C’est l’esprit en paix et heureux que je suis partie du Nouveau Monde. Ma rencontre avec Fang a été la plus rebondissante. En plus de me faire sauver la vie, j’ai eu l’occasion d’apprendre sur elle et d’en faire une amie. Même si le mot est bien rapidement sorti, je ne veux pas passer à côté d’une amitié. Surtout avec une femme simple dans les mots et au caractère qui s’approche un peu du mien. Bien évidemment, je ne critique pas ! Bien au contraire. Je préfère Fang aux autres filles qui sortent une liste de mots intelligents pour se penser plus supérieur à toi. Elle, elle n’est pas comme ça. C’est donc avec une promesse silencieuse de la revoir bientôt que je repartis dans un autre monde.

Celui qui porte toute mon attention dès à présent et encore Halloween Town. Pourquoi y retourner ? Je ne sais pas trop. Sans doute parce que même si c’est le domaine des Ténèbres, Jack et Sally sont loin d’être aussi cruels qu’on peut le penser. J’avoue quand même que la première fois, les deux peuvent surprendre. Comme tout le monde dans ce monde mais eux sont les plus purs. Surtout Sally. Je ne peux m’empêcher de sourire en pensant à elle. Elle est bien plus heureuse avec Jack qu’en compagnie de l’autre cinglé de docteur. Si on peut nommer ça ainsi. Enfin !

Je ne peux pas m’empêcher quand même de redouter mon arrivé là-bas. C’est tout de même la ville d’Halloween. Il y a des morts et je suis bien la seule à savoir qu’en leur compagnie, je ne me sens pas dans mon élément. Même si je devrai me sentir à mon aise. Mais… Non. Personne avec un peu d’intelligence ne peut apprécier de se retrouver devant un mort. Pourtant, il faut que je passe outre. C’est donc ainsi je j’arrive finalement près du cimetière. Hadès tape le sol en atterrissant et je souris en lui caressant entre les oreilles.

- Bien. Il faut aller en ville maintenant. Il faut que je trouve Jack.

Sur ces mots, je descends de son dos et entame une marche rapide vers le cœur de la ville. Moins je m’attarde dans les environs, mieux je me porte. Alors que je m’attelle à trouver la trace de cher squelette, je tombe nez à nez avec les trois… Garnements qu’à fait naître la ville. Ils ricanent en me regardant, en me disant des choses pour me piquer au vif. Mais je laisse glisser. Je fais signe à mon griffon de me suivre et là, je n’entends plus des ricanements horribles mais des exclamations. Ça vous en bouche un coin hein ? Alors que je n’ai fait que deux pas, le Maire me tombe entre les pattes,

- Malia ! Que suis heureux de vous revoir !
- Oui… Moi aussi. Mais je ne pas rester longtemps, il faut que trouve Jack.
- Jack ? Mais pourquoi ?
- Pour… Quelque chose.

Il me regarde et change de tête. Oh non, par pitié.

- Malia ?

Une voix familière ! Je me retourne. Sally. Je lui adresse un grand sourire et part lui prendre le bras et partir vite et loin.

- Tu as vu Jack ?
- Oui. Il est près du cimetière. Pourquoi veux tu le voir ?
- J’ai un service à lui demander avec Hadès.
- Pourquoi ne pas aller voir le Docteur ?
- Il ne m’aime pas. Alors que si je passe par Jack. Ça passe. Mais rassure toi, je ne compte pas te voler ton prince.
- Mais…

Je lui tapote gentiment l’épaule en lui promettant de venir lui parler plus longuement plus tard. Pour le moment, j’ai en tête une chose qui ne peut attendre. Je fais donc demi-tour pour retourner sur mes pas et je sens monter en moi la peur. Celle de croiser des Sans-cœurs ou encore de me liquéfier de peur. Mais bien vite, je vois au loin se découper une silhouette familière. Je me mets à courir. Jack est là. Avec Zero. Les deux me regardent,

- Te revoilà ! Toujours aussi…
- Morbide ? Oui.
- Qu’est-ce qui t’amènes ?
- Un service. J’aur-…
- Tu sais qu’une fille comme toi est mal venue ici ?

