Show me a sign, take me away

feat. Zan Kyouki

Les yeux lourds et la tête dodelinant d'un côté et de l'autre, tu peinais à rester conscience, le sommeil appelant ton âme d'une manière qui te semblait irrésistible. La tentation était bien grande ; cela faisait bien longtemps que tu n'avais pas eu plus de deux heures de repos d'affilées. Tu étais toujours à t'agiter, à courir à droite et à gauche à la recherche d'une lueur d'espoir, aussi mince soit-elle. Car tu avais tant besoin d'espérer, de la lumière dont l'espoir était la source et que tu sentais diminuer en toi chaque jour. La solitude, les regrets et la fatigue accumulée durant tes nombreux voyages commençaient à sérieusement peser sur ton cœur, tu le sentais. Et tu savais que céder à l'appel du sommeil serait plus que judicieux, que dormir quelques instants te ferait le plus grand bien. Tu ne pouvais cependant t'y résoudre ; ton esprit hyper-actif t'empêchait de trouver le moindre repos, réveillant tes angoisses les plus profondes, tes regrets les plus blessants. Tu n'y pouvais rien, tu n'étais pas suffisamment forte pour repousser tous ces sentiments négatifs qui t'envahissaient subitement, tu te laissas donc submerger. Oh ce que tu aurais te débarrasser de ce qui te rongeait facilement, tu aurais aimé … disons, passer un coup de balais dans ton esprit pour te ôter ces doutes et ces anxiétés semblables à de la poussière et de vilaines toiles d'araignées. Mais rien n'était aussi facile que cela, tu le savais.
Tu lâchas un soupire, lasse, et passas une main sur ton visage un peu plus pâle qu'à l'accoutumée. Tu te frottas les yeux quelques instants, cherchant à faire partir cette lourdeur qui semblait les tenir prisonniers, avant de battre frénétiquement des paupières. Ton regard se posa ensuite sur le mur qui te faisait face ; blafard, lisse. L'intérieur du vaisseau Gumi dans lequel tu te trouvais actuellement n'était pas des plus joyeux mais … hé, qui étais-tu pour critiquer les goûts en matière de décoration de ceux qui acceptaient de t'accueillir à bord sans un sous en retour ? Parfois un peu brutale certes, cela ne voulait néanmoins pas dire que tu étais dénuée de la moindre politesse. Tu préférais donc éviter de t'attarder sur le sujet des tons et coloris du véhicule. À la place, ton regard s'égara vers les pilotes du vaisseau, tous deux en pleine discussion à propos d'un sujet dont tu ignorais tout et qui ne t'intéressait très certainement pas. Tu soupiras une nouvelle fois, détournant le regard. Tu te remis debout, t'appuyant contre la surface du vaisseau pour te redresser, et te dirigeas vers l'un des hublots, contemplant l'immensité de l'espace qui s'offrait à toi. Tu restas ainsi de longue minute, le regard dans le vide, avant que quelqu'un ne vienne t'interrompre. « Miss Stain … ? Nous sommes arrivés à destination. » Tu tournas la tête vers le jeune homme qui était venu te prévenir et hochas la tête poliment. Tu ne prononças pas un mot, la gorge un peu serrée, et tu te pressas de descendre du vaisseau, ne prenant pas la peine de saluer ou remercier ceux qui t'avaient accepté à leur bord, fuyant telle une ninja.

