La nécropole des Keyblades, dernier endroit où j'ai vu mes amis. Une terre aride portant les stigmates de la guerre des Keyblades, mais pas seulement, c'est sur cette terre que nous avons combattu ensemble pour la dernière fois, c'est sur cette terre que j'ai affronté mes peurs et Vanitas. Au début lors des leçons de Maître Eraqus, je croyais que la guerre des Keyblades n'était qu'un mythe, un récit pour garder les apprentis sur le chemin de la lumière afin qu'ils ne s'égarent pas dans les méandres des ténébres mais depuis j'ai voyagé, vu et vécu des choses qui ne peuvent laisser place au doute. Puis toutes ces armes, ils sont bien venues de quelque part, ils sont bien la preuve de la guerre passée et resteront là encore pour longtemps. Dans un sens, on peut dire que toutes ces armes, preuves du combat passé entre le bien et le mal sont le patrimoine des apprentis comme moi ou mes amis. Mes amis... j'étais de nouveau envahi, par ce regret mélancolique que l'on ressent au fin fond de son coeur, la douleur était si vive que j'avais l'impression que l'on m'avait éviscéré. J'étais nostalgique de mes amis et de cette dernière soirée à observer les étoiles ensembles.

La veilleuse d'Aqua ! Je fouillais dans mes poches pour la trouver là où je l'avais mise avant l'affrontement contre Xenahort et Vanitas. Elle était toujours là ! Je poussais un ouf de soulagement tout en admirant l'objet une nouvelle fois. C'était justement durant cette fameuse nuit que la jeune femme nous les avait offert, à la base c'étaient des portes bonheurs mais c'était bien que ça, ces veilleuses étaient le symbole de notre amitié, mon bien le plus précieux depuis que j'avais déposé la keyblade de bois de Terra dans le coffre de Peter Pan. Je serrais l'objet contre mon torse avant de crier de toutes mes forces :

"Terraaaaa !!!! Aquaaaaa !!!!"

Bien que je n'étais pas très grand, devant l'immensité environnante ma voix avait une assez bonne portée à mon grand étonnement. Bien évidemment je n'étais pas dupe, ils n'étaient plus ici mais ce cris, cet appel me venait tout droit du coeur, de mes tripes. C'était une sorte d'exutoire à mon stress et ma tristesse. Puis après quelques minutes dans silence des plus calme, je me laissais tomber à genoux. Malgré le fait, visiblement, que j'avais passé pas mal de temps dans cette fameuse pièce blanche je me sentais affreusement fatigué mais le pire dans tout ça c'est que la nuit n'allait pas tarder à tomber et je n'avais nulle part où aller. Plus de maître, plus d'ami peut-être que je n'aurais tout simplement pas dû me réveiller. Non Ven ça ne te ressemble pas de penser de la sorte, ressaisis toi !

Me laissant tomber sur le dos, je pouvais voir les étoiles qui commençaient à apparaitre dans le ciel. Cette journée m'avait lessivé, faut dire que je n'avais plus vraiment l'habitude. J'allais rester ici pour la nuit, on verrait bien ce qu'il allait se passer. Demain est un autre jour comme on dit souvent....

Durant de longues minutes, j’étais perdu dans mon esprit, dans mon passé pour être plus précis. De nouveau la nostalgie m’envahissait, où devrais-je aller ? Partir à la recherche de mes amis ou bien m’en faire des nouveaux ? La situation était presque identique à celle du jardin radieux où après avoir terrassé le nescient avec mes amis nous nous étions quittés en mauvais terme enfin surtout Terra ou Aqua. Cette dernière avait laissé entendre qu’elle surveillait Terra pour l’empêcher de basculer vers les ténèbres et il avait pris la mouche, à juste titre selon moi. Mais le recul, je me dis qu’Aqua avait dû avoir de bonne raison d’agir ainsi, peut-être à la demande de Maître Eraqus ? Je ne le saurais sans doute jamais, nous n’avons pas eu l’occasion d’en reparler, après cet incident la seule fois où nous nous sommes revus était juste avant la bataille finale. Là où je leur ai demandé de m’achever si jamais la X-Blade avait été forgée… mais je suis toujours là, pourtant je croyais avoir disparu alors par quel miracle suis-je encore de ce monde ? Je n’aurais sans doute jamais la réponse à cette question ainsi qu’à toutes les autres. Ramenant ma main droite sur ma poitrine à l’emplacement de ce cœur mutilé et brisé par le passé, je serrais ma veste comme si je comprimais ce cœur qui a causé tant de dommage car les faits étaient là, sans ce cœur, Xenahort n’aurait jamais pu mettre son plan à exécution et mes amis seraient toujours là.

