adam Cole Sulivan Hawke, mercenaire de la Confrérie Noire, m'était fait berné comme un bleu. Un tic agita ma mâchoire, faisant crisper ses os. Je sentais une aura sombre, et devinais que mon cher ami était habité par la même agitation.
Elle explosa. Il se jeta sur le bureau, chef d'œuvre de sculptures et boiseries en tout genre submergé de piles de documents, livres anciens ou encore avis de recherches divers. Le tout voltigea dans les airs par des mains frémissantes d’impatience pour reposer là où les meubles et le sol le lui permettait. Ma bouche s'entrouvrit pour laisser échapper un soupir. Ce type était un gamin capricieux de première. S’il y avait quelque indice permettant d'identifier le coupable, il avait disparu depuis belle lurette, tout comme son propriétaire.
- T'étais obligé de tout foutre en l'air ? Putain, comment retrouver des trucs ici ? Râlais-je, faisant référence au bureau saccagé et aux documents qui jonchaient pêle-mêle le sol. Entre cette traque ennuyeuse à mourir et cette mort inutile, tout ça pour que ce salaud s'en tire... Dis-moi, tu servais à quoi dans tout ça ? Raillais-je en regardant le fauteuil où la fille était assise. Qui t'as payé pour sauver la peau flasque de son cul ?
Je plissais les yeux en attendant une réponse. Bordel, cette histoire était louche. Déjà que le type était tout sauf clean et qu'au moins la moitié de ville s'accrochait aux pièces dorées que contenait ses poches, mais en plus il a eu vent de mon plan. Ce projet mûrement réfléchi, toute cette organisation, ce pistage... Impossible que ce type aux cheveux bruns m'ait pincé. J'étais minutieux et prudent. Mais d'où sortait-il, bon sang ? Je ne savais même pas s’il prêtait soumission à la Confrérie ou s’il faisait le coucou, comme moi, profitant du nom des autres pour leur voler leur soit-disant honneur. Mon cul, ils étaient foutus jusqu’à la moelle. Mais ça ne dura pas. Ils mourront tous sous le fil de ma lame.
Ce qui m’avait frappé aussi, c’était lorsqu’il s’était adressé à une personne imaginaire, soit-dit en passant dans le vide, en baragouinant des choses incompréhensibles. Une Kiana et des « prédatrices ». Je n’avais rien dit et m’était de contenté de l’écouter bien sagement, mais maintenant la curiosité pétillait en moi. Sûrement parce que je ne refusais jamais de traquer du gibier… Même s’il est bien meilleur quand il est frais. Tâchant de masquer mon intéressement et ma fierté – ce type s’était quand même bien foutu de moi -, je lui demandais s’il avait des infos. Oui, je pouvais sûrement rêver ; je ne voyais pas pourquoi il me répondrait sincèrement ni même pourquoi il me donnerait sa piste à proies. Je tentais ma chance.
Pour la même cible.Ou comment faire monter la testostérone.
Je devais donc partager ma mission avec un autre membre de la Confrérie. N'était-ce pas génial !? En plus de m'avoir refait le portrait et m'avoir parlé comme un chien, le voilà à prendre les devants sans m'avoir demandé mon avis et sans pleinement prendre conscience de son acte. Résultat, la scène plus lui était je m'étais mit en colère avant de très vite me prendre une remarque qui trouva une réponse acbe,
- Si être à quatre pattes s’avère être ta position préférée, vas-y. Ramasse au lieu de me chercher.
Je ne prenais pour autant pas la peine de lui répondre sur mon implication dans cette histoire. À quoi cela pouvait bien lui faire hein ? Mise à part me mettre des bâtons dans les roues ou venir me casser les pieds avec des questions sans importances et puérils… Je râlais. Sérieusement, qui avait eu l’idée de le mettre sur mon chemin ? Pas quand même Xemnas ? Notre bon chef à la chevelure argentée n’était pas aussi stupide ! Tout le monde dans la Confrérie savait que dès que cela concernait des Lamias, c’était mon travail et celui de personne d’autre. Sentant mon poing me démanger sérieusement, je pris une forte inspiration avant de parler pour moi-même. Chose que j’aurais sûrement dû éviter car une vois raisonna dans mon dos. La curiosité puait à des kilomètres et cela me donna le réflexe de serrer les dents avant de répondre :
- Certainement pas de toi.
Sec. Moi ? Certainement pas. J’étais juste énervé. Pas de quoi en faire une montagne ou même qu’il n’essaye de faire pire que maintenant. Pour avouer, Je n’avais rien vu venir. Je ne savais pas par quel tour de magie ce gros lard avait pu m’échapper. Lui qui avait tant d’informations sur mes précieuses cibles. Lui qui avait toutes les cartes pour le trafic. Rien que de penser à ça, j’avais envie de massacrer la première personne venue me chercher des problèmes. Dans un râle, je passais une main sur ma nuque. Il devait bien y avoir quelqu’un dans cette maison qui avait de quoi attiser ma soif ! Sans plus de mot avec l’autre, je fonçais vers la porte, l’ouvrit à la hâte pour tomber sur un couloir faisant le tour d’un hall. Je pestais. La vente d’être humain rapportait trop à première vue…
Un tapis rouge aux bords or, un lustre trois fois trop grand pour le plafond. Décidemment l’autre voyait les choses bien trop en grand. Je m’avançais vers la rambarde pour découvrir un hall de marbre blanc où des escaliers se dressaient devant le regard des invités. Ce dernier partait tout d’abord normalement avant de se séparer en double volée. Comme les grandes maisons de nobles ou de palaces. Mais ici ce n’était ni l’un et encore l’autre. Je savais très bien d’en entrant dans le ventre de la bête, derrière une porte pouvait très bien se cacher des enfants. Doucement, je posais mon coude sur la rambarde et fixais la salle en dessous. Une femme, sans doute une servante, me tournait le dos et s’occupait d’ouvrir la porte à quelqu’un. Rapidement, je vis un homme entrer, tout aussi bien habillé qu’un aristocrate. Il donna ses affaires à la jeune femme en ayant par-dessus le marché un geste déplacé en demandant où était… Ma cible. La servante allait répondre mais s’abstenu en me voyant. Je me redressais et sans en avoir était invité, je pris la parole.