La Ville de Traverse, voilà ta destination. Oh, pas que tu souhaitais t'y rendre particulièrement, tu connaissais l'endroit comme ta poche. Cependant tu n'avais pas vraiment eu le choix. Les deux pilotes avaient terriblement envie et besoin – pour une raison dont tu ignorais tout – de se rendre sur ce monde. Peu désireuse de rester sur cette plage sombre sur laquelle tu avais passé de nombreuses heures, tu avais sauté sur l'occasion de croiser des pilotes et les avais fort maladroitement suppliés de t'emmener avec eux, ressentant le besoin irrépressible de changer de monde. Tu n'en pouvais plus de ce sable qui rentrait dans tes chaussures, le bruit des vagues t'insupportait presque. Fort heureusement pour toi, ils avaient accepté. Et te voilà maintenant au sein de la Ville de Traverse, ville que tu connaissais comme le fond de ta poche. Tu en avais exploré tous les moindres coins et recoins lorsque tu avais atterris ici pour la première fois, à la recherche vaine de ta sœur cadette. Tu n'étais pas particulièrement adepte de ce lieu, soit, mais il y avait tout de même pire comme endroit. Aussi n'avais-tu pas objecté lorsque tes pilotes avaient affirmé désirer se rendre ici. Tu n'avais rien dit et étais montée dans le vaisseau, rien de plus.
Et dès que tu avais posé le pied sur le pavé de la ville, tu ne sus quoi faire. Tu connaissais la ville comme ta poche, oui, mais il n'y avait rien de particulièrement intéressant ici selon toi. Alors tu te mis à errer un peu, telle une âme en peine, les mains dans les poches et le pas lourd. Toujours un peu fatiguée, tu n'avais pas l'envie ou même la force de lever convenablement tes pieds, les laissant lamentablement traîner sur le sol pavé. Les yeux baissés – chose qui était habituelle pour toi, tu ne marchais jamais avec la tête haute – tu aperçu du coin de l’œil un objet long, brillant. Probablement fait de verre. Tu pensas d'abord à une seringue mais lorsque tu t'approchas pour voir ce dont il s'agissait réellement, tu constatas qu'il ne s'agissait que d'une bouteille de verre brisée. Tu affichas une moue quelque peu maussade avant de te redresser. Ce fut à ce moment-là que tu entendis un bruit, provenant de derrière toi. Les sourcils froncés, l'air peu tranquille, tu tournas les talons vers la provenance du bruit. Tu sentis la pression, l'inquiétude monter en toi mais étais bien décidée à ne rien laisser paraître. Tu t'éclaircis la gorge, faisant un pas vers l'avant. « H-Hello … ? I-il y a q-quelqu'u-un ? » C'était plus fort que toi, tu ne pouvais t'empêcher de bégayer lamentablement, quand bien même tut tentais de ne pas te laisser envahir par l'inquiétude. Après tout il ne s'agissait peut-être que d'un bruit quelconque, qui ne méritait pas qu'on le remarque. Tu espérais qu'il s'agissait de cela, bien que tu sois intimement persuadée du contraire.

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feat. ton Zan Kyouki

Ton cœur battait la chamade contre tes côtes, comme s'il cherchait à s'échapper de cette prison que formait ta cage thoracique. L'inconnu déclenchait en toi une certaine peur, une appréhension que tu n'appréciais guère mais que tu devais malgré tout subir. Les mains légèrement moites, les jambes quelque peu tremblantes, tu t'étais vivement retournée vers l'étrange bruit qui t'avait presque fait sursauter. Quelque chose clochait, tu le sentais au plus profond de ton être. Quelque chose était tapis dans l'ombre, quelque chose guettait, attendait que tu fasses le moindre faux-pas pour précipiter ta chute. Un frisson te parcourut l'échine à cette pensée et tu sentis des sueurs froides coulées le long de ta colonne vertébrale. Tu déglutis difficilement avant de faire un pas en avant, anxieuse. Tu tentas vainement de te donner un air brave, un air impassible qui effraierait peut-être un potentiel adversaire. Oh mais tu savais que tu n'avais pas l'air bien impressionnante ainsi, les yeux brillants d'inquiétude et d'anxiété. Tremblante, telle une brindille prise dans le vent. Tu n'avais pas l'air vaillante, c'était certain. Tu avais terriblement envie de prendre tes jambes à ton cou, de fuir telle la lâche que tu étais. Tu ne pouvais néanmoins pas reculer, quelque chose t'en empêchait. Tu étais clouée sur place et tu ne pouvais qu'attendre, voir ce qui allait se passer dans les secondes qui allaient passer.
Tu n'eus pas à attendre bien longtemps. Une petite silhouette, sombre, comparable à un enfant, se dessina devant toi. Sa peau noire, ses grands yeux jaunes. Tu connaissais ces créatures, tu avais déjà vu ces caractéristiques si particulières sur d'autres créatures incroyablement semblables. Ton cœur rata un battement alors que tu sentais la panique t'envahir peu à peu, courant dans tes veines, embrouillant ton esprit. Tu esquissas instinctivement un mouvement de recul. Les derniers moments que tu avais passé chez toi, avant que ton monde ne disparaisse, avec ta sœur avant que celle-ci ne disparaisse aussi. Frappée par tous ces mauvais souvenirs, tu en eus presque le souffle coupé. Tu ne pouvais décemment pas te souvenir d'un tel événement sans être envahie par l'émotion. Mais ce n'étais vraiment pas le moment de te perdre dans de telles tergiversations, tu devais rester concentrer sur la situation qui s'offrait à toi. Cependant tu avais du mal à t'arracher à cette tristesse qui te caractérisait à présent, à cette douleur causée par l'absence de cet être que tu avais tant aimé.

