Institut de technologie de San Fransokyo. C’est ici, dans cet immense laboratoire, que j’ai fait connaissance avec les amis de mon grand frère. Et c’est ici que nous nous réunissons souvent désormais. Pour l’une des rares fois, Baymax m’a accompagné. Et autant dire que le chemin à travers la ville, quand on est suivi par un énorme robot blanc qui parle, ce n’est pas très discret. Mais peu importe. Voler au-dessus de la ville, c’est encore moins discret. J’aurais peut-être dû demander à Tante Cassie de me conduire là-bas. Ça m’aurait facilité la tâche. Enfin, la marche à pied, ce n’est pas plus mal de temps en temps. Et ainsi, je peux veiller sur l’état de San Fransokyo plus facilement. Ouais, clairement, les Sans-cœurs ne lâchent pas l’affaire. Ils veulent mon monde.

Et malheureusement, si le Super Capteur de Baymax est désormais capable de détecter les intrus qui débarquent dans la ville… je ne l’ai pas encore programmé pour qu’il repère les apparitions de ces créatures noires. En même temps, pour le moment, je ne vois pas comment configurer le Super Capteur pour qu’il puisse les déceler. Ce ne sont que des masses d’ombres qui prennent une forme bizarre. Elle ne contient aucun gène particulier comme les êtres humains. Alors, elles resteront imperceptibles jusqu’à ce que je trouve… jusqu’à ce nous trouvons une solution. Oui, nous. Il faut vraiment que j’arrête de compter que sur moi, je ne suis pas tout seul. Nous sommes les Big Hero 6, nous formons une équipe, nous travaillons et réfléchissons ensemble.

Tiens, maintenant que j’y pense… je débarque un peu à l’improviste à l’Institut, non ? Je ne les ai pas du tout prévenus de mon retour du Manoir Oblivion. Bah, ça n’a pas tellement d’importance. Ça leur fera juste une excellente surprise. Du moins… je croyais que ça allait en être une, jusqu’à ce que Baymax s’arrête, la tête tournée dans une totale autre direction. M’apercevant qu’il ne me suit plus, je me retourne vers lui avec un air intrigué et je croise les bras. Le robot blanc lève son bras et désigne quelque chose du doigt dans la direction qu’il regarde. Je regarde à mon tour, mais ne remarque fichtrement rien. C’est alors que Baymax, de sa voix plus ou moins robotique déclare :

« Je détecte l’anatomie inconnue d’une personne là-bas, à environ six kilomètres. »

Comment expliquer que nous ne sommes… genre… mais genre pas du tout préparés à l’arrivée d’un ennemi ?! Zut ! Zut ! Retourner au garage va mettre beaucoup trop de temps ! L’inconnu pourrait en profiter pour détruire une partie de San Fransokyo, si ce n’est plus ! Que faire… que faire… réfléchis Hiro, réfléchis… sers-toi de ta tête… remue-toi les méninges, comme disait souvent Tadashi ! Je sais ! Le labo ! J’y laisse toujours un double de nos armures ! Sans attendre une seconde de plus, j’attrape le robot médical et le traîne jusqu’au grand bâtiment technologique. Traversant les couloirs en courant, tirant Baymax dans mon dos, j’arrive jusqu’à mon atelier personnel. Là, j’active une machine automatique qui applique directement l’armure rouge sur le corps en vinyle du robot parlant, tandis que j’enfile la mienne.

Puis j’ouvre la large fenêtre. La machine automatique termine tout juste de coller l’armure sur Baymax qui se laisse simplement faire, comme s’il était habitué, avant de passer aux derniers ajustements et vérifications de la fonctionnalité. Je fulmine mentalement tout seul, répétant des « Allez, plus vite ! » à la machine. Finalement, elle finit son boulot et je grimpe immédiatement sur le dos du robot médical, actionnant les plots magnétiques de son armure par la même occasion. N’attendant pas mes ordres, Baymax décolle et passe par la fenêtre pour sortir, fonçant droit sur l’anatomie inconnue qu’il a détectée. Qui que tu sois, si tu oses blesser des gens dans mon propre monde, je ne te le pardonnerai pas. Tu n’as rien à faire ici, inconnu ! Je vais te renvoyer chez toi !