- Tu le connais ? - Qui ne connait pas le baron imbécile. Il est réputé, respecté et craint. - Sûrement par des gens du bas peuple... Mais cela signifie que vous savez tout de lui. - Assez pour avoir cette place près de lui. Mais vous, qui êtes-vous pour lui ? - Celui qui se fera une joie de lui arracher le cœur. fis-je avec un sourire mauvais.
La jeune femme hurla en entendant mes propos et l’homme fit un pas en arrière. Il allait me filer entre les doigts lui aussi… Plutôt mourir que cela ne recommence. Sans un mot, mon pouvoir d’anomalie émit un gaz paralysant. Ils grimacèrent et je pus prendre les escaliers pour les rejoindre. Dans un souple et rapide mouvement de la jambe, mon pied percuta l’homme qui roula sur le sol. La servante se mit encore à crier et je m’approchais d’elle. Au lieu de la tuer. Je la libérais en lui demandant de ne pas venir me chercher. Elle hocha la tête et prit ses jambes à son cou. Je ne tuais jamais les gens comme elle. La raison ? Silence bien évidemment. Il m’était si fidèle que je n’avais jamais le cœur à tuer des gens de son statut. J’avais un cœur en fait.
- Bien. Je ne suis pas d’humeur alors tu vas gentiment me donner ce que je veux et tu pourras peut-être sortir d’ici la tête première. - Et si je ne veux pas ? - Ce sera les pieds devant.
Il déglutit et je relevais la tête pour tomber sur l’homme de la chambre. Il me regardait avec un air le plus horrible qu’on pouvait lui donner. Je grimaçais. Il me voulait quoi encore ?
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Mer 31 Aoû - 21:58
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
- Si être à quatre pattes s’avère être ta position préférée, vas-y. Ramasse au lieu de me chercher. - Tu m’as l’air aussi tendu qu’une corde à linge. Faut se détendre mon gars, va te prendre une queue dans le derrière et reviens me voir plus tard. J’ai horreur des gars qui ont un balai dans le cul, ronchonnais-je, en insistant sur le « horreur ». Je m’interrompais quelques secondes et reprenais, un rictus en place. Oh non, je ne t’ai pas déjà choqué quand même ? Enfin, vu ton arrogance suprême, je suis sûr que tu préfères la banalité de la facilité ; j’aimerais bien te voir te faire prendre. Tu ne garderas pas cet air si fier bien longtemps.
Je me contentais de lâcher un lourd soupir tout en levant les yeux au ciel. « Certainement pas de toi », wahou, quelle réplique ! Certainement celle du siècle, que dis-je, du millénaire ! Ce gars avait un de ces sens de la conversation, c’en était tout bonnement risible. Très sociable aussi, apparemment. Ce gros grizzly devait sans aucun doute sortir tout droit de sa période d’hibernation. Je le fixais se ruer sur la porte avec un étrange sentiment, celui que le vent était en train de tourner. J’étais venu pour tuer et me voilà en pleine partie de cache-cache en charmante compagnie. Je haussais les épaules et optais pour le chemin qu’avait emprunté mon adversaire. S’il pensait me laisser en plan ici, il se fourrait le doigt dans l’œil. Bien qu’ailleurs lui irait mieux, à mon humble avis.
Passant devant les marques de noblesses que j’ignorais inconsciemment, je parcourais le couloir et m’arrêtais à l’embrasure d’une porte. Les mains dans les poches, la tête légèrement inclinée, j’observais avec attention l’échange entre l’homme et la femme qui semblait être une servante, puis l’altercation de mon probable ennemi et d’un petit homme. Je regardais ce qu’il faisait, mémorisant le passage où il utilisait l’un de ses pouvoirs. Il fallait toujours avoir une longueur d’avance sur ceux qui peuvent te mettre des bâtons dans les roues, je le savais bien. Comme il ne connaissait pas mes pouvoirs ni mes particularités de demi-démon, j’étais encore bien protégé actuellement. Trouvant le dialogue long, je dévisageais les invités à travers leurs masques – masques qui ne servaient à rien puisqu’ils étaient si légers qu’ils ne camouflaient que les yeux, quand ils cachaient les deux.
Leur engouement à parler et se donner les nouvelles du coin me mettait mal à l’aise. Quelque chose dans leur attitude me hérissait le poil. Complètement détourné de Monsieur Glaçon et de sa servante, j’analysais leur attitude, cherchant à trouver ce qui clochait. Je finissais par me figer en comprenant le pourquoi du comment. Ils parlaient trop, bougeaient trop. C’était un véritable essaim. C’était comme si… Ils cherchaient à s’occuper. En attendant fébrilement quelque chose. Et il n’y avait pas cent vingt mille choses qu’ils pouvaient attendre. Une image d’enfants apeurés, emprisonnés dans des cages, au coin d’une cave humide me traversa l’esprit. J’y imaginais une touffe rousse. Airi. Je déglutissais. Les enfants. Airi n’y était pas, elle devait être trop grande aujourd’hui. Si elle était toujours en vie…
Je déglutissais, la tête envahie par des flashs d’Airi, plus petite, en proie à ses démons dans ce lieu humanoïde. Une épée imaginaire semblait s’être soudainement dressée au-dessus de ma tête. Même si je ne supportais pas ces sales gosses, pour Airi… Pour Airi, je devais le faire. Je devais les sauver, ou tout du moins ouvrir cette foutue prison. C’était le moins que je puisse faire pour ne pas avoir cela sur la conscience, et pour pouvoir regarder Airi en face, yeux dans les yeux. Un dernier regard sur les convives et je me retournais, l’air sombre, prêt à combattre le mal en personne. Je tombais directement sur Monsieur Glaçon, qui grimaçait comme s’il venait de s’apercevoir qu’il avait les pieds cloués au sol. Tiens, c’était pas mal ça, dommage que ça n’arrive pas en vrai !
