As the moon kindles the night
as the wind kindles the fire
as the rain fills every ocean
and the sun, the earth
your heart will kindle my heart

Il n'y avait pas grand monde dans l'auberge à ce moment. L'après-midi commençait juste, les habitués n'étaient pas encore arrivés, tandis que ceux venu déjeunaient ici étaient déjà repartis. Le propriétaire et sa femme étaient affairés en cuisine, laissant dans la grande salle les deux voyageuses.

La rencontre de Sarah et de Lou avec la reine d'Arendelle avait eu ceci de bon qu'elle avait obligé Sarah à se rendre compte des difficultés de Lou. La fillette en effet était restée alitée deux jours à la suite de leur périple dans les montagnes enneigées. Sarah avait donc passé ce temps, ainsi que les deux suivant à travailler, et s'était rendu compte que la technique était réutilisable. Aussi, lorsqu'elles avaient quitté le royaume et atterrit dans cette ville, elle avait de suite cherché du travail. Soyons honnêtes, elle n'avait pas demandé grand-chose en échange son travail : un lit, un repas par jour, et… C'est tout. Ses tocs avaient fait le reste. Et pendant qu'elle travaillait, Lou pouvait réfléchir encore et encore à la manière de rentrer chez elles. Et aussi, de manière plus immédiate à ces petites améliorations du quotidien qu'elle pouvait leur procurer avec ses runes.

take my heart
take my heart
kindle it with your heart
and my heart cannot be
kindled without you
with your heart kindle my heart

C'est d'ailleurs ce qu'elle était en train de faire, assise à l'une des tables, son cahier posé devant elle, noirci de signes mathématiques et ésotériques (ou tout du moins ce qui ressemblait pour Sarah), tandis que son aîné, chiffon à la main, finissait de nettoyer la salle. La ritournelle qui s'échappait des lèvres de la patineuse se mélangeaient parfois aux marmonnements chiffrés de la scribe.

« Si je prends X… Non Y plutôt. Voyons les coordonnées… »

Le grincement de la porte s'ouvrant fit taire les deux voix. Si Lou se contenta de jeter un regard intrigué vers cette porte, et surtout la personne qui venait de la pousser, appréciant vaguement cette distraction face à son problème (et la saluant même d'un "bonjour", il n'en fut pas de même pour Sarah. L'adolescente continuait de se sentir mal à l'aise dans ce rôle, et l'absence de l'aubergiste (elle avait proposé ses services ici précisément parce que l'aubergiste était une bonne pâte) ne la rassurait pas particulièrement. Si le sourire était poli, la posture était légèrement tendue. Si la voix était plaisante, quoique basse, les yeux ne se fixaient pas sur l'arrivant, s'échappant légèrement vers la porte de la cuisine, toujours fermée.

« Bonjour, bienvenue à l’âne qui tousse. Vous désirez ? »

(Désolée! J'ai un pc pourri qui ne m'obéit plus!)

Bon sang! Est-ce que je deviens un accro au Skooma?! En même temps, il m'est impossible de retenir Gilver sans l'aide de cette drogue. La quantité n'avait pas été suffisante pour arriver jusqu'aux contrées de coeur et de lumière sans risquer de le lâcher une fois, sous risque d'en perdre le contrôle et d'avoir son rire... Mon rire de dieu de la mort.

Avalon était un coin où il serait facile de me faire livrer plusieurs flacons, sans que l'on se doute de mon identité. Je n'étais passé dans ce monde qu'une ou deux fois, et je passerais pour un simple anonyme.
Selon le papier, il me faudrait me rendre à l'âne qui tousse, une petite auberge où je pourrais tout récupérer en sûreté. L'établissement se fondait parfaitement dans le décor de la ville, et l'heure de pointe était depuis longtemps terminée, faisant régner le calme dans le bâtiment. Seule une jeune fille assise devant un cahier et une adolescente en train de nettoyer était présentes. Celle-ci m'accueillit, malgré son air suspicieux à mon égard.

" Bonjour mademoiselle, je cherche à récupérer un colis au nom de Gilver. "

Donner mon véritable nom risquerait fortement d'entacher ma réputation dans le domaine des ténèbres, suite à certaines actions... Qui voudrait d'un dieu qui fut anciennement un consommateur de Skooma?

Un colis ? Dans une auberge ? En soi, pourquoi pas, c'était juste étrange de se dire que l'auberge pouvait fonctionner comme un... Comment il appelait ça ? Ah oui. Un Relais colis. Hochant la tête, l'adolescente laissa son chiffon et se dirigea vers la cuisine, où se trouvait normalement l'aubergiste, mais n'ouvrit même pas la porte. Les bruits qui en filtraient lui évoquaient clairement un homme et une femme en train de revivre leur nuit de noce. Donc trois conclusions : Un, elle allait devoir gérer ça seule, deux, elle allait devoir nettoyer la cuisine vite, sinon elle ne pourrait pas manger ce soir, et trois... Pourquoi la cuisine ?

