it's dark inside

feat. Riku

Quelque peu anxieuse, tu pris une grande goulée d'air frais avant de poser pour la première fois le pied sur le sol de ce monde que tu ne connaissais pas encore. Tu ignorais tout de ce monde, sauf son nom ; la Forteresse Oubliée. Nom sinistre qui ne laissait rien présager de bon mais tu ne pouvais t'empêcher de ressentir une certaine forme de curiosité quant à ce lieu que tu n'avais pas encore exploré. Ce fut donc avec une certaine méfiance, teintée de curiosité, que tu quittas l'abri chaleureux et sécurisant du vaisseau gummi qui t'avait amenée ici, remerciant d'un hochement de tête les pilotes du dit vaisseau. Tu pris le temps d'examiner ton environnement avant de t'aventurer dans ce qui semblait être la basse ville ; ton regard se posa sur les différents bâtiments et les entrées de diverses ruelles. Il se dégageait une étrange impression des environs, une aura atypique dont tu ne savais pas trop quoi penser. Incertaine mais pas inquiète pour le moment, tu ne te formalisas pas par rapport à cette incertitude et te mis en marche d'un pas lent et mesuré. N'étant pas pressée par le temps, tu avais envie d'en profiter ne serait-ce qu'un tout petit peu. Tu courais trop à droite et à gauche ces derniers temps, tu avais besoin de souffler un petit peu. Tu glissas les mains dans tes poches et t'engageas dans une petite ruelle sombre et humide sur ta droite.
Le regard dans le vide, le pas lourd, tu te mis à arpenter les rues de cet étrange lieu, tes pieds pataugeant de temps à autres dans des flaques d'eau auxquelles tu ne prêtais pas la moindre attention. Tu sentais l'eau s'infiltrer dans tes chaussures mais ne faisait rien pour t'en débarrasser. Cela ne servirait à rien de toute façon ; aussitôt te remettrais-tu à marcher après avoir vider tes bottines que l'eau s'infiltrerait de nouveau, se glissant par le bout de tes chaussures usées. Ce ne serait qu'un effort vain, inutile. Aussi préféras-tu continuer ton chemin en ignorant la désagréable sensation d'humidité qui s'enroulait autour de tes orteils. Enfin. Tu tournas sur la gauche, te laissant aller totalement, ne prenant pas véritablement la peine de réfléchir où tu te rendais, prenant le risque de te perdre dans les entrailles de la ville. Mais cela t'importait guère dans le fond car tu savais que tu pourrais toujours trouver une solution ; tu étais une jeune fille relativement débrouillarde, tu n'étais donc pas effrayée à l'idée de t'égarer dans au sein d'un endroit dont tu ignorais tout.

Tu dus presser un peu le pas lorsqu'une sensation désagréable t'envahit. Tu ne savais trop quoi penser de cette froideur qui s'était enroulée autour de ton cœur, le compressant de manière bien désagréable. Tu ne savais que faire, ce sentiment était si soudain … Prise au dépourvu, déboussolée. Tu te mis à marcher plus vite, comme si cela allait te permettre de fuir ce sentiment, de lui échapper. Mais, comme tu t'en doutais depuis l'arrivée de cette froideur, cet effort fut tout simplement vain. Tu ne pouvais fuir, tu ne pouvais t'échapper. Cette sensation s'enracinait dans ton cœur à chaque minute qui passait, s’immisçant dans ton être un peu plus profondément. Tu ne pouvais rien y faire, tu ne pouvais que subir cette chose que tu ne parvenais pas à qualifier. C'était inquiétant, mais aussi frustrant. Tu ne savais pas quoi faire, ignorant même d'où cette sensation pouvait bien provenir, ignorant tout de cela. L'inquiétude céda rapidement sa place à la peur et l'incompréhension. Tes mains devenaient rapidement moites, ton cœur battait plus fort contre ta cage thoracique … L'angoisse et la peur s'étaient définitivement installée en ton être.
Tu accéléras d'avantage le pas lorsqu'un bruit étrange résonna à tes oreilles. Tu sursautas presque mais fis de ton mieux pour ne rien laisser paraître, te pressant dans la direction d'une autre ruelle, tout aussi humide que la précédente. Tu refusais fermement de jeter le moindre coup d’œil par dessus ton épaule, trop inquiète de ce que tu pourrais venir à trouver si tu le faisais. Tu sortis tes mains de tes poches, courant presque quand un autre bruit retentit derrière toi. Tu pâlis considérablement et tu déglutis difficilement, la peur commençant presque à t'étouffer. Tu avais du mal à respirer, tu avais du mal à garder ton calme pour examiner la situation dignement. Mais non, ton esprit s'emballait, allait trop vite, t'empêchant d'identifier la moindre pensée lucide. Tu ne parvenais pas à dissocier une idée de l'autre, à trouver une solution pour échapper aux problèmes – tu le sentais – se rapprochaient dangereusement de toi. Toutefois, tu le sentais au fond de toi ; tu n'allais pouvoir y échapper, tu n'allais pouvoir fuir comme tu l'avais tant de fois fait par le passé.