Baymax m’informe que nous nous rapprochons du signal. Je plisse les yeux pour essayer de repérer l’intrus. Un homme aux longs cheveux gris attachés en queue de cheval, une tenue vestimentaire datant du Moyen-Âge, une espèce de bâton des hôpitaux dans la main… un type qui se distingue très facilement, autrement dit. À moins que ce ne soit un cosplay, il ne vient pas d’ici, c’est certain ! Le robot médical confirme que c’est cet homme. Ralentissant, Baymax se pose juste face à lui. Je descends du robot, restant près de lui malgré tout et pointe l’inconnu du doigt :

« Toi, là ! Je te somme de retourner d’où tu viens ! Je ne laisserai personne détruire San Fransokyo ! »

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’inconnu reste incroyablement calme, me demandant simplement si je fais parti de la « garde jeunesse » de San Fransokyo… de la quoi ? Il parle de quoi, celui-là ? Aucune idée, mais au moins, ça me prouve bien qu’il n’est pas d’ici. Alors, je vais gentiment le renvoyer… hein ? Le voilà qui se présente, maintenant ! Victor… un médecin d’Eternia… Eternia… probablement le nom de son monde. J’en sais rien, moi. Et j’m’en fiche au fond. Il va sagement retourner chez lui, et plus vite que ça ! Un médecin… je déteste les médecins… mon grand frère voulait justement changer de voie pour soigner les habitants de la ville. Et il n’a même pas pu réaliser son rêve. Par ma faute.

Après sa petite présentation personnelle qui m’est par ailleurs complètement égale, je veux riposter afin de le renvoyer chez lui… sauf qu’il me coupe une nouvelle fois la parole. Décidément, ce type, quand il est lancé dans son blabla sans intérêt, c’est difficile de l’arrêter ! Pas hostile à San Fransokyo ? But académique ? Tiens… bizarrement, ça me rappelle quelqu’un… comment s’appelait-il déjà… ah oui ! Vergil, rencontré à Traverse Town ! Il m’a demandé plein de trucs sur mon monde dans un soi-disant « but académique », alors qu’en réalité, il était du côté des Ténèbres. J’espère donc que ce dénommé Victor ne croit pas que je vais l’écouter aussi facilement avec une raison pareille. Une patiente avec une maladie incurable… une visite à la bibliothèque… bin voyons… tu veux voler tous nos secrets technologiques, c’est ça ?

Baymax, à mes côtés, garde le silence. Même si je présume qu’il a déjà analysé totalement cet inconnu venu d’ailleurs. Je regarde le robot médical, puis reporte mon attention sur le fameux médecin. Malgré qu’il tienne une étrange barre d’hôpital dans la main, peut-être d’origine magique, il ne cherche pas à nous attaquer. Est-il possible qu’il ne veuille vraiment pas nuire à notre monde ? Cherche-t-il vraiment à soigner une de ses patientes ? Dans ce cas, je pourrais bien l’aider un peu, sans trop lui raconter tous les secrets de San Fransokyo… Une idée – de génie – me traverse l’esprit. Et une nouvelle fois, je tourne la tête vers mon partenaire robotique pour lui demander à voix basse :

« Baymax… quelle est la fréquence cardiaque de cet homme ? »

« Sa fréquence cardiaque est normale. »

En somme… ce Victor ne semble pas mentir, sinon son cœur s’affolerait à l’idée d’être découvert. Ça ne signifie pas pour autant que je lui accorde ma confiance, mais je peux au moins le guider jusqu’à la bibliothèque. Je le surveillerai jusqu’à ce qu’il reparte dans son monde. Mon devoir reste après tout de protéger San Fransokyo et d’aider les individus dans le besoin, comme le souhaitait mon frère. Si la technologie de mon monde peut sauver une vie, alors ça serait une bonne chose au fond. Je soupire et retire mon casque pour regarder Victor droit dans les yeux.

« Je m’appelle Hiro. Et lui, c’est Baymax. » Je désigne le robot en armure rouge de la main : « J’accepte de te conduire à la bibliothèque, mais je te surveillerai jusqu’à ce que tu partes d’ici. »

Me détournant finalement du médecin aux cheveux blancs, faisant signe à Baymax de me suivre, je pars en tête pour le guider jusqu’à la bibliothèque municipale de la ville.