La créature s'apprêtait à attaquer, tu pouvais le voir mais tu ne parvenais pas à réagir. Là, cachée dans l'ombre, tu la voyais se préparer à te sauter dessus, à t'attaquer et te faire disparaître comme elle avait pu le faire avec ta sœur. Une petite voix au fond de ton esprit t'intima de te laisser aller, de te laisser disparaître pour connaître le même sort que ta cadette. Peut-être pourrait-elle même la retrouver dans les Ténèbres après cette vie qui semblait si dure à vivre. Ce serai la solution la plus facile, la plus accessible pour toi à tes yeux. Tu avais néanmoins cette envie de te continuer à vivre, à poursuivre ton chemin sans toutefois savoir où tu pouvais bien aller. Le cœur indécis mais battant bien fort contre tes côtes, tu fermas les yeux lorsque tu vis la créature bondir vers toi. Il était trop tard, tu n'avais pu réfléchir plus longuement pour faire ton choix ; le monstre l'avait fait pour toi. Tu attendis le choc, la douleur liée à ta disparition certaine. Mais, à ta plus grande surprise, rien ne vint. Seul le bruit d'un objet fendant l'air et le choc du métal contre la pierre résonnèrent à tes oreilles. Surprise, tu ouvris les yeux juste à temps pour voir la créature disparaître, embrochée par une flèche.
Un air ahuri se peint sur tes traits. Tu fronças les sourcils, perplexe. Quelqu'un était intervenu, quelqu'un avait tiré cette flèche afin de te sauver. Mais pourquoi ? Et qui ? Tu n'en savais rien et cette ignorance te tordit le ventre en une boule intense de nervosité. Un nouveau frisson te parcourut, de la tête au pied cette fois-ci. Tu regardas autour de toi, anxieuse et déboussolée. Et puis tu le vis. Plus grand que toi, la chevelure claire avec un drôle d'air au fond de son regard. Il y avait une étrange énergie qui se dégageait de lui, un petit plus que tu ne parvenais pas à identifier. Inquiète, effrayée. Tu fis un pas en arrière, imposant une certaine distance entre vous deux. « Ça va, il ne t'a pas touchée ? » Tu restas un moment à le contempler, silencieuse et sans la moindre réaction. Tu fronças les sourcils, hésitante. Tu ne savais que dire, quoi faire. Tu ne t'étais pas attendue à ce que quelqu'un vienne à ton secours de cette manière, surtout un inconnu, quelqu'un dont tu ignorais tout et qui ne te connaissait pas.

Une moue insatisfaite toujours peinte sur ton visage, tu secouas la tête distraitement, détachant ton regard de la silhouette de l'homme, s'égarant sur le bout de tes bottines. Tu sentis le rouge te monter aux joues, ta maladresse légendaire faisant son apparition une fois de plus. Tu ne savais trop quoi répondre, tu ne savais trop comment réagir face au regard insistant du jeune homme. Tu te sentais mal à l'aise sous son regard, tu ne te sentais pas à ta place. Mais il ne semblait pas vouloir détourner les yeux. Que pouvais-tu dire ? Peut-être pouvais-tu commencer par le remercier par son sauvetage inopiné. Car si pendant un temps tu avais songé à baisser les bras définitivement, tu te rendais compte que tu n'avais pas vraiment envie de disparaître dans cette Ombre qui semblait de plus en plus présente. Tu relevas la tête doucement, posant ton regard sur un point du mur contre lequel l'homme était adossé. Tu te mordis la lèvre inférieure, angoissée à l'idée de prendre la parole, ne sachant trop quoi dire, comment t'exprimer. Puis tu pris une grande inspiration avant de te lancer.
Tu croisas les bras sous ta poitrine, affichant un air distant et quelque peu perturbé. « J-Je … J-Je vais b-bien. » Tu ne pus t'empêcher de bégayer, une fois de plus. Les mots restaient coincés sur ta langue, tu devais les forcer à sortir de ta bouche et ils butaient à chaque fois contre la barrière de tes dents. La mâchoire serrée, tu t'étais néanmoins forcée à parler et tu te sentis presque obligée de poursuivre. « M-Merci p-pour ça … Enfin, j-je veux d-dire pour la c-créature … J-je. E-Enfin. » Tu t'interrompis, le visage brûlant de honte. Tu bégayais, encore et toujours. C'était une manie gênante dont tu ne parvenais pas à te défaire. Tu avais l'impression de n'être qu'une enfant perdue dans un monde d'adultes. Tu adressas un sourire forcé – qui ressemblait plus à une grimace – au jeune homme. « J-je suis S-Stain. » Tu t'étais présentée sous le pseudonyme qui était le tien depuis la disparition de ton monde, abandonnant ton prénom de naissance sans grands regrets. Tu fixas un point par dessus l'épaule de l'homme, attendant la moindre réaction de sa part.