Tu bifurquas une nouvelle fois – à gauche ou à droite, tu ne pourrais le dire tellement tu étais pressée – et tu entendis les bruits te suivre. Tu laissas échapper un soupir tendu, te mettant cette fois-ci à courir pour de bon. Oh tu savais te battre. À peu près tout du moins, tu savais te défendre et garder la tête haute le temps d'appeler quelqu'un au secours, le temps de trouver une autre solution. À cela s'ajoutait le fait que tu possédais cette arme un peu étrange, en forme de clef, dont tu ignorais tout. Elle semblait vraiment très utile et efficace contre les monstres qui semblaient peuplés la majorité des mondes sur lesquels tu pouvais t'arrêter. Cependant tu n'étais pas suffisamment courageuse pour les affronter, ils t'effrayaient bien trop. Tu avais vu leurs sombres présences consumer ton monde, tu les avais vu t'arracher à ta sœur, la faisant disparaître là où tu ne pouvais la suivre, hors de ta portée. Et cela te terrorisait. Leur regard ambré te glaçait le sang, te faisait céder à la panique en quelques secondes tout juste. Tu n'étais pas suffisamment courageuse pour leur faire face. Et tu craignais, en cet instant, de les retrouver sur tes talons si tu venais à te retourner. Tu ne pouvais pas les affronter, non non et non ! Prise de panique, tu te mis à courir plus vite. Et ce fut là ton erreur. Tu n'avais pas remarqué une irrégularité au sol et ton pied se prit dedans. Essayant tant bien que mal de te rattraper, tu battis quelques instants des bras avant de t'étaler par terre de tout ton long. Une exclamation surprise et un brin douloureuse s'échappa d'entre tes lèvres lorsque tu heurtas le sol. Tu restas quelques instants à terre avant de te relever précipitamment, te remettant à courir dans une ruelle adjacente qui était, à ton plus grand dam, une impasse. Tu étais coincée. Et tu refusais toujours fermement de te retourner. Et les bruits te suivaient toujours, tu les entendais approcher. Oh … Te voilà dans de beaux draps.

Codage par Jibunnie surNEVER-UTOPIA

♫ You Look in Trouble ♫

  it's dark inside

feat. Riku

Le coeur battant la chamade contre tes côtes, tu observais la surface du mur qui t'empêchait d'aller plus loin avec un air complètement défait. Tu le contemplas longuement, comme si les pierres le constituant détenaient toutes les réponses à tes questions, comme si les pierres allaient disparaître pour te laisser prendre la fuite et réapparaître pour te protéger des créatures de l'ombre. Mais tu savais que c'était là un espoir vain, quelque chose qui ne se produirait nul part ailleurs que dans ton imagination. Tu le savais, tu étais lucide à ce sujet cependant tu ne pouvais t'empêcher d'espérer follement que quelque chose se produise, que quelque chose – ou même quelqu'un – vienne te sauver. Tu avais beau posséder une arme dont tu ignorais tout mais qui semblait être capable de repousser ces créatures qui t'effrayaient tant. Manque de courage, preuve de lâcheté. Tu ne connaissais que cela ; incapable de te défendre convenablement, incapable même de protéger ceux que tu aimais tant. Tu avais même été responsible de la chute de ta sœur cadette, l'ayant précipitée dans les Ténèbres au lieu de la garder près de toi pour la protéger. Tu n'avais pu la protéger, tu n'avais pu faire ce que ton rôle d'aînée t'incombait. Et cela te brisait le coeur chaque jour un peu plus. Ta culpabilité était toujours plus lourde. Et ces créatures qui semblaient omniprésentes n'étaient que la forme physique de cette culpabilité.
Tu fus arrachée à ces pensées négatives par un bruit sourd. Une poubelle ayant été renversée très probablement. Tu sentis des sueurs froides descendre le long de ta colonne vertébrale alors qu'un frisson te parcourait l'échine. Tu avais presque envie de pleurer tant la situation te semblait désespérée. Oh il te faudrait un véritable miracle pour que tu t'en sortes indemne. Tu n'osais y croire pourtant tu ne pouvais t'empêcher d'espérer. L'espoir ; tu n'avais plus que ça, tu ne pouvais te raccrocher qu'à cela pour ne pas couler, pour ne pas te laisser submerger par la tristesse et la douleur de l'absence, pour ne pas laisser ton coeur éclater en mille morceaux à cause de la pression que tu te mettais au quotidien. Pour ne pas t'effondrer, tout simplement. Cependant c'était une chose bien difficile ; tu te sentais chaque jour un peu plus proche du gouffre, de la chute. Tu ne pouvais rien y faire, tu ne pouvais lutter malheureusement. Tu avais beau essayé de garder la tête haute ce n'était pas une chose facile ; il y avait des jours où tu avais envie de baisser les bras, envie de tout envoyer en l'air. Il y avait tant d'obstacles sur le chemin que tu avais décidé d'emprunter. Oh ce que tu aurais aimé avoir ta sœur à tes côtés, ce que tu aurais aimé pouvoir la serrer dans tes bras lorsque le désespoir t'envahissait. Mais c'était une chose que tu ne pouvais faire à ce jour.