Sans vraiment l’attendre, je me suis mis en marche vers la bibliothèque. J’ai toutefois jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule pour être sûr qu’il me suit. Qu’il soit d’accord ou non d’être surveillé, ça m’est bien égal. Je ne peux pas laisser des inconnus se balader tranquillement dans ma ville. Je dois protéger San Fransokyo, c’est le devoir que m’a laissé mon grand-frère. Alors je le ferai, quoi qu’il arrive. Par contre, s’il pouvait arrêter avec son « Garde Junior », ça serait sympa aussi. Je ne sais pas où il a été pêché un nom pareil, mais c’est vraiment moche. Enfin bon, ça vient peut-être de son monde d’origine. Une sorte de coutume, sans doute. Je ne vais pas lui demander de les oublier tant qu’il est ici, mais s’il peut éviter un surnom du genre, ça m’arrangerait aussi. Même si ; d’un autre point de vue, j’appartiens bien à la « Garde » de ce monde. La seule différence est que nous nous appelons d’une autre manière : « Big Hero 6 », c’est plus classe !

Alors que je me dirige facilement à travers les murs, je remarque que l’attention du médecin est attirée par tout ce qu’il voit. Une chose est sûre, la technologie ne doit pas être au rendez-vous à Eternia, si je comprends bien. De toute façon, de ce que je sais, c’est très rare, les mondes sans magie comme le mien. Mais sa grande curiosité m’agace quand même. Au bout d’un moment, il me demande même si nous possédons tous des automates personnels, et si San Fransokyo est en conflit interne… Je m’arrête un instant, et me retourne vers lui. De quoi qu’il cause, celui-là ? Des automates personnels ? Je sais bien ce que c’est, merci. Par un autre nom, nettement moins employé, il fait référence à Baymax qui m’accompagne. Je soupire légèrement et lève les yeux vers mon partenaire robotique. Je tapote son armure rouge et je réponds à l’intrus :

« Baymax est unique en son genre. Et… »

Le médecin se détourne soudainement pour regarder un point spécifique, plongé dans l’ombre. Après un mot d’excuse dans ma direction, il a utilisé la magie avec son étrange bâton et a touché une ombre vivante au point qu’il regardait un peu plus tôt. Je plisse les yeux, intrigué par ce qu’il a senti ou vu. Peu de temps après, je remarque enfin les créatures noires sortir de l’obscurité. Tsss ! Je ne m’attendais pas à en voir arriver maintenant ! Je me mors la lèvre inférieure et me tourne vers Baymax. Le nouvel arrivant magicien propose de nous aider à nous débarrasser de ces monstres avant qu’ils ne s’attaquent à la population, déclarant qu’il l’a juré sur son honneur de médecin. Aussi étonnant que cela puisse paraître… il me rappelle la promesse que j’ai faite à mon frère qui voulait protéger son prochain.

Inconsciemment, j’acquiesce de la tête, donnant mon autorisation au médecin pour nous aider avec ou sans sa magie. Je remets mon casque bleu sur la tête et grimpe sur le dos de Baymax. Je désigne les Sans-cœurs du doigt, tandis qu’ils apparaissent de plus en plus nombreux autour de nous. Zut… si j’avais su, j’aurais pensé à emporter mes Micro-robots également. Ils n’auraient pas été de trop pour vaincre toutes ces choses noires. Je lance un regard en direction de l’intrus. La magie peut vraiment abattre ces bestioles ? Bah, après ce que j’ai vu lors de l’affrontement au Manoir Oblivion, je présume que oui. Cependant, j’espère qu’il ne croit pas qu’en m’aidant à les combattre, je le verrai d’un meilleur œil au point de lui accorder ma confiance. Je ne suis pas fou, les seuls en qui je peux avoir confiance sont les membres de mon équipe. Et seulement eux. À… quelques exceptions près comme Malia et Firion, même si ces derniers ne me supportent pas forcément.

« Bon ! Je prends ceux de gauche, et toi, ceux de droite ! Ça te convient ? On va se débarrasser d’eux vite fait, bien fait ! »

Bien, au moins, le médecin-magicien est d’accord avec mon plan d’attaque. Lui laissant donc les Sans-cœurs de droite, je me tourne vers ceux se trouvant de mon côté. Aussitôt face à eux, Baymax se met en position de combat. Enfin, de combat… pour un affrontement au karaté plus particulièrement. Étant donné que j’ai commis l’erreur de ne pas prendre les Micro-robots avec moi, j’oblige mon partenaire robotique à s’occuper de tous ces monstres tout seul. L’avantage est qu’il n’y a que des simples Ombres, rien de bien méchant à affronter comme ces énormes Invincibles au Manoir Oblivion. Peut-être y a-t-il une ou deux Ombres plus grosses que les autres, mais rien d’imbattable. En somme, le robot médical peut s’en sortir avec quelques coups de poing et de pied par ci par là… je pense.

De leur côté, les Sans-cœurs ont l’avantage de pouvoir se déplacer à travers le sol. Surtout ceux-là d’ailleurs. Il faut donc faire très attention à où on pose les pieds pour ne pas se recevoir une attaque sournoise. Heureusement pour nous, l’armure de Baymax comporte des réacteurs lui permettant de voler dans les airs librement. Je tapote l’épaule du robot médical pour lui indiquer de s’envoler. Il décolle et commence à tournoyer dans le ciel pour trouver le juste équilibre comme à chaque fois… quand une soudaine barrière bleutée se matérialise tout autour de la zone attaquée par les créatures noires. Surpris, mon camarade fait un vif écart pour éviter d’être touché par ce mur imprévu. Il perd quelques secondes supplémentaires à rétablir son vol de manière assez stable.

Esquissant une grimace, je baisse les yeux vers l’intrus qu’il me semble avoir vaguement entendu dire quelque chose juste avant l’apparition de cette barrière. Cependant, avec le casque et le vent qui brouille plus ou moins les sons tels que les voix, je n’ai rien pu comprendre. Je soupire avant de regarder autour de moi, cherchant à analyser la nouvelle situation. La largeur n’est pas immense, certainement pour limiter le plus possible les dégâts sur les habitations. Du moins, je suppose que c’est la raison. À l’inverse… je lève les yeux cette fois vers le ciel, mais impossible d’apercevoir la limite… comme si le mur s’étendait à l’infini. Conclusion… pas terrible pour les virages, mais on peut facilement prendre de la vitesse grâce à la hauteur. Encore fallait-il que la vitesse nous soit d’une quelconque utilité dans ce combat. Peut-être vaudrait-il mieux se contenter d’un affrontement au sol, pour cette fois, et esquiver les attaques surprises en s’envolant juste à temps.

Prenant une nouvelle inspiration, je retapote l’épaule de Baymax et lui indique de revenir se poser sur le sol. L’infirmier robotique obéit sagement et revient mettre pied à terre en douceur. Aussitôt, les Ombres s’agglutinent autour de lui, voraces comme pas deux. Voyons le bon côté des choses, si elles cherchent à voler un cœur… ce n’est pas tellement sur mon partenaire qu’elles vont en trouver un, même s’il m’arrive de dire qu’il a un grand cœur alors qu’il respecte juste son protocole médical… alors que je pensais à complètement autre chose, une Ombre n’hésite pas à sauter sur nous. Me ramenant à la réalité, j’ordonne à Baymax d’exécuter « Main couperet ». Le robot positionne sa main à plat avant de donner un coup vertical dans le Sans-cœur qui explose en heurtant la barrière. Bien, un de moins. Mon camarade, pris dans son enchaînement de techniques de karaté, attaque les autres Ombres tour à tour quand ceux-ci arrivent à leur portée. Guettant autour de lui, j’en remarque une disparaître dans le sol. Je la lui signale et il s’envole un court instant pour redescendre en piquée et la vaincre à son tour.

Il n’en reste plus que deux, les plus grosses, restées en retrait. Seraient-elles un peu plus intelligentes que leurs compères ? Attendent-elles que Baymax se fatigue ? Si c’est le cas, alors il leur faudra attendre plus longtemps. Je jette un coup d’œil en direction de l’inconnu aux cheveux blancs qui semble s’en sortir plus bien de son côté aussi. Au moins, il n’a pas menti. Il ne s’est pas enfui, il les a vraiment affrontés. Puis, je me reconcentre sur les deux gros Sans-cœurs. Enfin… en espérant que d’autres n’apparaissent pas… ce qui m’inquiète d’ailleurs et j’en fais part directement à l’autre, pour savoir s’il pourrait les repérer.

« Dis ! Tu en sens d’autres venir ou ce sont les derniers ? »

Donc, il ne reste que ces deux gros Sans-cœurs. Vu leur taille, ce sont probablement des Giga-Ombres. Pas encore des Méga. C’est toujours ça de gagner. J’en ai déjà croisé quelques fois. Elles sont assez rares, mais plutôt résistantes quand même. Les vaincre ne va pas être une partie de plaisir. J’espère tout de même que ce combat ne va pas s’éterniser. Après tout, je suis censé être à l’atelier et non au beau milieu de la rue, accompagné d’un pur inconnu en provenance d’un monde tout aussi inconnu. Pourquoi dois-je m’attendre à des reproches de la part de mes camarades ? Ils vont encore me réprimander car j’ai voulu me débrouiller tout seul. Ils vont encore me disputer parce que j’ai agi en solo. Comme avant ! Alors qu’ils m’ont expliqué clairement que je devais venir leur demander en cas de problème ! Et comme d’habitude, je leur répliquerai que je n’étais pas tout seul ? Que j’étais avec Baymax ? Mais qu’ils ne voudront rien entendre, et surtout pas cette excuse ? Ah, ah… je ne suis pas digne de faire parti des Big Hero 6, n’est-ce pas… ?

Et alors que j’étais un peu perdu dans mes pensées, à me reprocher d’être allé à l’affrontement sans les autres, la Giga-Ombre s’est fondue dans le sol pour venir nous attaquer. C’est le mouvement brusque de mon partenaire robotique, lors de son esquive de justesse, qui m’a ramené à la réalité. Je n’ai pas le temps de réfléchir aux mauvais choix que j’ai faits, je dois aider Baymax à détruire cette Ombre ! Pas simple du tout, elle se déplace très rapidement. L’inverse total du robot médical qui avance aussi vite qu’un enfant apprenant à marcher. Les seules fois où il peut aller vite, c’est en volant. Autant avouer que la situation n’est pas à notre avantage. Du coin de l’œil, je vois le médecin attirer l’une des Giga-Ombres vers lui, avant de me lancer qu’il se charge de celle-ci. J’acquiesce légèrement de la tête, le remerciant mentalement. Ça m’enlève une épine du pied. Une de moins à surveiller et à vaincre ! Je reporte donc mon attention sur mon unique adversaire. Tu vas voir, sale Ombre. Je vais trouver une solution pour te faire disparaître.

Bon, évidemment, j’aurais eu mes Micro-robots, ça m’aurait définitivement facilité la tâche. Pendant que Baymax l’acculait dans un coin, je lui aurais assigné le coup final avec une lance, comme je l’ai fait contre l’Invincible au Manoir Oblivion. Mais là, je dois faire sans. Je devrais vraiment songer à toujours les garder avec moi, on ne sait jamais ce qui peut arriver, la preuve… La grosse créature noire disparaît une nouvelle fois dans le sol pour tenter de nous assaillir par derrière. Cependant, cette fois, je suis aux aguets. J’ordonne simplement au robot à l’armure rouge de décoller, et celui-ci obéit aussitôt. Il reste un instant à flotter au-dessus du sol, le temps que le monstre obscur ressorte de sa cachette. Puis il redescend en piqué pour lui asséner un coup que la bestiole évite en partie, mais qui créer un trou dans son épaule et arrache son bras gauche. Pris dans son élan, Baymax se repose un peu plus loin. Il se retourne aussi vite qu’il peut. Le bras de l’Ombre est déjà en train de se régénérer. Je tends mon bras devant moi, indiquant la créature du doigt, criant au robot médical de se dépêcher de l’attaquer. Il ne faut pas que son bras se reforme, sinon on revient au point de départ !

Le robot médical donne un coup de poing au niveau du trou qui se rebouche lentement pour l’ouvrir à nouveau. L’Ombre, avec son bras encore en état, tente de donner un coup de griffe avec ses doigts crochus. Baymax recule d’un lourd bond, avant de revenir à l’attaque, enchaînant différentes techniques de karaté, puisque ce sont les seules attaques que j’ai enregistrées dans sa deuxième carte mémoire. Au bout d’un moment, le robot en armure finit par parvenir à donner un puissant coup de pied dans le ventre de la créature qui se cogne contre la barrière bleutée. À cet instant, le médecin-magicien s’approche. Apparemment, il en a terminé avec son ennemi puisqu’il me demande si j’ai besoin d’aide. Je me mors la lèvre inférieure. Si possible, j’aurais préféré ne pas avoir à demander d’aide. Mais visiblement, le monstre noir ne se laissera pas vaincre avec seulement des coups. Peut-être que, pour une fois, la magie sera plus efficace. Je soupire avant d’hocher légèrement de la tête, signifiant que j’accepte son soutien.