Laissant retomber le poing sans même frapper à la porte, l'adolescente fouilla sous le comptoir. La veille, si ses souvenirs étaient bons, un homme était venu récupérer un colis, lui aussi. L'aubergiste avait pris un cahier... Oui, celui là, le bleu. A l'intérieur, une liste de noms, des dates...

« Vous me laissez une seconde, je vous prie ? Je regarde ça. »

Bon, il s'en doutait sûrement, vu qu'il devait l'avoir vue faire. Mais ça la rassurait, et tout en surveillant du coin de l'oeil ce client étrange, elle entreprit de décrypter ces colonnes de lettres et de chiffres. De son côté, Lou avait essayé de revenir à son truc. Sauf que ça marchait pas mieux qu'il y a dix minutes. Du coup elle regarda le gars.

« Gilver, c'est ton nom? »

Ben oui, petite fille curieuse... Les mains sous le menton, les jambes balançant dans le vide... Elle avait TOUT de la petite fille qui cherche une distraction... Et rien à fiche du claquement de langue de Sarah. Après tout, elle était loin du monsieur !

J'ai laissée l'adolescente disparaître pour s'occuper de ma demande... Sûrement une nouvelle fille de l'auberge... Elle a fini par prendre le cahier de son maître et a commencé a chercher mon nom... C'est certes peu commun, mais cela suffira à se fondre dans la masse. De toute façon, je m'en irais juste après afin d'éviter qu'elles ne s'intéressent trop à moi...
Je me suis tranquillement appuyé contre le comptoir en jetant un oeil à la salle, sobrement décorée, où l'enfant semblait penchée sur ce qui semblait des devoirs de mathématiques. Elle interrompit mes pensées en demandant mon nom... Les gamins...
J'ai gardé le silence et ai tenté d'ignorer sa voix. Elle a tout l'air d'une gamine trop curieuse et bien énervante.

Sous le regard attentif du client, l'adolescente prit le temps de lire le document. Il lui fallu une minute environ pour comprendre que les chiffres étaient des dates, les noms des pseudonymes, et ensuite... Des prix, et des annotations. Une autre ensuite pour trouver le nom de « Gilver ». Et une dernière pour déduire l'emplacement du colis. A moins il avait été payé, c'était ça de moins à gérer.

« 6A 3C... »

Probablement un emplacement... La question, c'est où est-ce qu'elle avait vu un truc étiqueté comme ça...

« Je sais où c'est ! »

Laissant son cahier , la fillette se précipita vers l'armoire derrière le comptoir. Une armoire massive, dont Sarah n'avait pas eu à se servir, et qui, de ce qu'elle en savait, contenait plein de bouteilles en pagaille. La fillette se grandit un peu en montant sur la pointe des pieds, et attrapa, sous le regard étonné de l'adolescente, qui s'était rapproché, un lot de petites bouteilles.

Une petite fille, sur la pointe des pieds, qui attrape des bouteilles plus haut qu'elle, vous le sentez venir l'accident ? Les contenants, reliés entre eux par un ruban, échappèrent à la fillette, et n'évitèrent la chute que par l'intervention de son aînée, qui les plaqua à nouveau dans leur compartiment.

« J'ai. »

Reprenant les flacons avec plus de précautions que Lou, elle examina rapidement le paquet, confirmant ainsi que c'était bien le même numéro que sur le cahier.

« Voilà monsieur. Une signature s'il vous plait ? »

Elle n'était pas sure et certaine qu'il n'y en aie vraiment besoin, mais bon. Ça pouvait pas faire de mal.

En voyant la gamine se lever et partir chercher mon colis, j'ai commencé à paniquer... Et Gilver s'est mis à rire dans ma tête... Merde! Si les bouteilles sont cassées...

J'ai fini par reprendre mon calme lorsque l'aînée m'a demandé ma signature. Je n'ai jamais été très bon en calligraphie, et mon écriture s'apparentait souvent à des pattes de mouches, mais le soulagement concernant le colis intact m'a permis de signer correctement... Relativement en tous cas.

- Je vous remercie... Bon, je vais m'en aller alors...

A peine ma phrase fut elle finie qu'un garde entra dans l'auberge et cria:

- Vous là! Posez ce colis et suivez nous! Vous êtes en état d'arrestation pour détention de Skooma! Et devant des enfants en plus, vous n'avez pas honte?!

Les gardes... J'aurais facilement pu me les faire, mais cette auberge était le seul endroit où le patron n'était pas assez scrupuleux pour réceptionner de la drogue illégale... J'ai poussé un long soupir en posant les bouteilles. "Tuer? Tuer? Tuer?!" Ferme la Gilver... Juste... Ferme la.
J'ai tendu mes bras juste devant moi, les paumes ouvertes, dirigées vers les gardes... Et les lames spectrales ont sifflé à leurs oreilles,  avant que je ne reprenne les bouteilles et assène un bon coup de pied en force de Beowulf et courut dehors en me téléportant un peu partout.

- Je reviendrais payer les dégâts plus tard!

La porte tomba tandis que je m'enfuyais face aux regards médusés des deux serveuses.