Tu étais prête à t'effondrer, à totalement baisser les bras alors que les bruits des monstres dignes de tes pires cauchemars se rapprochaient toujours un peu plus. Et comme si le Destin t'avait entendu, quelque chose d'inespéré se produisit, quelque chose que tu n'aurais pu imaginer. Ce qui semblait être un jeune homme fit son entrée en scène, te surprenant au plus haut point. Ébahie, tu ouvris grands tes yeux bleus et laissas retomber ta mâchoire inférieure, bien qu'aucun son ne sorte de ta bouche. Choquée par cette apparition subite, tu en oublias presque ton angoisse quant à ce qui se tapissait dans l'ombre. Tu ne lâchas pas du regard la silhouette sombre jusqu'à ce qu'elle se rapproche davantage, se trouvant à présent à quelques centimètres de toi. Son visage dissimulé sous une capuche, tu ne pouvais voir ses traits, juste apercevoir son regard perçant et azuré. Vous restâmes quelques instants ainsi, à vous contempler silencieusement avant que son regard ne soit attiré par les monstres qui se pressaient dans ton dos. Tu sentis ton coeur râter un battement à cette pensée … Oh, tu étais dans de beaux draps. Et lui aussi, par la même occasion.
Appeurée, tu n'osas pas te retourner. Tes mains moites et tremblantes se contractèrent à tes côtés. Tu avais envie de fuir, de disparaître et d'échapper au regard que tu savais scrutateur du jeune homme. La honte et la peur s'emmêlaient en toi, à un tel point que tu fus bien incapable de dissocier l'un de l'autre. Tu ignorais tout de ce qui se passait dans ton dos, tu n'avais pas envie de savoir. L'inconnu se mit à se mouvoir, comme habitué à une telle situation. Tu n'eus point le temps de te laisser envahir par la surprise. Une arme – fort similaire à celle que tu possédais mais avec certaines différences – apparut dans sa main. Tu entr'ouvris la bouche, choquée et complètement déboussolée par cette révélation. Tu ne dis rien cependant, la gorge serrée et les mots te fuyant. Et avant même que tu ais pu réfléchir à quoi dire, l'arme du jeune homme s'abattit sur une des créatures. Tu esquissas précipitamment un pas sur le côté, laissant une exclamation surprise et appeurée t'échapper. Il se retourna rapidement, te jetant un regard par dessus son épaule. « Je m'en charge. » Tu ne répondis rien à cela, te contentant de reculer rapidement contre le mur le plus proche, fermant les yeux pour échapper à l'horreur de la situation. Ton coeur palpitait douloureusement contre tes côtes, à un tel point que tu avais l'impression que ta cage thoracique allait exploser.

Tu n'observais rien du combat cependant tu te doutais que ce n'était pas une bataille facile. Les bruits de lutte étaient intenses, la chaleur soudaine suivit d'une grande fraîcheur t'inquièta cependant. Tu n'eus pas le temps de te poser davantage de questions ; une main vint saisir la tienne, te faisant ouvrir les yeux sous l'effet de la peur et de la suprise. Tu posas ton regard bleuté emplit d'interrogation sur le visage toujours dissimuler du jeune homme. Tu le sentis te tirer avec force et tu ne pus résister à l'étreinte de l'inconnu. Bien malgré toi, tu titubas un instant avant de suivre le rythme qu'il imposait et te mis à courir à sa suite. Maladroite que tu étais en plus de la fatigue que tu ressentais depuis quelques temps, tu manquas de trébucher une nouvelle fois mais parvins à retrouver ton équilibre de justesse. Tu ne savais combien de temps vous courrûmes, mais tu ne tardas pas à le forcer à ralentir, complètement à bout de souffle. « A-Attends … S-S'il te p-plait. » Tu le supplias presque, avant de jeter un coup d'oeil derrière toi, anxieuse. Les créatures ne semblaient pas vous avoir suivis, à ton plus grand soulagement. Tu le forças à lâcher ta main, te penchant légèrement vers l'avant et prenant appui sur tes genoux. Tu pris une grande inspiration, emplissant tes poumons d'air dont tu avais terriblement besoin. Tu te redressas ensuite maladroitement. Tu lui adressas un regard perplexe. « Q-Qui es t-tu ? » Ce fut la seule question qui put passer la barrière de tes lèvres, alors que tu tentais de ne pas te ridiculiser en te tortillant devant lui, bien mal à l'aise que tu étais.

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