Je le regarde sans comprendre et il me pointe de son long doigt une chose derrière moi. Je me retourne, non sans sourire, et je tombe sur quelques Sans-cœurs. C’est bien ma veine. Zero s’affole, Hadès aussi. Cette fois, je ne compte pas m’enfuir. Ni une ni deux, j’attrape la première chose qui me vient. Un caillou. Je grimace. Ce n’est pas avec ça que je vais réussir à aller loin… Mais je ne me démonte pas. J'attends qu'ils s'approchent. J'aimerai bien maintenant, tout de suite, utiliser mon pouvoir de princesse. Repousser les Ténèbres et tout et tout....

Je n’aime pas du tout qu’on me surprenne Alors l’acte de cet étranger a eu le don de le faire. Le résultat fut sans appel. Terminer sur les fesses pour une première rencontre ce n’est pas la joie et je passe pour une frêle jeune femme. Ce qui je déteste aussi soit dit en passant. Je le vois s’approcher et fonce les sourcils. Il est très… Pot de colle ou très attentif ? Quoi qu’il en soit, il vient de comprendre que son geste a eu un mauvais vu qu’il reste assez loin de moi. Il prend juste après la parole et s’excuse. Je hoche la tête en reportant mon attention droit devant moi avant d’entendre la suite de ses propos et j’arrête mon geste. Jolie fille ? Je me regarde, moi et ma position. Oui… Puis il termine en me disant qu’il est bien gardien.

- La ville du soleil ? Le monde de Raiponce ?

Oui oui ! Quand je dis que j’apprends sur mes consœurs. C’est mieux que rien et je n’avais que ça à faire pendant une période de ma vie. Je décide juste après ça de me redresser et de lui demander ce qu’il fait là juste après. Mission top secrète. Je vois. Mais gardant le silence j’attends sagement la suite qui ne tarde pas à arriver. Il me tend une fleur. Je la prends en restant quand même sur ma réserve et bientôt, je lui tends une main pour le remercier de son acte. Il accepte ce remerciement ? Tant mieux.

Lorsqu’il me parle de mes deux acolytes, je me retourne vers eux et Hadès se rapproche. Après « piaf bizarre » j’ai le droit à « étrange créature ». C’est mieux que le premier surnom en tout cas ! Mais pauvre griffon, toujours appeler autre que sa véritable nature. Je caresse ma monture et reporte mon attention sur le gardien.

- Je suis venue pour un service concernant cette étrange créature comme vous dites et qui mieux qu’un squelette pour demander à un docteur d’aider une âme morte ? Surtout dans cette ville.

Moi ? Vouloir lui faire peur ? Non voyons ! Quoi que si, un peu. Voir s’il a les tripes d’entendre ce genre de chose. S’il prend ses jambes à son cou s’éclate de rire ! Sur ma vie je le fais.

- C’est très aimable de votre part de vous soucier à ce point de moi mais je peux encore marcher, ne vous en pas pour ça et si seulement je savais où aller aussi concrètement…

Je hausse les épaules avec un sourire. Oui en règle générale, je ne sais pas où je dois aller. Ironique non ? Il n’a pas tort sur une chose au moins : je ne suis pas en très grande forme. La cause est très simple, les cimetières ne sont pas mon fort. Jack le sait très bien et pourtant il est venu ici… Bon, je dois avouer qu’il n’était pas au courant de mon arrivé aussi. Je soupire. Le gardien me tend la main, je l’effleure et la pousse gentiment, j’avais l’impression de me retrouver devant un prince charmant… Je m’approche de lui de façon à n’être qu’à quelques centimètres et je le fixe droit dans les yeux,

- Vous aurez le cœur pour aller en ville ? Rencontrer des gens comme le squelette ? Voir apparaître trois gamins qu’on a envie de remettre à sa place ? Un docteur avec la capacité de retirer son cerveau ? Une très jolie jeune femme dans le genre d’une poupée ? Si vous en avait le courage, alors venez avec moi Ezio.