Je gardais l’idée dans un coin de ma tête et lui adressais un langoureux regard noir, en regrettant amèrement qu’il en déjà fini avec la servante. Il était trop rapide, ou était tombé sur un os. En regardant derrière lui, je constatais que la femme était toujours en vie. Et il était faible en plus. Je l’ignorais avec superbe et marchais jusqu’à l’escalier central. Piquant un masque d’argent oublié sur un guéridon, je le plaçais correctement sur mes yeux et attachais le lien de cuir derrière ma tête. Ainsi paré, je pouvais aisément fendre la foule sans me soucier de faire tâche dans le décor. Descendant l’escalier central sans aucune gêne, je me mêlais aux autres tout en leur adressant des banalités. Circulant dans la grande salle, je m’arrêtais dès que les bougies des lustres s’essoufflèrent. Les pépiements s’arrêtèrent derechef.
Des flambeaux crachaient leur flamme sur une estrade aux rideaux fermés, que je n’avais pas encore remarquée jusque-là. Un homme à l’embonpoint assez proéminent, au masque bleu, commença à parler, suscitant des chuchotements. Redoutant ce que j’allais voir, je me contentais de rester droit, une main posée discrètement sur mon katana. Je ne le sentais pas, vraiment pas. Tentant de calmer mon pauvre cœur, je regardais le Directeur – si méconnaissable avec ce demi-masque couleur de ciel ! – lever une main vers les rideaux. Comme s’ils avaient attendu son signal, ils s’ouvrèrent, libérant la vision du peuple. Des ravissements fusèrent lorsque les jeunes enfants, entourés de barreaux de fer, furent dévoilés. Ravissements qui se transformèrent peu à peu en cris de stupeur, puis d’indignation.
Posément assis ou allongés, les petits êtres semblaient plongés dans un profond sommeil. Leur innocence me glaça l’échine. J’avais déjà compris qu’ils n’étaient plus de ce monde. De quelques enjambées puis d’un bond, je me propulsais sur la scène et ma lame farfouilla les chairs moelleuses du Directeur. Les yeux uniquement posés sur l’habitacle des corps, je remarquais des… morsures ? Confus, je laissais mon corps s’avancer de lui-même. Mon cœur claqua un peu plus fort dans ma poitrine. Tous les cous possédaient des marques rouges, comme s’ils avaient été mordus par des crocs acérés. Les corps pâles indiquaient qu’ils ne contenaient plus vraiment de sang. Relevant les yeux, je visualisais Monsieur Glaçon et son air plissé qui tournait les talons.
Encore une fois, il savait quelque chose de plus que moi. Qu’il en sache autant m’épuisait sérieusement. Que je n’en sache rien me tapait sur le système. Courant à sa rencontre, je l’interpellais dans l’objectif qu’il s’arrête. Pour toute réponse, il accéléra le pas. Jurant entre mes dents, j’allongeais mes foulées et l’accolais contre le premier mur venu dès que je pus le faire. D’un mouvement sec, il s’arracha à mon étreinte. Désireux de ne pas le laisser filer, je le plaquais de plus belle tout en sondant ses prunelles, y cherchant des réponses silencieuses. J’avais fini ma mission, mais ça, ça, ce n’était pas normal. J’avais arraché une mauvaise herbe, mais pas la bonne. Et il n’y avait que l’homme qui était sous mon nez qui pouvait m’aider.
M’aider. Ce mot était bien amer dans ma bouche. Déjà que je n’appréciais guère de requérir des services, alors réclamer des informations à un être tel que lui… Ça me débèquetait tout simplement. Glissant mon katana ensanglanté sous sa gorge, côté le plus aiguisé contre sa jugulaire, je m’appliquais à lui extirper quelques informations.
- J’ai pas vraiment envie de me torcher le cul à t’interroger, malheureusement, je n’ai pas le temps d’aller dégoter des sous-fifres pour faire ces tâches rabaissantes. Ces marques, ces deux points rouges… Qui les a faits ? Ne me dis pas que tu n’en sais rien, je lis dans tes yeux que tu connais la réponse à ma question.
Pour la même cible.Ou comment faire monter la testostérone.
Je n’avais pas que ça à faire que de me taper un gigolo dans les pattes. J’avais plus besoin d’évacuer ma colère sur quelqu’un et lui… Je ne pouvais pas tout simplement parce qu’il faisait malheureusement parti de la Confrérie. Je le laissais donc dans la pièce lorsque je me décidais d’aller prendre l’air pour miraculeusement tomber sur une servante et un hôte. Un dialogue entre eux et je rentrais dans l’histoire en posant de simples questions. Ne prêtant aucunement attention à l’autre, je ne le vis pas disparaître trop prit à tirer les vers du nez de cet ami du Directeur. Il regarda par-dessus mon épaule et grimaça. Je me retournais après lui avoir pris le col et tombait sur le grison en train de regarder quelque chose. Sans attendre, je pris soin de tuer rapidement l’homme dans ma main et il tomba lourdement à terre tâchant la moquette pêche et mes chaussures. À cet instant même, je grimaçais et l’homme au katana me regarda. Quoi ? Il me jeta un regard et glissa quelques secondes plus tard un masque sur son visage. Qu’est-ce que…
Montant les marches quatre à quatre, je le suivais donc dans une salle où personne ne daignait faire attention à moi. Je ne portais pas de masque et pourtant, j’avais eu la facilité de rentrer. Pas le moindre obstacle et je regardais une scène sortant tout droit de mon imagination. Que fut ma surprise de voir des enfants présents dans des cages comme des animaux. Tout aurait pu être normal. On aurait pu les faire sortir de là s »ils n’étaient pas en état de cadavre. Mon regard se porta sur un vacarme et je vis malgré moi le cendré plonger sa lame dans la peau flasque de ma première cible. Ma mâchoire se serra sous la colère. C’était à moi de le tuer ! Mais bien vite, je reportais mon attention sur les enfants pour tomber sur la même chose que l’autre dans le bureau : des traces de morsure.