« Il est déjà bien amoché. Tu penses pouvoir le finir ? »

Ainsi, avec l’aide du médecin magique, la Grande Ombre fut réduite à néant par un puissant rayon de lumière. La créature disparaît dans un énorme nuage de poussière sombre. Aussi sombre que les Ténèbres elles-mêmes. Je souris légèrement. Voilà une bonne chose de faite, bon débarras ! Je place mes mains sur mes hanches, fier d’être sorti victorieux de ce combat. Enfin, je n’y serais sûrement pas parvenu sans l’aide de ce dénommé Victor. Ou il y aurait certainement eu des dégâts sur les bâtiments environnants. Je laisse retomber mes bras avant de les croiser contre mon torse. Ouais, heureusement qu’il était là, finalement. Je suppose que la magie a parfois ses avantages, comme ses inconvénients. Je devrais songer à créer un objet permettant de protéger les habitations et les habitants également. Après tout, Monsieur Krei a été capable de créer le portail de téléportation, ce qui m’a permis de mettre au point le portail interdimentionnel. Alors fabriquer un bouclier devrait être une partie de plaisir, non ?

Me tournant vers le voyageur magicien, j’allais daigner le remercier pour son aide, mais celui me devance en me demandant si je vais bien. Je ravale mes paroles, réalisant que j’étais sur le point de m’abaisser à remercier un type venu d’un autre monde et qui n’a fichtrement rien à faire dans le mien. Je reste silencieux à toiser l’intrus avant d’hocher brièvement de la tête, signifiant que je n’ai rien de casser ou tout simplement, que je suis indemne. Tandis que l’inconnu récupère son étrange arme d’hôpital, la barrière disparaît lentement à son tour, nous libérant enfin, Baymax et moi, de cet espace terriblement clos. Je remarque que quelques passants s’étaient arrêtés pour nous regarder. Sont-ils là depuis longtemps ? Je ne sais pas, je n’y ai pas vraiment prêté attention pendant le combat. Enfin, ce n’est pas vraiment ‘’nous‘’ qu’ils observent. Mais l’étrange médecin. Et pas tout à fait d’un bon œil non plus. Je soupire légèrement avant de descendre du dos de mon partenaire robotique. Je peux les comprendre. Une personne qui utilise la magie par ici n’est guère bien vue. C’est comme parler d’un sujet tabou.

Dans un nouveau soupir, je demande au robot blanc de garder un œil sur le médecin-magicien. Puis je m’approche de la foule méfiante, regardant tour à tour Victor et moi. La plupart des habitants me connaissent pour m’avoir aperçu aux infos, mais aucun n’a vu mon visage jusqu’à maintenant. Je me permets donc de garder mon casque sur la tête, cherchant à préserver un maximum de mystères sur mon identité, comme un vrai superhéros… Je tends les bras sur le côté, prends une profonde inspiration et déclare à voix haute, essayant de paraître le calme possible, mais parler à un groupe de personnes est loin d’être mon point fort :

« Chers habitants de San Fransokyo ! Ne vous inquiétez pas, la situation est sous-contrôle. Quant à cet homme, il est venu en paix. Pour preuve, il m’a aidé à vaincre les Sans-cœurs. Jusqu’à ce qu’il reparte, je me porte garant de sa surveillance. Vous pouvez avoir l’esprit tranquille. Sur ce, vous pouvez retourner à vos activités… »

Après quelques secondes de silence, quelques applaudissements commencent à retentir parmi la foule agglutinée. Les mauvais regards dirigés vers le médecin s’apaisent, ce qui m’arrache un sourire. Bien, une bonne chose de faite et de réglée. La foule finit par se disperser peu à peu. Alors, je reviens auprès de Baymax et de voyageur médical. Celui-ci mentionne de nouveau son envie de se rendre à la bibliothèque. J’acquiesce une nouvelle fois de la tête et fais un vague signe de la main dans une direction : celle de la bibliothèque. Je prends immédiatement la tête du petit groupe, avant de m’arrêter quelques mètres plus loin et de me retourner à nouveau pour regarder Baymax de la tête aux pieds qui avance extrêmement lentement. Plus que d’habitude à cause de son armure rouge. Je croise les bras et pose mon regard sur le magicien.

« Est-ce que ça te dérange que nous passions par mon atelier d’abord ? C’est à côté et sur le chemin. Au fait, appelle-moi juste Hiro. Et je fais parti de la team Big Hero 6, pas de la ‘’Garde Junior‘’ ou je ne sais quoi. »