Sur ces morts, je lui donne une tape amicale sur l’épaule en riant. Quoi ? Ce n’est pas tous les jours que je peux faire ce genre de chose. Je fais signe à Jack que je pars et il hâte le pas pour le rejoindre. Hadès et Zero pour leur part reste à l’arrière. Je porte mon attention vers l’arrière pour voir si le jeune homme se décide de nous suivre ou de rester.

Lorsqu’il me demande pourquoi j’ai un intérêt pour les princesses, je suppose sans grand mal que je suis passée de la gentille fille jolie à une ennemie potentielle pouvant faire du mal à des âmes pures et innocentes. Je décide de passer sous silence sa question. Il sera pourquoi. En temps voulu. Pas avant. Mais pour lui montrer ma bonne foi et lui prouver que je ne suis pas une criminelle en quête de princesse je lui laisse juste avec ces mots :

- Vous saurez pourquoi.

Puis notre conversation bifurque sur mes acolytes que je présente rapidement. Jack très aimable fait un signe de tête au jeune homme. Hadès reste de marbre vu que je ne lui ai rien demandé. Lorsqu’Ezio me parle, je constate bien malgré moi qu’il n’arrête pas de s’excuser à chaque début de phrase. D’abord, je n’y avais pas prêté attention plus que ça, pensant que c’était normal dans le premier cas. Mais quand cela se répète, je ne peux m’empêcher de lui faire la remarque. Sans pour autant vouloir être méchante. Cela à l’air de le surprendre et de le siffler vu sa réponse… Il me regarde en faisant une moue. Dans un sourire je m’approche et le bouscule gentiment en souriant. Puis je lui fais que je suis pleine de surprise. Cette fois, c’est sa réponse qui me laisse sans voix.

Quoi de mieux donc de reprendre la route pour éviter de répondre ? Oui je fuis. Très courageux, j’en conviens. Devant avec Jack, je discute avec lui de tout et de rien mais nous arrivons rapidement sur le sujet qui m’intéresse. Sally et lui. Malheureusement pour moi… Nous arrivons en ville et il me laisse pour aller voir le docteur. Même si je ne suis pas satisfaite de sa méthode de fuite, je ne peux pas m’empêcher de sauter de joie face à son aide. Lorsque je me retourne, je m’arrête en le voyant.

Il me rattrape et cette fois, je ne fais rien pour me retirer rapidement. C’est moi ou ce gentilhomme est tactile à souhait ? Même si pour ma part les effusions de la sorte ne sont pas mon fort, je laisse faire avant de prendre place, le dos contre la fontaine. Après ma question, il me répond sans détour et j’imagine son monde. Ou du moins, j’essaye de voir un royaume baigner dans la lumière et la joie de vivre. J’amorce un sourire. Je le vois du coin de l’œil prendre place à mes côtés, à ce moment-là, je décide de le regarder,

- Ce monde ne fait pas parti des ténèbres pour rien. Ça lui colle à la peau. Mais vous n’avez pas l’impression d’étouffer certaines fois avec votre princesse ou le monde qui vous entoure ?

Lorsqu’il retire sa capuche, je me surprends à le détailler. Je sens ma bouche s’entrouvrir et quand je remarque qu’il me fixe je sens une chaleur me monter aux joues. Je me racle la gorge. Ironique, je rougis. Pourquoi ? Voulant reprendre le contrôle sur moi-même j’émets un couinement se rapprochant plus qu’une plainte. Il me retourne alors la question. Mes épaules se haussent. Je baisse les yeux quelques microsecondes avant de le fixer de nouveau avec un grand sourire. Autant être franche aussi.

- Mon véritable royaume n’est plus ou est aux mains des ténèbres. J’ai vécu à la Cité du Crépuscule avec mon père adoptif. Bien que la vie y était agréable et douce j’ai dû quitter la quitter. Adieu les glaces à l’eau de mer et la couleur du soleil. fis-je avec un ton ironiquement mauvais.