Encore leur œuvre. Décidemment, elles étaient pires que les vampires. Tout ça pour vouloir s’accoupler. Je grimaçais malgré moi en regardant le nombre de cadavres. Tous des enfants. Sans doute que cette fois, elles ont très envie de corrompre les sangs dès le plus jeune âge. Elles espéraient sûrement que ça fonctionne mais vu le résultat… Puis mon regard croisa celui de l’autre membre de la confrérie et étrangement, je me mis à le fuir. Pas par peur non. Il ne m’inspirait rien de tel. Juste que j’avais d’autres chat à fouetter. Ou plutôt des têtes à couper. Mais il ne l’entendait pas de cette oreille. Si bien que j’entendais ses pas derrière moi. Il me parla et j’accélérais. Pourquoi sérieusement ? Je ne voulais pas qu’il se mêle de mon histoire. Mais il se fit plus rapide et finalement, je terminais contre le premier mur venu. Je sortais de sa poigne et il recommença rapidement.
Nous étions en train de nous fixer. Et aucun de nous deux n’allaient lâcher. Sérieusement, je détestais les pots de colle dans son genre. Finalement, d’un mouvement de bras, je séparais ses pattes de ma chemise avant de le voir porter son arme à ma gorge. J’eus un sourire. Il ne savait pas que mon pouvoir était le sang. Si je voulais, je pouvais le tuer ici et maintenant. J’avais très envie et pourtant… Je l’écoutais plutôt me parler et finalement, je lâchais un soupir. Il était lourd. Monsieur le Volcan commençait à me courir sur le haricot à vouloir mettre son nez dans mes affaires. Mais de ma place je pouvais encore voir les corps et cela eut le don de me faire baisser les yeux. Je n’aimais pas rendre des comptes. Surtout sur mon passé et sur ce que je traquais. Mais je savais très bien qu’il n’allait pas me lâcher. Du coup, je le provoquais en avançant ma tête vers lui en prenant néanmoins bien soin de retirer sa lame d’une main. Nos visages à quelques centimètres, je pouvais très bien sentir son souffle contre ma joue. Je voyais très clairement sa mâchoire se contracter et finalement, mes lèvres rencontrèrent son oreille,
- Tu es trop faible pour leur face. Tu tomberais à leur pied comme un chien en manque de caresses.
Sans plus de mot, je me tirais de son emprise pour finalement voir à ma grande surprise dans le hall, une femme d’une extrême beauté. Des cheveux blonds aussi lumineux que soyeux et puis sa robe noire fendue à la jambe droite lui donnait un air de dominatrice. Mais quelque chose clochait dans ce tableau. Très vite, je compris et instinctivement, le joli minois de l’autre homme était plaqué sur la moquette du couloir. Une odeur d’acide s’éleva dans l’air et une douleur me prit le bras. Rien que pour sauver sa peau. Qu’est-ce qui venait de me prendre sérieusement !? Délicatement, je me cachais derrière une colonne en me tenant le membre blessé.
- Toi qui voulais des réponses, te voilà servit. fis-je à l’attention de l’autre homme. - Mais regardez qui voilà... - Ça fait quoi… Une vingtaine de mois qu’on ne sait pas vu. Désolé, je n’ai pas eu le temps de te tuer la dernière fois. - Tu étais trop pris dans ton massacre. - Oui que veux-tu, la peau de serpent pour les sac-à-main revient à la mode.
Elle grogna et envoya une nouvelle attaque acide dans notre direction. Je n’avais pas trente-six façons de la tuer. Je n’avais pas d’arme et mon pouvoir d’anomalie n’allait pas fonctionner vu qu’on avait le même. Il ne me restait plus que le sang. Je fixais alors la lame du katana et eus un bref sourire avant d’avancer la main vers ma source de pouvoir. Je laissais mes doigts danser un instant pour laisser la matière former une sphère parfaite et léviter devant nous deux. Bientôt, la forme prit la silhouette d’une araignée et je la laissais courir pour la voir disparaitre. Le sang. Mon corps appelait dès à présent le reste de sang qu’il y avait encore dans l’autre pièce. Dans un sourire, d’autres forment sortirent de la salle et cette fois, elles avaient l’aspect d’un être humain. Elles descendaient les marches menant à la femme et lorsqu’elle les remarqua, l’araignée fusionna avec les autres pour ne former qu’une masse immonde.
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Dim 16 Oct - 20:37
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
J’avais regardé la scène avec un regard indifférent, après tout, cette bataille d’hormones ne me concernait strictement pas. Qu’il se finisse à l’acide ou pas, ça ne me faisait ni chaud ni froid. C’est pourquoi j’avais fini par m’écarter pour m’adosser placidement contre le mur. De là, j’avais encore une meilleure vue sur ce qu’il se passait. D’après ce que je comprenais, le type manipulait le sang pour tenter d’atteindre son adversaire qui semblait s’en foutre comme d’une guigne. Passionnant, je vous assure, vraiment. Les laissant faire mumuse, je déambulais dans le couloir et ouvrais différentes portes, tombais sur des scènes du quotidien, des servantes qui s’occupaient du linge, des commis qui préparaient le repas… Rien d’utile.
J’arrivais, je ne savais comment, à un étage inférieur où la lumière se faisait plus rare et où un décor nettement plus rustique remplaçait les richesses ridiculement nombreuses de l’étage supérieur. Ça m’arrangeait, je me sentais bien plus à l’aise en ces lieux. Je longeais les murs, descendais quelques marches, suivais le chemin « naturel », le moins poussiéreux, celui qui m’avait l’air d’être le plus utilisé. J’allais découvrir que c’était également le meilleur moyen pour faire d’agréables rencontres, mais aussi pour atterrir en plein festin.
En poussant une porte, je tombais sur plusieurs femmes en plein suçage d’enfants. Leur cou tiré à l’extrême, les yeux blancs, ces derniers semblaient plus possédés ou en voie de fin que réellement vivants. Certaines femmes s’interrompirent en me voyant, sortirent leurs crocs et grognèrent-feulèrent pour que je parte, à moins que ce soit un cri de ralliement. Je m’approchais un peu plus, jetais un regard sur les cous percés de deux marques rouges, et leur demandais si elles n’avaient pas vu ma sœur il y a environ dix-neuf ans. Elles me regardaient, l’air étrange puis hurlèrent de rire comme si j’avais sorti la meilleure blague du siècle.