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feat. ton Zan Kyouki

L'adrénaline courrait encore dans tes veines, faisant battre ton Coeur toujours un peu plus fort. Tu avais eu peur, c'était là une chose certaine. En même temps, quoi de plus normal… ! Il y avait eu cette créature qui s'était tapie dans l'ombre, derrière toi. Te guettant, faisant de toi une proie alors que tu n'avais rien fait de mal, que tu n'avais rien demandé à personne. Tu ignorais ce qui avait pu attirer la créature à toi, car, après tout, tu n'avais rien de bien particulier, rien de bien extraordinaire. Enfin, c'était ce dont tu étais persuadée. Tu ne savais pas beaucoup de choses, tu ne comprenais pas grand-chose. Depuis que ton monde avait sombré dans les Ténèbres, depuis que ta sœur avait disparu, ta vie avait été grandement chamboulée. Tout d'abord, tu t'étais retrouvée dans un endroit que tu ne connaissais pas, sans le moindre repère. Tu n'avais su quoi faire, tu n'avais su comment t'adapter. Encore aujourd'hui tu ne savais trop comment faire pour vivre convenablement en voyageant de monde en monde, à la recherche de quelque chose qui avait disparu et te semblait terriblement inaccessible. Puis après avoir exploré le nouveau monde sur lequel tu étais arrivée après la chute de ton monde natal, tu avais fait la découverte de sentiments que tu n'avais jamais connus jusqu'à ce jour ; la douleur, le chagrin, la tristesse et la colère. Puis après avoir exploré le nouveau monde sur lequel tu étais arrivée après la chute de ton monde natal, tu avais fait la découverte de sentiments que tu n'avais jamais connus jusqu'à ce jour ; Tu avais été prise au dépourvu, étouffée par tous ces sentiments négatifs. Pendant un temps, tu avais bien cru que tu allais véritablement disparaître derrière ce flot de négativité.

La Ville de Traverse était, pour toi, le lieu qui représentait parfaitement tout ce que tu avais pu ressentir après cet évènement tragique. Tu ne savais pas trop pourquoi tu avais voulu revenir ici aujourd'hui, un besoin profond de souffler un petit peu, de te reposer tout en te souvenant de ce par quoi tu avais pu passer. Ce par quoi tu étais toujours en train de passer sans savoir si tu allais pouvoir t'en sortir un jour. Ça avait probablement été une erreur ; si tu n'étais pas venue en ces lieux, tu n'aurais certainement pas été attaquée aussi subitement que par ce monstre, attaché à cette zone d'ombre qui te faisait tant cauchemarder. Tu avais eu beaucoup de chance ; un illustre inconnu avait littéralement volé à ton secours, décochant une simple flèche pour se débarrasser de la sombre monstruosité. Oh ce que tu pouvais lui en être reconnaissante ! Car malgré le doute et le désespoir qui t'avaient envahi peu de temps avant, tu n'avais véritablement pas envie de te faire dévorer par les Ténèbres. Mais aussi soulagée pouvais-tu être, tu étais aussi terriblement gênée et mal à l'aise. Tu aurais dû réagir cependant, tu en avais été incapable, pétrifiée par le choc et la panique. C'était en grande partie à cause de cela que tu avais été incapable de lui parler sans bégayer, butant sur le moindre mot en lui adressant tes remerciements les plus sincères. Cela ne sembla pas le déranger, car quand tu l'observas du coin de l'oeil, il t'adressait un sourire qui se voulait rassurant. « Ce n'était rien. J'ai juste fait ce qu'il fallait. Je m'appelle Zan. Enchanté, Stain. Je suis content qu'il ne te soit rien arrivé. » Tu te sentis rougir légèrement, n'étant habituée à ce que l'on t'accorde autant d'attention. Tu t'empressas de fixer de nouveau ton regard sur un point invisible par-dessus l'épaule du jeune homme.