Soupirant, je lâchais prise pour étendre de nouveau mon bras me saisissant par la même occasion de petits cailloux entremêlés à de la poussière. Cette destination avait été ma priorité mais au final elle n’avait eu que pour seul bénéfice de me remémorer de douloureux souvenirs que j’aurais bien aimé oublier. Pas ma relation avec mes amis, non surtout pas mais toute cette péripétie avec Xenahort, Vanitas qui n’était autre que mon moi maléfique mais d’un côté j’avais fait de formidables rencontres, j’avais tissé des liens avec des personnes admirables et sympathiques, avais-je vraiment le droit de vouloir tirer un trait sur tout ça ? Cendrillon, Jaq, Herc, Zac, Stich et encore j’en oublie toutes et tous étaient mes amis désormais. Oui dès demain matin j’irais voir si ils vont bien et peut-être même qu’ils auraient des informations sur Aqua et Terra. Un léger sourire se dessina sur mon facies, je devais toujours être optimiste, comme je l’ai déjà dit mes amis sont ma force et moi la leur !

Une brise légère vint me lécher le visage et je fermais les yeux accordant à mon esprit une pause bien méritée. A force de trop réfléchir, on finit par s’oublier soit même et ça je ne veux pas du tout. Subitement, je sentais une prise rapide par le col et j’eus à peine le temps d’ouvrir les yeux que mes pieds avaient déjà décollé du sol. Sur l’instant je pensais à un retour de Vanitas ou de Xenahort mais mes yeux s’écarquillèrent de surpris constatant que ce n’était ni l’un ni l’autre mais une jeune femme. Un brin paniqué, je ne m’attardais pas vraiment à la détailler si ce n’est que je remarquais ses cheveux noirs de jais contrastant avec ses prunelles dorées. La priorité pour le moment était de me défendre et de ne pas la laisser prendre le dessus. Prenant prise sur un de ses poignets à l'aide de ma gauche, je matérialisais dans ma main droite ma Keyblade, vent rebelle. C'était peut-être dû à l'adrénaline ou à un je ne sais quoi mais je semblais avoir repris du poil de la bête. D'un geste limpide, ma Keyblade vint toucher le bras de mon agresseur. Pas assez fort pour lui casser le bras mais assez pour la faire lacher prise. Une fois au sol, je sautais en arrière pour mettre un peu de distance entre elle et moi.

"Qui es-tu et que me veux-tu ?" Lachais-je légèrement agacé. Même ici dans ce lieu désert je n'avais pas le droit à une seule minute de répit ! Ramenant mon arme devant les yeux, je les fermais l'espace d'un instant avant de la pointer vers le ciel, quatre tourbillons de vents verts fluorescents apparurent tout autour de nous. Ils n'avaient pas pour but d'écraser mon adversaire mais d'éclairer les environs, la nuit commençait à tomber et à voir ses yeux quelque chose me disait qu'il ne faudrait pas pas l'affronter dans le noir, une sorte d'intuition.

Un étrangement sentiment envahit alors mon cœur comme une sorte de connexion qui venait de se faire. Je tournais la tête instinctivement vers la droite voyant quelqu'un arriver très vite dans notre direction. Sans savoir pourquoi, je baissais ma garde ce n'était pas un camarade de cette femme, c'était quelqu'un d'autre, quelqu'un qui ne me voulait pas de mal, j'en avais l'intime conviction. Je commençais même à trembler légèrement ne voulant pas croire ce que j'étais en train de voir, plus les secondes avançaient et plus le dénouement était proche, c'était comme dans un rêve...