Fang allait me taper sur les doigts si je lui disais ce que je comptais faire… Je me pris à rire. Après tout qu’est-ce que des souvenirs à côté de la vie ? Rien. Je préfère vivre pleinement mon existence d’être vivant que d’être morte. Enfin quand on est mort, on ne vit plus. Mais l’idée est là. Je reporte mon attention droit devant moi pour tomber sur les trois garnements. On se fixe, je fonce les sourcils, au premier qui baisse les yeux… Ils ont un regard oblique vers mon interlocuteur et ils baissent les yeux. Je relève le menton par fierté avant de reporter mon regard sur Ezio. Prenant appuis sur son épaule, je me hisse sur le bord de la fontaine. Lorsque je suis debout dessus je tends mes bras pour trouver un équilibre. Lorsque ce dernier est stable je fais quelques pas en arrière pour avoir une vue s’ensemble sur le jeune homme et laisse retomber mes bras,

- Sérieusement, tu es vraiment venu en mission top secrète ici ? Parce que seul dans un royaume des ténèbres, les Sans-cœurs qui poussent comme des champignons…

Nous sommes arrivés à parler de moi. Je ne sais même pas comment on en est arrivé là en fait. Mais une chose est sûre, j’aurais mieux fait de me taire sur mon royaume en fait. Il est déterminé à m’aider et moi déterminer à l’en n’empêcher. Alors lorsqu’il croise les bras et me fixe, je fais de même et réponds sans détour à sa question,

- Je ne sais pas.

Il n’allait pas aimer ma réponse. Surtout qu’il est très déterminé à y parvenir. Mais il faut que je l’arrête. Comme un enfant qu’on retire le jouet. Même si là, la chose est plus importante qu’une poupée. Pourtant sa vie est bien plus importante que mon royaume aussi vivant ou mort soit-il. C’est difficile de lui dire que je ne sais pas. Alors il se contentera de ça pour le moment. Puis il change de sujet et je soupire presque de soulagement. Il m’invite à visiter son royaume. On ne se connait pas plus que ça. Il est gardien, moi princesse et de cœur en plus. Il s’appelle Ezio et moi Malia. Fin de l’histoire. C’est tout. Alors savoir qu’il m’invite dans son monde je vois presque… un rendez-vous galant. Je souris. Un rêve ma pauvre petite.

Puis on me coupe mes pensées. Jack arrive pour me dire qu’il a convaincu le docteur. Sans entendre plus longtemps, par peur que l’autre ne renonce, je suis le squelette en regardant si le gardien nous suit. En entrant, j’ai un petit tête à tête rapide avec le savant. Toujours aussi aimable. Il n’a toujours pas aimé ou digérer ce que j’ai fait la fois dernière. Mais je le laisse faire et lorsqu’il se décide à  s’occuper de mon griffon, je m’approche d’Ezio pour lui faire un commentaire. Il me fait qu’il put s’occuper de lui. Amicalement, je le frappe du revers de la main sur le torse.

- Il n’est pas méchant. Juste bizarre.

Alors que je termine à peine ma phrase, Jack vient vers nous pour nous emmener vers la sortie. Je ne fais rien contre. La présence du gardien me rend heureuse. En plus d’être en sécurité, je sais qu’il est aimable et puis, il est agréable à regarder… Oui. Je regarde ça et alors ? C’est humain ! Il me tend alors la main lorsque je ne m’y attends pas. D’abord surprise, je la regarde avant de le regarder dans les yeux. Je souris doucement avant de la prendre. Il veut que je lui fasse visiter le monde et me demande plus de familiarité.

- Bien sûr que tu peux ! Je n’attends que ça. L’impression d’être sur un piédestal me donne des sueurs froides dans le dos.Je rigole. Soit, je vais te faire visiter.