Tu glissas tes mains dans tes poches, rentrant tes épaules et te rendant plus petite que ce que tu étais réellement. Toujours aussi mal à l'aise, tu semblais vouloir disparaître, échapper au regard du dénommé Zan. Il n'avait pas l'air méchant, au final. Mais cela ne voulait pas dire que tu étais plus à l'aise. Cela faisait bien longtemps que tu n'avais pas eu de contact avec qui que ce soit, plongée dans cette solitude, enfermée dans ton chagrin et ta douleur, dans ton angoisse constante et ta culpabilité omniprésente. Comme s'il avait senti ton humeur morose et réservée, il reprit de nouveau la parole, brisant le silence qui s'était installé entre vous. « Tu n'as pas à avoir peur de moi. Mais avant qu'on discute… Je te propose que l'on bouge d'ici et qu'on aille dans un endroit plus sûr qu'une vulgaire ruelle. Au café, les sans-coeurs, donc les créatures comme celle qui t'a attaquée tout à l'heure, devraient avoir un peu plus de mal à pénétrer. Tu viens ? » Bien malgré toi, ton regard ébahi croisa celui de Zan. Tu t'étais attendue à ce qu'il s'en aille après avoir fait sa bonne action, qu'il te laisse derrière sans le moindre regard par-dessus son épaule. Quelle ne fut donc pas ta surprise lorsqu'il te proposa de passer davantage de temps en sa compagnie, dans l'espoir de discuter comme il l'avait si bien dit. Hésitante, incertaine, tu mis un certain temps avant de te décider. Était-ce une bonne idée que de suivre cet inconnu dont tu ignorais tout sauf le prénom ? Si tu t'étais posée cette question quelques mois plus tôt, tu aurais répondu avec un non catégorique. Cependant, cela faisait bien longtemps que tu étais seule, tu étais presque désespérée d'avoir un peu de compagnie, même si cette dernière n'était que temporaire. Tout ou presque pour briser cette terrible solitude qui était la tienne.

Après un rapide et sec hochement de tête, tu t'approchas silencieusement du jeune homme, tes mains toujours fourrées dans tes poches. Tu faisais probablement preuve d'imprudence en le suivant ainsi, mais tu n'en avais que faire. Tu n'en pouvais plus d'être toujours aussi seule. De plus, une aura rassurante se dégageait de lui, une aura chaleureuse qui endormait tes suspicions et tes inquiétudes. Tu le suivis donc, toujours murée dans ton silence. Durant tout le cours trajet, tu gardas les yeux rivés sur le pavé de la ville, n'osant même pas regarder le dos de ton sauveur. Tu ne savais trop que dire, quoi faire. Mais tu n'eus pas le temps de tergiverser bien longtemps. Bientôt, tu l'entendis prendre une place à une table du dit café et tu t'empressas de le suivre, te laissant lourdement tomber sur une chaise en bois. « Prends ce que tu veux, c'est moi qui invite, pour te remettre de ta frayeur de tout à l'heure. » Tu posas de nouveau ton regard sur le visage de ton interlocuteur, étonnée. Encore une fois, tu ne t'attendais pas à un tel comportement, à une attitude aussi chaleureuse. Surtout pas envers toi, tu ne méritais pas la générosité du jeune homme, tu en étais persuadée. Tu dus te reprendre rapidement, un serveur approchant de votre table. Tu commandas – toujours en bégayant – un simple chocolat chaud, constatant avec gêne que Zan ne commanda rien. Tu ne dis rien à ce sujet, te contentant de fixer le bout de tes doigts, tes mains posées sur la table. La voix de ton interlocuteur t'empêcha de te perdre à nouveau dans tes sombres pensées. « Dis-moi… Tu n'aurais pas reçu une Keyblade, une espèce de clé géante, récemment ? Ça expliquerait pourquoi cette Ombre t'a attaquée ... » Cette journée n'avait définitivement pas fini de te surprendre. Tu le regardas, longuement, surprise par cette question aussi soudaine que juste, la bouche entrouverte. Tu te repris rapidement néanmoins, refermant la mâchoire d'un geste sec.