Je les fis nettement moins rire quand je leur expliquais qu’un type zigouillait une des leurs là-haut ; ah là non, elles ne riaient plus du tout. Les feulements reprirent. Manifestement, elles n’avaient rien à m’apprendre, mais je voulais savoir, j’insistais, mon ton devenait plus pressant, plus vif, je parlais plus rapidement. Je me heurtais aux mêmes attitudes. J’enroulais une chaîne autour d’une et la ramenait illico presto sous mon nez en lui reposant la même question ; je prenais soin d’articuler lentement et de résister à la tentation de lui beugler dessus.
La femme se dégagea et me cracha au visage. Délicate attention. De l’acide sortait de sa bouche, guidé par une langue fourchue, une langue de serpent. Entre les crocs de vampire et la langue de reptile, je me demandais bien d’où elle sortait ; je n’avais encore jamais vu pareille personne. Sa posture était inévitablement celle d’un ennemi, pourtant, j’étais encore entier. Et j’avais ma petite idée pour le rester encore un peu : suffisait que je lui fasse rencontrer ce fameux type de la Confrérie qui semblait les mettre en rogne et hop ! J’aurais mon billet de sortie.
Les titillant encore un peu au sujet d’une de leurs consœurs qui se faisait botter l’arrière-train en haut, je me faufilais hors de la pièce, les femmes étranges sur les talons. Je réempruntais sans grand-mal le trajet pris un quart d’heure plus tôt et atterrissais dans la même pièce que tout à l’heure. Les yeux du type s’agrandissaient sous la surprise. Eh ouais mec, je te ramenais la crème de la crème ! La femme qui était sa victime était dans un état qui laissait suggérer que c’était l’homme qui avait le dessus. Je souriais. S’il en avait maîtrisé une, il pouvait bien s’occuper du reste.
Je souriais, satisfait de moi-même, et quittais la pièce sur la pointe des pieds ; enfin, c’était mon intention avant que quelqu’un ne m’en dissuade par la force des choses.
Pour la même cible.Ou comment faire monter la testostérone.
J’aurais dû le laisser se faire une nouvelle beauté. Lui arranger son satané portrait… Même pas un merci pour lui avoir sauver sa misérable peau. Je grognais malgré moi en le regardant littéralement déserter. C’était une girouette. Il ne savait pas quoi vouloir. Un coup il voulait des réponses et lorsqu’il les possède, il prend la poudre d’escampette. Un sourire barra mon visage, un faible sûrement. Pourtant, je n’avais pas que ça à faire que le suivre du regard pour le voir disparaître.
Ma chère amie venait juste de remarquer mon petit cadeau dans son dos et venait d’esquiver théâtralement une attaque sans même déchirer sa belle robe. Que de souplesse. Autant dire qu’elle changeant radicalement des premières que j’avais tué au lendemain de ma transformation. Il fallait avouer quand même que je n’étais pas particulièrement attiré par l’envie de la tuer. Après tout, elle était belle… Tout comme Kiana. Mais bon, j’avais fait d’elles ma raison de vivre. Les railler de la carte était donc une priorité. Même si je savais qu’elles étaient plus une hydre qu’autre chose.
Une autre esquive de sa part et je sautais par-dessus la rambarde pour me mêler au combat. À défaut d’être seul avec elle, je pouvais compter sur mon abomination pour lui donner du fil à retordre. J’adorais martyriser mes ennemis. Ce fut donc sans état d’âme que je l’envoyais au tapis par un revers du droit. Elle grogna et mon pied percuta sa jolie frimousse pour qu’elle mange la moquette. Je n’étais pas d’humeur et gentleman comme j’étais, je le lui fis savoir en me penchant sur elle. Mais elle se mit à bouger légèrement, laissant entrevoir ses magnifiques jambes. Pourtant, même si elle donnait envie à n’importe quel homme, je portais une main à son visage et l’entendit hurler suite à mon attaque. Je venais tout simplement de la défigurer. Même moi je ne pouvais à l’encontre des lois de la nature. Quand on me faisait ça, je terminais aussi avec des séquelles.
En redressant le nez, je fus quelque peu surpris de voir mon partenaire de fortune refaire surface. Il avait l’air… Etrange. Puis je compris en regardant derrière lui. Un attroupement de vipères venait à ma rencontre. Elles se stoppèrent et laissèrent leur regard se baisser sur leur sœur recroquevillée comme un animal blessé. Elles sifflèrent en même temps et se ruèrent commune seule entité dans ma direction. Ce fut à ce moment précis que je le vis prendre la fuite encore une fois. Cette fois, il allait payer… Juste avant qu’elles ne me submergent, je levais les mains innocemment et pointais un doigt dans la direction de l’autre homme.
- Pour information, il est avec moi.
Cette fois, quelques-unes se stoppèrent et jetèrent un regard de biais au déserteur. Pestiférant à y laisser des traces d’acide sur le sol, elles se séparèrent en deux groupes pour nous attaquer simultanément. J’étais fier de moi sur ce coup-là. Parant deux attaques, je me retrouvais bientôt un genou au sol et mes deux bras bloquant deux jambes. Prenant ces dernières, à pleine main, l’acide fit encore son effet sur leur membre et elles furent handicapées pour le reste. Sans attendre, un coup de coude dans l’estomac pour l’une et l’autre un coup de pied dans l’autre jambe et elles terminaient à terre. Mon coéquipier par la force des choses se débrouillait plutôt bien. Même si le sang giclait un peu trop…
- Dites les Lamias, lorsque je vais dire à Kiana que vous êtes mortes, elle va encore me casser les vases de sa chambre... Il faut vraiment que j’arrête de la chouchouter de la sorte, après tout, c’est plus un animal de compagnie qu’une personne.
Dès qu’elles entendirent le nom d’une de leur semblable, et surtout celui de mon esclave, elles s’arrêtèrent un instant. Savant pertinemment que je disais la vérité. Elle était la seule survivante du massacre du rituel. Sans une de ces « prêtresses », impossible pour elles de transformer un homme en une anomalie. Je devais être pour ma part, un des seuls sujets encore vivants. Moi qui me dit que j’aurais pu avoir un harem… Après avoir bien assimilé la nouvelle, le reste des femmes serpents encore en vie ou susceptible de combattre reprirent le combat.
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Mer 19 Oct - 18:48
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
Le type se foutait royalement de ma gueule ; comme si j'étais avec lui, de son côté. S'il croyait que je protégeais ses arrières, il ne tarderait pas à se prendre un couteau dans le dos ; enfin, en l'occurrence, un katana. Le plus triste, tout de même, c'était que ces femmes l'avaient entendu, écouté et cru. Je comprenais maintenant comment il avait atterri au sein de la Confrérie Noire, et, franchement, ça ne m'étonnait pas pour une bouchée de pain. J'étais certain que ce type avait l'habitude qu'on se prosterne à ses pieds, d'ailleurs il l'avait dit, il avait une esclave.
- Moi, avec toi ? Ça va pas dans la même phrase, faut être sacrément atteint pour croire que je vais aider un trou du cul dans ton genre. Et pourtant, j'en ai filé, des coups de main à des types pas nets ! Toi, t'es sans aucun doute le genre de type tellement arrogant qu'on a envie de l'éclater contre un mur rien qu'en voyant sa tête.
Je regardais les femmes, hargneux.
- Qu'est-ce que vous attendez pour lui brûler les couilles à l'acide ? Vous attendez qu'il brise les miennes c'est ça ? Vous voulez un coup de main peut-etre ?
Mon regard se tourna vers l'homme. Toujours arrogant, il abordait un léger sourire. Qu'il aille se le fourrer dans le soupirail, peut-etre que ça le fera réagir un peu plus. Y'avait des gens qui te rendaient heureux et d'autres qui avaient le pouvoir magique de te les briser avec peu de choses. Je soupirais. Je petais un boulon, je commençais à en avoir ras-le-cul de toutes ces conneries à la con.
- Tu te rends compte que tu aurais pu dégager dès le début au lieu de me faire chier comme ça ? T'as hérité ça de ta famille ou t'es devenu comme ça ? Comment les mecs de la Confrérie peuvent te supporter ? J'parierais que ton poste est capable de sauter d'un moment à un autre, en une seconde, comme ça, clac !
Je mimais en claquant des doigts. Pendant que je parlais, Daphné, projetée devant moi, paraît toutes les attaques d'acides et je repoussais les femmes qui s'approchaient trop en leur distribuant des coups de chaînes à la manière d'un fouet. J'avais pas envie de m'impliquer et j'avais pas à le faire de toute manière. Je pensais que cet endroit pouvait m'aider à trouver des informations sur ma chère Airi ; à la place, j'etais tombé sur un Casse Noisettes. Littéralement. J'aspirais plus qu'à me casser en vitesse d'ici. Mon rôle était terminé.
- Essaye pas de me foutre dans ta merde. Parce que c'est la tienne, mec, et j'ai rien à voir avec tout ce bordel.
Pour la même cible.Ou comment faire monter la testostérone.
Il m’avait cherché et trouvé. Il était certain qu’on allait pas s’aimer de ci-tôt vu comment on s’envoyait dans les roses mais il ne fallait pas perdre espoir. C’était même amusant ce petit jeu de provocation puéril entre deux hommes comme nous. Même si j’étais le plus distingué à n’en pas douter… C’était drôle ! Il n’aimait absolument l’idée pour laquelle je le faisais croire à notre collaboration. Puis les autres étaient tellement prise dans leur idée de vengeance à deux balles qu’elles ne faisaient pas attention du vrai et du faux. Pathétique.
Il n’aimait vraiment pas. Je l’écoutais sagement pestiférer comme un diable en proposant son aide pour me refaire le portrait. Dommage pour lui, les Lamias ne l’écoutaient plus étant trop prise dans leur envie de suc… Tuer. Puis, il lâcha enfin une remarque pertinente qui m’arrêta un petit arrêt de ma part. Mais je ne pouvais m’empêcher de lui envoyer un pique juste avant :
- Olala ! Le jeune pédant montre les crocs. Grouu j’ai peur de tes attaques... Sérieusement, qu’est-ce que ça peu te foutre ? Et puis, je ne vais pas laisser des femelles m’emmerder.
Lorsque je disais ça, une s’approche pour me mordre le bras. Rapidement, je lui envoyais un coup dans la mâchoire. Bon… Ok, je pouvais avouer que mon « partenaire », qui n’en était que parce qu’il faisait partie de la Confrérie, savait se battre. Puis au moins, je voyais ses pouvoirs et par-dessus tout l’étendu de ces derniers. Je jubilais à l’idée qu’un jour peut-être on devrait se battre. Au moins, je savais comment éviter ses chaînes. Mais pour l’autre… Un coup de bestiole de sang peut-être ? Trop prit dans ma réflexion, je ne vois pas arriver deux attaques simultanées et je me ramassais par terre en me tenant la mâchoire. Les deux femmes se mirent à montrer les dents et je revis comme une flash l’enfant sur la chaise. En un instant, ma rage se fit plus puissante et lorsque je me mis à crier en me ruant sur elles, ma bête implosa libérant ainsi des particules d’acide dans l’air.
Du sang. Encore et toujours. Je les massacrais littéralement. Oubliant jusqu’à l’existence de l’autre homme. J’avais besoin d’évacuer, de tuer pour me soulager. Elles criaient ou hurlaient avant de couiner et finalement râler. Lorsque je terminais enfin mon carnage, mes vêtements étaient en lambeaux et couvert de sang pendant que ma peau, mourante par les griffures et les morsures acide, se laissait aller à différents degrés de corrosion. J’allais soit avoir des cicatrices, soit hurler pendant des jours. Ou voir les deux. Mon regard se porta sur l’autre. Il avait rangé les armes. Il pouvait bien partir maintenant. J’avais fait mon devoir de tueur et de vengeur. Je serrais les dents en me tenant la blessure la plus douloureuse avant de me mettre à ricaner.
- Depuis le temps que je demandais à en découdre... Nom de dieu que ça fait mal !
Lentement, je me laissais glisser au sol en m’aidant du mur d’un blanc immaculé qui termina rapidement avec une trainée rouge et imparfaite. J’avais juste besoin de quelques instants. Laisser mon corps souffrir en silence et accuser le coup de sentir des décharges dans les muscles et le sang. Il fallait que le poison réagisse au mien pour ne plus avoir mal et ça, ça pouvait prendre du temps.
- J’te retiens pas le Marionnettiste… Ou plutôt Adam. C’est ça ?
Moi et ma mémoire. Il m’avait fallu me faire botter les fesses par des femmes pour que je me souvienne de son nom malgré le très peu de temps qu’on avait pu passer à se croiser. J'avais de bonnes matières grises quand je le voulais... Je grimaçais encore en essayant de faire bouger les doigts de ma main blessait. Merde. Sans succès. Je n’avais rien. Aucune réaction. Dans un râle, ma tête se colla au mur et mon regard se perdit sur le plafond.
Sujet: Re: « Pour la même cible. » [PV David] Jeu 27 Oct - 21:20
ft. David Kraus
« Pour la même cible. »
Deux chasseurs, une proie, un but : sa mort. Qui fauchera sa vie ?
Interdit, je restais un moment à fixer l’homme qui était presque mes pieds, les yeux ronds. Il m’avait coupé l’herbe sous le pied, ça oui. Ça faisait des années et des années que l’on m’avait appelé de la sorte, plus précisément depuis que j’avais quitté le château de Vandaaer et fuis toute histoire de royauté ou de descendance. Ce prénom venait de la bouche de ma douce mère, de celles de mon fichu humain de père et de sa fichue femme, celle qui remplaçait ma mère et qui avait engendré ma chère Airi. Ce petit bout qui m’avait apporté tellement de bonheur… Depuis, les années avaient passées et Adam était mort à Vandaaer, là où j’avais enterré mon passé. Maintenant, c’était Cole pour les affaires et Sullivan pour les personnes que j’appréciais. Les autres, ils pouvaient toujours se débrouiller pour m’appeler. Alors d’où venait ce Adam, pourquoi m’appeler ainsi ? Comment pouvait-il connaître ce prénom si secret, celui que j’avais tu toutes ces années ? Personne, absolument personne ne me connaissait sous cette personnalité.
Une fois la surprise passée, j’éclatais de rire. Ce n’était pas un rire harmonieux, synonyme de bonheur, mais un éclatement brutal, un rire de dément, qui grinçait à mes oreilles, hurlant la folie qui menaçait de me prendre et de me perdre. Je plaquais ma main gantée sur mon visage pendant que mon sourire ne cessait de croître. Ma tête se pencha vers l’arrière, le rire odieux cessa, mais mes lèvres demeurèrent étirées. J’ôtais finalement ma main, plantais mes yeux dans les siens. Cet homme n’était pas n’importe qui ; visiblement, c’était un ennemi. Il n’y avait qu’un ennemi sortit tout droit d’un cauchemar du passé qui pouvait savoir qui j’étais. Mais par qui pouvait-il être envoyé ? Mon père ? Je ricanais. Le jour où il fera appel à moi, c’est qu’il devait avoir un sacré pépin, comme un problème d’héritage de trône. Mais si le vieux crevait, ça me satisferait plus qu’autre chose. Oh et avec sa foutue femme, comme ça je serais bien tranquille. Et puis, peut-être que sa mort entraînerait un déblocage chez Airi, peut-être retrouverait-elle ses souvenirs, et peut-être retrouverais-je enfin la paix de mon âme.
- Je vois que tu t’es bien informé avant de me traquer… puisqu’Adam n’est pas mon nom, le cinglais-je.
Je m’approchais d’un pas vif pour mieux voir la scène qui se déroulait à moi. Le type avait un drôle d’air et la peau pâle, comme s’il était en train de crever. Parfait. Je ne pouvais espérer mieux. Puisqu’il n’était pas de mon côté, il ne pouvait pas arriver meilleure situation. Je tournais les talons et quittais les lieux sans demander mon reste. Puisque je connaissais désormais plutôt bien le chemin, je sortais de l’immense demeure sans trop de mal. Je m’étirais, faisant craquer mes os, étendant mes muscles. Et puis je respirais un bon coup, je me disais, chose faite, mission terminée, je n’avais plus qu’à rentrer. Mais dans un coin de ma tête se rejouait le moment fatidique où ce type me sortait sans aucune hésitation mon prénom natal. Bordel, si je m’y étais attendu ! C’était un beau connard tout de même. Venir me faire chier pour me balancer cette bombe à la gueule, moi qui était persuadé avoir bel et bien enterré mon passé, et qui ne voulait plus rien à voir avec !
Quelque part dans mon crâne, ça cogitait, ça me dérangeait que l’homme de la Confrérie me connaisse, moi qui avait été si tranquille, je craignais soudainement pour ma peau, je ne voulais pas être reconnu, je ne voulais pas que le fait que j’ai un foutu lien étroit avec le roi se sache. Du coup, pour cette raison, et seulement pour celle-là, je suis retourné sur mes pas, d’une démarche lourde, en soupirant, parce que ça me faisait vraiment chier cette histoire, et que, putain, j’allais lui éviter la mort, et ça, c’était doublement plus chiant encore. Je m’accordais une maigre réjouissance en me disant que, vu son état, je pouvais l’achever rapidement. Quelle plaie, il était plus insupportable encore qu’une gonzesse de mes deux. À côté, une fille de joie était presque le paradis, et pourtant, je ne m’amusais que rarement en leur compagnie. Y penser était toutefois plus doux que revoir la face de mon ennemi.
J’atterrissais finalement dans la fameuse pièce où mon ennemi avait manqué de crever et dont son corps se noyait dans une eau rouge. Satisfaisante vue. Les drôles de femmes avaient foutu le camp, elles ne devaient pas être intéressées par une enveloppe corporelle si molle et dénuée d’intérêt, ce que je comprenais parfaitement. Je restais planté là, pendant de longues minutes, savourant avec une plaisance presque malsaine son impuissance. Puis je me penchais, le chargeais à la manière d’un sac de toile renfermant des patates pour les cochons, et gravissais les marches qui m’amenaient vers les sous-sols, là où j’avais surpris les dames en plein festin ; je savais qu’on y serait bien tranquille et que, si finalement je m’étais trompé, si finalement il s’avérait intéressant, je pourrais être tranquille pour jouer avec lui.