Sans attendre, le prenant encore par la main je l’emmène vers à la sortie de la ville avant de le lâcher. Un clin d’œil est je lui fais que la forêt nous attend. Je fais quelques pas en arrière sans le quitter des yeux et de me retourne subitement pour me mettre à courir. Malgré ma robe, je peux aller vite et lorsque j’arrive à destination je m’arrête tout aussi rapidement qu’au commencement de ma course. Devant moi il y a un sapin, un cœur mais celui qui m’intéresse est le premier. Je me retourne pour tomber sur Ezio je lui demande de s’approcher et j’ouvre la porte en lui demandant de regarder. Prenant place alors derrière lui, je fais semblant de regarder par dessus son épaule. Puis je lâche un petit rire et je le pousse en m’agrippant à lui. Criant de joie, je ne peux m’empêcher de rigoler. Lorsque nous arrivons, je le lâche au dernier moment et je vole, légèrement pour m’écraser juste devant lui. Je sens le froid pénétrer mes habits mais je m’en moque bien. Je suis heureuse. Levant les bras comme pour annoncer un spectacle, je m’exclame;

- Bienvenue dans la ville de Noël mon cher !

Prise par une énergie nouvelle, je me redresse sur mes jambes en sautant comme une enfant. D'un mouvement je me retire la neige sur les vêtements et dans les cheveux et tends une main au gardien pour l'aider à se relever. Je ne prends pas la peine de m'excuser pour mon geste. Sans doute que je lui ai fait peur. Je m'excuserai si par malheur notre chute lui avait mal. Mais à voir sa tête... Elle est assez épic.

HRP:

Mon entrevu avec le fou en fauteuil roulant aurait pu être pire franchement. Bien qu’il ne soit pas aimable. Je passe outre et préfère retourner près de mon compagnon humain. Le seul assez normal dans ce monde. Nous laissons quelques commentaires passer nos lèvres. Puis nous terminons une nouvelle fois dehors. Il y a encore un ou deux échanges. Il va commencer à me tutoyer et son propos me fait légèrement sourire. Je lui rends son clin d’œil,

- Je n’en doute pas !

Il me laisse ensuite le choix en me disant que je peux l’emmener où je veux. Ni une ni deux, je prends ça au pied de la lettre. Alors que je serre sa main dans la mienne en allant à la sortie de la ville, je le lâche subitement pour me laisser planter là et me mettre à courir. Lorsque j’arrive à destination, je ne pensais pas le trouver aussi rapidement devant moi. Il est rapide mine de rien. Tant pis, j’arriverais bien à l’avoir un jour. Je lui laisse juste après le loisir de regarder par une porte. Lorsqu’il ne s’y attend, je le pousse dedans en le suivant.

Finalement, nous terminons par atterrir dans de la neige. La ville de Noël… Vive comme l’éclair je me redresse et lui tend la main pour l’aider à se mettre debout. Je veux lui montrer ce lieu. C’est ici que l’enfance est la plus pure après tout. Mais au lieu d’attendre mon aide, il fait bien le contraire et je termine dans ses bras sans me rendre compte de ce qui se passe vraiment. Nous roulons et finalement, Ezio termine au-dessus de moi. Nous nous fixons. À quoi est-ce qu’il pense ? Il me fixe tellement que je me mets à penser qu’il doit y avoir une chose de travers chez moi. Il est tellement proche de moi que je peux détailler son visage. Il prend la parole et lâche un commentaire. Il me dit que je suis belle. Enfin… Non très belle. Il a l’air tellement sérieux que je n’ai même pas le courage de faire un trait d’humour pour le contredire.

Puis je vois sa tête, un léger mouvement en avant, je le laisse faire ne sachant absolument as ce qu’il veut faire. Mais lorsque je sens ses lèvres sur les miennes, je ne pas m’empêcher de cligner des yeux. Je rêve ? Il ne vient pas de m’embrasser ?

Quelle tête est-ce que je suis en train de faire ? Sans doute celle lorsque je ne comprends ce qui m’arrive. Oui ça doit être sûrement ça. Mais qu’est-ce qui vient de se passer au juste ? Il m’a fait un compliment j’ai voulu répondre après mon sourire mais… Je me touche les lèvres en bégayant une phrase totalement incompréhensible que je ne comprends pas moi-même. Je sens mes joues puis le reste de mon visage devenir aussi chaud après un effort. Mon regarda fuit le sien. Prise au dépourvu. Il m’a prise en traitre. Cette idée ne fait qu’aggraver ma gêne. Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Le silence qui s’installe entre nous deux me laisse le temps de réfléchir.

Être comme d’habitude. Je ne dois pas me laisser avoir aussi facilement. Certes il est gardien. D’accord il est très aimable et gentil avec moi mais non ! Non, je ne compte pas tomber dans le piège. Je suis très gentille mais aussi méfiante. Là, ma méfiance monte crescendo. Pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Pourquoi nous ? Je ne peux pas mentir que son acte ne m’a rien fait.  J’ai été heureuse et prise par une douce enveloppe. Mais très vite, tout est redevenu normal. Ou pire. Je suis gênée de savoir que j’aimerai bien qu’il recommence. Je suis mal de penser que c’était agréable. Fermant les yeux pour reprendre contenance. Une grande bouffée d’air frais et j’utilise mes coudes pour battre en retraite et ainsi pouvoir me redresser.

Debout, je le regarde dans les yeux. Mes traits sont crispés quelques instants puis un sourire se dessine dans le coin de mes lèvres. Je ne vais pas lui en vouloir non plus. Un écart de conduite et si vite arrivé dans le feu de l’action. Mais je dois avouer que mon envie d’escapade vient d’être gelée sur place. Je me prends à penser que la ville d’Halloween me manque. Pourtant, je fais comme si il m’avait juste enlacer.

Je suis déjà mal à l’aise, je ne vais pas faire en sorte qu’il se sente mal aussi ! Je peux très bien lui rendre son baiser et alors je ne sais quelle chose pourrait se passer ou alors je m’éloigne et ne cherche plus à le revoir. Cette idée ne me plaît absolument pas. Mine de rien, j’apprécie beaucoup Ezio. Même si ça ne fait pas longtemps qu’on se connaît. Alors je prends la dernière et seule solution, je reste la même. Néanmoins, je reste sur mes gardes. Pas qu’il me fait peur mais je reste sceptique sur son acte. Un excès de folie. Il ne voulait pas vraiment… Oui, je me persuade.

- J’espère quand même que tu me feras visiter ton monde.

Pourquoi je viens de dire « quand même » ? C’est sorti tout seul. Venant de m’en rendre compte, je perds mon sourire et me baisse de nouveau. Accroupis, je le fixe dans les yeux,

- Désolé. Mais…

Tu es le premier ? Si ma tête n’était pas ailleurs je me serai mise à rire. Pour mon premier baiser, je n’ai pas pensé à une chose de la sorte. À cet évènement là et puis avec lui. Un gardien surtout ! Bon, il faut du courage mais je ne veux pas qu’il le prenne mal. Alors je termine ma phrase,

- Mais je ne pensais pas que mon premier se ferait dans la ville de Noël au-dessus d’un gardien et par terre dans la neige.

À prendre au premier degré quand même. Pour le lui prouver, je lui adresse un grand sourire.

Je sens bien pourtant le froid me picoter le dos comme une multitude d’aiguilles. Pourtant, je reste surprise de son acte. Ma pauvre Malia. Tu es pire qu’un ermite. Tu es une asociale coincée, pudique, peureuse et une emmerdeuse de premier ordre ! Je me déteste. Pourquoi être aussi surprise ? Il m’a juste embrassé ! Il ne m’a non plus déclaré son amour et encore moins me demander en mariage. Ce n’est qu’un baisé. Rien d’extravagant. Juste de surprenant.

Ma bouche parle sans consulter ma tête. Je sors une phrase sans faire attention à ce qu’il y a dedans. Si je pouvais, je remonterais le temps. À peine est-ce que je dis ça qu’il est aussi distant qu’un membre de sa famille vu il y a des années. Je me maudis. Ma bouche s’ouvre pour sortir quelque chose d’autre mais je m’abstiens dans l’immédiat. Ok. Reprends toi ma grande. J’inspire et lui explique. Il ne répond absolument rien. J’ai envie de le prendre par le col et de le secouer pour avoir une réaction. Je ne sais pas… Souris, pleure, met toi en colère, déteste moi, crache moi au visage, injure moi ! Mais par pitié fait quelque chose.

Tout est étrange lorsqu’il ouvre enfin la bouche. Où est passé le tutoiement de tout à l’heure ? Je m’assombris quand il me tend la main. Ma main se tend vers lui mais se referme très rapidement. Pendant un moment j’assimile ce qu’il m’a dit. Il va repartir à cause de moi.

Son ton et son regard fuyant suite à mes mots font en sorte de me faire comprendre ma stupide réaction. C’est presque à contre cœur que je l’accepte. À mon tour de me sentir mal. Je baisse la tête, mon regard est comme le sien. Je ne peux pas me résoudre à le fixer. J’ai peur. Je suis prise entre l’envie de m’excuser encore et toujours, de l’enlacer, de lui répondre… Alors je ne fais rien. Ma main libre vient toucher mon autre bras que je frotte. D’habitude, même lorsque je suis embarrassée je suis la même. Là… Je dois rester comme toujours. Il s’apprête à faire demi-tour. Je m’arrête.

- Non.

Non... Alors que je voulais partir il y a moins de deux minutes. Mais maintenant je ne veux plus. Je ne compte pas me renfermer suite à son acte. Je ne veux pas le voir mal. Mes sourcils se froncent et je m’approche de lui. Mes mains savent d’elles-mêmes où aller. Je l’enlace en portant ma tête sur son torse. Je fais la moue en fixant la neige. Je déteste ce genre de situation. Les silences sont les pires choses et je n’aime pas en être témoin ou acteur. Mes mains se serrent sur ce qu’il porte. Si je lui demande pourquoi. Est-ce qu’il va me répondre franchement ou éviter d’aborder le sujet ? Je me retire alors pour essayer de discerner son regard sous sa capuche. Bigre… Il se cache bien. Consentement ou non, je l’oblige à retirer sa capuche. Je tire dessus par derrière pour enfin le fixer dans les yeux. Je souris. Mais à bien y faire attention, j’ai vraiment appuyé sur une corde sensible en ayant cette réaction. Face à son expression, je n’arrive pas à soutenir son regard. Si bien que je baisse les yeux.

- Je suis sincèrement désolée si je t’ai blessé Ezio.

Je ne le lâche toujours pas. Sans doute par peur qu’il prenne la fuite. Même si je me doute que ce n’est pas son genre. Mais bon, je suis prévoyante. Au bout d’un moment, je me décide enfin à desserrer mon étreinte et me retire petit à petit. Les mains jointent devant moi et la tête basse, j’attends une réaction de sa part pour connaître son sentiment ou avoir quelque chose en échange de mes paroles et de mes actes. S’il ne fait rien. Soit. Nous repartirons chacun de notre côté.  

La gêne n’est pas la sensation que je préfère. Plutôt souriante et entreprenante dans certains domaines, je dois avouer que pour une fois, on m’a coupé le sifflet en un rien de temps. Pourquoi m’a-t-il embrassé ? Une envie ? Un désir ? Parce que j’ai la tête de l’emploi ? Si je pouvais, j’entrerais bien dans sa tête pour savoir. Mais je ne suis douée que pour entrer dans celle des morts. Ironie. Les vivants sont tellement plus complexes qu’il serait tellement plus simple de savoir. Il m’a pris par surprise. Une surprise bien agréable dans le fond. Dans la forme néanmoins, ça surprend.

Je laisse bien échapper par mes gestes qu’il m’a décontenancé. Il y a un loin silence entre nous. Il se demandait sans doute ce qu’il devait faire. Mais je me rassure, je me pose la même question. Mais je ne compte pas le laisser partir aussi facilement avec cette tournure. Il m’invite à rentrer à Holloween Town. Mais très vite je décline l’offre préférant aller l’enlacer. Tu ne vas pas partir aussi facilement. Après une tentative de le regarder, je lui souris après avoir fait tomber sa capuche. Il me le rend, moins dynamique que la première fois. Décidemment, je dois apprendre la relation humaine. Je m’excuse de mon comportement et il réplique aussitôt.

Sa faute, en quoi c’est sa faute ? D’accord c’est surprenant mais en aucun cas il doit s’en vouloir autant. Je ne suis pas triste non plus, juste, tellement mal à l’aise. Je me sépare vu son manque de réaction et puis je ne vais pas rester coller à lui non plus. Je le regarde me tourner le dos. Pour ma part, je reste planté à ma place. Est-ce que c’est un au revoir ou un adieu ? Je n’ai même pas le temps de me poser vraiment la question. Il revint vers moi et pose sa veste sur mes épaules. Son geste me surprend mais je l’accepte. C’est ce qui suit qui me fait avoir une réaction.

Il me prend dans ses bras. Je me surprends à fermer les yeux lorsqu'il me prend dans ses bras. Mes mains pourtant restent ballantes avant qu'une ne se décide à se lever mais il est déjà trop tard. Il vient de mettre fin à, sans aucun doute, sa dernière marque de rapprochement avec moi. Qu'est-ce que tu peux être conne Malia des fois ! Je soupire. Voilà où me mène cette envie d'être toujours sur mes gardes et de me poser des questions pour la moindre petite chose !

Mais je ne peux pas lui en vouloir de mal prendre mes réactions. Il n’est plus le même alors je décide de l’aider en faisant ce qu’il a décidé. Nous rentrons. Du froid de la ville de Noël, nous passons à une atmosphère pesante. Je garde le silence pendant tout le retour en essayant d’être assez loin de lui pour ne pas le rendre plus mal. Mais je reste du moins assez près pour pouvoir le toucher rien qu’en levant le bras. Nous arrivons alors près de la fontaine. La tête basse, je ne fais attention à rien.

- Malia, tu en fais une drôle de tête. Ça va ?

C'est cette voix douce qui me fait sortir de mes rêves. Je fixe Sally avec un sourire et pose une main sur son bras. Je hoche la tête en signe d'approbation. Oui je vais bien. Mon regard ne se prête même pas en arrière pour regarder Ezio. Je rentre directement dans l'atelier du docteur où Jack et lui discute. En me voyant, je remarque bien que le médecin est tenté d'ouvrir la bouche. Mais je ne suis pas d'humeur à l'envoyer dans les roses. Sans doutes qu'il le remarque ou le sens car il déglutit simplement en me pointant Hadès du doigt. Le griffon baisse la tête et s'approche de moi sans aucun ordre.

- Merci.

Il ne répond pas. Soit. Je constate avec plaisir que ma créature est plus maniable et moins... Morte. Au moins je ne vais pas avoir à me dépenser trop dans l'utilisation de mon don. Je soupire néanmoins. Voilà. Il est temps pour moi de partir. Jack me raccompagne dehors. Sally et Ezio sont ensemble et je m'arrête en le regardant. Le squelette me tend une main amicale que j'accepte avec un petit sourire. J'enlace la femme et salut le grand sac d'os avant de me retrouver seule avec le gardien.

- Il est temps.

Propos inutiles. Je baisse la tête quelques instants en me choisissant quelle attitude avoir avec lui. On se serre la main ? Je lui fais la bise ? Une tape sur l'épaule ? Je l'ignore ? Non... Je vais... Ma main se tend pour une poignée de main distante. Mais bien vite je renonce et l'embrasse sur la joue. Je me hâte de monter sur Hadès juste après et lui tend sa veste que j’avais gardé jusqu’à maintenant,

- À bientôt Ezio...

Je ne lui laisse pas le choix. On se reverra.