Plus mal à l'aise par cette question, ton regard se fit plus fuyant et tu te mis à te tortiller maladroitement sur ta chaise. Oui, tu voyais de quoi le jeune homme pouvait bien parler. Tu savais parfaitement de quelle clef géante il parlait. Tu avais découvert que tu étais en possession de cette chose il y avait peu, au moment où ton monde natal avait disparu. Alors oui… Mais que savait Zan à ce sujet ? Quelles étaient ses motivations ? Tu n'en savais rien, mais l'aura rassurante de ton interlocuteur te poussa à lui répondre. Maladroite et hésitante, tu hochas la tête avant de prendre timidement la parole. « O-Oui … J-je vois d-de quoi tu p-parles. » Tu t'interrompis brusquement, cherchant tes mots. « Hm … C-Comment dire ? J-J'ai eu cette K-Keyblade quand je s-suis arrivée ici, e-enfin avant. J-Je s-suis déjà v-venue ici, il y a-a quelques t-temps … M-Mais je ne connais rien à c-ce sujet. J-Je ne sais m-même pas comment m-m'en servir c-correctement. » Tu baissas le regard, honteuse après avoir avoué une telle faiblesse. Tu ne savais que dire de plus à ce sujet, mais ta curiosité était attisée. Comment Zan pouvait-il connaître une telle chose ? Peut-être qu'il était dans le même cas que toi dans le sens où il possédait potentiellement une telle arme lui aussi ? Une lueur d'espoir s'alluma au fond de ton regard. « T-Tu as une K-Keyblade t-toi aussi ? C-C'est pour ça q-que tu connais ç-ça ? » Tu n'avais pu retenir ta question, envahie par la curiosité, l'envie d'en savoir plus.

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feat. ton Zan Kyouki

La situation dans laquelle tu te trouvais actuellement était un peu étrange, mais pas inconfortable. Tout du moins pas aussi inconfortable que ce qu'elle aurait pu être, au vu de la maladresse légendaire dont tu faisais preuve quand tu étais en contact avec les autres. Cependant, en cet instant tu te sentais incroyablement calme, même s'il y avait toujours cette nervosité sous jacente dont tu parvenais à te détacher quelque peu. Tes mains encerclant la tasse de chocolat chaud que l'on venait de t'apporter et ton regard bleu rivé sur le visage de ton interlocuteur – Zan comme il s'était présenté plus tôt – tu le regardais avec une lueur d'espoir au fond de tes yeux. Il en savait bien plus – à propos de ta situation, de la situation des mondes en général – que ce qu'il voulait bien laisser paraître. Mais plus que ça encore, il avait réussi à totalement capter ton attention en mentionnant le nom de cette arme que tu possédais, mais dont tu ignorais tout. La Keyblade. Cela te laissait penser que le jeune homme devait en posséder une lui aussi et, aussi curieuse que pleine d'espoir, tu le lui avais demandé, songeant que si c'était le cas, il pourrait peut-être te venir en aide avec cette arme que tu ne savais manier. Patiemment, tu attendis sa réponse. Toutefois tu n'obtins pas celle que tu espérais avoir. « En vérité, je ne suis qu'un modeste Gardien, voyageur de mon état. Je ne suis de toute façon pas digne de manier la Keyblade, parce qu'elle choisit elle-même son porteur. » La lueur d'espoir qui brillait au fond de ton regard s'éteignit aussitôt et quelque chose enserra ton coeur ; un sentiment un peu sombre, un brin néfaste. Si Zan, qui semblait savoir se défendre et avait volé à ton secours, n'était pas digne de manier cette arme légendaire … Qu'étais-tu ? Tu avais été incapable de sauver ton monde, ta propre sœur. Qu'est-ce que cela pouvait bien dire de toi ?