Cette inconnue avait raison et je ne dirais pas le contraire. Oui, son apparition venait de me contrarier et on pouvait traduire cet état dans mon attitude et ma voix. Oui, je commençais à être passablement irrité mais pas seulement à cause de son intervention. Je ne savais plus vraiment quoi faire, où me diriger. Une nouvelle fois le plein de questions se bousculait dans ma petite tête blonde et puis qu’est-ce qu’elle me voulait à la fin ? Cogitant malgré que d’apparence j’étais prêt à me battre avec elle, elle répondit sans hésitation à mes questions. J’appris ainsi qu’elle se nommait Kyra et qu’elle devait me ramener dans ma cellule. Une cellule vraiment ? Je n’avais aucun souvenir du pourquoi du comment de ma présence en ce lieu si blanc et lumineux… et j’apprenais qu’il s’agissait d’une prison… pour moi ? Non c’est impossible, je n’avais rien fait pour mériter un enfermement ! A cet instant, je n’étais plus contrarié, irrité mais bel et bien en colère, chose qui ne m’était arrivée que très rarement. Cette femme voulait m’enfermer de nouveau et sans doute me plonger une nouvelle fois dans ce sommeil sans fin, elle voulait qu’une nouvelle fois je m’endorme, que je fasse bien gentiment ce qu’elle me demande ? Hors de question ! Si jamais elle devait me ramener dans cet endroit ce serait uniquement à l’intérieur de quatre planches ! J’étais décidé à ne pas me laisser faire, je vais lutter de toutes mes forces et je la repousserais….

Je bloquais, mon esprit combattif s’évaporant presque instantanément. Quelque chose arrivait à notre hauteur, non quelqu’un ! Quelqu’un que je connaissais, j’en étais certain ! Mon cœur se serrait de plus ne plus, les minutes… les secondes étaient de plus en plus longues, j’avais l’impression que le temps était suspendu alors que je plissais les yeux pour voir ce que mon cœur me disait de voir puis sans comprendre pourquoi je basculais au sol. Une forte odeur d’hémoglobine, du sang me montait jusqu’aux narines tandis que mon corps rencontrait lourdement le sol sec et dur de la nécropole. Puis s’en suivi une douleur vive presque fulgurante lorsque je compris ce qu’il en était. Cette chute avait été provoquée par cette dénommée Kyra tandis que cette odeur métallique, presque de ferraille était la mienne, celle de mon sang. Poussant un léger cri sous cette douleur s’apparentant plus à un couinement, je ne déviais pas le regard, peu importe si cette folle allait me dévorer mais au moins je pourrais la revoir car maintenant j’en étais sûr c’était elle qui était là, mon amie, ma grande sœur, Aqua….

Ses griffes étaient solidement ancrées dans mes bras mais je n’en avais que faire, surtout lorsque mon regard se posa sur mon amie qui venait d’arriver. Une larme vint même couler le long de ma joue, non pas à cause de la douleur mais de joie, la joie de retrouver un être cher après tant de moments éprouvants.

« Aqua !! »

C’est à ce moment précis et en voyant le regard de la jeune femme se poser sur le félin que je commençais à réaliser la situation. N’ayant toujours pas réalisé pleinement, je tentais de bouger les bras mais la forte douleur me fit crier une fois de plus, Kyra m’avait bloqué. Le seul avantage de cette position et qu’ainsi elle ne pourrait pas s’en prendre à Aqua car si je suis bloqué, elle aussi ! Essayant tout de même de bouger, toujours sans succès, je portais un regard déterminé à mon amie.

« Ne restes pas là, c’est après moi qu’elle en a, pars vite ! » Mes amis ont toujours été ma priorité, même si cela doit se faire au détriment de ma personne, je suis comme ça et on ne se refait pas ! Mais quelque chose me disait qu’Aqua ne partirait pas comme ça….