Poussant du coude chaque porte croisée, je dénichais un petit coin parfait. La pièce constituée principalement de pierres permettait une isolation sans faille et l’absence de fenêtres prévenait toute fuite. Peut-être une salle où les humbles serviteurs déjeunaient. Une longue table de bois accompagnée de ses bancs semblait nous attendre ; je n’attendais pas plus longtemps pour y larguer mon fardeau. Je me rappelais de sa position et choisissais plutôt de l’épingler au mur. Farfouillant dans les barils, dos à ma victime, je trouvais une substance qui m’avait l’air goûteuse. Saisissant une choppe, je la remplissais autant que je le pouvais et y trempais mes lèvres. Approuvant d’un son appréciateur, je me retournais et m’asseyais machinalement sur un des bancs, le dos collé au mur et les pieds sur la table. Dégustant la boisson, je constatais que les murs avaient des yeux grands ouverts.
- Ravi de voir que tu es de retour parmi nous. J’ouvrais les bras. Tu m’excuseras, mais il n’y a plus de femmes pour te faire la fête, du coup, tu devras te contenter que de moi. Je m’approchais d’un pas nonchalant et fixais ses blessures avec un air faussement attristé. Ouh, ça a l’air de faire mal… Mais je ne suis pas guérisseur, du coup, à part te regarder souffrir, je ne peux pas faire grand-chose, complétais-je en souriant de toutes mes dents. Maintenant, rends-toi utile et dis-moi ce que tu comptais faire de moi, tu m’attendais tapi sous ce lit, ce n’était pas pour faire de la broderie ! Raillais-je. Qui t’envoie et pourquoi ?
Pour la même cible.Ou comment faire monter la testostérone.
Du repos. Juste un peu. Le temps de laisser le poison se mêler au mien et ne plus causer d’ennui. Je me rappelais très bien des mots de Kiana. À force de recevoir leur cadeau, je risquais de finir… Comment dire : Impuissant. Dans le sens le plus physique du terme. Autant dire que cette idée ne m’avait pas réjoui mais personne ne partageait ma vie. Donc au pire, cela importait peu sur le moment. D’un rapide coup d’œil, je vis l’autre de la Confrérie toujours au même endroit à me regarder avant de littéralement éclater de rire. J’avais dit quoi de drôle encore ? Je le regardais se plier pendant que moi je grimaçais. J’avais l’horrible impression que chacune de ses vibrations faisait sauter le poison dans mon corps. Puis lorsqu’il se décida enfin de s’arrêter, son regard puait le défi. Je le fixais donc sans rien dire.
À moitié avoué quand même. Qui de normal se mettrait à rire à l’écoute d’un nom qui n’était pas le sien ? Je lui adressais un sourire en coin. Le genre à dire : « Vas-y ris comme un dément. Mais tu viens de te brûler les ailes à l’instant. » Je le laissais tourner les talons et me laisser dans le hall remplit de cadavres. Ce n’allait pas être la première fois. Un petit tête à tête avec la Mort était toujours agréable quand on l’a frôlé. Pensant être seul, je me décidais de fermer les yeux et de me concentrer sur mon être pour qu’il évite de clamser trop vite. J’avais un devoir et une vengeance à accomplir. Mais le moment était d’abord au repos. Comme les serpents, je décidais de me mettre dans une hibernation assez rapide. Ma température allait chuter mais le poison allait prendre plus de temps à s’étendre et donc le mien aura tout le temps de faire son travail.
Prit dans un sommeil, je ne savais donc rien de ce qui pouvait se passer. Même si me tuer allait être compliqué, lorsque je rouvris les yeux, je fus assez surpris de ne plus me retrouver dans le hall mais une pièce sombre avec comme compagnon l’autre crétin sans cervelle devant moi en train de picoler. Je gardais le silence à ses propos pour commencer. Attendant qu’il la boucle enfin pour savoir ce que je comptais faire. Frais et disponible comme au premier jour, mon corps avait repris sa couleur et ma température était revenus à la normale. Plus rien ne donnait l’aspect d’un homme mourant. Je décidais donc de prendre la parole,
- Quoi ? Tu m’emmènes dans un endroit cosy tu veux que je m’occupe de ta personne ? fit-je en rigolant. Ne te crois pas le centre du monde mon pauvre. je grimaçais en disant ces mots voulant me redresser comme je le pouvais. Puis te réjouis pas trop vite de mon malheur. Ce n’est qu’une douleur passagère et comme son nom l’indique, c’est passé. Fâcheux. Ensuite, entre toi et moi, c’est ton entrée de malheur qui a fait fuir ce vieux crétin. Tu ne m’intéresses pas. Tu ne mets d’aucune utilité et ta vie m’importe peu. Fin de l’histoire. Au revoir.
Finalement, je trouve assez de force pour me hisser sur mes jambes en remontant le mur. Une main sur ce dernier pour équilibrer mon corps et j’étais bientôt aussi prêt qu’à mon arrivé. Comment est-ce qu’il pouvait penser que je m’intéressais à lui. Mise à part la tête de cette maison et celles des Lamias, il n’y avait rien d’autre qui importait à mes yeux. Dans un soupir las, je passais une main dans mes cheveux. Il croyait qu’il était si important que ça pour que je connaisse son nom ? Si mes souvenirs étaient bons, se fut Silence qui m’avait donné son petit prénom. Il fallait avouer que tête de hibou était remarquable ! Sans doute un sorcier ou un médium. Avec à la clé le pouvoir de Source ou une connerie du genre. Quoi qu’il en soit, je le savais et en fait, je m’en foutais pas mal de le savoir.
Avec une nonchalance légendaire pour ce genre de mec et pour sa situation, je passais à côté de lui en lui prenant son verre. Entre cracher dedans et le boire… Oh allez ! Mes lèvres se posèrent sur le bord et un liquide tomba directement dans ma gorge. Puis je lui tendis son bien dans un sourire avant de souiller son contenu avec ma salive. Un nuage s’échappa au contact du fluide et un crépitement se fit entendre. Au niveau de la porte, une main dans une poche, l’autre se leva pour un signe de main hautain.
- Sans rancune.
Porté par un large sourire, je m’avançais dans le couloir sombre pour reprendre le chemin vers le hall. Ce n’était pas si compliqué. Il fallait juste suivre le sang.