Tu fixas un moment le jeune homme avec un air perplexe peint sur tes traits. Puis, calmement, silencieusement, tu détournas le regard pour te plonger dans la contemplation de ta tasse de chocolat chaud. Tu avais une boule dans la gorge, tu te sentais oppressée, ressassant ce que Zan avait pu te dire il y avait quelques secondes. La Keyblade pouvait-elle se tromper – car il t'avait affirmé que c'était Elle qui choisissait son porteur – ? Avait-elle fait une erreur avec toi ? Car, il fallait être honnête, tu n'étais pas la jeune fille la plus forte ou la plus courageuse qui soit, tu n'avais rien d'exceptionnel. Tu ne pouvais décemment pas être son premier choix. « Ne t'inquiète pas, tu n'es pas la seule à posséder cette arme. Si tu le veux bien, je vais t'expliquer un peu les évènements. » La voix du jeune homme interrompit tes tergiversations, te forçant à croiser de nouveau son regard. Toujours incertaine, tu lui adressas malgré tout un sourire crispé en hochant la tête. Même si ta situation te semblait floue, même si tu ne comprenais absolument rien à cet instant, en savoir davantage à ce sujet ne te ferait pas le moindre mal. Tu pourrais peut-être enfin comprendre. Et plus que cela encore, tu étais une jeune fille curieuse, qui avait soif d'apprendre. Tu n'allais donc pas te faire prier si on t'offrait des informations de bon coeur. « Cette histoire commence il y a longtemps. De mémoire d’Homme, il y a toujours eu cette guerre. Une guerre entre les Ténèbres et la Lumière. Le premier siège de cette guerre est bien entendu le Cœur de chaque personne. Mais cette guerre a aussi lieu à de plus grandes échelles. Je te parle bien sûr des mondes. Je ne connais pas l’histoire compète et détaillée, je possède juste les informations que l’on m’a moi-même transmises. Il se peut que certaines soient erronées, mais dans les grandes lignes, c’est ce qu’il se passe actuellement. Les séides des ténèbres essayent de faire sombrer chaque monde dans les Ténèbres. Parfois, ils réussissent… » Tu avais les yeux écarquillés, impressionnée par l'histoire que Zan te racontait. Quand tu vivais encore avec toute ta famille, tu avais tout ignoré de cela, personne ne t'avait jamais parlé de ça. Probablement parce qu'ils étaient tous tout aussi ignorant que toi.

Un peu secouée par les premières informations que tu venais d'entendre, tu étais quelque peu soulagée que ton sauveur se soit interrompu, te laissant ainsi le temps d'assimiler et de digérer cette grande quantité d'information. L'air un peu absente, tu portas ta tasse à tes lèvres et bus quelques gorgées du breuvage chaud. Cela sembla te réveiller. Tu clignas des yeux, un peu abrutie, avant de vraiment réfléchir aux paroles qui avaient passé la barrière des lèvres de Zan. Même si tu avais été très ignorante jusque là, tu n'étais pas non plus idiote ; tu voyais tout à fait ce dont il voulait parler. Tu avais même été la triste spectatrice quand les Ténèbres avaient totalement englouti ton monde et, par la même occasion, ta famille. Tu serras la mâchoire à cette pensée, sentant les larmes te monter aux yeux. Tu t'éclaircis la gorge et pris une nouvelle gorgée de ton chocolat chaud pour te distraire. Tu clignas plusieurs fois des yeux, puis Zan reprit son discours. « Il existe cependant une arme qui possède la faculté d’ouvrir et de fermer toutes les portes, mais aussi de libérer les cœurs. Autrement dit, une arme idéale à la fois pour les forces des Ténèbres et pour les forces de la Lumière. Cette arme, c’est la Keyblade, comme celle que tu as. Au vu de ton aura, je devine sans peine que tu possèdes une keyblade de lumière, puisque ton cœur semble comporter très peu de ténèbres. En effet, la Keyblade choisit son porteur. Une keyblade de ténèbres choisira un porteur ayant un cœur possédant une très forte propension aux Ténèbres sans risquer de sombrer dedans pour autant. A l’inverse, une keyblade de lumière choisira souvent un porteur ayant un cœur qui ne contient que peu de ténèbres. Ou plutôt, qui a plus de potentiel en tant que lumière que de potentiel en tant qu’être des ténèbres. » Cette fois-ci, lorsque le Gardien s'interrompit, tu fronças les sourcils, faisant de ton mieux pour assimiler toutes les informations qu'il venait de te transmettre. Ce n'était pas une chose facile à faire mais tu n'étais pas idiote, tu pouvais le faire.

Les yeux dans le vague, tu ne le vis pas agiter la main pour commander lui aussi un chocolat chaud. Tu possédais donc une arme qui te permettait de combattre ces Ténèbres aux envies de dominations suprêmes, tu avais le pouvoir de faire régner l'équilibre au sein des mondes. Tout du moins, c'était ce que tu avais compris. Toute était une question d'équilibre, semblait-il. Enfin. Tu n'étais pas certaine, tout ça était très confus pour toi. Peut-être qu'avec davantage d'informations, tu pourrais comprendre un peu mieux … Lentement, tu te mis de nouveau à regarder ton interlocuteur, attendant patiemment qu'il repose sa tasse pour poursuivre son explication. « Là, c’est la théorie générale. Maintenant, on va s’intéresser à des cas plus pratiques, à savoir la situation du conflit à l’heure actuelle. Je t’ai parlé des ténèbres. Leur forme primaire est ce qu’on appelle communément un ‘’sans-cœur’’. La créature qui t’a attaquée tout à l’heure en est un. Pour faire simple, si le cœur d’une personne cède complètement aux ténèbres, cette personne se transforme en sans-cœur. Ou plutôt, son cœur. Et chez les personnes qui ont un cœur particulièrement fort, il subsistera toujours une espèce de trace, de reste du corps de la personne d’autrefois. Cette trace est appelée ‘’Simili’’. Les similis, même s’ils n’appartiennent pas réellement aux Ténèbres, en sont tout de même une trace conséquente. Et c’est là qu’on en arrive au cœur du problème actuel. » Ton coeur s'était mis à battre plus fort contre tes côtes au fur et à mesure que Zan précisait le problème. La peur et l'angoisse montaient de nouveau en toi, tu ne te sentais pas à l'aise. Pas le moins du monde. Les mains tremblantes, tu levas de nouveau ta tasse et finis ta boisson chaude d'une traite. Tu reposas la tasse de porcelaine sur la table en bois, les mains moites.

Les Sans-coeurs, les Similis … Tu avais du mal à comprendre. Tout cela était bien trop compliqué. Beaucoup trop compliqué pour la jeune fille simple que tu étais. D'un côté, tu étais bien contente que Zan t'ait informé de tout cela. Mais de l'autre tu étais aussi terrorisée à l'idée de te retrouver mêlée à un tel conflit. Enfin non. Tu étais terrorisée, tout court. Car bien malgré toi, tu étais déjà mêlée à toute cette histoire. Ton regard ancré dans celui du jeune homme, tu ne doutais pas un seul instant que ce dernier pouvait voir en toi la peur que tu ressentais. Tu n'étais pas du tout prête à affronter tout ça et tu ne le serais probablement jamais. « Je me doute que tout cela est assez difficile à avaler d’un coup… Mais si tu as des questions, n’hésite pas à les poser. Pareil si tu veux que je répète quelque chose, ou si tu veux des détails. Mais en tout cas, je te rassure. Tu n’es pas la seule à posséder une keyblade. C’est d’ailleurs une des missions des Gardiens de repérer les porteurs potentiels, mais je dois avouer que j’ai eu un coup de chance en tombant sur toi. Le problème avec cette mission, c’est qu’elle est très aléatoire… » Ah ! Il ne croyait pas si bien dire ! Il était vrai que tout ce qu'il t'avait dit en un si court lapse de temps était bien difficile à avaler et que tu avais des questions. Et tu n'allais pas tarder à bombarder le jeune homme d'interrogations. Il fallait juste que tu prennes le temps de mettre un peu d'ordre dans tes pensées.

La Keyblade, les Gardiens, les Ténèbres et les mondes disparus … ça faisait vraiment beaucoup. Prenant une grande inspiration et te lanças dans une petite tirade, qui était bien longue pour toi. « J-J'avoue que ç-ça f-fait beaucoup à a-assimiler … J-Je suis v-vraiment t-très confuse p-par tout ç-ça. M-Mais j'ai aussi p-plein de q-questions. » Tu marquas une très courte pause, faisant tourner ta tasse vide entre tes mains. « D-D'abord … E-Est-ce que tu c-crois que la K-Keyblade peut s-se t-tromper ? T-Tu as d-dit qu'elle choisissait e-elle-même son p-porteur. E-Et j-je ne v-vois vraiment pas pourquoi elle m-m'aurait choisie m-moi. E-Enfin. J-Je n'ai r-rien d'exceptionnel, j-je suis l-loin d'être une b-bonne combattante e-et ... » Tu t'interrompis, l'air vraiment perplexe et contrarié. Tu étais incapable de poursuivre, d'expliquer en détails pourquoi la Keyblade s'était trompée à ton sujet. Tu étais beaucoup trop incertaine, tu doutais trop de toi. La gorge serrée et le regard fuyant, tu ne tardas pas à enchaîner sur une autre question. « E-Et les T-Ténèbres … Q-Quand elles e-envahissent un m-monde et l'engloutissent … E-Elles engloutissent aussi l-les habitants, n'est-ce p-pas ? Q-Qu'est ce q-qu'il se p-passe dans ces m-moments-là ? Où vont les m-mondes ? E-Et les habitants ? » Cette question te tenait très à coeur ; si Zan savait ce qu'il se passait dans ces moments-là, tu saurais probablement ce qui était arrivé à ta sœur cadette – ta si chère Marianne – et s'il était encore possible pour toi de la sauver.

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA